Le saboteur de démocratie
Bon, on le sait, on n’y revient pas, l’Irlande a voté non et les commentateurs de tout crin ont proposé leur version du refus, y compris ceux qui pensent que c’est un bien. Permettez-moi d’en rajouter une autre : le traité a été purement et simplement saboté par un seul homme, capable d’inonder le pays de tee-shirts, de casquettes, d’affichettes autocollantes et de 4x3 m portant tous un "NO" hyper-visible. Sans oublier les spots télévisés ou les messages radio. Pour ça, vous allez me dire qu’il faut de l’argent. Ça tombe bien, l’homme est milliardaire, s’appelle Declan Ganley, et c’est un vrai Irlandais d’origine. "His mother came from Achill Island, his father from Glenamaddy". Le "Monsieur No" du traité, c’est lui. Il vient de prouver par "a" plus "b" qu’on peut démocratiquement acheter une élection, et investir dans un résultat, à savoir ici le rejet du traité, pour son seul profit et dans son seul intérêt. Ne reste plus qu’à savoir pourquoi choisir cette réponse, et non investir dans le oui. A l’analyse, comme nous le verrons, la conclusion fait froid dans le dos, car elle fait partie d’un jeu d’échec mondial, où des Etats positionnent adroitement leurs pions pour garder leur hégémonie et leur primauté. Dans des domaines inattendus en ce qui concerne ce traité irlandais, car, nous allons le voir, cela touche aux problèmes de défense et de ventes d’armes. Inattendu, mais réel : ceux qui ont cru voir dans le rejet du traité une quelconque révolte des gueux contre les féodaux de Bruxelles en seront aujourd’hui pour leur frais, désolé pour mes confrères malvoyants. Sabotage il y a effectivement eu, et un homme y a mis toute son énergie, et surtout tout son argent. Or, cet argent, justement, a une odeur. Et elle n’est pas très bonne, étant donné sa provenance.

L’homme, n’a pas encore la quarantaine et, extérieurement, il a tout du richissime entrepreneur : il vit dans un château à Moyne Park, près de Tuam, à côté de Galway, possède Mercedes et Rolls-Royce Phantom (rachetées au groupe The Who !) et l’inévitable hélicoptère qui sied à tout "tycoon" actuel. Une vraie caricature de riche. Sa bâtisse n’est pas rien : elle appartenait auparavant au chanteur (écossais) Donovan. Sa fortune, il l’a établie il y a une quinzaine d’années déjà grâce à... l’Europe et l’ouverture de ses marchés à d’autres puissances : acheter de l’aluminium à la Russie, via la Lettonie, du bois à la Russie (via la "Kipelova Forestry Enterprises") ou à cette même Lettonie ou (et se faire au passage nommer conseiller économique du pays !), installer les Telecoms en Bulgarie et une télévision par câble (déjà revendue 18 millions d’euros), et même vendre des bijoux sur internet (un échec, là, plutôt, pour sa société Adornis, qui l’a planté de 7 millions). Pour l’aluminium acheté dans les années 90, ses profits ont été mirobolants : "Ganley was buying for $30 a tonne and selling for $300 a tonne, and because he never had to pay upfront there was no capital requirement. It was how some of the current Russian oligarchs made their money". Dans un pays en pleine décrépitude, les ex-Soviétiques ne sont pas regardants sur les conditions du commerce ! Et Ganley travaille alors en cash, sans avoir à attendre les traites à 60 jours. A l’origine de sa rapide fortune, il y a ce procédé, qui est celui d’un margoulin davantage que d’un commerçant, mais ce n’est pas le seul. Il est alors très jeune (la vingtaine !) touche à l’époque un peu à tout, comme d’autres personnes évoquées ici dans ces colonnes... et va même très loin, comme cette histoire de lancement de satellite par des Russes, dans lequel il s’était immiscé, bloquée in extrémis par le gouvernement américain... Pour un homme de 39 ans seulement, cela semble assez irréel, une telle fortune faite aussi rapidement. De l’argent facile, il n’y a pas quarante façons de se le procurer aujourd’hui. Vous pensez à la même chose que moi ? Attendez, attendez, ça vient !
Dans sa société principale actuelle, Rivada (radio interoperable voice and data application) Networks, (après Broadnet, Cabletel revendues toutes deux) on trouve en effet du beau linge, qui n’est pas obligatoirement en provenance du monde civil : l’amiral James Loy, également secrétaire du Homeland Security, ancien dirigeant des gardes-côtes US et à la tête de Lockheed Martin, Robert F. Duncan, également des gardes-côtes, et le général Dennis McCarthy, l’ancienne tête pensante des Marines. Sans oublier Timothy J. Keating, à la tête du Pacific Command. Ou John Kelly, de la firme Textron, très liée à la défense US ou l’assistant du secrétaire du commerce US, John Kneue. L’homme dirige également Hibernia Aerospace, dont on ne possède aucune information à ce jour. Parmi ces juteux contrats, à noter celui de 70 millions de dollars obtenu en 2004 pour la fourniture de téléphones d’urgence en Irak... une affaire révélée par le Los Angeles Times et vite étouffée... par la presse américaine. En réalité, le réseau de téléphonie mobile irakien lui avait échappé, malgré une offre à deux reprises en 2003 et 2004 en compagnie du groupe Qualcomm. Ils proposaient tous deux le système US, en CDMA, alors que l’Irak choisissait le système européen, sous GSM. Les téléphones pour urgences avaient été une compensation pure et simple de la part de l’Irak et du Pentagone. Pour décrocher le contrat de téléphonie cellulaire, Ganley était allé jusqu’à recruter une société écran esquimaude, NANA Pacific, devenue "Guardian Net", ayant appris qu’un article de loi de discrimination positive les favorisait dans l’obtention de contrats américains ! Le nom de sa société de téléphonie laisse rêveur : "Liberty Mobile". Pour ce qui est de la liberté d’entreprendre et de se déguiser en eskimo pour vendre des téléphones dans le désert, peut-être... Une enquête sur l’attribution illicite des téléphones d’urgence menée par les autorités irakiennes avait été balayée de la main par un dénommé Paul D. Wolfowitz, chez qui Declan Ganley a ses entrées semble-t-il, ainsi que son homme de main, Don DeMarino, un businessman américain, plutôt vieil habitué de l’affairisme. Il travaillait déjà pour George Bush senior. Un député américain chargé d’évaluer les possibles malversations avait conclu par une sentence terrible à propos des méthodes utilisées par Ganley et son équipe : "Below the deadly serious efforts to restore security and legitimacy to Iraq lies a muted gold rush mentality." Notre homme est resté au stade de la ruée vers l’or, à part que l’or, pour lui, n’est plus à creuser en Californie mais... à Bagdad.
Parmi les aventures douteuses de notre nouveau riche, celle de l’Albanie n’est pas en reste. A la fin des années 90, l’Albanie, qui souhaite progresser, crée l’Anglo Adriatic Investment Fund, un fonds d’investissement qui ramasse l’argent accordé par l’Etat aux personnes dont les biens avaient été saisis par les communistes. 450 000 personnes vont y adhérer, la gestion étant accordée à... Ganley. Au début, tout se passe bien, mais la spirale inflationniste et les élections nouvelles mettent une fin à l’expérience. Au passage, l’argent avait été multiplié par trois, et Ganley en avait touché une large part.
Notre touche-à-tout a tenté de remporter également en Irlande le marché de la téléphonie mobile, mais a échoué. Toutes ces affaires et ces transactions à partir de l’Irlande et non des Etats-Unis ou d’un autre pays d’Europe, car en Irlande, le taux d’imposition des entreprises est un des plus bas du monde avec 12,5 % seulement. Pour le décollage de ses sulfureuses affaires, notre homme a donc bénéficié des largesses de l’Union européenne : ailleurs, il n’aurait pas réalisé semblables bénéfices et subit une imposition plus lourde. Sans oublier chez lui un lobby très particulier : l’homme a bâti aussi une partie de sa fortune avec des contrats militaires américains et non irlandais. Et pas des moindres, comme ceux décrochés pour assurer les communications lors des secours pour les dégâts de l’ouragan Katrina. Il n’y a pas de petits profits, et on est loin de l’humanitaire. De simples camionnettes équipées de talkie-walkie et d’un GPS, et voilà un réseau de crise inventé de toutes pièces : la rapidité avec laquelle il va décrocher auprès de l’armée US un contrat mirobolant pour des engins pas innovants pour deux sous laisse pantois. Et laisse surtout planer l’ombre d’un pendant à une transaction bien trop en sa faveur...
Notre Irlandais se retrouve donc étroitement lié au Pentagone dans d’obscures conditions. Et comme par hasard, cela se reflète directement dans certaines de ses fameuses affiches de la campagne irlandaise : l’une d’entre elles arborait un "We don’t want EU military expansion", qui en dit long, et qui fait de notre homme le parfait sous-marin d’un lobby de l’armement américain qui ne souhaite pas le renforcement de la puissance militaire européenne... en dehors, bien entendu de l’Otan, pour qui certains ont depuis peu les yeux de Chimène. Des slogans militaristes à un point exceptionnel dans cette campagne qui n’a aucun rapport au départ : une autre de ses affiches clame un "People died for your freedom, vote No" qui fait appel à un vieux passé enfoui dans la mémoire des Irlandais, ses fiers combattants des deux guerres (la célèbre 16e division dans la Somme), qui, selon les sbires de Declan Ganley, se seraient battus pour rien, puisque le traité aurait été une "perte de libertés" individuelle. Gonflé, comme rhétorique, d’autant plus que la fortune du monsieur, qui lui permet aujourd’hui de torpiller allègrement le vote, a été bâtie du temps où l’Irlande a bénéficié d’un montant d’aides incroyables de la CEE pour relever son économie : "le ’tigre celtique’ doit en très grande partie à son entrée dans la Communauté (1973) d’être passé, en deux décennies, de la misère à l’opulence, ancien pays le plus pauvre d’Europe devenu le deuxième plus riche de l’Union européenne en produit intérieur brut (PIB) par habitant, après le Luxembourg". Au point que l’économie du pays repose aujourd’hui sur un matelas incroyable de capitaux étrangers, attirés par les facilités d’installation des entreprises : "La somme des actifs immobilisés (usines, bureaux, sièges sociaux...) et des capitaux issus de l’investissement étranger en Irlande représente 26 fois son produit intérieur brut annuel", relève l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Declan Ganley a fait de cette période le premier étage de la fusée de sa fortune personnelle : bénéficiant de toutes les aides possibles, chouchouté par un gouvernement qui bénéficie de la manne européenne, il prospère, et vite. Il n’est pas le seul, tout le monde lorgne alors sur l’Irlande. Familier d’Apple, j’ai retourné pendant des années des ordinateurs estampillés Made in Ireland, fabriqué à Cork. La firme américaine était venue s’installer en Irlande avant d’être attirée par les sirènes chinoises... le capitalisme ayant ses lois, et elle font peu de cas des ouvriers... mais ça on le sait : un jour l’Irlande, le lendemain le Maroc, le surlendemain la Chine. Mondialisation, ils disent.
La fortune de notre self made man est un peu étrange, car selon lui-même... elle n’est "pas nécessairement établie" : On ne peut pas dire combien on vaut tant qu’on n’a pas vendu son entreprise. Et pour une raison simple : mes entreprises ont toutes été créées à partir de rien. Elles ne sont pas cotées en Bourse et leurs informations financières sont donc difficilement accessibles au public.” Ah, tiens, intéressant : quand on agit comme ça, et que l’on connaît surtout ses clients préférés, on est en droit de penser que cette fortune n’a pas été totalement "établie" selon les règles de l’art boursier... et l’on n’a pas tort : notre homme a beau être fervent catholique, il semble avoir oublié d’aller au confessionnal ces dernières années. Lui préfère noyer le poisson, en claironnant pourquoi il ne veut pas de ce fameux traité : "EU must listen to its citizens - Libertas - Politics, National News - Independent.ie "This was an anti-democratic document, it proposed to create an unelected President of Europe, an unelected Foreign Minister, to remove our Commissioner for five years out of every fifteen, to dilute our voting weight." C’est selon lui pourquoi il crée son mouvement "Libertas", qui n’a pour objectif que de s’attaquer au Traité de Lisbonne. Notre homme vient d’activer le second étage de sa réussite : une fois presque en orbite, il lui faut à tout prix empêcher les commissaires européens, réputés tatillons, de venir fouiner d’un peu trop près dans ses affaires. Notre homme aurait-il donc des choses à cacher ? La réponse ne va pas tarder... mais avant, il faut noter que comme la loi l’exige, Libertas ne pouvait vivre que des dons de ses inscrits... or, le nombre de produits dérivés de la campagne du "No" est tel qu’on ne peut pas imaginer autre chose qu’une participation massive de notre richissime corrupteur. Combien aura-t-il investi dans la bataille ? On ne le saura jamais... quand on lui a posé la question de ces actifs en Lettonie, il a répondu "Good… In some countries you need to run silent and deep." Il ne semble pas qu’il n’y ait que la Lettonie pour avoir droit au silence radio sur les investissements du sieur Declan. Il a chiffré ses dépenses à 1,3 million d’euros, pour 700 000 pour le Fianna Fail, mais tout le monde s’accorde à dire que c’est bien davantage.
Logiquement, fier de son succès, Ganley aurait donc dû proposer de transformer ses supporters en un parti véritable : croyez-vous, notre homme préfère en rester à son "think thank" : c’est beaucoup plus pratique d’agir en restant dans l’ombre, d’arroser en tee-shirts et de repartir discrètement une fois son forfait accompli. "I’m not a politician but if our voice was not heard and was ignored, then would I as an active citizen do whatever I could to ensure that our voice was heard, in my own small way. I would most certainly want to do something about that." L’homme se dit ne pas être un politicien, mais influe sans vergogne sur le résultat d’un vote : étrange positionnement. On a là le prototype même du fomenteur de complots façon CIA : jamais vu, jamais pris. En revanche, avec lui, on a l’assurance d’avoir de l’argent pour arriver à ses fins. Et d’acheter à coups de tee-shirts et de casquettes les 109 964 votes qui ont fait la différence. Les 3 % au-dessus des 50 % de ce vote spolié par un intrigant sous-marin politique. Qui tient énormément semble-t-il à ne pas se montrer tant que ça. Ou ne donne pas de CV très clairs sur son étonnante réussite industrielle... et ce n’est pas pour rien. Viktor Bout aussi n’a jamais écrit de CV, au fait... car oui, notre homme n’est pas la tendre colombe annoncée, loin de là, et ses "activités" ne sont pas toutes blanches. Et elles incluent, oui, le commerce des armes. Mais de cela nul n’a parlé durant la campagne. Car notre homme est rusé, et s’est bien arrangé depuis plus de quinze ans pour se cacher derrière des sociétés écrans, à la façade bien respectueuse. Il n’y a pas que derrière les eskimos qu’il se cache.
Lors de la venue le 25 juin 2004 de W. Bush en Irlande, des soldats circulaient en véhicules SISU de Patria de Hameenlinna. Amusant de constater que l’armée irlandaise achète aujourd’hui du matériel... finlandais. La firme n’a pas spécialement bonne réputation, elle est suspectée un peu partout de vendre... en graissant largement la patte de ses intermédiaires. En Slovénie, tiens, tiens, la firme est accusée depuis le 30 mars 2007 d’avoir triché sur la vente des véhicules à 6 roues. En 1999, la firme avait vendu pour 20 millions de canons Howitzer à l’Egypte. Et en Slovénie, comme en Lettonie, on trouvait il y a quelque temps encore notre homme, en qualité d’hommes d’affaires... fort discret. Lui ou ses collègues, en particulier deux frères.
Parmi les multiples sociétés de Ganley, on trouve en effet Omega Air, installé à Shannon même et gérée par les frères Ulick and Desmond McEvaddy : deux Irlandais bon teint. Et avant tout fort discrets, peut-être plus encore que leur patron : "Aviation tycoons Ulick and Desmond McEvaddy have accumulated great wealth over the past 15 years without attracting much publicity"... Omega Air comme son nom l’indique, est une firme d’aviation qui a une curieuse spécialité : les vieux Boeing 707... vendus en pièces détachées au Pentagone au prix de l’or, pour entretenir la flotte vieillissante de vieux tankers ou d’avions radars de l’US AIR FORCE. De l’or en barre, l’Air Force ayant une gestion devenue apocalyptique de ses stocks. "Nobody, not even Boeing who designed and built them, know as much about 707s as the McEvaddys", avoue un de leurs associés. Au fil des ans, ils se sont rendus indispensables auprès de l’armée américaine, à un point que vous n’imaginez pas. "They developed close ties to the US military, stripping and modifying the aircraft to become refuelling tankers which are essential to modern forces.’’ Au point de devenir des ravitailleurs privés pour une armée américaine décidément prête à tout ! Deux Boeings 707 et un McDonnell DC-10 privés qui servent à ravitailler la Navy, ça paraît incroyable, mais ça existe et c’est aujourd’hui visible tous les jours dans le ciel américain. Les "Omega tankers" fournissent le kérosène aux Hornets de la Navy !! Sidérant ! Et ce n’est pas fini : selon un rapport d’Amnesty, "the US Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) has also reported Omega Air’s involvement in test flights to develop automated refuelling for unmanned aerial vehicles"... On le voit, les frères McEvaddy sont noyés jusqu’au coup dans le business militaire, et le complexe industriel qui pèse sur l’économie américaine et le monde entier. Et leur patron, c’est Declan Ganley, qui joue les défenseurs de l’âme irlandaise, par intérêt : le troisième étage de sa réussite, c’est la conquête du marché de l’armée irlandaise, la quatrième étant... le juteux marché de l’Otan ! Les Awacs ont en effet besoin d’être remotorisés, et les frères irlandais ont déjà la solution. Le Pratt & Whitney JT8D-219, réacteur neuf exigeant peu de modifications, testé par eux en 2001 sur un de leurs vieux 707, et même essayé en vol par Desmond McEvaddy lui-même. En face, c’est EADS, pas moins, comme concurrent ! Les colombes de la paix irlandaises se révèlent être en réalité de vrais faucons.
Facile, en effet, dans ce cas, avec l’essence qui coule dans les perches de ravitaillement, de se payer des bus arborant sur toute leur longueur des slogans contre le Traité de Lisbonne ! On peut toujours se dire, oui mais ça c’est la société civile, et Omega travaille dans une activité... militaire. Ce à quoi répond sans hésiter Ulick McEvaddy : “The old bogey is always how do we know we can rely on you in war ?... Nations don’t go to war without the public anyway... Vietnam, Korea - there were as many civilians in theater as there were soldiers”. Super, plus de différences entre civils et militaires, vive les mercenaires partout !!! Ulick McEvaddy, employé de l’homme qui veut abattre l’Europe, est le clone d’Erik Prince, le fondateur de Blackwater de sinistre mémoire en Irak. Les mêmes qui se sont chargés de nettoyer à leur façon la Nouvelle-Orleans, main dans la main avec les employés de... Declan Ganley. Aegis Defence Services Ltd est la firme de mercenaires concernée : bénéficiaire d’un contrat de 293 millions de dollars en 2004, elle est dirigée par Tim Spicer, vétéran des Falklands, mouillé dans une vente d’armes illicite au Sierra Leone et surtout ayant sévi sous l’uniforme anglais en Irlande, où ses hommes avaient tué un civil catholique.
"Les nations ne vont pas en guerre sans le soutien du public", affirme notre homme, poseur de slogans "pacifistes" dans son propre pays... On voit à quoi il prépare l’Irlande en fait : aux mêmes idées que l’Amérique et sa notion de guerre privatisée. Des mercenaires irlandais sont aussi en Irak, et ce n’est pas un hasard. D’un côté l’Eurofor, qui ne rapportera jamais rien à Ganley, de l’autre... ses mercenaires privés. De là à utiliser les aéroports civils pour les transports militaires, il n’y a qu’un pas : "The Department of Transport has released information to Amnesty International about 356 civilian flights requesting permission to carry weapons or munitions through Irish airspace between January 2003 and October 2006, 56 of which landed in Ireland. Equipment being transported ranged from missile and bomb parts, to small arms, to military aircraft an helicopter components." Et pour ça, à Shannon, on dispose déjà de certaines "facilités" :"Shannon was presumably chosen as a stopover because an Irish-registered subsidiary located at Shannon, Volga-Dnepr Ireland Ltd, provides maintenance services for Volga Dnepr’s Antonov aircraft, as well as supplying maintenance and spare parts to Antonov cargo aircraft around the world, according to the company". Sachant que les Antonov 128 sont les plus grands avions de transport après le Galaxy, il y a de quoi d’inquiéter. Pour McEvaddy, il est vrai, le contrat pour acheter un avion ou le louer est plus simple que d’avoir à lire le traité européen jugé par lui tellement "opaque"... au pays des aveugles, les borgnes sont rois.
Evidemment, dans un tel contexte, la "spécialité" des deux frères a vite débordée : "They also became the world’s leading authority on replacing the old, noisy engines on 707s with a Pratt & Whitney system which saves fuel and brings them into line with modern international standards. Owning 40% of Air Gambia, they also began regular scheduled services between London and Banjul and became involved in developing the tiny west African country’s tourism business". Air Gambia, tiens tiens... Le nœud gordien du trafic d’armes en Afrique. Ou l’on trouve aussi des politiciens américains "remarquables", tel : "Richard T. Hines, the head of the powerful Republican lobbying firm RTH Consulting, Inc. Hines, a South Carolina native and a protege of the late GOP dirty trickmeister Lee Atwater, was one of the architects of the dirty tricks campaign by Bush against John McCain in the 2000 South Carolina primary". Et où on retrouve notre vieil ami... Viktor... bien connu des fidèles lecteurs : "the Gambia is the headquarters for one of many of Bout’s front companies — companies that are used to smuggle everything from weapons to diamonds and mercenaries to international relief supplies". Et revoilà notre dealer d’armes préféré !!! Utilisant à qui mieux mieux les vieux Boeing 707 d’Air Gambie pour ses transports de Kalachnikovs !! Pour mémoire, rappelons qu’Ulick McEvaddy, ancien officier de l’intelligence irlandaise, parle couramment le russe, ce qui a dû lui faciliter la tâche en maintes occasions, y compris pour discuter avec Bout, originaire du Tadjikistan (et lui ancien interprète dans l’aviation russe).
Les frères McEvaddy sont évidemment de fervents supporters de l’intégration complète de l’Irlande dans l’Otan, aujourd’hui simple "partenaire"... sur les autocollants il est marqué "liberté", mais dans leur esprit l’Otan est la zone de passage obligé du pays !! Fournir en priorité l’armée irlandaise, présenter leurs activités, voilà leur notion de la "neutralité". Le gag, c’est que leur patron, en 2005, était invité à Madrid, du 8 au 11 mars au "sommet international sur la démocratie, le terrorisme et la sécurité", trois domaines qui semblent bien être de prédilection pour lui, en définitive : que vient faire un patron d’entreprise de 39 ans dans une pareille réunion, nul ne le sait. A part se remplir l’agenda, pour de futures et discrètes livraisons...
Il y a des fortunes qui se font facilement, semble-t-il, en Irlande comme ailleurs. Et fort discrètement surtout. Surtout celles non cotées en Bourse... et incontrôlables juridiquement et financièrement. Un traité européen saboté par un dealer d’armes déguisé en Irlandais aux bonnes manières qui ne boit pas une goutte d’alcool : on aura décidément tout vu... quant à ceux qui ont applaudi au non irlandais en méconnaissance de cause, ils peuvent toujours se raviser. La démonstration vient d’être faite que l’on peut tromper une population à coups de dollars et d’autocollants. Ceux qui en doutent encore n’ont plus qu’à suivre les affaires de Declan Ganley, le vendeur d’armes déguisé qui achète les démocraties pour continuer à faire fortune tranquillement. Sur le dos des démocrates bernés.
298 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON