Macron : une stratégie sans queue ni tête
Après le temps des pieds (Macron s’y prend comme un pied) et le temps des mains (Macron a-t-il définitivement perdu la main ?), voici venu le temps de la tête...
Ministre ne suffisait pas à une grosse tête comme lui. Faute de pouvoir prétendre à une tête couronnée, Macron voulait être une tête d’affiche républicaine, autrement dit être à la tête de l’état. En 2017, une majorité de Français a cru cette tête de gondole néolibérale vendue comme une tête pensante « ni de droite ni de gauche » à un électorat qui en avait par-dessus la tête de l’incurie des gouvernants précédents. Une présumée tête bien faite (selon les critères des chercheurs de têtes), apte à faire oublier la tête à claques Sarkozy et la tête de Turc Hollande.
Durant la campagne, Macron a, de manière surprenante, fait tourner la tête de nombreux retraités et cadres. Ceux-là ont été ravis qu’en gardant la tête froide lors du débat en tête-à-tête précédant le 2e tour, l’ex-banquier se soit payé la tête de Le Pen. Il est vrai que, persuadée d’être une femme de tête, elle l’avait attaqué bille en tête pour lui chercher des poux dans la tête en assénant des sottises dignes d’une tête de linotte, d’aucuns allant jusqu’à la qualifier de « tête sans cervelle ».
Beaucoup, s’étant monté la tête à l’issue du 1er quinquennat, et à défaut de s’être mis du plomb dans la tête durant les 5 années écoulées, croyaient encore en 2022 que la tête de mule Macron avait la tête sur les épaules et qu’il gardait la capacité de tenir tête aux puissants de ce monde. C’était évidemment se mettre la tête dans le sable, ne pas voir que le président, plus tête de pioche et tête de lard que jamais, n’en faisait qu’à sa tête, au risque de foncer tête baissée dans les pièges tendus par son aveuglement.
Sa politique erratique a, en outre, coûté les yeux de la tête au pays et endetté comme jamais nos compatriotes – 47 217 euros par tête de pipe ! – sans que quiconque dans son camp, ni parmi les têtes d’œuf de son cabinet, n’ose le lui reprocher. Il faut dire que Macron a la tête près du bonnet et n’hésite pas, non seulement à savonner la tête de ses collaborateurs, mais à faire tomber les têtes des fortes têtes et des mauvaises têtes qui osent entraver son action jupitérienne.
La dissolution de l’Assemblée Nationale trottait dans la tête de Macron. Prise sur un coup de tête par ce président à la tête dure, pour ne pas dire la tête brûlée, cette décision a stupéfait les Français. « Macron n’a plus toute sa tête » ont dit les uns. « Il a perdu la tête », ont confirmé les autres. Certains, encore plus durs, l’ont même qualifié de « tête de nœud ». Même ses alliés ont fait la tête, faute d’avoir compris plus tôt qu’il avait une telle idée derrière la tête.
Depuis les législatives, dont ils avaient donné leur tête à couper qu’elles seraient désastreuses, les Bayrou, Philippe et consorts, non seulement hochent la tête de dépit, mais marchent la tête basse ou affichent la tête des mauvais jours, voire une tête d’enterrement, et même une tête de croquemort, au vu d’un paysage politique qui s’est retrouvé cul par-dessus tête. À tel point qu’au terme du casse-tête qui a présidé à la désignation du Premier ministre, et pris la tête des politiques durant des semaines, Les Républicains ont ramassé la mise.
Nommé Premier ministre alors qu’il dégustait tranquillement chez lui des cèpes tête-de-nègre suivis de reblochon et de tête de moine, Barnier divise les Français. Pour les électeurs de droite, il a une bonne tête. Pour ceux de gauche, une tête qui ne leur revient pas. Globalement, l’on s’accorde pourtant à reconnaître que cet homme n’a pas la tête vide – normal pour un natif de La Tronche – ni la réputation d’avoir une tête de cochon, pas plus que d’être tête en l’air. Bref, il a d’autant plus la tête de l’emploi qu’il excelle à se faire une tête de personnalité sérieuse. Cela dit, il a ses têtes, Darmanin et Wauquiez, fermement évincés, en savent quelque chose.
En termes d’action, Barnier sait où donner de la tête en priorité : le budget et l’immigration. Deux sujets épineux qu’il aborde pourtant sans se mettre martel en tête, eu égard au contexte difficile, ni a fortiori se cogner la tête contre les murs. En réalité, Barnier, la tête dans le guidon, n’a qu’une idée en tête : durer, ce qui l’oblige à garder la tête hors de l’eau et à se creuser la tête pour composer avec le Rassemblement national.
Macron, quant à lui, affecte de rester tête haute dans l’adversité, bien que les plus énervés des citoyens veuillent lui mettre la tête au carré ou, pire, mettre sa tête au bout d’une pique. Une menace qui, même braillée à tue-tête par les enragés, ne lui fait pourtant pas dresser les cheveux sur la tête. Défait lors des derniers scrutins, Macron pourrait ne pas se casser la tête, profiter de la vie, la tête dans les nuages, voire la tête dans les étoiles. Il pourrait également envisager son avenir à tête reposée, et même d’ores et déjà avoir la tête ailleurs, dans des lagons enchanteurs où il pourrait piquer une tête dans l’eau turquoise.
Il n’en est rien : bien qu’il soit nu, le roi s’est mis dans la tête qu’il détient encore les clés du pouvoir !
À lire également :
De nouvelles missions pour la police montée (poisson d’avril 2024)
De l’importance des fruits et légumes en politique (février 2024)
Ces animaux qui prétendent nous gouverner (novembre 2023)
Quand Brassens ciblait (involontairement) le personnel politique (septembre 2023)
En politique aussi, on joue aux petits chevaux (juin 2023)
Héraldique : le blason d’Emmanuel Macron (poisson d’avril 2023)
Notation musicale : des partitions en couleurs (poisson d’avril 2022)
Quand les politicards se foutent sur la tronche (novembre 2021)
« Le menteur » : un rôle taillé pour Macron (mai 2021)
Des moutons à l’Élysée (poisson d’avril 2021)
Sur les étals du marché aux légumes (jeu) (octobre 2020)
La France Insoumise : vers un spectaculaire virage politique ? (poisson d’avril 2020)
Une Première mondiale pour le piano aqueux (poisson d’avril 2019)
Des classiques du cinéma bientôt en argot (poisson d’avril 2018)
Homo politicus : un regard anatomique (janvier 2018)
Une « police des moutons » en Lozère (poisson d’avril 2015)
Hollande au cœur de la volière (décembre 2013)
Théâtre : Sarkozy dans « L’illusion comique » (janvier 2012)
65 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON