Le traité d’athéologie de Michel Onfray, remède à l’intégrisme ?

Après la crise des attentats l'heure de la réflexion est arrivée. Difficile de s'y retrouver quand l'émotionnel cultivé par les médias écrase tout débat constructif sur les origines du terrorisme islamiste.
D'où l'intérêt de ressortir de nos étagères quelques bons bouquins nous éclairant sur la violence et l'intolérance engendrées par les religions, en particulier les monothéistes. Le texte "Celse contre les chrétiens", un des rares récits d'un philosophe paien de l'antiquité romaine dénonçant l'absurdité et la férocité des fondamentalistes chrétiens d'alors, nous rappelle qu'hélas le débat ne date pas d'hier...
L'autre jour, en flanant sur les quais de Seine à Panam entre deux patrouilles de vigipirate et quelques touristes japonais, un ouvrage vendu par un bouquiniste a attiré mon attention : le traité d'athéologie de Michel Onfray. Bradé pour quelques euros, je ne regrette pas cette acquisition, car la prose du philosophe de l'université populaire de Caen mérite d'être davantage connue. Le style du penseur est agréable à lire par ailleurs, l'humour et l'ironie emboîtant le pas à des réflexions parfois un peu trop tranchantes.
Mais au moins notre bonhomme fait son travail de philosophe, intégre et lucide. Il démonte, dix-sept siècle après Celse, les religions monothéistes. Judaisme et christianisme bien sûr, mais aussi et surtout l'Islam. Des prophètes imaginaires et/ou sectaires, des disciples névrosés, tourmentés et violents, des dogmes ridicules, Onfray reprend tout de A à Z... le judéo-christianisme a anéanti la pensée gréco-romaine antique et formaté les esprits pour longtemps (merci Constantin !), l'Islam a introduit en plus la notion de destruction des infidèles, le recours à la violence encouragé dans quasiment chaque page du Coran. On comprend mieux les années de conquète des disciples de Mahomet, galvanisés par une foi ésotérique qui leur a permis de mettre à sac une bonne partie du bassin méditerranéen.
Le monothéisme déteste l'intelligence et la réflexion, encourage la soumission et l'obeissance, combat les sciences et tout ce qui peut remettre en cause ses dogmes. Le dieu judéo-christiano-musulman est jaloux, dur, misogyne et sectaire. Il n'aime ni le partage ni la démocratie, qui remettent en cause sa prétendue légitimité. Onfray nous rappelle en plus que "Dieu" n'est qu'une représentation des névroses de l'homme, de ses travers et ses défauts. Bref, il nous fait l'éloge de l'athéisme, dont il souhaiterait voir émerger une science humaine (d'où l'athéologie)...
Je vous ai résumé l'essentiel de ce bouquin à connaître, qui présente cependant quelques failles. Notre philosophe semble oublier pourquoi les plus pauvres "accrochent" aux fables religieuses. Contrairement au "bourgeois" aisé et cultivé qui mettra en avant la liberté de penser et d'agir, le "pauvre" a besoin de sécurité et d'assistance. Ce n'est pas un hasard si les premiers chrétiens et musulmans étaient des mendiants, des esclaves et des délinquants. Les frères Kouachi auraient ainsi fait de bons apôtres ou de bons compagnons de lutte : influençables, incultes, sans autonomie culturelle... de la chair à gourous en tout genre. Onfray n'insiste pas davantage sur le plus grand "mystère" des religions du livre. L'écriture des textes sacrés n'étant pas tombée du ciel, la bible et surtout le Coran ont été écrits par de sacrés manipulateurs, qui avaient bien conscience de ce qu'ils faisaient. Et qui ont su vendre cet "opium du peuple" dénoncé par Marx...
Enfin un autre point est énoncé par Onfray. L'absence de véritable philosophe athée surant le siècle des lumières, et après. C'est de l'Allemagne, avec Rosbach et surtout Nietszche, qu'est venue l'étincelle. Et ce n'est pas un hasard. Le seul reproche que l'on peut faire à notre penseur est sa frilosité sur "l'ennemi" du christianisme, la franc-maçonnerie. En France, elle fut une contre-église, avec ses propres dogmes, ses vénérables remplaçant les curés, son noyautage de la société... un christianisme inversé en quelque sorte. En Allemagne, Les Nietszche et héritiers ont donné des loges pronant le paganisme, le retour à l'antiquité ésotérique, d'où les illuminés de Bavière. Cet athéisme qui n'avait rien de démocratique a engendré les "églises" que l'on sait, dont le sinistre national-socialisme... Onfray oublie qu'hélas tout sectarisme est un rejet de l'autre, et engendre une inévitable violence. On peut accepter que le voisin se trompe, à condition que lui-même respecte notre mode de pensée, la base de la laicité en somme.
N'hésitez-pas à lire (ou à relire) cet excellent essai de Michel Onfray, et à en débattre. Il nous annonce d'ailleurs en conclusion une société post-religieuse à venir, et à construire. Connaître l'histoire de deux mille ans de monothéisme est déjà une bonne base de départ, pour construire un avenir où, au moins, on ne s'entretuera plus pour espérer soixante-dix vierges à disposition ou un paradis peuplé de petits moutons après la mort...
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