Les Femmes Républicaines pendant la guerre civile et sous le régime de Franco
Hommage aux femmes oubliées de l'Histoire de la Guerre Civile Espagnole et de la politique de répression du Général Franco
- Plaque Commémorative des Trece Rosas
- Plaque commémorative des Trece Rosas, sur le mur du cimetière de la Almudena, Madrid
Comme le rappelle l'artiste et réalisateur Javi Larrauri, pendant la guerre civile espagnole opposant les républicains aux nationalistes, les femmes républicaines furent les grandes perdantes. Non seulement elles perdirent les droits acquis pendant la Seconde République, mais les vainqueurs se chargèrent aussi de les punir cruellement et inutilement. Certaines de ces femmes étaient des militantes de gauche luttant pour la démocratie et les libertés d’autres étaient simplement de gauche ou de famille de militants de gauche et enfin d’autres ont été arrêtés pour rien. Dans son film documentaire Mujeres republicanas, Javi Larrauri rend hommage à celles qui furent fusillées contre les murs des cimetières, celles qui gisent enterrées dans les fosses communes des caniveaux d’Espagne, celles qui moururent d’avitaminose dans les prisons franquistes, celles qui durent s’exiler, aux miliciennes qui marchèrent au front pour défendre la République, à celles qui collaborèrent en travaillant à l’arrière du front, aux guérilleras antifrancistes de l’après guerre ou qui servirent comme contact avec la guérilla, aux mères ou aux épouses de prisonniers républicains et surtout à celles dont l’histoire à oublié le nom, ces milliers de femmes anonymes dont on ne parlera jamais mais qui souffrirent tant sous la répression franciste. Parmi celles-ci, les 17 roses andalouses et les 13 roses restent les plus emblématiques des victimes du fascisme et de la violence machiste.
Les 17 roses de Guillena
Eulogia Alanís García
Ana María Fernández Ventura
Antonia Ferrer Moreno
Granada Garzón de la Hera
Granada Higaldo Garzón
Natividad León Hidalgo
Rosario León Hidaldo
Manuela Liánez González
Trinidad López Cabeza
Ramona Menchón Merino
Manuela Méndez Jiménez
Ramona Navarro Ibáñez
Dolores Palacios García
Josefa Peinado López
Tomasa Peinado López
Ramona Puntas Lorenzo
Septembre 1937, en pleine guerre civile, 17 femmes d’un village andalou sont fusillées au motif d’avoir un parent républicain. La plupart d'entre elles étaient les épouses de militants républicains ou de sympathisants qui ont fui le village par crainte de représailles politique après le coup d'état de Franco. En 2012, leur fosse commune est mise au jour à Gerena, participant ainsi au travail de mémoire dans une Espagne qui refuse toujours de solder son passé. Dans cet amas de poussières et d'os qui fut un jour vivant, les archéologues ont retrouvé une douille rouillée, une pièce enveloppée dans un mouchoir noirci par l’humidité, et un Opinel rongé. Après quinze jours d’exhumation dans cette fosse située entre deux rangées de tombes murales du cimetière de San José de Gerena (Séville), la dernière victime est revenue à la lumière. Les 17 roses de Guillena ont été enfin libérées. Ces fleurs, ce sont ces dix-sept femmes, âgées entre 20 et 70 ans lors de leur arrestation à l’été 1937, au motif d’avoir un parent républicain ou anarchiste fidèle à la République.
Malgré les violences et les tortures de leurs tortionnaires, elles ont refusé de revéler le lieu où se trouvaient leurs maris ou leurs proches soit par conviction soit tout simplement parce qu’elles l'ignoraient . Leur calvaire dura deux mois pendant lesquels elles sont maltraitées et humiliées. Après les avoir rasées, elles sont exhibées dans les rues de leur village de Guillena et contraintes à aller à la messe.
Début novembre 1937, les phalangistes et les gardes civils les embarquent dans un camion en direction du cimetière de Gerena où elles seront finalement mises à mort par leurs bourreaux.
Fusillées, ces femmes sont ensuite jetées dans un trou d’un mètre sur deux avec pour seul linceul la terre qu’on leur a fait mordre. Les archéologues les ont retrouvées enchevêtrées et entassées. Comme le raconte l'archéologue Juan Luis Castro, elles présentent de multiples marques évidentes de violence et certaines ont reçu plusieurs impacts de balles dans les membres inférieurs, la gorge, la nuque.
76 ans après leurs meurtres, les "17 Roses de Guillena" reposent enfin dans un endroit digne.
Après avoir été jetées dans une fosse commune après avoir été abattu, les corps de ces femmes républicaines ont été enterrés dans un cimetière de leur ville natale, Guildford, à Séville.
Les 13 roses
Carmen Barrero Aguado
Martina Barroso García
Blanca Brisac Vázquez
Pilar Bueno Ibáñez
Julia Conesa
Adelina García Casillas
Elena Gil Olaya
Virtudes González García
Ana López Gallego
Joaquina López Laffite
Dionisia Manzanero Salas
Victoria Muñoz García
Luisa Rodríguez de la Fuente
Le 26 mars 1939, avec l’entrée à Madrid des troupes de Franco, se termina la guerre civile espagnole. Beaucoup républicains fuient alors la répression franciste et trouvent exil et refuge surtout à l'international (La France, L'Algérie, Le Royaume-Uni, Le Mexique, L'URSS). Mais d’autres ne le purent pas ou ne le voulurent pas et restèrent donc en Espagne. Franco intensifie sa terreur pour détruire la République Espagnole et purger le pays des dirigeants politiques et syndicaux et les notables qui ne soutiendraient pas le mouvement nationaliste. L'action présentée préventive par la propagnade relève en réalité plus de l'extermination politique. Dès le début du conflit, les francistes mettent en place une politique de répression violente pour réduire leurs adversaires républicains et soumettre les dissidents. Entre juillet 1936 et le début de l'année 1937, des tueries sont commises par les autorités nationalistes. A partir du 26 mars, la répression s'intensifie et devient planifiée et méthodiquement organisée dans tout le pays pour traquer les « Rouges ». La chasse est lancée et les communistes, les socialistes, les anarchistes, les républicains laics et les sociaux conservateurs se retrouvent dans le colimateur de Franco. Dès lors, les mouvements clandestins de résistance républicaine se mettent en place. A Madrid, la JSU, Jeunesse Socialiste Unifiée, résultat de la fusion le 1er avril 1936 des jeunesses socialistes et des jeunesses communistes, se réorganise clandestinement sous la direction de José Pena. Ce dernier est dénoncé, arrêté et torturé par les autorités francistes. Il finit par donner les noms de son groupe dans lequel figurait le nom des 13 roses, treize jeunes filles âgées entre 18 et 29 ans. 9 de ces dernières étaient âgées de moins de 23 ans et étaient donc considérées comme mineures par loi de l'époque. Elles furent arrêtées torturées et détenue dans une prison prévue pour 450 personnes dans laquelle étaient entassés plus de 4000. Après une attaque menée le 29 Juillet par trois militants des JSE contre Isaac Gabaldon, commandant de la Garde civile. Suite à cet attentat, 56 prisonniers politiques incarcérés dans les prisons francistes sont jugés de façon expéditive et injustement condamnés à mort. Parmi ces condamnés se trouvaient les 13 roses. Le matin du 5 aout 1939, les exécutions ont lieu à côté du mur du cimetière Almudena à Madrid, à 500 mètres de la prison de Las Ventas.
En fait, quatorze jeune femmes furent fusillés au total. En effet, Antonia Torres, qui faisait partie du groupe, fut exécuté un an après, le 19 Février 1940.
Ces 14 jeunes femmes furent arrêtées et accusées à tort de complicité en représaille à l'attentat du 29 juillet contre Isaac Gabaldon. Ainsi, Carmen Barrero Aguado agée de 16 ans, militait aux Jeunesses Socialistes, mais n'avait jamais touché à une arme. Son amie Julia Conesa s'était, quant à elle, affiliée aux Jeunesses socialistes pour pouvoir faire du sport dans les installations du siège. Le cas de Blanca Brisac est encore plus surprenant : jeune femme catholique, de droite, son seul crime étant d'avoir aider financièrement un musicien, militant communiste, ami de son mari...
Cet épisode du régime Franciste est réputé pour être l'un des plus sombres de l'après-guerre civile espagnole. Les femmes, victimes du francisme, se comptent encore par milliers.
Les portraits et les initiales de Franco disparaissent peu à peu du paysage urbain espagnol. La guerre civile demeure pourtant un sujet tabou et il est dangereux de s'aventurer sur ce terrain miné au risque de réveiller de vieilles haines entre nationalistes et républicains et de déterrer de vieux cadavres tristement assasinés et refoulés.
Après la guerre civile Cambodge (1967-1975), l'Espagne est le pays qui compte le plus de disparus pendant la guerre civile (1936-1939) : 90 000, et 275 000 fusillés selon, l'archéologue, Juan Luis Castro.
Aujourd'hui, de nombreux personnes luttent pour resusciter leurs histoires et commémorer les morts de cette époque sanglante.
- Les 17 roses de Guillena
- Les 13 rosas
33 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON