• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les larmes des ainés se mêlent aux miennes

Les larmes des ainés se mêlent aux miennes

Les naufragés de la résidence Arc V à Rouen, leurs familles et les personnels se sont retrouvés hier (18/04/2012) soir avec leurs représentants et moi-même à l’issu d’une réunion à l’ARS (Agence Régionale de Santé) où l’Etat par l’intermédiaire de la secrétaire générale adjointe de la Préfecture, nous a appris la prolongation d’activité pour deux mois de la structure d’hébergement. Dans l’attente d’une confirmation aujourd’hui (19/04/2012) par le tribunal de commerce de Paris, je tiens à saluer le volontarisme des pouvoirs publics qui, une fois informés, ont bien pris la mesure de cette affaire extraordinaire sur bien des points.

Arc V est une sorte de produit toxique à haut risque commercialisé par l’ultralibéralisme de ces dernières années. Le dossier complet présente à lui seul toutes les dérives d’un système où l’argent est roi, où l’humain est une denrée comme une autre, où les valeurs de notre société comme la fraternité et la solidarité sont renvoyées au rayon des antiquités. Le bâtiment construit pour permettre la défiscalisation de propriétaires aisés dans le cadre « Périssol », se devait d’être une résidence service (règlement de copropriété). Le créneau des personnes âgées semblait particulièrement prometteur et rémunérateur à l’époque et, bien que non spécialisés dans la prise en charge de ce public spécifique, les propriétaires et l’exploitant se lance dans l’aventure. Aventure qui tourne mal car les investissements sont plus lourds que prévus (les normes de tous types sont strictes en la matière) et le rendement est donc faible. Les copropriétaires perdent de l’argent, le syndic est lui-même aujourd’hui en liquidation, le gestionnaire se met en cessation de paiement, malgré les 230 millions de profits de ces autre filiales. Il met en péril volontairement les finances de la société Arc V ce qui provoque la liquidation le 19 janvier dernier.

Cerise sur la gâteau, les personnels apprennent par la résiliation du bail des résidents leurs propres licenciements ou depuis hier la possibilité d’un reclassement à…….. Madrid. Quand je dis que le système est pourri jusqu’à l’os, je pèse mes mots.

Maintenant, grâce au délai à venir, les pouvoirs publics : Commune, Département, ARS et l’Etat vont pouvoir travailler au relogement de toutes ces personnes avec un peu plus de sérénité. Cependant, les blessures psychologiques de ces anciens, l’inévitable tristesse engendrée par les séparations de personnes qui se soutenaient sur le chemin de la vieillesse font peine à voir. Comme beaucoup, hier soir, je n’ai pas pu retenir mes larmes devant un tel désastre humain.


Olivier MOURET - http://oliviermouret.over-blog.com


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (19 votes)




Réagissez à l'article

13 réactions à cet article    


  • Politeia 19 avril 2012 11:59

    Ils sont où nos « grands » média pour dénoncer l’impunité qui règnent dans ces milieux ? Pomper jusqu’à la moelle un « investissement » et s’enfuit en laissant pourrir le cadavre sur place ! Quoi de plus normal ?!

    C’est encore plus dégueulasse quand l’investissement en question est dans le social ! La prochaine fois... une école ? une clinique ?

    Qu’elle société de merde !


    • Pierre Pierre 19 avril 2012 12:11

      C’est un triste sujet de société et j’espère que toutes ces personnes agées trouveront une solution à ce problème.
      C’est un témoignage de plus qui prouve que l’ultralibéralisme ne nous apportera pas le bonheur. 
      Il est tellement évident que des domaines doivent être gérés par des services publics. Je pense aux Services sociaux, à l’Education, à la Culture et il y en a bien d’autres.
      Il faudrait d’ailleurs un strict contrôle de ces services publics pour que ce ne soit pas un écran pour placer des gestionnaires surpayés à la charge de la collectivité.


      • iris 19 avril 2012 12:24

        effarant !! ou allons nous ??


        • cilce92 19 avril 2012 15:51

          et comme c’est curieux « le gestionnaire se met en cessation de paiement, malgré les 230 millions de profits de ces autre filiales » et personne, pas même l’état ne songe à l’assigner en comblement de passif alors même qu’il est ultra-bénéficiaire ! C’est trop fort !

          Quelle société de merde !


          • Marc Bruxman 19 avril 2012 19:42

            Pour attaquer en comblement de passif, il faut qu’il y ait une faute de gestion commise. En l’occurence il n’est pas interdit d’avoir plusieurs filliales et si elles ont un objet social clairement distincts elles sont isolées les une des autres. Par contre si vous créez une deuxième société qui fait la même chose que la premiére (genre même locaux, même activité, ...) juste pour mettre du fric de coté, la il est possible de prouver la « compénétration » et vous aurez des soucis judiciaires.

            Quelque part ce mode de fonctionnement est souhaitable, cela permet à des entreprises de créer plusieurs sous entreprises et de les isoler entre elles du risque. Si un nouveau business risqué est lançé et que celui ci ne marche pas, le business traditionnel ne coule pas avec.

            Donc soit une faute de gestion au sens juridique du terme a été commise (c’est à dire un truc interdit) et une action en comblement de passif peut être tentée, soit il n’y a pas eu de telle faute (ce qui est largement probable vu qu’un tel groupe sait s’entourer des bons avocats qui disent les conneries à ne pas faire) et toute action est impossible quelles que soient le caractére morale ou immoral de la faillite. 

            Les comblements de passif touchent malheureusement essentiellement de petits entrepreneurs qui n’ont pas fait de grosses bétises. A part quelques cas extrémes, ils ont juste eu la malchance de ne pas s’entourer des bonnes personnes pour leur expliquer qu’il ne faut pas attendre pour faire faillite. En gros, le jour ou la charge arrive et que vous savez pertinamment que vous ne pourrez pas la payer, il ne faut pas attendre de miracle et il faut aller déposer le bilan. Pas si facile quand on a mis toute sa vie dans son entreprise. Mais pour les gros groupes qui ont un dirigeant salarié c’est beaucoup plus simple. 


          • Soi Même 19 avril 2012 19:02

            Cette affaire en dit long sur l’avenir radieux que l’on nous imposes !


            • Marc Bruxman 19 avril 2012 19:35

              Tout n’est pas perdu, les vieux partent le batiment reste. Cela fera un très bon foyer étudiant si les appartements étaient petits, sinon cela fera des logements tout court.

              La défiscalisation a permis de construire un batiment neuf, si le créneau des vieux n’est pas rentable autant en changer.

              Cela dit il fallait être un bon bouffon pour investir dans ces résidences à services quand on voit le prix demandé pour héberger un vieux la dedans et les contraintes opérationelles. Déja que sur du foyer étudiant ce n’était pas bien rentable, sur une telle résidence je n’ose meme pas imaginer.


              • Marc Bruxman 19 avril 2012 19:52

                Derniéres remarque derriére un commentaire un peu provocateur qui visait juste à montrer que rien n’était perdu et qu’un batiment reste. Batiment que la mairie peut d’ailleur reconvertir aussi en foyer d’accueil pour personnes agées sachant que la construction ne lui aura pas couté grand chose et que la perte a été bouffée par les actionnaires. (PAs très sur qu’ils soient content de leur investissement même une fois l’avantage fiscal inclus).

                En matiére d’accueil que ce soit pour les personnes agées et la petite enfance, les normes sont beaucoup trop strictes et conduisent à faire de cela des marchés non rentables.

                Pourant autant les parents d’enfants que les enfants de personnes agées ont besoin de ces services mais en ont besoin à des prix compatibles avec leurs moyens.

                Le problème est de renforcer les normes d’un coté et de déficaliser de l’autre en se disant que cela va marcher comme cela. C’est faux, défiscaliser un truc non rentable c’est jeter de l’argent public par les fenêtres. C’est comme ces investissement Scellier qui offrent une rentabilité négative avant avantage fiscal. C’est un non sens.

                Pour améliorer les conditions de logement et d’accueil, il faut au contraire :

                • Abaisser les normes pour diminuer les coûts de constructions.
                • Abaisser les normes fonciéres et augmenter la surface constructible par terrain. Pas que sur les maisons comme le fait Sarko mais PARTOUT. Ne pas imposer de hauteur limite. L’urbanisme n’est pas la source du problème dans nos cités comme on nous le raconte trop souvent. A l’étranger des tas de quartiers ont un urbanisme de ce style sans les problèmes qui vont avec chez nous. 
                • Abaisser les normes pour toutes les résidences de service. La concurrence saura faire la séparation entre les bonnes et les mauvaises.


                • Olivier MOURET Olivier MOURET 19 avril 2012 20:10

                  Malheureusement la mairie ne pourra pas récupérer ce bâtiment car le propriétaire majoritaire à 51% est le même que celui de la société gestionnaire de la résidence service aujourd’hui en faillite et poursuivi en justice pour « banqueroute »


                • Marc Bruxman 20 avril 2012 13:45

                  Intéréssant... Je croyais qu’avec l’avantage fiscal le batiment appartenait à une multitude de petits propriétaires privés ? Mais la le même proprio que la société de gestion s’en est réservé 51%, c’est légal ? Ou est ce que cette multitude de petits propriétaires ont investis dans une grosse structure qui possédait d’un coté le bati de l’autre une société de gestion ?

                  D’ailleurs qu’en est il de l’avantage fiscal vu que le « marché » n’a pas été respecté ? Le trésor public récupére t’il son du dans ce cas ? Cela paraitrait logique, même si les petits propriétaires ont plutot été victimes d’une escroquerie. (Quand je vois les méthodes employés par certains conseillés en défiscalisation qui viennent me proposer leur conseil, je suis souvent impressionné par autant de malhonnéteté). 

                  En tout état de cause, qu’est ce que le propriétaire a prévu comme ’reclassement’ pour son immeuble ? La vente à la découpe ? Une autre résidence à services ?


                • Olivier MOURET Olivier MOURET 21 avril 2012 18:27

                  les 49% restants sont effectivement des petits propriétaires qui perdent de l’argent depuis des mois, car le syndic de copropriété est lui même en liquidation et les charges elles sont dues. Mais de toute façon, il y bien anguille sous roche et de nombreuses procédures sont en cours.


                  Quant à l’avenir du bâtiment, il doit demeurer une résidence proposant des services, mais le public auquel elle sera destiné reste un mystère à ce jour.


                • ETTORE ETTORE 19 avril 2012 21:18

                  A vomir !!!!!

                  gens sans pitié !
                  quand je pense qu’on rend hommage aux morts de notre patrie !
                  et qu’on laisse dehors nos anciens,
                  trop jeunes encore peut être pour être pris en compte par la commisération humaine !

                  • Mutamuta 19 avril 2012 23:45

                    Proposition :
                    Dès lors qu’il y a en jeu, de quelque façon, la vie (emploi, sécurité, soin, ...) de personnes, il ne doit pas être possible de fermer purement et simplement, tant pour une entreprise que pour une maison de retraite ou toute autre activité (hôpital, ...).
                    Si un propriétaire veut se désengager, il doit faire en sorte que l’activité continue : soit il vend, soit il cède gratuitement, soit l’exploitation dans son ensemble (terrain, murs, matériel, ...) est saisi par l’État sans dédommagement et est vendu ou confié gratuitement à un autre gestionnaire qui continuera l’exploitation.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès