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Accueil du site > Tribune Libre > Lettre au brave soldat Watada

Lettre au brave soldat Watada

Je t’écris cette lettre d’Algérie, terre amazighe, arabe, africaine et méditerranéenne. De ce pays debout malgré les tempêtes impitoyables d’une histoire tourmentée. Je t’écris, soldat Watada, pour te dire que ton geste nous touche et nous donne la preuve irréfutable que les femmes et les hommes de ton pays continuent de porter les valeurs de vos ancêtres les « patriots ».

Nul ne peut oublier le rôle majeur joué par la révolution américaine dans l’affermissement des droits civiques et des libertés individuelles à travers le monde. Nul ne peut occulter les retombées positives d’une telle insurrection sur l’avancée de la démocratie et de la liberté à travers les cinq continents. A 28 ans, tu aurais pu rêver d’une grande carrière militaire qui t’aurait ouvert les marches de la gloire montées par tant d’officiers et qui résonnent encore des pas de tant de héros ! Mais, entre tous les chemins, tu as choisi celui de la probité intellectuelle et du vrai courage, dans une insurrection solitaire et intrépide contre l’injustice et le mensonge !

Tes objections de conscience réveillent celles de toute l’Amérique à un moment crucial de son histoire. Elles interpellent chaque femme, chaque homme de ce grand pays pour que la vérité soit plus forte que la mystification et que la raison l’emporte sur la folie guerrière des nouveaux Néron. Tu es le premier officier d’active à refuser de se rendre en Irak, tout simplement parce que tu penses que cette guerre est injuste et qu’elle n’a pas été déclenchée pour les motifs présentés officiellement par la Maison-Blanche. Tu sais, mieux que quiconque, que les procédés utilisés pour « embarquer » l’opinion publique relèvent de procédés indignes d’une démocratie : manipulation, propagande, mensonge.

En cela, tu rejoins des dizaines de millions d’Américains, mais aussi des peuples entiers qui pensent la même chose que toi. Mais, en tant que soldat, tu risquais plus que les autres. Tu es au centre d’un procès dont la mission est de t’accabler en jouant sur le « patriotisme » qui a, décidément, bon dos lorsqu’il s’agit de justifier l’injustifiable ! Les grands mots vont être convoqués : trahison, refus de servir son pays, et j’en passe sur ce que te réservent les milieux d’extrême droite et les va-t-en-guerre qui ont un F-14 à la place de la cervelle ! Voici ce que tu déclarais dans l’acte d’accusation de ton procès : "En lisant la quantité de mensonges que l’administration Bush a utilisés pour déclencher et mener cette guerre, j’ai été choqué (...). Si le président (Bush) peut trahir ma confiance, il est temps pour moi de réexaminer ce qu’il me demande de faire".

Quelle belle leçon pour tous les faux démocrates de ton pays qui n’ont pas su répondre à l’appel de leur conscience et ont joué le jeu de la nouvelle droite ! Souvent, les pires fascismes naissent de ces petits silences individuels, isolés, de ces peurs banales, de ces insouciantes indifférences qui tissent la grande toile de l’infidélité et de l’indignité. Mieux que d’autres, tu la vois pourtant clairement, cette tâche sombre qui prend forme sur le front de la statue de la Liberté et que des braves comme toi essayent d’effacer au plus vite ! Et c’est justement, dans ces moments troubles où une poignée de fascistes essayent de dénaturer la démocratie et de confisquer la liberté, que le courage des hommes est mis à rude épreuve ! En refusant d’aller te battre pour une cause qui te semble injuste et qui ne correspond en rien à l’idée que tu te fais de l’Amérique, tu remets les pendules à l’heure.

L’Amérique et ses vraies valeurs, c’est toi qui les défends, entouré des braves patriotes qui n’ont pas vendu leur dignité contre une poignée de dollars ; tu les défends contre un système qui dérive chaque jour un peu plus. Ce système peut paraître intouchable, plus puissant que tout. Il vit de mensonges et de manipulations. Il est nourri par les appétits sans limites des patrons des grandes firmes pétrolières, des maîtres de la puissante industrie d’armement, des banquiers et des groupes néoconservateurs et né libéraux ; une nébuleuse de sectes d’intégristes visant à dominer les peuples, à contrôler les richesses du monde et à instaurer le plus injuste des ordres ! Oui, ce système donne une image de force telle que les bonnes paroles d’un objecteur de conscience ou les cris des militants des droits de l’homme et des opposants à la guerre peuvent paraître insignifiants, incapables de lui causer le moindre tort. Il dispose de tous les moyens et contrôle tout l’appareil d’information-propagande, ce qui laisse vraiment peu de chances aux voix comme la tienne d’être entendues.

Pourtant, de Fort Lewis où se tient ton procès, les paroles de vérité que tu prononces touchent le cœur de tous les hommes libres ! Le système est dans l’impasse. Il se réfugie dans les méandres d’une justice injuste pour te priver du droit de dire tes vérités. Il te donne l’ordre de t’écraser, toi, le soldat qui n’a d’autre rôle que de « respecter la chaîne de commandement ». Il te dit : « tu ne peux pas choisir ta guerre », comme si partir au front européen pour libérer les peuples des affres du nazisme et se mettre au garde-à-vous devant Halliburton pouvaient représenter la même mission ! Quand tu réponds que refuser un ordre illégal est en conformité avec la Constitution des Etats-Unis, tu fais plus que l’ébranler, ce système, tu touches le cœur de la cible. Mais les censeurs font vite réagir : ce n’est pas à toi qu’il appartient de trancher sur la légalité ou l’illégalité de la guerre en Irak. La guerre, c’est la guerre et ton rôle c’est de tuer. Un point, c’est tout ! Brave soldat Watada, le monde est en admiration devant ton geste courageux, un geste qui nous réconcilie avec l’Amérique que nous aimons et qui triomphera tôt ou tard des faiseurs de guerre et de leurs comités de propagande. Tu es un vrai patriote et tu donnes au monde la meilleure image de ton pays, une invite à la vie et à l’amour. Les gosses de Bagdad, mais aussi ceux de Seattle, Washington ou Los Angeles n’oublieront jamais ton héroïsme. Tes médailles, tu les as déjà gagnées en faisant la guerre à la sale guerre de Bush !

P.S : L’Amérique que nous aimons regorge de patriotes. Un certain nombre d’entre eux vient de se signaler par une pétition contre Bush. Ils sont trop nombreux pour être cités ici, mais donnons quelques noms : Jane Fonda, Howard Zinn, Cindy Sheehan, Eve Ensler, Sean Penn, Mumia Abu-Jamal,etc. Voici quelques extraits de leur texte : "Votre gouvernement se rapproche chaque jour un peu plus d’une théocratie, au sein de laquelle règnera un fondamentalisme chrétien haineux et borné. Il bâillonne la science lorsque celle-ci ne se conforme pas à son ordre du jour religieux, économique et politique (...) Il promeut une culture faite d’avidité, de sectarisme, d’intolérance et d’ignorance." Les gens voient tout cela et pensent à Hitler - et ils ont raison d’y penser. Le régime de Bush a entrepris de refondre radicalement la société, à une vitesse étourdissante, d’une manière fasciste - pour les générations à venir. "C’est maintenant qu’il nous faut agir : le futur est dans la balance !" Aucune espèce de salut ne va provenir du Parti démocrate.

Toute cette idée, remettre nos espoirs et nos énergies entre les mains de « leaders » qui nous disent qu’il faut chercher un terrain d’entente avec des fascistes et des fanatiques religieux, s’avère chaque jour un désastre, et ne parvient en fait qu’à démobiliser les gens. Mais le silence et la paralysie ne sont pas acceptables. Ce contre quoi vous ne résisterez pas ni ne vous mobiliserez pour y mettre fin, vous apprendrez - ou serez contraints - à l’accepter. Il n’y a pas d’autre issue : il faut arrêter dans sa course le régime de Bush. Et nous devons en prendre la responsabilité. 


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37 réactions à cet article    


  • Bois-Guisbert (---.---.10.62) 12 février 2007 12:46

    On peut compter sur la justice américaine pour punir comme il se doit, cet insoumis qui, manifestement, avait choisi l’armée non par fidélité au pays et au drapeau, mais pour les différents avantages matériels afférents au statut de rond-de-cuir militaire.

    J’espère également que la peine inclut la dégradation sur le front des troupes.

    Il a, par ailleurs, beaucoup de chance de ne pas risquer le peloton d’exécution, pour insubordination en temps de guerre et désertion face à l’ennemi.


    • Niala (---.---.198.30) 12 février 2007 13:14

      Donc, d’après vous, Bois-Guisbert, un soldat doit executer tous les ordres, quels qu’ils soient, y compris « félons », et n’a aucune liberté de conscience ... Et, SVP, 12 balles pour les récalcitrants. Voilà qui va dans le sens de toutes les bavures ou excès que nous voyons un peu partout lors d’opérations militaires.

      Je dois dire, respectueusement, comme il se doit, qu’il me semble que la vie ne vous a rien appris.


    • Yvray (---.---.161.90) 12 février 2007 14:12

      Voilà qui va réconforter tous les anciens SS qui auraient (selon vous) le tort de culpabiliser après avoir exécuté l’ordre mettre le feu à l’église d’Oradour-sur-Glane ! Je n’ajouterai qu’un commentaire : Beuark !


    • (---.---.138.115) 12 février 2007 14:29

      « un soldat doit executer tous les ordres, quels qu’ils soient, y compris »félons« , et n’a aucune liberté de conscience ? »

      le problème est de savoir qui décide si les ordres sont « félons », l’immense majorité des soldtats qui servent leur pays ou les quelques soldats qui voudraient choisir leur affectation ... smiley


    • alpo47 (---.---.249.64) 12 février 2007 15:04

      Non, monsieur, on appelle cela la conscience. C’est une des choses qui, semble t-il, nous différencie des animaux. Cette « impulsion » intérieure qui nous fait sentir si une chose est juste, bien, morale, tolérable ... ou injuste, amorale, opposée à nos valeurs.

      Evidemment, cet « éveil » dépend des valeurs de chacun.


    • alpo47 (---.---.249.64) 12 février 2007 15:10

      Au fait, quel est donc aujourd’hui l’argument du GVT US pour maintenir des troupes et continuer la guerre en Irak ?

      - La défense des USA ?
      - Sauver le monde ?
      - Chasser un dictateur ?
      - Autre ?

      Moi, je ne sais plus. Ah, si, peut être : Limiter le désordre, l’anarchie ambiante. Mais qui a créé le désordre ? Les USA. Et qui veut l’empêcher ? Les USA.

      La schizophrénie les guetterait elle ?


    • Jimmie Danger (---.---.164.192) 12 février 2007 15:39

      « Désobéissance ? »

      - Je répète ce qui a déjà été écrit dans un débat sur le même sujet à savoir : des commentateurs partisans de poursuites contre Watada, sous prétxte qu’un militaire doit obéir en toute circonstance, peuvent faire par ailleurs l’éloge de la désobéissance des putschiste d’Alger et des militaires passés ensuite à l’Organisation Armée Secrête, organisation terroriste.

      - Rappelons pour eux que Franco, Pinochet (dont je n’honorerai pas la mémoire)et autres, ont désobéi à leurs gouvernements et aussi que De Gaulle le fit de façon nettement plus honorable.

      Jimmie Danger


    • Bois-Guisbert (---.---.10.62) 12 février 2007 22:37

      Donc, d’après vous, Bois-Guisbert, un soldat doit executer tous les ordres, quels qu’ils soient, y compris « félons », et n’a aucune liberté de conscience...

      Le type qui est susceptible d’avoir des états d’âme n’a pas sa place dans l’armée. Une armée est faite non seulement pour faire la guerre, mais pour la gagner.

      Où va-t-on si, dans une armée, chacun choisit les causes qu’il accepte, ou non, de défendre ?

      Doit-on aller jusqu’à accepter que le soldat bénéficiant de sa liberté de conscience, tire sur ses propres camarades dont il ne partagerait pas les convictions ?

      Parce que si on a le droit de choisir contre qui on ne veut pas faire la guerre, il faut avoir aussi le droit de choisir contre qui on veut se battre...


    • bubbledom (---.---.110.3) 25 février 2007 20:09

      très bien monsieur, merci pour ce cours sur l’honorabilité des soldats qui ont patiemment appris à mettre leur conscience de côté... on pourrait les utiliser pour nettoyer les plages petrolisées hein ? et autres pollutions industrielles, aide aux catastrophes. Voilà, sinon le soldat s’il est confronté à des ordres abscons qui sont susceptibles de mettre des vies en danger inutilement a aussi le devoir civique du refus de servir, car nous ne sommes plus en l’an 120 ... ça existe et vous l’oubliez. Watada ne l’a pas oublié et c’est tout à son honneur, car même les services secrets américains attestent que cette guerre illégale ne fait que rendre le monde plus dangereux de jour en jour. smiley


    • alpo47 (---.---.200.229) 12 février 2007 13:03

      Rien de fondamental à rajouter. Le soldat Watada donne une leçon à tous les hommes épris d’indépendance et de liberté.

      Je crois qu’il serait erroné de penser que sa prise de position est insignifiante. Des dizaines de millions d’Américains se reconnaissent derrière ses prises de position et je rêve qu’un homme seul qui se dresse devant un système qui dérive effectivement vers la dictature fasciste, le remettant en cause dans ses contradictions, puisse réveiller tout un peuple.

      Même désinformé ou gavé de feuilletons débiles, l’Américain moyen n’est pas plus idiot qu’un autre et peut, encore, se réveiller .


      • Bill Bill 12 février 2007 13:29

        L’indépendance et la liberté passent aussi par l’armée, et lorsqu’on fait le choix de servir son pays, on va jusqu’au bout, ce n’est pas aux bidasses de nous dire si le chef de l’Etat a raison ou non, certaines considérations politiques peuvent en effet leur échapper.

        Je serais choqué si dans mon pays, le moment de la guerre venu, une partie de l’armée renonçait à s’y rendre pour je ne sais quelle idéologie !

        Il n’est d’ailleurs pas innocent de savoir qu’un général ne peut pas prendre le pouvoir en France, c’est interdit...

        Petite précision : j’étais opposé à la guerre en Irak.

        Bill


        • (---.---.249.64) 12 février 2007 13:47

          Donc, si je vous suis, un dictateur militaire ne peut s’installer que si c’est « autorisé » par la loi. Je pense qu’il faudrait aller le dire à tous ceux qui sont en place.

          L’indépendance et la liberté passent ENTRE AUTRE, par l’armée, mais pas seulement. Et qu’en est il lorsque le gouvernement ment au peuple ? Un soldat ne doit donc pas se poser de questions et exécuter tous les ordres, quelle que soit leur nature ? Ne justifiez vous pas par là toutes les « bavures », en tout genre.

          Est ce que le port d’un casque doit empêcher le cerveau de fonctionner ?

          Il est avéré que le GVT Américains a sciemment menti à son peuple. Donc, que doivent faire les citoyens et les soldats ? Laisser faire et obéir malgré tout ? Cette idée me laisse les bras ballants ...

          je suis stupéfait de voir certaines des premières interventions sur ce sujet, mais je comprends mieux maintenant pourquoi notre monde va si mal.


        • ZEN zen 12 février 2007 14:18

          0 Bill

          « ce n’est pas aux bidasses de nous dire si le chef de l’Etat a raison ou non, certaines considérations politiques peuvent en effet leur échapper. »

          donc, à partir de cette affirmation sans nuances, les généraux allemands ayant fomenté l’attentat contre Hitler n’auraient pas dû le faire. Et si certains généraux chiliens s’étaient opposés à Pinochet ?...Que pensez-vous de certains généraux Us qui critiquent ouvertement et publiquement la politique de Bush en Irak, des capitaines portugais dressés contre Salazar ?etc...

          L’insoumission est un devoir dans certaines situations...


        • Bill Bill 12 février 2007 14:38

          @ Zen et 249.64

          Allons bon, alors le gouvernement des Etats-Unis élu démocratiquement n’a aucune légitimité ? Vous n’êtes pas démocrate ?

          Vous ne savez pas que d’aucun pense que Chirac est un dictateur ? Si je vous suis donc bien, un type de sa garde qui l’assassinerai ne serait pas en tort ?

          Bill


        • Depi Depi 12 février 2007 14:47

          Bill,

          Il faut dire que tu donnes quand même le bâton pour te faire battre ici.

          Le régime nazi était à l’origine un régime démocratique. Pareil pour Pinochet qui a renversé le gouvernement Allende à la demande du Parlement, etc.. Tout commence par une démocratie, j’exagère le trait exprès.

          Mais la question est surtout de savoir, en effet, à partir de quel moment on peut être insoumis.


        • Bill Bill 12 février 2007 14:53

          Oui cher Depi, je le sais bien, mais je ne suis pas du tout du coté de ce soldat qui maquille sa couardise par un semblant d’idéologie politique !

          Hitler aurait du être démis par le peuple et les généraux qui ont imaginé l’attentat, voulait aussi le remplacer ! Je connais mal l’histoire de Pinochet, pour ce qui est d’Hitler, au fond je suis plutot d’accord, mais je trouve que ça ne s’applique pas ici ; J’avais lu un récit très touchant, un gendarme Allemand qui avait arrêté un jeune partisan et qui l’avait relaché...

          Mais je me répète, cela ne s’applique pas ici !

          Bill


        • Depi Depi 12 février 2007 14:56

          Couardise, couardise.. Il ne voulait pas se battre en Irak mais il était d’accord pour partir en Afghanistan.. Est-ce vraiment de la couardise ? C’est peut-être un peu plus sûr en Afghanistan mais quand on voit à quel point la situation se dégrade là-bas je n’en suis pas si sûr..

          Je pense quand même qu’on aurait du l’autoriser à partir en Afghanistan.. Déjà d’un point de vue politique, ça aurait fait moins de vague.


        • Bill Bill 12 février 2007 15:17

          oui Depi je suis d’accord, mais je crois que l’Afghanistan est plus sûr pour les GIs ?

          Bref, je n’en sais rien, mais enfin, son attitude n’est pas excusable, il aurait pu demander à changer d’affectation et partir tout de même...

          Bill


        • Bill Bill 12 février 2007 15:29

          Et cher Depi, irais tu comparer le gouvernements des Etats-Unis à Hitler ? Ou à Pinochet ? Ce n’est pas sérieux !

          Bill


        • Depi Depi 12 février 2007 15:32

          J’ai indiqué que je forçais le trait exprès mon cher Bill. C’était surtout pour souligner qu’il suffit de peu pour basculer d’un côté comme de l’autre même si à l’heure actuelle, je serai surpris de voir une grande démocratique se dictaturiser.

          Je ne sais pas si l’Afghanistan est plus sûr pour les GIs mais en tout cas, ils laissent de plus en plus les Européens s’en occuper alors que la flamme des Talibans est rallumée et que ça sent de plus en plus le roussi.


        • Bill Bill 12 février 2007 15:59

          Oui Depi,

          Je suis bien d’accord ! Et partout où passent les « Boy’s » ces temps-ci, ils laissent un bordel monstrueux ! Et c’est plutôt tragique !

          Bien cordialement

          Bill


        • bubbledom (---.---.110.3) 25 février 2007 20:23

          @Bill C’est vraiment certain... et si vous y réfléchissez deux petites secondes vous en conviendrez parfaitement... il est certain qu’il lui fallait bien plus de courage pour se dresser contre ses chefs et l’armada patriotique que d’aller en Irak. Beaucoup plus de courage, celui d’un vrais homme debout et pas d’un décervelé qui avale des objectifs impossibles, dangereux et dont l’issue ne peut qu’être détestable pire quand aucune issue même n’est proposée par ses instigateurs, un bon champion qui se fond dans une masse militaire pour ne plus réfléchir et tout à coup se réveille avec stupeur à Abou Graïb dans la peau d’un bourreau. Et alors ensuite il dit c’est pas moi, c’est les chefs. Ben voyons. Je pense que M.Watada voulait être certain de ne pas se retrouver dans ce cas de figure et on ne peut que le comprendre. Respect et soutien. smiley


        • Bill Bill 25 février 2007 20:58

          @ Bubbledom

          Je suis navré mais ce n’est pas le rôle d’un soldat de décider de ce qui est bon pour son pays à la place du chef de l’Etat ! d’autant qu’il ne sait pas exactement quels sont les tenants et les aboutissants... Abou graïb est une vilaine affaire, je suis d’accord, mais c’est un peu autre sujet !

          Je serais tout aussi choqué qu’un chef d’Etat prenne une décision à la place d’un général pour une question stratégique et militaire, sur le terrain. Ce fut d’ailleurs le drame de Dien Bien Phu...

          Le débat sur ce soldat est la porte ouverte à des débordements que vous ne semblez pas imaginer.

          Mais croyez bien que dans le m^me temps je comprends votre point de vue.

          Cordialement

          Bill


        • maamar farah maamar farah 12 février 2007 16:24

          Au-delà du problème de la « conscience » du soldat éxécutant un ordre, question qui renvoie à un débat philosophique très vieux, celui de la responsabilité - est-on libre lorsqu’on agit sur ordre ?- ; au-delà de ce débat qui va certainement se nourrir de points de vue divers et parfois contradictoires, il me semble qu’il est utile de se pencher sur la lettre des intellectuels américains.

          Cet appel est pourtant celui de la même conscience qui s’est révéillé chez le soldat Watada. Mais lorsqu’on est militaire engagé, cela veut dire qu’on provient des classes défavorisées, de cette Amérique des Serfs modernes qui n’a même pas le droit à la parole. Il a fallu la catastrophe de Louisiane pour que les Américains et le monde entier découvrent qu’en 2005, et au coeur même des Etats-Unis, le Tiers-monde coexiste avec les plus puissantes dynasties au monde !

          La démocratie occidentale reste, malgré tous ses défauts, le système le plus proche de l’idéal républicain. Il serait prétentieux de vouloir lui opposer un tout autre système, combien même l’utopie nous avait menés, jadis, à combattre pour une « démocratie populaire » ; c’est-à-dire là où nous pensions que le pauvre, l’ouvrier, le paysan, devaient être majoritaires dans les institutions natiionales élues, pour une plus juste représentation des classes majoritaires dans la société. S’il faut être riche, puissant, proche du pouvoir, DANS le système, pour passer à l’Assemblée, n’est-ce pas injuste quelque part par rapport à l’attente et aux revendications de la majorité du peuple, de ceux justement qui sont EN DEHORS du système.

          Mais bon, c’est ça la démocratie « bourgeoise » et il n’y en pas de meilleure puisque l’Autre a donné les déboires que l’on sait. Cependant, dans des moments historiques précis, lorsque l’histoire se met à begayer et que les problèmes économiques et sociaux prennent le dessus - temps de crise grave- les idées extrêmistes peuvent dominer la société. Les partis d’extrême droite deviennent alors trés populaires et des dictateurs peuvent bénéficier de tout le système démocratique pour passer aux postes de commandement. Cela signifie-t-il qu’à partir du moment où ils ont été élus DEMOCRATIQUEMENT, ils ont tous les droits, y compris celui de mettre à feu et à sang la planète ?

          UN seul Hitler ne suffit-il pas ? C’est un problème fondamental de la démocratie et nous devons bien méditer le message des intellectuels américains qui interpellent leur peuple, mais aussi tous les hommes libres de la planète.

          Après l’Afghanistan et l’Irak, vous aurez compris que l’Iran est la prochaine cible. Les motifs peuvent toujours paraîtres justes. La propagande se charge de cela. Ne sommes-nous pas sur la pente ascendante qui mène à la déflagration générale ? Ce mal que la démocratie occidentale veut combattre n’est-il pas logé dans la plus puissante d’entre elles ?

          Jadis, on avait laissé faire Hitler en Pologne. C’est rien, disaient ceux qui croyaient que la Démocratie, et elle seule, c’est à dire le système, pouvait tout régler. Non, il n’osera jamais attaquer la France ! Et puis, au fond, ça ne nous regarde pas, disaient d’autres... Les femmes et les hommes qui ont la conscience qui se réveille peuvent toujours faire quelque chose pour que la démocratie reste fidèle à ses valeurs.

          Souhaitons bonne chance à Watada et aux intellectuels et artistes qui veulent prendre leurs responsabilités historiques pour que l’Amérique de Georges Washington retrouve son âme souillée par les nouveaux néron.

          Pour que l’Amérique retrouve sa place de leader dans le monde, en tant que puissance prônant la paix et la concorde, et non comme une locomotive d’un train fou piloté par une nébuleuse des sectes d’extrême-droite, étroitement liée aux magnats du pétrole, au milieu des finances et au complexe militaro-industriel.


          • Rocla (---.---.99.162) 12 février 2007 19:06

            Watada me fait penser à cet homme sur la place Tien etc..en Chine , qui s ’est mis devant un char , lequel s’ est heureusement arrêté . La civilisation avançait , pendant que le char de l’ Etat Chinois faisait une pause .

            Rocla


            • mjmb (---.---.79.132) 12 février 2007 22:32

              Et j’ai toujours pensé que, si le conducteur du char avait été Etat-Unien ou européen, le piéton aurait été écrasé...


            • icare (---.---.214.23) 12 février 2007 19:59

              La chose qui me met mal à l’ aise dans tout ça , c’ est que le peuple américain ait majoritairement soutenu son Président lors du déclenchement de la guerre en Irak . N’ importe quel observateur attentif de la région aurait pu savoir que les prétextes invoqués étaient faux . Les services de renseignement US ne pouvaient pas se tromper à ce point . Je ne comprends toujours pas la raison de cette tromperie délibérée , sinon une part d’ ignorance et , peut-être , de naïveté idéologique . C’ est cela qui est attristant quand on voit l’ effet produit dans certains secteurs des relations internationales .Que le Lieutenant ait découvert ça si tard m’ intrigue . Imaginons que le Président Bush ait réussi . Qui lui reprocherait aujourd’hui d’ avoir trompé délibérément son opinion publique ?


              • (---.---.249.64) 12 février 2007 20:32

                « ...Que le Lieutenant ait découvert ça si tard m’ intrigue... » Vous venez d’une autre planète ou bien vous limitez vos sources d’information aux journaux télévisés ? 80 pour cent de la population de la planète sait aujourd’hui pertinemment que le GVT américain a menti.

                Pire, une large proportion d’Américains pensent que leur GVT est IMPLIQUE dans le 11 septembre 2001.

                Quand au fait que W ait été élu, il a encore profité de l’effet de guerre, de la mainmise sur les grands médias d’information, et de la peur (rappelez vous ces ménagères de l’Amérique profonde qui mettaient du scotch sur leurs vitres, de peur d’un bombardement de l’aviation Irakienne).

                Les Etats Unis sont partagés entre des groupes très différenciés, et une partie d’entre eux, secte chrétienne de 50 millions de membres a fait de W son champion.

                Ce qui me stupéfie le plus aux USA, c’est cette propension à mettre le drapeau Américain sur la plupart des facades de maison ? Selon, moi, cela témoigne le degré de manipulation des cerveaux où sont parvenus les différents gouvernements depuis 50 ans. Hallucinant !


              • pablito (---.---.234.62) 12 février 2007 22:40

                Il est bon de rcevoir cet article d’un algérien, journaliste de surcroit, car l’algérie a connu, il y a quelques 40 ans et quelques, une aventure similaire à celle du soldat watada.

                Rappellez vous, la France envoie des troupes pour mettre au pas une minorité de « rebelles » (qui ont depuis fait fortune et exploité leurs frères comme jamais un colon n’aurait osé le faire !) qui pour assoir leur autorité, éventraient les femmes (algériennes) enceintes, et torturaient les paysans (algériens).

                Une fois la pacification réalisée, et les rebelles apparemment vaincus, la France demande donc à ses soldats d’armer les paysans pour que ceux ci puissent se défendre dans leur villages, de façon autonome. Elle les encourage à se montrer, à jouer le jeu.

                Et quelques années plus tard, on demande à ces militaires Français, de préparer leur propre départ, et donc de confisquer à tous les algériens les armes qu’on leur avait confié, et de les laisser sur place en sachant très exactement le genre de torture qui serait infligé à leurs femmes, leurs filles, leurs petits enfants. Elles leur seront infligé de la plus monstrueuse manière.

                Pour ces officiers, comme pour Watada, c’est intolérable : ils ne se sont pas engagés pour organiser un massacre programmé !

                Et là, ces soldats qui savaient d’avance la conséquence du lâchage de leurs alliés, ont désobéi : leur conscience leur a dit que l’on ne reniait pas la parole donnée, que l’on ne livrait pas au bourreau le civil qui avait donné sa confiance...

                C’était le puch des généraux.

                Watada en est le digne héritier : comme Salan, JeanPierre, Degueldre, Jouhaud... Il désobéi et bravé le pouvoir : c’est là l’honneur ou la conscience des hommes qu’il nous faut saluer.

                AUrez vous le courage cher journaliste de comprendre ce parallèle... Je n’en doute pas une seconde !


                • maxim maxim 12 février 2007 23:36

                  dans les generaux n’oubliez pas Zeller, Challe,....dans les autres officiers et principaux acteurs ,Denoix de saint Marc,Masselot,Sergent,Gardy,Argoud,Guillaume,Lagaillarde,Ortiz,Godard, ....un moment dingue que j’ai vecu,etant moi meme en AFN à cette epoque en regiment parachutiste...

                  toute une époque,dingue.......


                  • ZeusIrae (---.---.209.130) 13 février 2007 00:14

                    Je ne comprend pas la logique qui permet d’excuser le refus d’obeissance du LT Watada.

                    Que ça vous plaise ou non les soldats n’ont pas à faire de la politique mais à obeir.Lorsque les militaires commencent à se meler de la politique c’est que la situation va vraiment tres mal(Thailand et Bengladesh sont des exemples recent,rien de bon n’a l’air de sortir de ces putch).

                    Si on suit le raisonnement des partisans de Watada,les putchistes d’Alger avait raison.Apres tout,ils tentaient d’empecher le pouvoir politique d’emputer la france d’une partie de son territoire en contradiction avec la constitution(la republique est une et indivisible blalblabla).

                    Il existe evidement des cas extrems mais ceci sont l’exception et doivent rester extremement rare.Le Lt Watada fait une interpration beaucoup trop extensive de cette exception.Le gouvernement americain est toujours democratique et legitime que je sache ?


                    • pablito (---.---.94.248) 13 février 2007 10:26

                      Cher Zeus irae ce n’est pas une question de territoire qui a poussé les puchistes d’alger à se rebeller, mais une question d’humanité : ce n’était pas de la politique, mais de la solidarité humaine.

                      Jamais les généraux n’auraient fait leur puch s’il s’atait seulement agi de territoire. Il s’agissait de ne pas livrer des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants à la sauvagerie de leurs bourreaux.

                      L’avenir leur a donné raison : les massacres perpétrés par le FLN après les accord d’Evian ont fait entre 30 000 et 150 000 victimes (je sais, on n’a pas de chiffre précis). Et les témoignages sur cette époque font hélas passer les torture à l’eau ou à la gégène comme une aimable plaisanterie : ce fut une boucherie abominable de cruauté et de barbarie.

                      C’est contre celà que les généraux se battaient : ils n’avaient rien à gagner, ils ont tout perdu, sauf l’honneur.

                      Un jour, on les honorera comme des « justes »


                    • Bois-Guisbert (---.---.149.128) 13 février 2007 11:36

                      Une des différences fondamentales entre ce Watada et les partisans de l’Algérie française, c’est que, chez nous, il ne s’est jamais trouvé personne pour s’abaisser à demander l’impunité en faveur de nos camarades.

                      Et surtout pas à un Charles De Gaulle !

                      Où donc aurait été l’honneur hors de la perspective du châtiment ? Mais évidemment des lâches de gauche ne peuvent pas comprendre cela !


                    • maamar farah maamar farah 13 février 2007 12:21

                      Vous me demandez de « comprendre » les généraux putchistes ? Si j’étais dans le camp des Français d’Algérie, certainement que j’aurais été non seulement « compréhensif », mais j’aurais sans doute appuyé une telle démarche. J’étais trop jeune pour comprendre et agir. Mais, visiblement, étant de l’autre côté de la barrière, je n’aurais rien compris aux problèmes franco-français qui venaient de surgir en Algérie. Et puis, pour être honnête, si la question s’était posé à moi, j’aurais été du côté de ceux qui luttaient pour leur indépendance. Peu importe ce qui s’est passé après : il y avait un problème de décolonisation et la France coloniale ne pouvait pas résister à la vague qui emportait le vieil ordre impérialiste.

                      C’est l’histoire et elle se répète de nos jours, ici même, entre les partisans de l’ordre républicain et de la démocratie et ceux qui veulent instaurer le pouvoir absolu des Talibans ! 200.000 morts et des destructions massives après, l’Algérie se relève peu à peu d’un nouveau drame. Mais, le résultat n’est pas à la mesure de nos sacrifices et de nos espoirs. Un pouvoir décadent et corrompu - soutenu, faut-il le rappeler par les démocraties occidentales ; bisness oblige- continue de gérer notre pays comme une propriété privée.

                      Nous nous battons contre deux forces : le régime dictatorial et les islamistes extrêmistes. Mais bon, c’est la vie et, à défaut de demander à l’opinion occidentale de nous aider, qu’elle comprenne où en sont exactement les démocrates algériens, du moins ceux qui refusent de venir chez vous pleurnicher. Nous restons ici et nous combattrons ici pour la République et la Démocratie.

                      Ceci nous éloigne du sujet, mais, c’était juste pour répondre à une question. Puissions-nous, les uns et les autres, et notamment ceux qui continuent d’aimer cette patrie parce qu’ils y sont nés, qu’ils y ont vécu, ou qu’ils y ont bâti des rêves insensés, puissions-nous comprendre que rien ne vaut la paix et la concorde et agir pour que les liens les plus solides se nouent entre les deux rives de la Méditerranée. Pour que nos enfants puissent se retrouver sans que les nuages du passé n’assombrissent leur horizon.

                      Le combat de Watada est celui de la vie et de l’espoir. Saisissons le message qu’il nous envoie tel qu’il est, loin des contraintes de la hierarchie militaire et des impératifs des systèmes archaïques. A la mondialisation de la force et du profit, opposons la modialisation de la fraternité.


                    • Jimmie Danger (---.---.164.192) 13 février 2007 15:24

                      « On les honorera comme des Justes.. »

                      - N’exagérons pas sur les motifs humanitaires des putschistes de l’OAS. Les frêres Sidos étaient des fascistes notoires et assumés, d’autres, tels Aussaresse, étaient des tortionnaires bien éloignés d’une pensée humanitaire...

                      Si les exactions du FLN à la Libération (tout comme en france l’épuration..) sont bien réelles, elles ne justifient pas à posteriori la gégène, les « crevettes bigeard » et autres preuves de civilisation.

                      - Je me souviens m’être un jour trouvé à partager une salle de restaurant avec des anciens combattants (parachutistes) et les avoir entendu entonner des traductions de chants en français, de la SS ("Quand le diable nous voit, il rit, Monica, etc..).

                      Des Justes ? Au mieux des soldats perdus..

                      Jimmie Danger


                    • Jimmie Danger (---.---.164.192) 19 février 2007 14:34

                      « OAS, suite... »

                      On peut aussi noter le fait que François Mitterrand, a fait passer en 49.3 une loi d’amnistie TOTALE, avec rétablissement des droits et effacement des préjudices de carrière pour les putschistes survivants.

                      Cependant, le général Pâris De La Bollardière, qui s’était exprimé dès 1957 contre l’usage de la torture et avait été sanctionné (mise à la retraite d’office), n’a, lui, pas été rétabli dans ses droits..

                      Deux poids, deux mesures ?

                      Jimmie Danger


                    • Don Diego (---.---.105.23) 20 février 2007 15:30

                      ’Nul ne peut oublier le rôle majeur joué par la révolution américaine dans l’affermissement des droits civiques et des libertés individuelles à travers le monde ’

                      On oublie surtout pas qu’il y avait des bus pour les noirs et d’autres pour les blancs jusque dans les annees soixante aux USA....

                      Et puis ce brave garcon a dit qu’il n’avait pas d’objection a aller en Afghanistan. Il y aura bien quelques pauvres bougres a massacrer et torturer pour permettre a Bush de faire passer ses pipe-lines.....

                      Brave garcon... C’est beau la conscience.

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