Le travail devrait-il être aboli, comme la prostitution ?
En complément à mon récent billet sur le projet de loi française, voici de quoi démontrer un peu plus l’absurdité de la chose. Pour mémoire la France - après d’autres pays - s’apprête à pénaliser les clients des prostituées. Au nom de quoi ? Le journal Le Monde interviewe la députée PS Maud Olivier, rapporteuse du projet.
Au nom du refus de la contrainte, qu’elle soit physique ou économique :
« ... il ne faut pas accepter dans notre société que quelqu'un puisse contraindre, pour des raisons économiques ou financières, à lui accorder des services sexuels. »
Or, qu’il s’agisse de prostitution ou de tout autre activité rémunérée, tout le monde travaille sous la contrainte économique. La logique de cet argument, portée à son extrême, serait de pénaliser le travail, ainsi que les patrons qui devraient être considérés comme des proxénètes, et les consommateurs comme des clients. C’est la fin de toute notion de contrat entre les humains. Et la notion de contrainte est ici appréciée de manière étrange : payer pour une prestation proposée serait forcer ?
Et pour les prostituées qui travaillent librement, de leur propre chef ?
« Sur la liberté, puisque le mot revient, qu'est-ce que c'est que le respect de la liberté ? Ce n'est pas d'instrumentaliser le sexe. Le droit et le choix du plaisir, ce n'est pas de faire que le sexe soit instrumentalisé. Ce n'est pas le sexe, le plaisir ou la liberté qui font problème dans la prostitution, c'est l'argent, la violence, l'oppression des femmes et le trafic d'êtres humains. »
Deux choses ici :
- le problème, on le voit, n’est pas l’exploitation du corps en lui-même : les dockers ne sont pas considérés comme victimes d’un trafic d’humain ; pourtant ils écartent les cuisses quand ils se baissent pour porter des caisses ;
- le problème est le sexe, uniquement le sexe, obsession néo-puritaine de l’oppression féministe ; il s’agit d’une croisade contre un certain aspect du sexe, et contre les clients majoritairement hommes.
« L'idée est de faire prendre conscience que participer à l'exploitation sexuelle des personnes prostituées, c'est quelque chose qui ne respecte pas nos droits fondamentaux, les droits de l'homme, les droits humains en général. Et donc qu'il participe à l'exploitation sexuelle de ces personnes. »
Exploitation sexuelle, trafic d’êtres humains ? Normalement cela devrait être sanctionné d’une poursuite pénale. En réalité le législateur se fout du monde. S’il était cohérent, le trafic d’humain et l’exploitation sexuelles tombent sous les lois de traite des humains, qui sanctionne le fait d’abus de vulnérabilité, et d’agression sexuelle ou de viol. La peine encourue par le client devrait être dès lors de dizaines d’années de prison et de centaines de milliers d’euros d’amende. Or, la sanction prévue est une simple contravention. Donc, juridiquement, le recours à la prostitution ne peut être assimilée à une traite d’être humain ou à une agression sexuelle. Les arguments en faveur de l’abolition s’effondrent devant les contradictions du projet - projet d’inspiration féministe, évidemment.
A la question :
« Comment résoudre le problème de la misère sexuelle de beaucoup d'hommes, sans la prostitution ? »
la réponse tombe dans la droite ligne de l'idéologie de l’indifférenciation, selon laquelle on veut imposer une vision féministe de l'homme :
« 50 % des clients de la prostitution sont en couple, donc ne parlons pas de misère sexuelle. Et il faut se retirer de l'esprit cette idée reçue qu'il y a des besoins particuliers chez les hommes. Il n'y a pas d'instinct sexuel, c'est un apprentissage global, de la société, qui fait que les hommes, comme les femmes, ont un besoin sexuel. Ce sont des besoins qui sont créés de toutes pièces, qui n'ont pas d'existence réelle. Les pulsions sexuelles peuvent être contrôlées, c'est une question d'éducation, d'apprentissage de la relation entre filles et garçons. On doit apprendre à réguler, à organiser son envie de relations sexuelles en fonction, déjà, des préférences de sa partenaire, et aussi des contraintes de la vie sociale. »
Il n’y aurait pas de besoins particuliers chez les hommes. Pourquoi dans ce cas n’y a-t-il pas autant d’hommes prostitués et de femme clientes que l’inverse ? Je ne parle pas ici de pulsions criminelles, mais de besoins qu’on ne trouve pas à satisfaire. Quand au couple où l’on devrait les satisfaire, si 50% des clients sont des hommes en couple, il faut croire que madame ne sait pas vraiment s’y prendre. Normal, quand ils doivent signer une demande en trois exemplaires avant de coïter. La sexualité est un des lieux de pouvoirs féminin. Le féminisme travaille à renforcer encore ce lieu de pouvoir sur l'homme, lieu de domination féminine.
Enfin, qu’en est-il des films pornos ? Certains sont tournées en France et tous sont visionnés partout. Actrices et acteurs sont payés pour faire l’amour. Il y a donc commerce du sexe. Maud Olivier plonge dans l’hypocrisie la plus délicieuse :
« Je pense que cela relève pour l'instant de l'éducation. »
Faute de pouvoir attraper les millions de voyeurs et voyeures, on se retranche derrière l’éducation. Peut-être parce qu’il y a trop de femmes qui regardent des films X (plus de 25% des spectateurs seraient des femmes).
Pour terminer je reprends ici un commentaire posté précédemment :
« Pénaliser le client implique de pénaliser l’offre. Sinon, c’est comme si le dealer pouvait vendre, et le toxicomane ne pourrait pas consommer : un peu illogique et injuste comme loi. Mais justement si la prostituée est pénalisée, on sort du présupposé sur « les femmes toujours et systématiquement victimes ».
Élémentaire mon cher Watson.
27 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON