Les profs de langue s’insurgent, enfin !
Ils protestent contre la marchandisation de l’éducation, enfin !
Ils reconnaissent que la certification en langues est peu utile !
Ils s’aperçoivent qu’il faudra tricher avec les niveaux, en raison d’objectifs inaccessibles !
Ils découvrent que l’espéranto existe !
Mais que se passe-t-il, seraient-ce les prémices d’une révolution conceptuelle ?
1. La marchandisation de l’anglais
Dans un hors-série de la revue "Les cahiers pédagogiques", intitulé « Enseigner les langues vivantes avec le Cadre Européen », on peut lire ceci :
« À l’heure où l’on s’inquiète de marchandisation de l’école, un professeur nous invite à voir une collusion entre le CECRL et les vendeurs de certifications particulièrement habiles pour se placer sur les gros marchés publics. »
« Trois articles sur la validation confiée à Cambridge ESOL pour les classes de Seconde européenne.
Un collègue réagit vigoureusement à cette « marchandisation ». Cambridge ESOL plaide sa cause. Et une collègue nous dit sa perplexité sur le coût de ce choix.
– Richard COMERFORD – Alerte ! L’Éducation Nationale est tombée dans l’escarcelle des marchands de certifications ! »
(Nota : le site ne propose que le début de certains articles, pas forcément les extraits cités. Votre serviteur a sacrifié 5€ pour mieux informer les lecteurs d’Agoravox, et sans pirater !)
« Au stage, on nous a informés que faire passer ces certifications faisait partie de nos obligations, et qu’aucune rémunération n’était prévue. Nous avons donc sans hésitation fait savoir aux IPR et aux formatrices que nous trouvions cette démarche non seulement inadmissible mais malhonnête. Mais puisque notre présence à ce stage était apparemment obligatoire, nous nous sommes résignés à serrer les dents et à supporter l’expérience, ne serait-ce que pour nous faire une opinion sur le contenu des épreuves. Ce fut instructif…
Par la suite nous avons informé la direction de notre établissement qu’à plusieurs titres, nous ne souhaitions pas collaborer avec l’organisme de certification en question. Et nous n’avons pas cédé malgré les pressions. Des collègues « volontaires » de deux autres lycées ont donc fait passer les épreuves orales à notre place. Quatre professeurs de notre établissement ont néanmoins été sommés de surveiller les épreuves écrites et la compréhension orale, accompagnés par deux IPR et notre proviseure adjointe. »
(article de Richard Comerford, même lien)
En effet, le niveau en langues étrangères (comprenez "anglais"), au brevet et au baccalauréat, doit maintenant être validé par Cambridge Esol, pour un coût secret-défense. Ces dépenses sont financées par l’État et les régions, réalisant ainsi un véritable siphonnage des fonds publics au profit du business de l’anglais, en GB et en France même, où les boîtes en tout genre se ruent sur les formations et les validations CECRL (cadre européen commun de référence pour les langues), acronyme magique synonyme d’une pluie d’euros...
« Cela étant, quelles que soient les qualités de Cambridge ESOL, on peut se demander (vu l’enjeu modeste que représente la certification des seuls élèves des classes européennes) si la somme d’argent investie n’aurait pas pu être attribuée à des spécialistes de l’évaluation moins coûteux. » (Nota : le dispositif sera étendu à tous les élèves.)
« Bien entendu, les auteurs des sujets Cambridge ESOL n’ont pas négligé le marché des produits dérivés : méthodes de bachotage, CD, annales… »
(Richard Comerford)
2. Au fait, c’est quoi, ce CECRL (Cadre commun, pour les intimes), qui est à l’origine de toute cette agitation pédagogique ?
Il s’agit d’une échelle de niveau en langue adoptée par tous les pays européens, que nous avons déjà présentée sur Agora Vox, (ici sur mon blog) qu’on essaye de faire passer pour une révolution conceptuelle, histoire de vendre de nouveaux manuels, des formations, des stages et de « nouveaux » concepts d’enseignement.
Pourtant, les langues n’ont pas changé en 2001, ni leur enseignement, même si on semble avoir réinventé la roue en répétant « il faut plus d’oral ». Beaucoup de profs de langue se sont enthousiasmés pour cette nouveauté, mais ils risquent de tomber de haut, car, hélas ! aucune méthode miracle n’a vu le jour : il faut toujours débuter, apprendre les bases, faire à la fois de l’oral et de l’écrit, commencer par les choses simples et une langue correcte, puis introduire progressivement des tournures idiomatiques et des niveaux de langue différents - familier, argotique, etc. Une langue étrangère est un long chemin, ingrat, fait de longs paliers, qui nécessite une forte motivation - ce dont les élèves sont rarement pourvus...
Faire passer une sorte de double-décimètre des langues étrangères pour une révolution pédagogique est une escroquerie intellectuelle de l’UE, empêtrée dans son monolinguisme administratif anglophone, sa gêne d’avouer qu’elle veut faire de l’anglais la langue commune de l’Europe, nous l’imposer du primaire à l’université (processus de Bologne d’intégration universitaire).
« En ce sens, c’est un outil de promotion du plurilinguisme. » (même lien)
C’est l’homme qui a vu l’homme qui a vu le multilinguisme européen !
Entendons-nous bien : la plupart des Européens sont polyglottes à des degrés divers, dans de nombreuses langues (les moins sauf exceptions : Anglais et Suédois qui s’en tiennent à une seule langue étrangère), mais administrativement, l’UE s’anglicise à vitesse accélérée : c’est la seule langue dont elle fait la promotion dans ses relations extérieures.
Une échelle consensuelle de niveau en langue est une excellente chose, un outil qui manquait, mais ce n’est que cela. Langues et pédagogie n’en ont pas été bouleversées. Qui plus est, étant donné la complexité d’une langue et l’étendue de ses applications, il s’agira toujours d’une estimation du niveau, jamais d’une mesure scientifique précise.
(« La question du calibrage des épreuves occupe de nombreux experts. »)
« Sur le terrain, la perplexité »
« Dans mes pratiques pédagogiques, rien n’a fondamentalement changé. Cependant, le cadre offre plus de liberté, (...) »
3. Ils se rendent compte qu’on pouvait faire plus simple et plus économique !
Il eût été très simple de faire valider le niveau au brevet et au bac par un ou deux professeurs de langue de l’établissement lui-même, en se basant sur le contrôle continu et sur ces épreuves, comme on l’a toujours fait !
En 20 minutes et pour le même prix, c’était fait : « Ça va peut-être vous étonner, mais vous êtes B1 », ou « Vous êtes B1 moins » (car l’échelle CECRL a prévu une subdivision de chacun des six niveaux) ; 1 ml d’encre, 1 coup de tampon, une signature du ou des profs, et c’était plié !
Surcoût : zéro (brevet et bac sont déjà en vigueur).
Simplicité maximum, mise en œuvre immédiate et céphalées aucune, sauf pour l’impétrant !
Vu la position écrasante de l’anglais en LV1, la certification en langues étrangères est un cadeau royal accordé par l’Allemagne et la France à la GB, laquelle, blasée par les nombreuses dérogations déjà obtenues (« opt-outs »), s’en montrera probablement ingrate..
Ce n’est plus « I want my money back ! », mais « Give me more » !
4. Zéro en langues au brevet et au bac pour 80% des élèves !
Un véritable suicide politique ! C’est ce qui se passerait si on suivait à la lettre les objectifs fixés par le Ministère : exiger le niveau B1 au brevet (maintenant plutôt A2), et B2 au bac.
En gros, on peut dire que pédagogues et formateurs sont enthousiastes, tandis que les enseignants sur le terrain sont dubitatifs, voire totalement déboussolés (« Le désarroi de certains collègues émane du manque d’expérience, d’entraînement et de fondements théoriques sur l’évaluation. »), inquiets de voir que jamais leurs élèves ne pourront être au niveau fixé par le ministère (B2 au bac, pour tous !) : un gouvernement libéral qui fixe des objectifs absurdes, « Les programmes et méthodes d’enseignement des langues vivantes étrangères sont définis en fonction de ces objectifs. », et fait de la planification soviétique !
Le représentant de Cambridge Esol se montre d’ailleurs pince sans rire sur le sujet :
« C’est un processus et c’est à noter que le texte officiel parle des niveaux
que les élèves « devront atteindre », sans spécifier une date », et encore ne parle-t-il que des sections européennes, dont les élèves sont parmi les meilleurs en anglais...
Édifiant aussi ce témoignage :
« Devant tant de disparités et pour éviter un trop grand taux d’échec face à l’exigence du niveau A2 pour le DNB en fin d’année, des enseignants ont constaté, à leur grande surprise, que, d’emblée, le niveau était validé pour tout le monde. Quelques jours avant d’envoyer les résultats à l’académie, les chefs d’établissements auraient reçu comme consigne de l’accorder. Sur les listes, le niveau A2 apparaissait comme acquis pour tout élève de 3e. »
(Valentine Sanchez . Enseignante d’espagnol en collège-lycée, Lyon 5e)
La minute d’autosatisfaction : sur nombre de ces points, les lecteurs d’Agoravox auront été informés avant les gens du métier, comme par exemple sur le fait que l’État devrait biaiser avec l’échelle de niveau pour faire coïncider la réalité avec ses objectifs absurdement surévalués : « La France va tricher aux examens de langue ! ».
5. Ils commencent à reconnaître que tout ce bazar est quasiment inutile
« De toute façon, il est fort à parier que la plupart des élèves de classes européennes poursuivront leurs études et obtiendront des diplômes d’une valeur supérieure au niveau B1 (le niveau B2 pour le baccalauréat, voire davantage si des diplômes universitaires sont acquis). Qui plus est, la certification n’est pas véritablement un entraînement aux épreuves du baccalauréat, dont le déroulement et les critères d’évaluation sont très différents.
Il est donc à craindre qu’en réalité ce certificat ne serve qu’à procurer une satisfaction individuelle aux candidats et à leurs familles.
Il serait bien plus juste et logique de garantir la passation gratuite à tous les élèves de 2nde, ou bien, si on tient à faire des économies en limitant le nombre d’élèves, de choisir ceux qui sont en difficulté et songent à quitter le système entre l’entrée en seconde et le baccalauréat, sans diplôme ou attestation correspondant au nombre d’années d’études. »
(article de Biliana Dimic, phrase surlignée par nous)
Eh oui, sachant que l’échelle CECRL n’aura pas été réellement respectée, que les évaluations auront été plus que généreuses, que certains pays auront été plus généreux que d’autres dans leurs certifications, les entreprises n’en tiendront aucun compte... et exigeront, comme aujourd’hui, des tests internes ou confiés à des boîtes sous contrat (type TOEFL et TOEIC). Tout ça pour ça !
6. Ils commencent à envisager l’acte de décès de ce « machin », comme disait De Gaulle de l’ONU ! On ferme de nombreux postes dans l’Éducation nationale tout en lançant un système aussi dispendieux qu’inutile...
« On peut douter de la survie dans le temps d’un système qui garantit une rémunération à ceux qui créent le protocole d’évaluation (Cambridge ESOL) mais pas ceux qui en assurent la passation (les enseignants), d’autant plus que l’administration des tests est à la fois contraignante et chronophage. (...)
On ne peut s’empêcher de comparer à cela l’effort financier nécessaire pour mettre en place le système : un contrat de trois ans avec un prestataire de service étranger mondialement reconnu, une mobilisation de deux jours minimum pour former les intervenants, des heures de cours supprimées, des locaux mobilisés, des frais à rembourser. J’ose à peine imaginer ce qu’a coûté le déplacement des collègues de province ou des Antilles vers la tour AREVA en janvier, la location de la salle, les nuits d’hôtel, la rémunération des formateurs de Cambridge. » (article de Biliana Dimic, enseignante, formatrice, académie de Créteil) »
Et encore cet autre avis :
« Il semblerait donc opportun d’émettre l’hypothèse suivante : l’objectif principal du CECRL ne serait-il pas de fournir un prétexte à la généralisation de ces certifications ? Le bénéficiaire principal d’une telle généralisation serait bien évidemment Cambridge ESOL, le marché potentiel de certifications en anglais étant quasiment sans limites. Et une question s’impose : pourquoi la France a-t-elle pris unilatéralement la décision d’ouvrir les portes de ses écoles publiques à ces marchands de certifications ?
L’Éducation nationale a signé un contrat d’une durée de trois ans avec Cambridge ESOL. On espère qu’il n’est pas trop tard pour que le ministère reconnaisse son erreur et mette fin dès que possible à cette dérive. »
(Richard Comerford. Professeur d’anglais en lycée, académie de Versailles)
Pleinement d’accord : il est urgent d’arrêter ce bazar qui déboussole tout le monde, qui est inutile mais coûte un max !
7. Ils mentionnent l’espéranto, enfin !
« Une alternative au tout-anglais pourrait-elle passer par l’espéranto ?
C’est le pari fait par un enseignant dans un collège de la région lyonnaise. Il nous propose en annexe le livret d’accompagnement à ce travail, avec des grilles basées sur le CERCL qu’il utilise avec ses élèves. »
« Pourquoi étudier l’espéranto à l’école ? Le projet d’accompagnement éducatif visible en détail sur le site du collège se donne deux objectifs :
— faire progresser les élèves dans les matières scolaires,
— découvrir d’autres cultures par le biais de la correspondance papier ou électronique en espéranto. »
« L’apprentissage de l’espéranto offre ainsi la possibilité de mieux comprendre les règles de grammaire et de mieux entrer dans les langues étrangères à la fois par le lexique(les racines sont très souvent en lien avec les racines latines ou saxonnes) et par la construction des phrases. »
« Et le plurilinguisme ? L’espéranto a-national de naissance semble être justement une bonne voie vers le développement du plurilinguisme tant sa rapidité d’apprentissage donne envie d’apprendre d’autres langues. Pourquoi ne pas apprendre l’espéranto en primaire puis découvrir les autres langues à partir du collège en proposant un vrai choix ? »
Stéphane Leroux
« - Stéphane LEROUX - L’espéranto entre découverte et détour pédagogique
Une alternative au tout-anglais pourrait-elle passer par l’Esperanto ? »
« La langue anglaise est si forte actuellement en Europe qu’il semble impossible de la voir décliner (même si c’est le sort de toutes les langues et qu’aucune n’a encore réussi à devenir vraiment internationale). La publication en septembre 2005 du rapport de François Grin (professeur, Université de Genève) pour le Haut Conseil de l’évaluation de l’école en France, intitulé « L’enseignement des langues étrangères comme politique publique » aurait dû retentir comme un coup de tonnerre au milieu des discours actuels sur les politiques d’enseignement des langues étrangères. En effet, si à court terme il confirme que l’enseignement de plusieurs langues étrangères à tous les élèves est à renforcer, la solution proposée à long terme est l’espéranto comme langue internationale et pont entre les autres langues. La réflexion de l’auteur est essentiellement économique. Il a étudié trois scénarios dont le tout-anglais, le plurilinguisme et l’espéranto. Le troisième scénario est nettement plus économique. »
« De son côté, la Hongrie a ouvert depuis 1995 une option espéranto à l’équivalent du bac avec un succès certain (environ 2000 candidats chaque année). Les ministres français, pour leur part, répondent, à chaque fois qu’il est envisagé de proposer l’espéranto en option au bac, par un discours inchangé depuis 20 ans : l’espéranto n’a pas de culture. Ils démontrent ainsi leur ignorance de l’espéranto dont les publications d’œuvres originales se portent plutôt bien. »
Autant de choses qu’il n’est pas habituel de lire dans des revues pédagogiques françaises. Bravo !
Rappelons en effet que si l’espéranto est interdit d’enseignement à l’école (si, si, c’est en France, pas en Corée du Nord !), il est tout à fait licite dans les établissements dans le temps extrascolaire (projets éducatifs, heures d’étude), avec l’accord du chef d’établissement. Et divers projets de ce type ont déjà été mis en oeuvre par des enseignants, comme l’a fait S. Leroux en 2008 et 2009.
De toute façon, apprendre quelque chose d’interdit, n’est-ce pas terriblement excitant ?
8. Ils contestent l’anglais obligatoire au primaire, enfin !
Ils (certains) proposent au primaire une initiation à la diversité des langues européennes, enfin ! C’est à-dire divers alphabets, des phrases simples dans diverses langues européennes, afin de d’utiliser les capacités musicales du jeune âge.
« Pour Laure Peskine, professeure d’anglais au collège César Lemaître à Vernon (Eure) et Secrétaire Générale de l’APLV*, il faut différencier la pratique des langues en général de l’anglais. (...). L’anglais est pour un Français l’une des langues les plus difficiles à apprendre, à cause d’un système de sons et d’accents toniques très éloigné du français.(...) Cela ne veut pas dire qu’il faille dès son plus jeune âge apprendre l’anglais ou le chinois (autre langue à sonorités très éloignée du français mais qui risque de devenir incontournable dans l’avenir), mais qu’il est nécessaire d’éduquer l’oreille dès le plus jeune âge. Cela peut se faire par l’apprentissage de la musique. Et non pas d’une langue comme le veut le système français, mais par l’initiation à plusieurs langues, c’est-à-dire à l’écoute par des chansons, des phrases simples et des activités culturelles.
9. Un simple citoyen osera-t-il suggérer une réforme aux professionnels ? Mais bien sûr !
Sinon, à quoi servirait Agoravox et les forums citoyens ?
Au primaire : un vrai choix entre anglais ou autre langue disponible, langue régionale, programme européen (type Evlang), espéranto, avec pour chaque un prof tournant sur les écoles primaires proches. Facile et sans surcoût, car un programme européen utiliserait du matériel pédagogique qu’un prof aimant les langues pourra utiliser après quelques stages ; l’espéranto, lui, est beaucoup plus facile à apprendre ET à enseigner, pour des raisons structurelles.
Au secondaire : libre choix de deux langues parmi toutes celles existant ou ayant existé, à valider aux niveaux B1 pour l’une et A2 pour l’autre (pour ceux qui vont jusqu’au bac), A2 et A1 au brevet. par complémentarité établissements-familles-associations parentales-instituts-boîtes privées.
L’EN garderait la haute main sur les examens, le volet culturel (langue et civilisation) pourra faire l’objet d’un programme, sous réserve d’être réaliste (pas digne d’un licencié d’anglais).
Sachant que 80% des élèves choisiront les langues classiques, que pour russe, arabe, chinois, l’examinateur régional pourra se déplacer dans l’Académie, on peut envisager pour les langues rares un examen en vidéoconférence en présence du prof local (même s’il n’en comprend pas un mot). Pour les langues rarissimes, on peut même envisager un examinateur européen, qui aurait là une occasion de prouver son utilité à l’échelle locale.
Et le patrimoine familial serait valorisé : l’arabe ou le portugais choisi en LV1 au bac, ne serait-ce pas là une vraie reconnaissance officielle, loin du blablabla politique ?
En somme, une réforme simple, peu coûteuse, respectant la diversité européenne et la liberté de choix, mais quelque peu révolutionnaire pour nos petites habitudes scolaires, et surtout, surtout, contraire aux intérêts du lobby pro-anglais... C’est là que ça coince !
Les professionnels des langues, dans ce numéro des cahiers pédagogiques, se sont montrés remarquablement critiques et lucides, voire caustiques :
« Puisque ces certifications visent (pour l’instant) un public restreint et donc ne concernent pas directement la plupart des collègues de langues, il serait peut-être utile de fournir quelques éléments qui pourraient les sensibiliser à cette situation et aux enjeux qui en découlent. À méditer, donc :
— Pour le Preliminary English Test (PET), rebaptisé pour l’occasion en Cambridge English Certificate, (CEC), le ministère aurait accepté de payer jusqu’à 3 millions d’euros à Cambridge ESOL. Les collègues qui participent à l’élaboration des sujets d’examens nationaux, tels que le brevet des collèges et le baccalauréat, seront ravis d’apprendre qu’enfin le ministère a décidé de rémunérer comme il se doit ce genre de travail, et avec une générosité sans précédent… (...)
— Cambridge ESOL était sans doute prêt à fournir le personnel (vacataire) pour faire passer et corriger les épreuves, conformément à sa pratique habituelle, mais avec les conséquences que l’on peut imaginer sur le montant (déjà exorbitant) du contrat. Peu étonnant donc que le ministère ait préféré nous transformer en petites mains bénévoles. » (R.Comerford)
Business is business, surtout quand l’UE est aux commandes ! La transformation de l’éducation en services mis en concurrence est déjà bien avancée... selon les vœux des ultralibéraux qui mènent l’UE.
Exigeons que la concurrence libre et non faussée s’applique aux langues : libre choix de deux langues étrangères pour tous les élèves !
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