Lettre ouverte d’un petit patron de PME à monsieur Montebourg
Cher Monsieur Montebourg,
Vous êtes ministre du redressement productif. Un ministre dont la France a besoin. O combien besoin ! J’ai vu votre photo dans le journal. Vous êtiez vétu d’une marinière, et arboriez un grand sourire. Je vous le dis d’emblé : j’ai été choqué par cette image. Scandalisé.
Elle m’a laissé sans voix. Je suis chef d’entreprise. Je fabrique des vêtements. J’ai essayé de fabriquer en France, mais les coûts prohibitifs m’ont poussé à investir au Portugal, pays qui est lui aussi au bord de la faillite. Voilà deux ans que j’ai crée mon entreprise sans bénéficier d’aucune aide de l’Etat. L’ACCRE a été vidé de sa substance par le gouvernement Sarkozy et aucune subvention n’est plus accordée au jeune créateur d’entreprise aujourd’hui. Fut-il au RSA. Un allégement minime sur les charges salariales lui est proposé la première année, c’est tout. Il n'en profitera pas, car la première année est rarement une année d’embauche. Quand à l’impôt sur les sociétés, il est le même pour tous : 33 % du bénéfice. J’ai donc du m’acquitter de cet impôt, puisque j’ai réalisé un bénéfice de deux mille euros et des poussières… Un peu plus de 400 euros d’impôts, alors que je n’ai même pas de quoi me verser un centime pour subvenir aux besoins de mon foyer, que je cherche de l’argent partout pour payer mes fournisseurs. Et que dire de vos agents qui perçoivent la TVA ? Ils vous sautent au cou et sont capables de vous mettre des amendes alors que ce sont eux qui se trompent. Une demi après-midi à démêler le problème ; et combien d’ heures passées à faire la comptabilité, autant d’heures qui ne sont donc pas passées à la production…
Que faites-vous pour améliorer cela Monsieur Montebourg ?
Allez-vous établir des tranches d’imposition favorables aux jeunes PME ou à celles qui gagnent à peine de quoi survivre ? Pourquoi l’impôt sur les sociétés ne serait-il pas lui aussi proportionnel aux bénéfices comme l’impôt sur le revenu ? Est-ce normal qu’une entreprise qui ne gagne pas de quoi faire vivre son gérant s’acquitte d’un taux d’imposition identique à celui d’une autre réalisant des millions d’euros de bénéfice ? Comment ces PME en herbe peuvent elles croître si l’ETAT-OGRE mange aussitôt le moindre bénéfice qu’elles parviennent à dégager ? Un impôt sur les sociétés proportionnel au bénéfice est reconnaissez-le une chose essentielle. Qu’attendez-vous pour le mettre en place ? N’est-ce pas plus urgent que de fanfaronner sur la couverture d'un journal avec une marinière. À quoi sert-il de scander « acheter Français » quand plus personne ou presque ne peut « fabriquer français ». Votre pose fait écho aux encouragements de François Hollande. Vous exhortez « la jeunesse » à l’audace, mais vous ne faite rien concrètement pour aider la jeunesse. Au contraire, vous pesez de tout votre poids sur nous. D’autre part, je vous le rappelle vous n’êtes pas ministre de la consommation, mais du redressement productif. Alors parlons d’un problème qui vous concerne. Il y a plus de 3 millions de chômeurs en France. Des chercheurs d’emploi tapent à la porte de mon bureau tous les jours. J’ai besoin d'un modéliste. Ils sont modélistes. Et je leur dis non. Mon activité est en pleine croissance et j’en ai besoin. Mais le coût du travail est prohibitif. Pas le salaire minimum. Les taxes que vous prenez sur le travail. Pourquoi donc ne pas aller chercher cet argent ailleurs ? Sur les produits de luxe par exemple. Les produits à destination de ceux qui peuvent les payer n'importe quel prix ou presque. Ou, la spéculation financière…
N’est ce pas criminel en effet de percevoir des taxes aussi importantes sur le travail dans une société où il y a 3 millions de chômeurs ?
On ne vous demande pas de subventionner l’emploi. Simplement de réduire la part que vous prenez lorsque nous faisons travailler quelqu’un. Autrement dit, nous n’avons pas besoin de votre aide. Nous avons simplement besoin que vous nous permettiez de travailler et de faire travailler pour un peu moins cher. Et un peu plus librement sans doute. Vous savez ce que vous coûte le chômage, en allocation, en hôpital et en médicaments… alors pourquoi n’allégez vous pas les taxes sur le travail ?
Un esprit paranoïaque croirez que vous vous accommodez de la situation, et que le chômage est un moyen comme un autre d'acheter la paix sociale. Ceux qui ont la chance d’avoir du travail se tiennent bien dociles à leurs postes et ceux qui sont aux chômage se tiennent bien dociles en attendant leurs allocs… Vous ne pouvez ignorer que vous fabriquez des assistés et laissez prospérer des discours du type : « les gens ne veulent pas travailler ». Mais vous êtes experts dans l’art de nous monter les uns contre les autres. Et sans doute cela vous sert-il. Les patrons, contre les ouvriers. La droite contre la gauche. Tant qu’il y a des problèmes à régler chacun à sa mission. Ceux qui gouvernent divise pour mieux régner, c’est connu. Travailler est un devoir, ça devrait aussi être un droit. Et lorsque vous percevez des taxes trop importantes sur le travail vous vous mettez en travers de ce droit. Vous vous rendez criminel. Criminel. Le mot n’est pas trop fort. Nous pourrions vous poursuivre vous et vos prédécesseurs pour crime contre l’humanité. Il n’est plus à démontrer que le chômage tue et puisque vous êtes responsable du chômage qui sévit dans notre pays...
Ah…vous réagissez ! On vous entend parler d’une baisse éventuelle de l’impôt sur les sociétés de l’ordre de 3%. C’est Marie Antoinette à Versailles.Vous êtes très loin du compte. En train de réfléchir ou de faire des enquêtes devant le bébé qui se noie. La France n’a pas besoin d’un médecin spécialiste, seulement de quelqu’un qui veuille bien lui sortir la tête de l’eau.
Un impôt sur les sociétés proportionnel aux bénéfices.
De 0 à 10 000 euros, 0 % d’impôt.
De 10 000 euros à 50 000, 10 % d’impôts.
De 50 000 à 100 000, 20 % d’impôts.
Des allégement fiscaux si les dividendes ne sont pas versés mais réinvestis dans l’emploi ou les investissements productifs de la société…
Avez-vous pensé à cela Monsieur Montebourg ? Allez-vous prendre de telles mesures dans les mois qui viennent ? Ou êtes-vous seulement en tant qu' "homme de gauche" au service des ouvriers et ennemi des patrons ?
Une autre question : que pensez-vous du fait que les PME sont soumises à un impôt plus lourd que les SCI en France ?
Cela a-t-il quelque chose à voir avec le fait que de nombreux députés sont propriétaires de SCI ? Sociétés civiles immobilières qu’on se transmet de père en fils… Aussi faciles à gérer qu’un hôtel particulier… N’est ce pas plus difficile de créer une entreprise, d’embaucher, de faire travailler des gens sur une idée, un projet… Pourquoi le travail serait-il davantage taxé que le capital ? Sans doute parce que les lois sont faites par ceux qui possèdent le Capital, et que ceux qui travaillent n’ont pas le temps de se plaindre.
Des charges patronales sur les salaires réduites par deux. Un emploi sans charge pour le premier salarié dans une société dont le gérant est une personne physique et tant que le bénéfice est en dessous de 100 000 euros… Combien de mesures comme celle là pourrait-on imaginer pour relancer la production, favoriser l’emploi et l’économie… Avec un gouvernement prêt à changer les choses, à prendre des vrais mesures au lieu de faire des lois sur la burqua et le mariage gay, la France est repartie à 4 % de croissance par an. En moins de 8 mois le chômage divisé par deux. Des mesures simples et urgentes que personne ne prend. Chaque année la France descend plus bas, des gens meurent parce que nous sommes gouvernés par des irresponsables. Et vous en faites parti Monsieur Montebourg quand vous posez avec votre marinière et que vous ne vous attaquez pas au vrai problème : le taux d’imposition prohibitif qui plombe les acteurs essentiels de notre économie : les PME.
Enfin, et pour terminer, laissez-moi vous parler des banques.
N’est-ce pas à l’Etat de légiférer lorsqu’ une institution aussi vitale que la banque ne joue plus son rôle d’investisseur dans une économie ? J’ai cru entendre que Monsieur Hollande était un proche de Monsieur Pigasse, directeur de la banque Lazare, celui-là même qui a embauché votre femme pour prendre la direction de son journal de gauche « Les Inrockuptibles »…
Est ce que cela vous empêcherait de prendre une mesure qui lui ferait froncer les sourcils ? À savoir, obliger les banques à investir un certain montant de leur chiffre d’affaire dans les PME… et limiter par ailleurs leur pouvoir de spéculation sur les marchés… En gros : les obliger à reprendre une part plus importante dans l’économie réelle.
L’argent n’est-il pas le nerf de la guerre ? Comment se fait-il qu’une PME pleine d’avenir comme la mienne ait été dissuadé ne serait-ce que de penser une seule seconde à emprunter de l’argent à une banque ? Trouvez-vous normal qu’une PME ne puisse pas compter sur le soutien d’une banque alors qu' elle développe une activité lucrative ? Trouvez-vous normal qu’une PME s’acquitte de 50 euros de redevance chaque mois auprès de ladite banque simplement pour gérer son compte courant par ailleurs créditeur en permanence ? Pourquoi la gestion des comptes bancaires personnels seraient « gratuits », en dehors de tous les frais perçus bien sûr, et les comptes professionnels payants en plus de tous les frais perçus ? Pourquoi la gestion des comptes professionnels sont-ils tous au même tarifs quels que soit les institutions financières ? N’y a t’il pas une entente de marché comme s'était le cas avant l'arrivée de Free dans le marché des Télécomunications ? Ne pouvez-vous donc rien faire ? En tant que ministre du redressement productif allez-vous imposer aux banques des quotas d’investissement productif auprès des PME ? Puisque l’Etat et l’Europe ont renfloué les banques, ne peuvent-ils pas leur imposer ce type de quotas d’investissement ? L’Europe n’a t’elle donc servi qu’a permettre aux propriétaires de SCI d'engager des travailleurs polonais pour rénover leurs immeubles ?
Il faut que tout change si nous voulons que tout demeure. D’accord pour la marinière, Monsieur de Montebourg, mais alors relevez les manches et mettez vous au travail.
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