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Le tsunami des technologies numériques

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Rien n’a encore commencé ou presque

Si, nageant de bonne heure, le 26 décembre 2004, dans la baie de Phuket, vous trouvez que la mer pourrait être plus calme, vous feriez bien de ne pas trop vous plaindre, car le clapotis actuel n’est rien à côté de la vague qui bientôt balayera tout : oui, il ne sert à rien de s’inquiéter pour quelques ondulations, quand un tsunami arrive.

Face aux conséquences des vannes ouvertes de la mondialisation, les politiques enchaînent plans de relance sur plans de réduction des déficits publics. Mais sans réels succès. En eux-mêmes, ils pestent contre leur inefficacité, mais bientôt ils auront l’occasion d’avoir une vraie peur, car les perturbations actuelles ne sont rien à côté du tsunami technologique en train d’arriver.

Cette comparaison entre ce qui s’est passé sur la plage de Phuket ce lendemain de Noël 2004 et notre situation actuelle est violente, mais elle est à la hauteur de la puissance de ce qui va déferler : rien n’a commencé, et l’impact de la transformation induite par les technologies numériques n’a pas eu lieu.

Pourquoi donc ? Parce que, pour que tout puisse être bouleversé, il fallait la conjonction de plusieurs conditions maintenant réunies…

Tout est maintenant en place

Pour que tout puisse être bouleversé, il fallait la conjonction de plusieurs conditions maintenant réunies :

- Chacun, ou presque, a sur lui, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, un terminal connecté à haut débit, géolocalisé, et doté d’un écran de qualité,

- Le coût d’utilisation est bas,

- La puce du terminal certifie l’identité de son détenteur et permet des transactions financières,

- La génération Y qui a grandi avec Internet et sait intuitivement s’en servir, est montée en puissance,

- La masse des données peut être traitée dynamiquement pour en extraire des connaissances et des informations structurées.

Cette conjonction ouvre le champ à des innovations qui dynamitent les entreprises existantes.

C’est bien le propos de Steve Blank dans un dossier récent publié par Compass :

« With two billion broadband Internet users and billions of smartphones now entering circulation, the necessary tools and infrastructure are in place for the Information Age to burst into full bloom, moving beyond the confines of just the technology world to transform all aspects of society. »

 « If the traditional Industrial Era approach to decreasing costs and the traditional approach to increasing revenue have both reached a point of diminishing returns, what then is the solution ? The answer is disruptive innovation ; achieved through the creation of new Information Era products and services. » (1)

La révolution commence

Voici quelques exemples tirés d’une liste qui ne cesse de s’allonger :

- Uber rapproche clients à la recherche d’une voiture et conducteurs disponibles. Créée en 2009, elle se diffuse dans tous les pays, révolutionnant l’offre de taxis. Elle devrait prochainement aussi acheminer les livraisons des courses effectuées en ligne.

- L’économie de partage se développe en rendant accessible des ressources disponibles et sous-exploitées. Ceci provoque une chute rapide et importante des coûts pour les clients.

- La robotique conduit à une remise en cause profonde de l’emploi dans tous les domaines, tant industriels que de services. Si, dans un premier temps, ceci permet des relocalisations à cause de l’abaissement de la part de la valeur ajoutée consacrée au travail, l’impact à terme sur l’emploi devrait être massif dans tous les pays.

- Le développement des cours diffusés en ligne, les MOOC, est une réalité qui transforme déjà l’éducation en Inde, en y permettant une diffusion rapide des connaissances. Plus largement, c’est tout le système éducatif mondial qui est en train de muter. Nous allons vers une hybridation entre des cours in situ et d’autres via Internet, une application du « click and mortar » à l’enseignement : avoir les élèves et les professeurs physiquement présents dans le même lieu, au même moment, ne sera plus toujours nécessaire. Ou pour emprunter une métaphore, nous quittons le théâtre classique avec sa triple unité d’action, de temps, et de lieu, pour un nouveau paradigme abordant tous les sujets, tout au long de la vie et de façon collaborative entre des individus multilocalisés.

- La capacité de mener des diagnostics à distance, couplée avec l’existence d’objets connectés assurant un monitoring continu des patients à risque, transforme la relation malade et médecin, ainsi que celle de la prévention, et demain probablement tout le système de santé.

- Le nombre des start-ups se focalisant sur le secteur bancaire croît très rapidement, donnant naissance à un ensemble dénommé « Fintech » qui s’attaque à tous les domaines du secteur : prêt, paiement en ligne, financement de projet, transactions boursières, placements… Rien ne leur échappe. A terme, la possibilité de faire des rapprochements complexes et instantanés entre une multitude d’acteurs pourrait même supprimer le recours systématique à la monnaie pour dénouer des transactions.

Pour ceux qui douteraient de l’accélération en cours, voilà quelques données simples :

- Lancé en 1981, en quatre ans, le PC (« Personal Computer ») d’IBM a atteint 100 millions d’utilisateurs. Lancé en 2001, dans le même laps de temps, l’iPod d’Apple en était à environ 500 millions.

- En dix-huit mois, les logiciels d’exploitation pour téléphones portables d’Apple (IOS) et Google (Android) ont atteint respectivement plus de 500 millions et un milliard d’utilisateurs, alors que, dans le même délai, le PC n’en était qu’à moins de 10 millions, l’iPod à 100 millions, et Facebook à 300 millions.

Et la suite ?

Tout s’accélère. Qui aurait pu croire, encore récemment, que les processus de fabrication pourraient être remis en cause par des objets ne coûtant que quelques milliers d’euros ? Pourtant, plus personne aujourd’hui ne se risque à anticiper jusqu’où iront les conséquences du développement des imprimantes 3D.

Ne vous laissez pas tromper par leur nom : elles n’ont rien à voir avec les imprimantes que nous connaissons tous. Elles s’apparentent davantage à des machines-outils personnelles, capables de produire localement toutes sortes d’objets. Comment ? C’est de plus en plus facile : vous cherchez sur internet le plan qui correspond à l’objet dont vous avez besoin, vous versez un peu de poudre de plastique ou d’un autre matériau, ceci en fonction des caractéristiques visées, et un peu plus tard, l’objet est là.

Que peut-on d’ores et déjà faire avec ? Par exemple, une pièce introuvable pour réparer une machine en panne, des objets de décoration personnalisés, une prothèse, une arme, et même la construction d’une maison à partir de briques de base. Les limites sont sans cesse repoussées : amélioration des imprimantes 3D, utilisation de nouveaux matériaux, abaissement des coûts, accélération des procédés, etc.

Quelles sont les limites de cette révolution qui commence ? Impossible de les définir. Va-t-elle remettre en cause une grande partie des processus de production ? Peut-être. Certains disent déjà : certainement.

Son développement se couple avec celui d’ateliers de production communautaires, les « Fablabs » (contraction de « Fabrication laboratory » ou « Laboratoire de fabrication ») : chacun pourra demain y produire la pièce dont il a besoin sans avoir à investir dans une machine sophistiquée dont il n’a pas l’usage permanent. Un autre exemple de l’économie de partage dans laquelle nous entrons : logiciels libres ouverts, covoiturage, échange d’appartements, financement participatif ou crowdfunding, etc.

Et les grandes entreprises s‘y intéressent aussi. Témoin, les annonces que viennent de faire les constructeurs aéronautiques : de General Electric à Safran, en passant par Rolls Royce, Boeing ou Airbus, tous commencent à intégrer l’impression 3D dans leurs processus de production.

Autre univers en plein bouleversement : la santé. Elle est le nouveau graal dans lequel investissent des entreprises comme Google, Apple ou Facebook : objets connectés qui permettent en temps réel tant d’optimiser l’exercice quotidien, que d’assurer le suivi de patients à risque ; recherche sur l’allongement de la durée de la vie ; homme augmenté qui fait fondre les frontières entre humanité et robotique. Certains vont jusqu’à prédire que soit l’homme sera augmenté, soit il sera dépassé par ses propres créations. Les Hal 9000 de l’Odyssée de l’espace, robots d’Isaac Asimov, ou plus récemment Real Humans de la série suédoise arrivent. Imaginez aussi les conséquences d’une durée de la vie allant jusqu’à cent cinquante ans : explosion de la population humaine, cohabitation de trois générations supplémentaires. Difficile alors de débattre d’une retraite à soixante ou soixante-cinq ans !

Le changement ne fait que commencer…

(1) The Global Startup Ecosystem Ranking 2015, Steve Blank, Compass, Juillet 2015


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42 réactions à cet article    


  • gogoRat gogoRat 23 novembre 2015 14:48

     Il semblerait que le mot « technologie » n’attire plus les foules.
     Pourtant, est-ce que quelqu’un, quelque part, évoque encore une question de fossé numérique ?
     
     Toutes celles et ceux qui juraient leurs grands Dieux qu’ils se contre-fichaient des « lubies » de l’ordinateur personnel, du « multimédia », puis du téléphone portable, sont maintenant suréquipés ... et sont croient s’être approprié ces technologies. La dimension technique leur paraît être une préoccupation ringarde, beaucoup moins ’noble« qu’un commentaire incessant des derniers soubresauts de l’actualité politico-médiatique , ou des résultats du dernier match.
     
     Les imprimantes 3D et les matériaux-consommables requis auront-ils le loisir et le temps de se développer de façon aussi fulgurante que les ordi ou smart-phones ?
     Sans doute ... si l’effet du tsunami virtuel déjà en cours n’altère pas, avant, ce fabuleux élan.
     
     Les historiens qui tiennent les évolutions techniques pour premières et déterminantes dans l’Histoire de l’humanité trouveront certainement intéressante cette étude sociologique :
      »L’esprit du jeu dans les sociétés postmodernes« Anomies et socialités : bovarysme, mémoire et aventure
     et ils pourront y déceler des connections avec l’actualité vécue par nos jeunesses.
     
     Cela peut, en tout cas, aider à élargir le ’débat’ qui monopolise aujourd’hui toutes les attentions, hypnotisées par ce ’piège asymétrique’ : https://www.linkedin.com/pulse/le-pi%C3%A8ge-asym%C3%A9trique-nicolas-rousseaux-%E5%8D%A2%E6%BA%AF
     (lien dont je retiens cette phrase :

    •  »Mais l’histoire se construit sur des accomplissements collectifs, par sur des épanouissements personnels". )
     

    • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 14:59

      Evgeny Morozov : « Les technologies sont des concentrés d’idéologies »,
      chercheur d’origine biélorusse établi aux Etats-Unis, remet en question les utopies associées aux nouvelles technologies.
      http://www.liberation.fr/ecrans/2015/04/20/les-technologies-sont-des-concentres-d-ideologies_1254606
      a écrit « Le mirage numérique : Pour une politique du Big Data ».


      • Robert Branche Robert Branche 23 novembre 2015 15:02

        @bouffon(s) du roi
        Je ne crois pas que les technologies soient porteuses d’une idéologie quelconque. Elles sont « enablers » (désolé pour l’anglicisme mais nous n’avons pas l’équivalent en français), et par là elles facilitent et parfois permettent telle évolution plutôt que telle autre, servant ainsi de support à telle ou telle idéologie...


      • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 15:08

        @Robert Branche
        Si elles ne supportent pas une « idéologie » (bien que je vous renvoie à la lecteur de Morozov), elles sont vectrices d’une certaine interprétation de ce monde. Vous parlez d’évolution, n’est-ce pas une vision « progressiste » du monde ?


      • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 15:10

        @bouffon(s) du roi
        correction « lecture de Morozov »


      • Robert Branche Robert Branche 23 novembre 2015 15:20

        @bouffon(s) du roi
        Je crois que c’est le regard que l’on porte sur elles et ce que l’on en fait qui est lié à une interprétation du monde.


      • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 15:46

        @Robert Branche
        Je n’en suis pas certain. Dans ce monde où on encourage la technique, la voyant comme rédemptrice de l’humanité, on se doit d’être techno-critique, avant de devenir techno-dépendant, ...ou est-ce trop tard ?


      • Robert Branche Robert Branche 23 novembre 2015 15:51

        @bouffon(s) du roi Je ne dis pas que la technique est rédemptrice de l’humanité, elle est le fruit et le moteur de l’évolution dont elle est inhérente


      • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 16:39

        @Robert Branche

        De quelle évolution parlons-nous alors ?
        Quid du problème écologique qu’elle engendre, des problèmes sociétaux (dépendance et virtualisation des rapports sociaux) ?
        Je n’aborde même pas la technique dans utilisation à des fins de contrôle, ou citons encore pêle-mêle, les nanotechnologies, les ogm, les armes, etc., bref, partout où l’homme joue à l’apprenti sorcier. Mais je m’éloigne du simple « big data » ^^


      • Robert Branche Robert Branche 23 novembre 2015 16:50

        @bouffon(s) du roi
        A nouveau la technologie peut déboucher sur le meilleur comme le pire. Par exemple dans le domaine de l’écologie, elle supporte aussi bien le solaire, l’éolien, la production d’énergie maritime... que des produits comme le Roundup... 

        C’est ce que nous en faisons qui est en cause


      • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 17:06

        @Robert Branche
        Non, c’est l’outil le problème, dès qu’il existe il porte en lui le potentiel du « bien et du mal ». Que vous apportiez un regard moral ou éthique ne change rien à la dangerosité de l’outil (d’autres s’en moquent).
         De plus, il sous-tend le « progressisme » comme « idéologie », ou le sens du progrès qui serait « meilleur », tendrait vers le « mieux ». La technique est aussi source de consumérisme, elle est énergivore, détruit notre écosystème, perturbe les champs tellurique (wifi, onde, etc), source de maladies (cancer), etc.


      • Enabomber Enabomber 23 novembre 2015 20:00

        @bouffon(s) du roi
        J’ai moi aussi du mal à croire à la neutralité d’une quelconque technologie. Notre histoire nous en apporte un démenti, depuis le lointain silex. Nous l’avons modelé, mais il est certain qu’il nous a modelés en retour.


      • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 20:07

        @Enabomber
        elle n’est effectivement pas neutre, mais l’homme se contente toujours des choses positives à petites échéances, et ignore ou découvre, les chose négatives après-coup ^^


      • Enabomber Enabomber 23 novembre 2015 20:16

        @bouffon(s) du roi
        On peut parler d’ « externalités temporelles », et dès qu’on emploie le mot externalité, on sait d’avance que ça va glisser pour une raison ou une autre sous le tapis !


      • Robert Branche Robert Branche 23 novembre 2015 23:24

        @bouffon(s) du roi Mais non le « bien » et le « mal » existent indépendamment des outils ! Un couteau n’est pas intrinsèquement mauvais, tout dépend ce que l’on fait avec !


      • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 24 novembre 2015 11:41

        @Robert Branche
        oui évidemment d’un point de vue « ontologique », mais une fois l’outil créer le bien et le mal sont indissociables (de ce même outil), le potentiel est là. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ^^
        Mais peu importe, nous avons les outils, on ne peut pas faire marche arrière, on ne peut qu’essayer de limiter la casse, si ce n’est pas trop tard.


      • lautrecote 24 novembre 2015 12:34

        @Robert Branche
         enabler = facilitateur


      • Robert Branche Robert Branche 24 novembre 2015 13:19

        @lautrecote

        Pas exactement. « enabler » veut aussi dire « rend possible » ce qui n’est pas compris dans « facilitateur ».

      • Abou Antoun Abou Antoun 30 novembre 2015 08:30

        @Robert Branche
        Elles sont « enablers » (désolé pour l’anglicisme mais nous n’avons pas l’équivalent en français),
        bouffon(s) du roi, vous prouve le contraire avec une utilisation appropriée de l’adjectif ’vecteur’.
        Pour le reste votre article est intéressant.
        Ce qui est un peu effrayant c’est l’ignorance crasse de la classe politique de la situation actuelle, pour plusieurs raisons.
        Tout d’abord un problème d’âge, les générations aux manettes ne sont pas des perdreaux de l’année.
        Ensuite pour un manque d’intérêt réel. Les politiciens s’intéressent exclusivement à la recherche du pouvoir. ils commencent à intégrer la technologie pour leur comm. (leur pub) suivant la plupart du temps les avis de leurs conseillers, beaucoup plus jeunes, mais dans l’ensemble ils n’ont rien compris au phénomène et à ses implications, ni du point de vue social, ni du point de vue culturel ni du point de vue économique. dans ces conditions, leur demander d’anticiper ....
        On voit clairement que quand ils sont amenés à légiférer ils sont perdus et votent des textes la plupart du temps inapplicables.
        La situation pourrait être contrôlée sinon maîtrisée par une classe politique plus jeune et issue de filières scientifiques tet technologique au lieu des cohortes actuelles provenant essentiellement du droit et ou des écoles d’administration et de science politique (qui est tout sauf une science).
        Bref les filières de formations des politiciens les rendent inaptes à gouverner.
        Je suis d’accord avec votre affirmation selon laquelle les technologies ne sont porteuses d’aucune idéologie. elles sont là pour le meilleur et pour le pire.


      • pemile pemile 23 novembre 2015 15:27

        Ecrire un article sur le tsunami des technologies et le terminer par :

        Difficile alors de débattre d’une retraite à soixante ou soixante-cinq ans !

        Et répondre :
        Je ne crois pas que les technologies soient porteuses d’une idéologie quelconque. Elles sont « enablers »

        Bof

        Un peu court aussi sur l’économie de partage favoriser par l’immatérialité du numérique !


        • pemile pemile 23 novembre 2015 15:32

          @pemile
          petite correction « l’économie de partage favorisée par l’immatérialité » pour me permettre de rajouter un lien sur l’importance des « communs » dans un monde en transition :
          http://tempsdescommuns.org/les-communs/


        • V_Parlier V_Parlier 23 novembre 2015 22:50

          @pemile
          Et oui, ce n’est pas pour rien que les mondialistes néolibéraux sont toujours en extase devant la moindre pseudo-innovation qui sera, encore une fois, sensée transformer la société. (Comme avant leurs ennemis communistes). C’est d’autant plus agaçant quand on sait que bon nombre de technologies multimedia et de communication massivement utilisées aujourd’hui (enfin celles dont on parle tant) sont le fruit de travaux des années 90 totalement ignorés du public, alors que le moindre truc marketing estampillé « 2.0 » par un attrapeur de gogos est porté aux nues comme une révolution technologique.
          La technologie aujourd’hui c’est comme la politique. Ca se montre, ça gesticule, ça frime, mais finalement plus personne n’en fait chez nous. D’ailleurs, étant dans le métier, je vois bien comment ça évolue même dans le domaine professionnel. Encore quelques années et on ne saura plus rien foutre, à part faire travailler à distance des Indiens et des Chinois. (C’est déjà notre activité prédominante).


        • Robert Branche Robert Branche 23 novembre 2015 23:26

          @pemile
          Mais je parle à la fin de l’âge de la retraite en référence aux hypothèses tenues sur l’allongement de la durée de la vie : si l’âge moyen dépasse 100 ans, et va vers 120/130 ans comme certains l’évoquent, il est évident que la retraite à 60 ans n’a pas grand sens, non ?


        • pemile pemile 24 novembre 2015 07:18

          @Robert Branche

          On en reparlera le jour où l’age moyen de l’ouvrier sera de 120 ans !

          Vous pouviez tout aussi bien finir cet article en analysant le coté énergivore et polluant de ces nouvelles technologie et penser qu’elle ne sont pas pérennes.


        • V_Parlier V_Parlier 24 novembre 2015 11:46


          @Robert Branche
          "en référence aux hypothèses tenues sur l’allongement de la durée de la vie : si l’âge moyen dépasse 100 ans, et va vers 120/130 ans comme certains l’évoquent"

          Vous me faites peur en me donnant l’impression que vous y croyez. Savez vous que l’espérance de vie en France commence à redescendre ? Et oui, ce sera bientôt fini cette excuse consistant à extrapoler l’augmentation de l’espérance de vie sur les 60 dernières années pour prétendre que c’est grâce à ce qu’on fait aujourd’hui, et que ça va continuer !

          Et même ceux qui ne sont pas aussi pessimistes que moi font tout de même preuve d’un réalisme évident :
          http://www.leprogres.fr/societe/2014/08/24/esperance-de-vie-on-plafonne
          http://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/7637-Esperance-de-vie-pourquoi-elle-ne-devrait-plus-progresser
          http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20140825.OBS7127/l-esperance-de-vie-aurait-atteint-ses-limites.html


        • Robert Branche Robert Branche 24 novembre 2015 13:18

          @V_Parlier
          Il y a actuellement des thèses contradictoires sur l’allongement de la durée de la vie. Personnellement je crois davantage celles qui prévoient un allongement (ce qui est en ligne avec le passé). L’avenir répondra !


        • Robert Branche Robert Branche 24 novembre 2015 13:19

          @pemile Exactement... Tout écriture d’un article est un choix. Et j’ai fait celui là.


        • V_Parlier V_Parlier 24 novembre 2015 14:46

          @Robert Branche
          C’est votre choix.
          Mais quand j’entends tout un tas d’hommes politiques s’engouffrer dans ce créneau, je ne puis m’empêcher de conclure : Les caisses de retraites sont vides, donc les suivants vont morfler et il faut trouver un prétexte.


        • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 23 novembre 2015 15:47

          Tout le monde déblatère en ce moment sur la « 3ème guerre mondiale ».

          Cette 3ème, on est en plein dedans.
          A cause de l’internet et de sa généralisation.
          La guerre de tout le monde contre tout le monde, de chacun contre chacun.
          Et nul ne pourra y échapper.

          Les verrous tombent, d’ici 2 à 3 ans, pour (sur)vivre en société, effectuer la moindre petite démarche administrative, une connexion internet sera OBLIGATOIRE ; déjà certaines catégories socio-professionnelles sont touchées, dans un silence assourdissant. Demain, ce sera l’ensemble des citoyens.


          • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 16:54

            @ben_voyons_ !
            On nous a refilé une arme entre les doigts... Petit résumé,
            Histoire d’Internet :

            http://www.commentcamarche.net/contents/479-histoire-d-internet


          • sls0 sls0 23 novembre 2015 15:50

            Tant que l’on est le maitre de la technologie ça va. La plupart en sont esclave.

            Je n’ai rien contre la technologie, mon premier ordinateur portable je l’ai acheté en 91, des ordinateurs j’en employais en 82-83.

            J’aime la robotique et foutre mon nez dans ses lignes de programme.

            Malgré cela j’ai une certaine amertume car je n’ai jamais vu autant d’esclaves.
            Le marketing est passé par là. Bonne usine à esclaves que le marketing.

            Je n’ai pas d’avis du rapport entre l’idéologie et la technologie, je dirai plutôt que c’est parfois une gomme à pensées et réflexions, pour le genre humain ça me dérange, pour les mollusques moins.
            Si les gens veulent être des mollusques avec le dernier modèle de télé grand écran ou Iphone c’est leur choix, tout comme un patron aura le choix entre mollusque et un robot.


            • V_Parlier V_Parlier 23 novembre 2015 22:38

              @sls0
              Vous venez d’écrire à ma place ce que je voulais écrire smiley
              Combien j’ai vu d’individus qui me regardaient comme un marginal il y a 30 ans parce-que j’avais un ordinateur (accessoire jugé alors inutile), et qui aujourd’hui sont de véritables kékés de la « connectivité », regardant mon vieux téléphone d’un air condescendant ! Et ils n’ont toujours pas compris ce qui est apparemment pour eux un paradoxe : Quand j’achète un objet, c’est soit parce-que j’en ai vraiment besoin, soit parce-que ça me permet de faire des choses intéressantes selon mes critères (à vocation au moins créative). Je suis donc un has been et fier de l’être. Je sens que mon prochain téléphone sera encore plus vieux que l’actuel, rien que pour les faire ch...


            • pemile pemile 24 novembre 2015 07:23

              @V_Parlier

              Idem, j’ai connu l’époque des cartes perforées mais n’ai jamais utilisé Windows, et comme sls0 j’ai l’impression que les dernières générations ne sont « qu’utilisateurs » de ces technologies et n’en ont que très peu la maitrise.


            • Hector Hector 24 novembre 2015 12:03

              @pemile
              Idem. J’ai travaillé sur Win 1.1 qui plantait sans arret et qu’il fallait réinstaller deux ou trois fois par jour, puis 3.1, 3.11 et 95 etc, jusqu’à XP. que j’ai toujours, bien qu’autour de moi tout le monde en soit à la version 10 ou presque.
              Avec des Goupils, des Thompson TO 2 puis NEC 286, 386, 486 etc...
              A l’époque tout se faisait au clavier avec ms-dos et avec PC-tools. Les disquettes souples 3 1/3 et les autres plus grandes 5 1/4 je crois.
              Nous étions obligés de connaitre la structure du DD, l’arborescence Windows et les commandes DOS par cœur. Les petites moulinettes faites en Batch et les petits programmes en Q-basic.
              Puis est arrivé le langage HTML en 96/97 je crois et Internet immédiatement derrière en 98 avec AOL.
              Cela me fait penser aux voitures ; Nous conduisons tous mais nous ne savons plus comment notre voiture fonctionne. Le voila la technologie, elle nous a dépassée. Nous ne maitrisons plus que le CLIC.


            • Hector Hector 24 novembre 2015 12:10

              @Hector
              Sans parler des imprimantes que l’on pouvait configurer (presque) comme on voulait grâce aux bouquins de Lohéac, je crois, de mémoire, on pouvait même faire ses propres lettres.
              Idem pour les chaines HIFI. Les amplis avec des filtres et des entrées, des réglages et des sorties partout.
              C’était un vrai bonheur que d’essayer de maitriser tout ça.


            • gogoRat gogoRat 23 novembre 2015 18:01

               Rappelons cette vérité culturelle énoncée par Simondom - Du mode d’existence des objets techniques :
              « Lopposition dressée entre la culture et la technique, entre l’homme et la machine, est fausse et sans fondement. Elle ne recouvre qu’ignorance et ressentiment »
               (cf http://www.philolog.fr/technique-et-culture/)

               
               Pour ma part, il est erroné aussi de cantonner l’art, la technique à la seule réalisation d’objets.
               Par exemple, le langage, les langages, naturels ou informatiques (y compris langues des signes) , leurs codages (scriptural, typographique, morse, braille) sont ainsi aussi des techniques d’échange.
               Autre exemple avec le cas des logiciels de l’informatique, qui sous-tendent toute une culture, de nouveaux arts de penser, qui sont l’occasion d’une véritable discipline d’un nouveau genre.
               
               Cet art, cette technique est au cœur-même des processus cognitifs qui concourent aux phénomènes de conscientisation. Au cœur, voire en amont, de tout phénomène culturel !
               


              • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 18:59

                @gogoRat
                Simondom avait vu juste sur le rapport entre la « machine » et l’homme. Le problème n’est pas tant dans la technique au titre individuel, mais dans son développement au titre collectif. C’est le système technicien dans lequel on se limite, et qui nous limite, qui pose(ra) un problème (c’est exponentiel).


              • Enabomber Enabomber 23 novembre 2015 20:03

                @bouffon(s) du roi
                Lecteur d’Ellul ?


              • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 23 novembre 2015 20:04

                @Enabomber
                oui. mais pas que ^^


              • Samson Samson 23 novembre 2015 23:52

                « ... Va-t-elle remettre en cause une grande partie des processus de production ? Peut-être. Certains disent déjà : certainement. »
                Vous voulez rire ?

                « Difficile alors de débattre d’une retraite à soixante ou soixante-cinq ans ! »
                Apparemment oui !
                Si vous semblez mieux que d’autres averti de l’ampleur des effets de la révolution numérique, vous omettez soigneusement d’en évoquer les enjeux sociaux et humains cruciaux pour la foule croissante des « sans-dents » et de ceux qui n’ont pas encore imaginé les rejoindre : dès lors qu’au travail humain le progrès technologique substitue automatisation et robotisation, informatisation, miniaturisation, connexion, ..., n’est-il pas temps - et d’urgence - de réenvisager le rapport de ce dernier au ressources qui s’y trouvaient traditionnellement associées. Et donc, de réapproprier le bénéfice de cette évolution à l’ensemble de la communauté, plutôt qu’au 1% qui se sont déjà accaparés près de la moitié de la richesse planétaire ?
                San quoi ce tsunami sera celui d’une tyrannie numérique marquée par un rapport de dépendance et d’asservissement technologique sans équivalent, mais digne des pires cauchemars d’Huxley, Orwell et Tolkien réunis.

                Salutations ! smiley


                • Le chien qui danse 29 novembre 2015 15:08

                  Bonjour, je travaille pour le BTP en prestataire technique. Dans le Bp aussi la révolution s’annonce. Nous allons accéder à la conception intégrée des projets de construction.
                  Comme l’automobile ou l’aéronautique, nous allons mettre en oeuvre des systèmes de conceptions « collaboratifs » pour la construction de bâtiments. Jusque là rien d’extraordinaire mais ce que je remarque c’est que nous ne sommes pas capable de travailler « collaborativement » et c’est un logiciel qui va nous y contraindre, économies financière à la clef bien sur. Dans le monde de la compétition, la collaboration est la cinquième roue du carrosse...
                  Mais les développeurs ont conçu un logiciel collaboratif, de plus spécifique aux projets de constructions et dans lequel sera géré en totalité toutes les actions, de l’esquisse d’un architecte jusqu’à la livraison du bâtiment et l’intégration du modèle 3D dans une autre application de PLM (product life management) pour l’entretien et les évolutions futures des bâtiments.
                  L’inconvénient est que ces applications sont d’une facilité déconcertante d’utilisation (pour qui fait déjà de la CAO/DAO) avec peu de temps de prise en main et d’éfficacité ( encore une fois pour qqu’un du métier) c’est vraiment très puissant comme logiciel.
                  Je dis inconvénient car ça transforme même la façon de traiter les affaires et puis on va devoir collaborer alors qu’on sait que la gestion des affaires n’est pas qu’une histoire d’appel d’offre. Tout au long d’une opération les complications dues en grande partie à un non approfondissement des études préalables permettent des « ajustements » par des travaux supplémentaires etc etc... Laisser de la marge à la conception pour pouvoir faire des modifications ultérieures était en partie sage à une époque, les projets se réalisant sur du long terme. Il est vrai que deux ou trois ans après « l’esquisse » des points de vues ont évolués et souvent des changements dans la conception se précisent. Mais ce qui parraissait être de la sagesse à une époque est devenue une « façon de procéder » très procrastinante et vue la complexité des bâtiments que nous construisons nous nous prenons les pieds dans le tapis au moments de l’exécution des travaux et sommes obligés de faire des synthèses collaboratives dans l’urgence, ce qui n’est jamais très bon de ne plus avoir de recul.
                  Un problème encore est que ça nous oblige à collaborer et qui dit collaborer dit transparence, là je vous laisse deviner ce qui va changer.
                  Enfin tout ça pour dire qu’on va devoir faire évoluer nos mentalités (et oui jusque là...) et c’est une application numérique qui va nous l’imposer. Etrange retour de la technologie qui palie ce qu’on se refuse à faire de nous mêmes càd, faire évoluer nos pratiques et mentalités pour une plus grande efficacité, productivité, qualité, peut-être est-ce la transparence qui achoppe....

                  Certes la chaine des emplois va être reconsidérée, on developpe de nouveaux métiers induits par ces applications, métiers qui ne seront pas accésibles facilement en formation initiale (maîtrise de logiciels « riche » en potentiels)
                  et d’autres emplois vont disparaître il ne manquera plus là dessus que des « imprimantes » 3D pour la structure en « béton » et ce sont des pans entiers d’emplois qui vont être rayés. Rien que le mien déjà ( mais je m’adapte...)


                  • tobor tobor 30 novembre 2015 00:04

                    Il est dit dans l’article que « la série Real Humans est pour demain » et c’est bien naïf !
                    On est loin, très loin, trop loin pour y arriver vraiment, à cet androïde capable d’autonomie et de retraitement, en temps réel, d’une somme d’informations trop vaste. Un robot = une tâche pré-programmée, deux, trois douze, cent ? mais pas l’autonomie !!!
                    .
                    La technologie repose avant tout sur les promesses qu’elle pose au fur et à mesure de son avancée. Ce qui arrive entre nos mains est préformaté par le cinéma et avant tout prétexte à business, obsolescence programmée, surveillance et abrutissement. On ne fait toujours que courir après des mythes, occupés par des gadgets dans lesquels brillent les promesses d’une suite idéale.
                    Toute forme de révolution ou de renversement de l’équilibre occidental actuel mettrait en péril la tenue de ces promesses : l’écran tactile holographique, l’auto anti-gravitationnelle, real human par-exemple, ne verront jamais le jour, pourtant, on semble toujours s’en rapprocher. Une chute du capitalisme et un retour à des choses plus fondamentales verraient d’office une décroissance, vers une stabilisation, il faudrait changer les objectifs, oublier la lune !
                    Ceci fait que la technologie nous pousse inconsciemment à une certaine apathie en matière d’engagement citoyen. Plein de respect pour plein de blogs et d’articles tout-à-fait passionnants dans plein de directions qui en valent la peine mais, l’engagement citoyen est d’une autre essence et le pouvoir se réjouit que cette énergie soit canalisée seul/e à tapoter derrière un écran plutôt qu’à se poser concrètement !

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