Le titre peut paraître un peu provocateur mais, dans une époque où tous les poncifs font la une de tous les journaux comme des évènements qu’il faut implanter dans chaque neurone disponible du citoyen médiatisé, il pourrait être la réalité de demain.
Depuis 1840 jusqu’à très récemment, le temps de travail n’a cessé de diminuer. (1)
Cette réduction marque tout d’abord une amélioration des conditions de vie. C’est aussi le fruit de la productivité qui permet à la France, malgré les 35 heures, de produire davantage de richesse par heure travaillée (2) que la plupart des pays de l’OCDE (3) et de placer ses coûts salariaux en dessous de la moyenne européenne, n’en déplaise aux présentateurs des journaux télévisés du 20 heures.
Ces données combinées aux progrès de la médecine conduisent à une augmentation de l’espérance de vie ; 84,5 ans pour les femmes et de 77,8 ans pour les hommes.
Ainsi, en 2010, une femme de 60 ans peut espérer vivre encore 24,5 ans, et un homme 17,8 années, soit environ 7 ans de plus qu’en 1954.
Ce constat qui devrait nous réjouir fait au contraire réagir la majorité parlementaire qui nous gouverne (et malheureusement quelques autres). Elle en déduit que l’âge de la retraite doit être repoussé puisque l’espérance de vie augmente. Logique implacable !
Ainsi le départ à la retraite serait repoussé proportionnellement à l’augmentation de l’espérance de vie ? Selon la même logique, les femmes vivant 6,7 ans de plus que les hommes devraient voir leur départ à la retraite reporté d’autant. La vraie parité enfin ! Les hommes et les femmes profiteront de la même durée de vie après la retraite. Comme dirait le Président : « Ecoutez Madame Chabot. Vous trouvez normal vous, que les femmes elles perçoivent la retraite 7 ans de plus que les hommes ? Et bien moi je trouve pas ça normal et je vais faire une Loi »
Ainsi la réforme des retraites va s’engager sur un poncif absurde en oubliant qu’en France, à peine 53 % des plus de 50 ans travaillent et comme le souligne très justement la Confédération FO,
40 ans de travail c’est déjà trop.
J’aurais voulu pourtant dire comme cet enfant : « Moi je veux mourir le plus tard possible, comme ca je serais mort moins longtemps »
GARDARIST
(1) La durée du travail n’a cessé de diminuer depuis plus d’un siècle et demi. Souvent près de 16 heures par jour avant 1840, elle a été limitée à 12 heures par la constituante en 1848. En 1874 le travail quotidien des mineurs et des femmes sera limité à 12 heures et interdit le dimanche et les jours fériés et en 1900, Millerand réforme le droit du travail pour le fixer à 11 onze par jour en créant les premiers repos hebdomadaires. Il faudra attendre 1919 pour que la journée de travail passe à 8 heures par jour et la durée hebdomadaire à 48 heures. 1936 Léon Blum accorde les congés payés et les 40 heures hebdomadaires qui seront effectives jusqu’en 1982 par le passage aux 39 heures et la cinquième semaine de congé payés. Enfin le 1er avril 1983 la retraite à 60 ans entre en vigueur et 15 ans plus tard, en 1998 la France passe aux 35 heurs hebdomadaires qui feront l’objet d’un décompte annuel de 1600 heures. Depuis, la droite revenue au pouvoir, augmente la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein, instaure une journée de solidarité portant la durée annuelle légale à 1607heures, augmente le plafond des heures supplémentaires.
(2) chiffres OCDE-2008 : Pib par heures travaillées = 53,2 en France contre 46,5 dans la zone euro et 41,8 sur le total de l’IOCDE
(3) L’OCDE compte trente pays membres :
Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Corée, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Turquie.