Les bâtonnets pakistanais
Il est des photos, comme ça, qui parlent plus que d’autres. Je viens de vous en trouver deux. Ou plus exactement une série de clichés et une vidéo. Deux éléments très parlants sur de qui se trame exactement en Afghanistan, au cas où vous seriez encore tenté de croire ce qu’on vous raconte à son propos. Car s’il y a bien un endroit du monde où l’on raconte n’importe quoi, et où la propagande a beaucoup sévi, c’est bien l’Afghanistan et son voisin le Pakistan. Mes deux exemples vous le démontrent, vous allez le voir. Voyage au pays de la désinformation, et qui tire vraiment les ficelles dans la région...
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Commençons tout d’abord par les prises de vues. Les premières photos saisissantes ont été prises par un excellent reporter dont je vous ai déjà parlé ici, Michael Yon, le premier a avoir retrouvé notre porte-parole taliban "omniprésent", notre fameux "Farook" (Farouki pour Paris-Match), l’indispensable téléphone portable à la main, celui-là même interviewé si complaisamment par les journalistes de Paris-Match, à Sarobi ou Saroubi), à deux pas de l’embuscade où 10 soldats français étaient tombés (le 19 août 2008). C’était un mois après, le 26 septembre 2008. Le 4 septembre, Paris-Match avait déjà mis en pages sont article polémique. L’homme sera retrouvé "assez facilement" une troisième fois, chez lui, dans sa maison au Pakistan, par une journaliste du Nouvel Observateur, Sarah Daniel, qui montrera, le 16 octobre 2008, après l’embuscade meurtrière, que les talibans détiennent bien des Famas (au moins un, muni de son illuminateur !) et des uniformes français. Car notre Farouk vit en ville, au Pakistan, va conduire ses enfants à l’école, à deux pas d’un MacDo (très certainement celui d’Islamabad, "la ville de l’islam" en ourdou !), et ne semble donc pas aussi difficilement joignable que les autorités de tous bords voudraient nous le laisser entendre... ou les journalistes comme ceux de Paris-Match, qui ont vite été mal à l’aise quand il a fallu expliquer l’origine de leur scoop. On peut ajouter à ces rencontres celles d’Abou Tayeb, réalisée par l’impressionnante Claire Billet, dans une pièce similaire à celle déjà évoquée. L’homme est mouhadjine et non taliban.
Mais cette fois-ci, Yon, qui n’est pas journaliste et qui a même porté un temps l’uniforme américain, et gardé depuis une bonne liberté d’expression semble-t-il, est tombé sur tout autre chose. Bloggeur doué, c’est un fin observateur des coups tordus, car il est aussi présenté comme un ancien des forces spéciales : "A former Special Forces soldier and a frequent contributor to FoxNews". Voici donc ce qu’il a trouvé le 1er avril 2009, certes, mais ce n’est pas une farce pour autant. C’est une attristante réalité. Ça commence par une photo de camion afghan, décoré comme il se doit là-bas comme un arbre de noël. Un de ces camions appelé "jingo trucks", car dans sa déco se trouvent des clochettes, ou des chaînettes attachées un peu partout, qui le font tinter à distance, les sons de cloche s’ajoutant aux divers bruits de ferraille. Un camion arrêté par des soldats américains à la frontière pakistanaise de la célèbre Khyber Pass, comme il en passe des centaines par jour. Un bus, en fait, rempli de sièges.... posés sur un plancher de bois. Surélevé, le plancher. Dès l’ouverture de la porte arrière, on distingue un faux-plancher évident : les transporteurs n’ont pris aucune précaution pour le dissimuler, semble-t-il. La preuve que la circulation de son contenu doit être fréquente. Un chien dressé à détecter la drogue ou les explosifs, amenés sur place, un superbe berger allemand, a vite fait de trouver dissimulé tout le long de l’allée centrale une rangée de petits sachets oblongs, siglés d’inscriptions rouges et bleues. Non, pas de la drogue, dans ce sens-là du voyage (l’entrée en afghanistan !). Des sachets d’un puissant explosif, tout simplement. De l’émulite. Qui se présente sous la forme d’une émulsion, d’un colloïde épais, qui prend l’aspect ici d’une matière souple, un plastique presque liquide. Un explosif très utilisé dans les mines ou dans les démolitions,et très précisément décrit dans le livre "Explosives&blasting technique" édité par Roger Holmberg . Dans le véhicule, sur la seule couche visible (on suppose qu’il y en a plusieurs, le plancher est surélevé d’une dizaine de cm), on dénombre environ 400 charges. Sur trois épaisseurs, on dépasse le millier... de quoi faire sauter... à vous de l’imaginer, je ne suis pas expert en explosifs. Même avec une seule "couche" de sachets, on est à 50 kilos d’explosifs, et à 150 logiquement en tout, sinon davantage. Sachant que ces sachets servent habituellement d’amorce à des volumes composés d’ammonium (de l’engrais) et de fioul, on imagine les dégâts possibles... à Kaboul. Les bâtonnets pakistanais saisis, signale Michael Yon, viennent d’éviter un carnage évident. Un berger allemand vient encore de sauver des centaines de vies. Pour mémoire, pour l’hôtel Marriott on avait cité 600 kgs d’explosifs, du nitrate d’ammonium/fioul, dopé à l’aluminium...
Une saisie de bombes industrielles du commerce et non artisanales, largement suffisante ici pour abattre un grand immeuble (à Kaboul même, lors d’une offensive prévue de longue date ?), et fabriquées par une société intitulée "Wah Nobel" (c’est écrit en clair sur les sachets !). On s’interroge donc sur son existence, et très vite on tombe sur internet sur l’info : "Founded in 1962, Wah Nobel is a joint venture between Saab Sweden, Almisehal Saudi Arabia and the Pakistan Ordnance Factories". L’Arabie Saoudite et le Pakistan, alliés très proches comme on a pu vous l’expliquer à moult reprises ici avec la description de terrains d’atterrissages pakistanais pour VIP saoudiens servant aussi de terrains de décollage aux drones américains ou aux avions militaires pakistanais. La Wah Nobel possède a sa tête le Général Syed Sabahat Husain, qui est à la direction également de la POF. La "Pakistan Ordnance Factories", à savoir les usines d’armement officielles de l’état pakistanais. Personne ne s’est jamais inquiété de le vérifier : l’homme qui est à la tête d’une industrie d’armement étatique est aussi à la tête d’une entreprise privée d’explosifs du groupe Nobel ! Une entreprise d’état, la POF, qui arrose le monde entier, y compris... l’entreprise française Nexter, et oui, l’ancien GIAT Industries. Qui vient de signer avec la POF (à Eurosatory 2008) un accord de vente d’obus de 155 mm, nommés LU211, Un obus "hautement-explosif, (HE)" destiné au départ aux nouveaux canons César français à déploiement rapide (basés sur des camions Unimogs. La POF, qui aujourd"hui concourt aussi pour la fourniture de fusils d’assaut PK-8 pour...L’OTAN ! Pour mémoire, signalons aussi que Wah Nobel est installé au Balouchistan, et que son siège est en plein Islamabad...
Décidement, le Pakistan révèle chaque jour davantage son lot de surprises. L’armée française vend des obus à l’homme qui fournit en douce les explosifs qui vont déchiqueter nos propres soldats en Afghanistan ??? Qu’en pense Mr Morin, notre ministre de la défense, si prompt en paroles à vouloir moraliser les ventes d’armement ou l’usage du nucléaire dans l’armée française ? C’est 1914-1918 qui recommence, avec les soldats anglais qui recevaient sur la figure les obus siglés Armstrong et les allemands ceux de Krupp, au jeu des achats croisés qui avaient précédés la montée vers le conflit mondial ? L’OTAN va s’équiper d’armes sorties de la POF et que l’on va sans nul doute retrouver à très courte échéance en afghanistan dans le circuit habituel des armes volées dans les dépôts ou pendant leur acheminement ??? On est en droit légitimement de se demander aussi comment une firme comme Nobel laisse partir une telle quantité d’explosifs sans en contrôler le demandeur : vous allez me dire, si c’est pour le directeur local... car tout le problème est là : peut-on faire confiance à un individu semblable, ayant deux casquettes aussi évidentes ? Chef des approvisionnements des armées pakistanaises et en même temps fournisseur d’explosifs "privés" atterrissant dans les mains des terroristes ? Cela paraît surréaliste, et pourtant, c’est bien le cas.
Cette fameuse émulite, on la trouve en fait un peu partout en Afghanistan. Sur un cliché saisissant de soldat australien, prise en 1989, voici déjà vingt ans donc, dans un bazar de la région de Khyber, on trouvait une vieille mitraillette Sten anglaise, une AK-47 récente et des cartouches du fameux explosif, sagement rangées sur une étagère.... L’émulite sert aussi de pré-allumage (booster) pour de plus fortes charges de type ANFO, le célèbre mélange nitrate d’ammonium et de fioul préféré des auteurs... d’attentats en Corse : on pense plutôt automatiquement à l’explosion de l’hôtel Marriott (à Islamabad !) qui avait été si dévastatrice et avait connu ce genre d’amorçage en deux temps. Au Pakistan, il est vrai, on s’intéresse énormément aux explosifs il semble bien. Un dénommé Shadab Zahoor, ("installé depuis 2002") gérant d’une entreprise s"occupant d’import-export de "Chemicals, metal products, machinary" à Lahore au Punjab, passait déjà en 2001 (le 1er février) des annonces pour "500 MT" (500 milliers de tonnes ??? Alors qu’une très bonne usine en produit 8 000 MT par an, cela semble assez aberrant ???) de nitrocellulose du type NC-3". Son adresse prêterait presque à sourire si l’on était pas dans d’aussi étranges affaires : "3-B Near Khizra Mosque Samanabad " (situé dans les environs de Lahore). "A côté de la mosquée", tout un programme semble-t-il. L’homme, un importateur-exportateur est aujourd’hui omniprésent sur un nombre incroyable de marchés : on le trouve comme acheteur dans les foires textiles, ou importateur tenté de rapatrier 100 millions de barrils de pétrole par mois, du "Saudi SLCO Light Crude oil", ou encore comme acheteur de ... détonateurs, et cette fois au nom de la Pan Islamic Industries(Pvt) Ltd !!! et cette fois sous le nom de Syed Shoab Zahoor. En 2005, à une autre annonce lui répondait un saoudien, Junaid Mansoor, qui proposait de contacter Saudi Chemical Company, la première entreprise saoudienne d’explosifs ! Elle même également... une subdivision de Nobel (c’est un "joint venture" en réalité) : "Saudi Chemical Company was formed as a joint venture company between Nitro Nobel AB Sweden and private Saudi investors". Une firme spécialiste du Kemulex... très voisin de l’émulite, on s’en doute. Un explosif dopé à la poudre d’aluminium, lui aussi, celle qui était retombée... sur l’hôtel Marriott !!! "KEMULEX is an aluminized and water-based emulsion explosive with a plastic consistency". Qu’est-ce donc que ces contacts et que ces circulations de quantités importantes d’explosifs, entre l’Arabie Saoudite, le Pakistan... et l’Afghanistan ? L’attentat contre l’hôtel Marriott n’était-il pas déjà symptomatique de la tendance ? Ne retombons nous pas directement sur des chefs artificiers ??? quel est donc ce jeu dangereux auquel se livrent des industriels et des militaires dans cette partie du monde en forme de...poudrière véritable ?
Comme cette fois encore le doigt pointe sur le Pakistan et ses services secrets, il est logique que cet ISI cherche à établir des diversions. Nous en avons trouvé une belle : une interview menée par une journaliste anglaise, qui, en comparaison des entretiens de Michael Yon, de Sarah Daniel ou de Claire Billet semble avoir été menée par le bout du nez... La journaliste s’appelle Kate Clark, et elle travaille pour la BBC. Ce n’est pourtant pas une novice en la matière : elle avait été expulsée par les Talibans en 2002, et était revenue à Kaboul grâce à l’alliance du nord de Massoud. Elle a couvert la région depuis tout ce temps pour The Independent, le Guardian, BBC News et le The Sunday Telegraph. Dans The Independent, elle avait couvert dès le 24 août dernier cette histoire incroyable d’un karzaï ayant pardonné à des violeurs, plusieurs mois avant qu’il ne récidive récemment avec une loi qui continue à faire jaser à juste titre, ce qui avait aussi relaté dans The Independent.. Mais dans cet interview, la dame semble bien faite embarquer par un étrange contact, dans des circonstances qui rappellent trop les interviews précédent de notre célèbre Farouk, le roi de la désinformation. Mais pas dans la même atmosphère, disons.
Car au contraire des interviews de Yon et de Daniel, ses "contacts" filmés vont rester tout le temps complètement cachés, ce qui intrigue fort quand on a visionné les deux documents précédents. En fait des deux contacts, le premier est filmé dans ce qui semble bien être le même bâtiment ou Yon et Daniel avaient pris en photo un jeune taliban, Omar Khattab, 25 ans, ou plutôt un jeune résistant à l’occupation américaine, plus proche réellement de l’ancienne alliance du nord que des talibans, qui avait alors présenté un Famas français muni de son illuminateur verdâtre. N’oublions pas en effet que Gulbuddin Hekmatyar, le chef de guerre qui revendiqué la mort des soldats français à posé auprès de Massoud en qualite d’allié du Tigre du Panshir. Il fut un temps aussi où il était même reçu par Ronald Reagan, qui a largement contribué à lui établir un stock d’armes assez faramineux qu’il "écoule" depuis. Et là, l’homme interviewé en premier par Kate Clark, qui n’est pas notre Farouk habituel (qui possède une chevalière à la main droite), va lui tenir un fort étrange propos, lui démontrant que les Kalachnikovs dont il dispose désoramais proviennent obligatoirement de l’Iran... la "preuve" étant selon lui leur équipement différent, avec un lance-grenade "plus récent" fixé au canon, qui en fait une arme "bien plus meurtrière". On reste fort dubitatif devant le côté fort laborieux de la démonstration, crayonné à l’appui (dans le jardin de la villa à l’arrière de la maison). Visiblement, l’homme a du mal à dessiner ce qui différence tant une Kalachnikov d’une autre, ou à convaincre de sa "nouveauté" en en faisant au passage une arme excluivement "iranienne". Quelque chose ne colle pas. Il y a volonté de mise en scène, avec ces visages cachés et ces dessins faits dans le jardin. Sachant qu’à la même époque certains responsables de l’armée US veulent à tout prix démontrer l’implication directe de l’Iran qui leur permettrait d’avoir une excuse pour intervenir dans le pays... Car on sait par exemple que l’usine serbe Zastava, dans l’ancienne yougoslavie, bombardée en 1999 par les américains pendant la guerre du Kosovo avait dès le milieu des années cinquante fabriqué cette "variété" dotée de lance-grenades. La présence de cet équipement n’en fait donc pas un gage de nouveauté. La Hongrie avait fait de même avec le modèle AKM-63.
Et mieux encore quand on sait que Zastava a remporté l’année dernière un énorme contrat pour la fourniture de Kalachnikovs à l’Irak, via Remington, la firme de fusils et de pistolets américains. "According to the Zastava’s data, as much as 95%of the arrangements are performed through American companies. Export of hunting carbines for Remington is conducted through the mediation of US Sporting Goods which sells Zastava weapons on the USA and Central and South American markets under the name of Zastava by Remington" nous apprend le site qui fait référence au juteux contrat. Le gouvernement serbe, par la bouche de son ministre de la défense, Dragan Šutanovac, était alors ravi du contrat signé avec l’Irak et les USA : "Serbian military industry depends on export of its products and that is why it is necessary to maintain regular communication with foreign partners particularly at the moment when Serbian military industry has a USD 235mn contract with Iraqi Government. The largest part of Serbian military industry jobs is done through Remington. The capital of Bush family has recently been invested in Remington through Celebrus Group". On comprend un peu mieux... maintenant cette insistance à faire de Kalachnikovs plus récentes à tout prix des modèles... iraniens. Au cas où on trouverait Zastava d’écrit dessus, voire... Remington, qui sait.
Et ce n’est pas tout. Le deuxième personnage interviewé, tout aussi caché (sinon davantage avec le turban cachant toute la tête !) par Kate Clark accusant lui ouvertement la police afghane de revendre les armes aux Talibans, un fait que l’on avait déjà constaté en Irak où le trafic d’armes était remonté très haut dans la hiérarchie américaine, le général Petraeus en personne étant lui-même visé par des accusations étayées dans des dépositions faites devant le Congrès (par un homme retrouvé mort en 2004 juste après sa déposition accusatrice, pour tout préciser !). Sa théorie paraît nettement plus recevable, étant donné le degré incroyable de corruption de l’état d’Hamid Karzai. Nous nous étions faits l’écho de ces trafics en Irak, qui atteignaient des nombres d’armes et des sommes d’argent assez faramineuses. Clark a-t-elle été bernée par son premier interlocuteur ? A-t-elle vraiment rencontré un chef taliban ou un envoyé de la CIA ou de l’ISI ? Ou un nouvel avatar du fameux Farouk si disponible ? A-t-elle voulu ménager la chèvre et le chou en mettant en images deux fournisseurs assez contradictoires, l’un pro-américain (débitant la version officielle Bushienne d’une ingérence iranienne), l’autre anti-américain (dénonçant un système laxiste de contrôle des armes) ? En tout cas, deux témoignages à visage caché ne sonnent pas comme ceux de Sarah Daniel ou de Michael Yon. Un sérieux doute plane sur le travail de la courageuse journaliste, qui n’a pas pour autant peur de faire son métier, obligée de se cacher sous une burkha pour éviter d’être prise en otage, comme elle a pu en être menacée à plusieurs reprises. Kate Clark a-t-elle été menée en bateau par l’un des interlocuteurs ?
Bernée par les deux, en fait. Car notre second interviewé ne se balade pas non plus avec n’importe quelle Kalachnikov, ce que notre journaliste ignore, semble-t-il. Son canon fort court, sa crosse ajourée, son cache-flamme en trompette et son pontet de hausse de viseur arrondi désigne obligatoirement un modèle fort particulier : l’AS-74, la version raccourcie et bien plus récente de la Kalachnikov, surnommée "Krinkov" aux USA. L’arme favorite des troupes spéciales... russes ou ukraniennes, qui est équipée d’origine... d’un support de lance-grenade, et n’est pas... iranienne, mais... bulgare, c’est une AR-SF de calibre 5,45. Le hic, c’est que la police afghane ou irakienne n’en est pas équipée, et qu’on la trouvait plutôt en 2005 à Al Haswa, par exemple, aux mains des insurgés. Pas exactement la même arme que celle fournie à la police afghane. Du tout, même.
Une police dont l’armement a été en effet alignée en approvisionnement de munitions sur le calibre standard de l’Otan, qui est désormais en 5,56 (à la place du 7,62 mm d’antan). Le 5,45 étant le nouveau standard... russe ! Le nouvelle armée afghane, entraînée par l’Otan, n’est donc pas équipée de cette arme, obligatoirement, et notre interviewé ne peut la présenter comme étant un matériel de police afghane ! Là où ça devient plus coton encore, c’est quand on trouve une trace récente de livraison d’armes légères Bulgares en Irak... elle existe, mais c’était pour les... Kurdes. "The Washington Post has reported that three C-130 cargo planes delivered small arms and ammunition from Bulgaria to Iraq in September. Three U.S. military officials indicated that the weapons shipment procedure did not comply with Iraqi government regulations." Les insurgés se feraient-ils livrer directement avec l’assentiment gouvernemental indirect de Maliki ? Au Bazar des armes bulgare, tout le monde semble venir s’approvisionner... Le New-York Times a parfois l’art d’enfoncer le clou même ici voici 10 ans déjà : "The big attraction in Bulgaria is the Kalashnikov assault rifle. Light, durable and easy to maintain, it is ideal for young soldiers slogging through jungles or trekking up mountains. And Bulgaria makes the best. Having lost their traditional cold war markets, Bulgaria’s arms manufacturers are desperate for customers, whom they have accommodated with false shipping documents to disguise both the buyer and the destination of the weapons". Dix ans après, la Bulgarie serait devenue vertueuse et fournirait la police irakienne ou afghane ? Les bulgares avaient bien fait un don aux afghans en 2002, mais ça semblait fort limité... Finalement, les seuls a avoir envoyé 12 000 armes lourdes et légères à Karzaï ont été... les américains, en 2007. "The United States and other allies are helping rebuild, train and equip the army — due to increase to 70,000 by 2008 from 38,000, as well as the police force" nous apprend le communiqué. Lesquelles, on ne le sait pas : certainement pas en calibre 5,45 en tout cas ! D’ou vient donc la Kalachnikov si spéciale visible dans le reportage, qui devient alors aussi peu crédible que le premier ?
Il ressort surtout du visionnage de ces photos et de ses témoignages que le Pakistan joue toujours sa partition trouble en Afghanistan, et que le seul moyen de se sortir du bourbier afghan passe... par Islamabad. Les explosifs, les Kalachnikovs et les moyens logistiques que sont désormais les téléphones portables portent trop la marque de l’ISI pour que le problème ne se résolve que sur le territoire afghan seul. En ce sens, les déclarations assez contradictoires, en France, d’un Lellouche, qui affirmait aussi dur comme fer que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, sont la preuve que l’on n’a pas encore compris toute l’ampleur de la manipulation et la désinformation pakistanaise (et américaine). Il serait temps d’en prendre conscience. Se sortir du bourbier afghan passe obligatoirement par le Pakistan, où rien n’est facile, cela on le sait et on le vérifie tous les jours. Les gens qui tirent les ficelles, dans la région, sont avant tout pakistanais, mais aussi saoudiens et... américains. Obama semble en avoir pris conscience, mais c’est encore loin d’être le cas en France.
Documents joints à cet article
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