Lettre ouverte au Parlement français le 22 novembre 2010
Mesdames, Messieurs les Honorables Parlementaires,
Par la présente, nous tenions à vous faire part de notre désarroi et de notre indignation face au scandale public de l’affaire d’État constituée par l’attentat de Karachi et de liens éventuels avec le versement de commissions, à l’étranger, voire de rétro-commissions, en France, pour un contrat d’armement portant sur la livraison et la fabrication de trois sous-marins de classe Agosta au Pakistan, drame qui n’est pas sans évoquer l’affaire des Frégates de Taiwan, liée, dit-on, à une certaine affaire Clearstream, affaires où la corruption, aux yeux de certains, aurait touché les plus hautes sphères.
Un Honorable Parlementaire a déclaré, en juin 2009 : « Il n’y a qu’un seul objectif à atteindre : la vérité », dix jours après que le Premier Magistrat de France ait, lui, énoncé publiquement : « C’est ridicule franchement, c’est grotesque. Qui peut croire à une fable pareille ? » accroissant ainsi la douleur des familles des 11 victimes françaises, citoyens innocents et patriotes, immolées, selon toute apparence, sur l’autel de la « raison d’État » ; autrement dit, le versement de commissions voire de supposées « rétro-commissions ».
Combien de millions d’euros pour l’argent de la corruption ? Et qui en furent les destinataires ultimes ? N’est-ce pas là les questions essentielles auxquelles nos Institutions doivent permettre de répondre en toute transparence et, bien entendu, dans le respect de la séparation des pouvoirs ?
En résumé pour élargir le débat : Avons-nous le droit de savoir, nous les citoyennes et les citoyens français, la destination finale de nos contributions ? Un simple citoyen, électeur, et contribuable, même le plus modeste, le plus démuni, le plus insignifiant, vous savez ce vulgus pecum objet de tant de mépris, a-t-il, oui ou non, le droit de savoir ce que l’Administration fait de son précieux argent si promptement accaparé par le Trésor public ? En d’autres mots, les Françaises et les Français, ont-ils le droit d’exiger que les agents publics, grands commis de l’État voire autres ministres intègres, leur rendent compte de leur administration ? Et leur rendent des comptes tout court, point par point, sou par sou, au lieu de se contenter de règlements de comptes qui mettent en deuil notre démocratie en même temps que la République tout entière.
« Il est évident que toute la lumière doit être faite sur ce qui s’est passé et j’y tiens particulièrement » affirmait Madame Michèle Alliot-Marie en qualité de Garde des Sceaux et Ministre de la Justice, elle aussi en juin 2009, alors que, depuis le 2 septembre 2002, le juge d’instruction, chargé de l’enquête idoine, savait que, selon un des patrons de la Direction des Chantiers navals, c’était un contrat en marge de la vente de submersibles qui était, censément, à l’origine du sanglant attentat de Karachi.
Que comptez-vous faire, que comptent faire pour le peuple les élus du peuple, alors, pour relancer la mission d’information parlementaire ad hoc et inviter les ministres concernés, à la Justice, à la Défense, aux Affaires étrangères (dont le ministre, de 1993 à 1994, était M. Alain Juppé avec pour directeur de cabinet M. Dominique Galouzeau de Villepin, tous deux sous la férule de M. Édouard Balladur) à participer à l’oeuvre de vérité ?
Depuis 7 longues et interminables années les familles des victimes attendent cette vérité dont vous vous devez d’être les garants. En effet, aujourd’hui, à l’horizon de 2012, c’est la France qui a besoin de cette vérité, car, dire non à la corruption, c’est, face aux crises actuelles et aux défis de l’avenir, dire oui au redressement national, au développement durable et à une société d’équité.
En l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Mesdames, Messieurs les Honorables Parlementaires, l’expression de nos sentiments républicains et citoyens.
Libre Opinion
Destinataire :
Assemblée nationale 126, rue de l’Université 75355 PARIS 07 SP