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#17 des Tendances

Marie-Madeleine : de la souffrance à la foi, un parcours inspirant sur le rôle des femmes dans le christianisme

Marie de Magdala, souvent appelée Marie-Madeleine, est l'une des figures les plus fascinantes du Nouveau Testament. Son rôle auprès de Jésus-Christ a suscité de nombreuses interprétations et débats au fil des siècles. Considérée par certains comme la pécheresse repentie, par d'autres comme une apôtre à part entière, Marie-Madeleine incarne une complexité qui dépasse les simples récits bibliques.

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Des ténèbres à la lumière : la guérison de Marie-Madeleine

Marie-Madeleine est souvent associée à la ville antique de Magdala, située sur la rive ouest du lac de Tibériade en Galilée. Bien que peu d'informations précises existent sur ses origines, les Évangiles la décrivent comme une femme ayant été possédée par sept démons, d'où son lien avec la guérison et la rédemption. Cette mention dans l'Évangile de Luc (8:2) est cruciale, car elle établit Marie-Madeleine comme une figure qui a connu la souffrance et la transformation, un thème central dans le message de Jésus. La guérison de Marie-Madeleine par Jésus est souvent interprétée comme un symbole de la libération du péché et de l'emprise du mal.

 

Le symbolisme de Marie Madeleine
 

La guérison de Marie-Madeleine par Jésus marque un tournant majeur dans sa vie. Elle devient alors l'une de ses plus ferventes disciples, suivant le maître dans ses voyages et ses enseignements. Cette transition de la souffrance à la foi est emblématique de l'impact que Jésus avait sur ceux qu'il rencontrait. Marie-Madeleine ne se contente pas d'être une simple spectatrice ; elle s'engage activement dans le mouvement de Jésus, devenant un modèle de dévotion et de fidélité.

 

Marie-Madeleine : une disciple exemplaire

Le rôle de Marie-Madeleine en tant que disciple de Jésus est souvent trop sous-estimé. Contrairement à d'autres disciples masculins, elle est l'une des rares femmes mentionnées dans les Évangiles comme ayant suivi Jésus de manière constante. Elle fait partie des femmes qui soutiennent le ministère de Jésus, tant sur le plan spirituel que matériel. Les Évangiles synoptiques la présentent comme une figure clé dans le groupe de disciples qui accompagnent Jésus, ce qui témoigne de son engagement et de sa détermination.

En effet, en restant aux côtés de Jésus jusqu'au bout, Marie-Madeleine témoigne d'un amour inconditionnel et d'une foi inébranlable. Son courage à affronter la souffrance et la mort de celui qu'elle aime en fait une figure emblématique de la dévotion chrétienne. Sa présence à la croix, aux côtés de Marie, la mère du Christ, et d'autres femmes fidèles, contraste avec l'abandon des disciples masculins, à l'exception de Jean, et met en lumière la force et la résilience des femmes dans le récit évangélique.

 

Crucifixion du Christ avec Marie et Saint-Jean, Marie-Madeleine, Andreas et François à Cosimo Rossetti

 

Marie-Madeleine : témoin privilégiée de la résurrection

L'un des aspects les plus significatifs du rôle de Marie-Madeleine est son témoignage de la résurrection de Jésus. Selon l'Évangile de Jean (20:11-18), elle est la première personne à rencontrer Jésus ressuscité. Cette rencontre est d'une importance capitale, car elle marque le début de la proclamation de la résurrection, un événement central dans la foi chrétienne. Jésus lui confie la mission d'annoncer sa résurrection aux autres disciples, ce qui lui vaut le titre d’"apôtre des apôtres" de la part de l’Église catholique mais beaucoup trop tardivement, près de 2 000 ans après sa mort.

 

MARIE-MADELEINE-054_bra010580

 

En effet, la rencontre entre Marie-Madeleine et le Christ ressuscité est décrite comme un moment de reconnaissance profonde, mais aussi de confusion initiale. Marie-Madeleine, croyant voir un jardinier, ne reconnaît pas immédiatement Jésus. Cette hésitation souligne à la fois son amour pour le Christ et le caractère extraordinaire de l'événement. C'est en l'appelant par son nom que Jésus se révèle à elle, marquant ainsi le début d'une nouvelle relation entre le maître et sa disciple.

 

Marie-Madeleine, apôtre des apôtres » - France Catholique

 

Cette position unique de Marie-Madeleine en tant que première témoin de la résurrection soulève des questions sur le rôle des femmes dans le christianisme primitif. En lui confiant cette mission, Jésus valide non seulement son engagement, mais aussi la voix des femmes dans la diffusion du message chrétien. Cela remet en question les normes patriarcales de l'époque et souligne l'importance de la contribution féminine dans l'histoire de la foi chrétienne.

Cependant, il est important de noter que cette avancée a été en grande partie oubliée au cours des siècles suivants, où les femmes ont souvent été reléguées à des rôles secondaires au sein de l'Église. L'exemple de Marie-Madeleine rappelle ainsi la nécessité de réévaluer l'histoire du christianisme sous un prisme plus inclusif, en reconnaissant pleinement la contribution des femmes à sa construction.

 

Marie-Madeleine : victime d'une interprétation (volontairement ?) erronée 

Au fil des siècles, l'image de Marie-Madeleine a été façonnée par des interprétations variées, souvent influencées par des contextes culturels et religieux. Dans la tradition chrétienne, elle a été souvent associée à la pécheresse, une étiquette qui a été renforcée par des sermons et des œuvres d'art au Moyen Âge. Cette représentation a contribué à la stigmatisation des femmes dans l'Église et a obscurci son rôle véritable en tant que disciple et témoin.

En effet, cette association erronée est en grande partie due à la confusion entre Marie-Madeleine, Marie de Béthanie et la pécheresse anonyme qui oint les pieds de Jésus. Le pape Grégoire le Grand, au VIe siècle, a contribué à renforcer cette confusion, probablement de manière volontaire, faisant de Marie-Madeleine un symbole de la pénitence. Cette interprétation a perduré pendant de nombreux siècles, jusqu'à ce que les travaux des exégètes et des théologiens modernes permettent de réhabiliter la figure historique de Marie-Madeleine.

De nombreux chercheurs soulignent son importance en tant que leader spirituel et son rôle de premier plan dans la diffusion du message de Jésus. Cette réinterprétation permet de redonner à Marie-Madeleine la juste place qui lui revient dans l'histoire chrétienne, en tant que symbole de foi, de résilience et de dévotion. En effet, en se basant sur une lecture attentive des textes évangéliques et en tenant compte du contexte historique, les exégètes ont pu mettre en évidence le rôle central de Marie-Madeleine dans la communauté chrétienne primitive. Son témoignage privilégié de la résurrection en fait une figure incontournable dans la transmission de la foi.

 

 


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11 réactions à cet article    


  • Étirév 8 janvier 11:20

    « À vous les femmes, il revient d’être sentinelles de l’invisible » (Jean-Paul II, Lourdes, 15/08/2004)
    Marie (Magda) et l’origine de l’Immaculée Conception :
    Marie fut appelée pure et immaculée bien longtemps avant l’introduction de ce dogme dans l’Église. En cela, elle ne fit que bénéficier de la loi qui s’étendait à tout le sexe féminin. Mais il fallut une circonstance pour que l’on affirmât avec tant d’exagération et de louanges inusitées une qualité que toutes les femmes possèdent dans l’ancienne religion.
    Cette circonstance, c’est l’offense que lui firent les prêtres de la Synagogue en la déclarant pécheresse ou impure et en l’empêchant sous ce prétexte de pénétrer dans leur Temple. C’est cette accusation que le second Christianisme mettra dans la légende de Marie Magda, devenue Marie-Madeleine, la pécheresse repentante.
    L’indignation causée parmi les premiers Chrétiens, qui avaient fait refleurir l’enseignement de la loi des sexes, base de la morale naturelle, détermina un entraînement dans une voie de réaction contre les outrageurs.
    Un auteur fort ancien, Chrysippe, dont on fait un prêtre de Jérusalem, mais sans doute du premier Christianisme, après avoir donné à Marie le titre d’immaculée, ajoute qu’ « elle n’a rien de commun avec son peuple pervers, elle qui, de sa nature sans reproche et sans péché, ressemble à la rose plantée sur un sol hérissé d’épines ».
    Ce qui prouve que cette question était discutée, c’est cette phrase de saint Jean Chrysostome, à propos de la conception de Marie : « Ne poussons pas plus avant dans ce mystère et ne demandons pas comment le Saint-Esprit a pu opérer cette merveille dans la Vierge ; cette génération divine est un abîme très profond, que nul regard Curieux ne peut sonder » (Serm. IV). Il appelle Marie « Vierge Très Sainte, immaculée, bénie par-dessus toutes les créatures ». Il affirme que tout a été sauvé dans la Vierge : Merito ergo Virgini. Une fois cette voie ouverte, tous les autres Pères de l’Église ne firent plus qu’amplifier l’idée qui leur était suggérée ; c’est toujours ce qui arrive.
    L’abbé de Celles dit : « Tu es toute belle en ta conception, ayant été créée le temple de Dieu. La tache du péché, soit mortel, soit véniel, soit originel, n’a jamais infecté ton âme. »
    Saint Jérôme la compare à la nuée du jour qui n’a jamais connu les ténèbres.
    Saint Ambroise (IVème siècle) la compare à une tige droite et luisante où il ne s’est jamais trouvé ni le nœud du péché originel ni l’écorce du péché actuel : Virgo in quâ nec nodus originalis, nec cortex actualis culpae fuit.
    « Par quel éloge pourrais-je exalter ta virginité sainte et sans tache ? », dit l’Église dans un cantique.
    La conception immaculée de la Femme était une croyance universelle, elle se retrouve chez tous les peuples, elle est partie intégrante de toutes les religions ; bien plus, on ne peut pas faire de religion sans elle, puisqu’elle implique la connaissance du divin et le sacrifice de l’orgueil de l’homme. Mais cette connaissance était déjà en partie perdue, altérée, malgré tous les enseignements donnés pour en conserver le souvenir, malgré les précautions prises pour éviter les équivoques. Ainsi, les premiers Chrétiens représentaient les Vierges enceintes, et même aussi les chérubins qui les accompagnaient, pour faire bien comprendre que la Virginité de la Femme n’est pas dans le sexe, mais dans l’Esprit, et que toutes ont en elles la sagesse incréée qui est le Verbe.
    On sait ce que les Catholiques ont fait de ce dogme, un fait surnaturel, alors qu’il n’y avait là qu’un fait naturel concernant toutes les femmes.
    Une question se pose ici  : où le Catholicisme a-t-il pris le culte de Marie, puisqu’il n’est pas indiqué dans les Évangiles qu’il a acceptés ?
    Il a tout simplement continué le culte de Myriam et a pris dans l’histoire de cette grande femme des données qu’il a introduites dans l’histoire de la Vierge Marie. C’est le prestige qui s’attachait au nom de la grande Myriam (voir l’article sur l’Israélisme) qui donna tout de suite de l’autorité et de la sainteté à la nouvelle Marie qu’elle allait représenter. Les souvenirs de Marie l’Égyptienne, ses légendes, furent introduits dans l’histoire de la Vierge Marie.
    L’abbé Orsini dit (dans l’Histoire de la Vierge Marie, t. I, p. 288) : « Marie fut la colonne lumineuse qui guida les premiers pas de l’Église naissante. L’Étoile des mers réfléchissait encore ses plus doux rayons sur le monde renouvelé et versait de bénignes influences sur le berceau du Christianisme. »
    Or le Christianisme qui s’est occupé d’une Marie, c’est celui de Johanna ; ce n’est pas, celui de Paul, qui était venu combattre la Femme et qui, loin de glorifier Myriam la grande, en fit la Magdeleine pécheresse et repentante, suivant la tradition haineuse de la Synagogue.
    Marie de Magdala, c’est Myriam calomniée, avilie, outragée ; on la fait repentie et humiliée. Quelle profanation !...
    L’histoire de Jésus ayant été copiée sur celle de Jean, la mère de Jésus fut d’abord la copie d’Elisabeth, mère de Jean.
    Les Arabes et les Musulmans donnent comme père à Marie Amram, qui fut père de la Myriam dont on fait la sœur de Moïse. Sa mère se nommait Hannah, qui veut dire gracieuse, et aussi louange.
    Ce nom Hannah devint Anna, Anne. Il semble être la moitié de lo-hanna.
    SUITE


    • Gollum Gollum 8 janvier 12:26

      @Étirév

      On sait ce que les Catholiques ont fait de ce dogme, un fait surnaturel, alors qu’il n’y avait là qu’un fait naturel concernant toutes les femmes.


      Ça va pas mieux on dirait.... Toutes les femmes des immaculées conception, z’avez un sacré grain oui... 

      C’est ça la vraie vérité, z’êtes en fait complètement chtarbée, à l’ouest, bonne pour l’HP...

      Allez voir un bon psy.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 8 janvier 12:12

      Il est très rare dans les représentations chrétiennes (icônes, vitraux, sculptures, tableaux)

      que les femmes ne soient pas voilées.

      Pourquoi Marie-Madeleine est toujours représentée sans voile et le plus souvent avec une chevelure abondante, ondoyante et rousse ? N’y a-t-il pas un rapport avec la volonté de la représenter comme une pécheresse ?


      • Seth 8 janvier 13:46

        @Jean Dugenêt

        Parce que c’était les femmes « honnêtes » qui se couvraient et non les prostituées.



      • @Jean Dugenêt

        Vous avez tout à fait raison. Il y a deux versions qui circulent le plus souvent. Elle est très souvent représentée sans voile car c’était une femme « libérée » : non mariée et qui avait décidé de prendre en main, sans avoir besoin d’un homme à ses côtés. Cette explication me semble invraisemblable.

        La deuxième version est que l’Eglise catholique voyait en elle, pendant de très nombreux siècles, une ancienne prostituée (ce qui n’était pas le cas) et donc une pécheresse. A son époque, les femmes juives respectables portaient effectivement le voile. Cette explication me semble la plus vraisemblable.


      • charlyposte charlyposte 8 janvier 14:04

        @Jean Dugenêt
        Elle voulait s’éclater à flan de falaise ! smiley


      • Seth 8 janvier 14:21

        @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

        La manière la plus simple de la reconnaître : elle est traditionnellement représentée portant un pot de parfum.

        Sa frangine Marthe (dont la légende veut qu’elle était sa bonniche qui vidait les cuvette) est représentée portant un vase ou un flacon d’eau bénite.


      • Seth 8 janvier 14:01

        Excellent choix que la Madeleine à la Veilleuse de de la Tour.

        Illustration sonore : Marie Magdeleine, « drame sacré » de Massent peu connu.

        Méryem (Marie) : Récitatif « Ô mes sœurs » et Air « C’est ici-même, à cette place » :

        https://www.youtube.com/watch?v=2LmKbOeBJUY


        • @Seth

          Merci pour votre commentaire et votre lien. Je ne connaissais pas du tout ce magnifique morceau composé par Jules Massenet, avec la voix sublime de Régine Crespin.

          J’aime beaucoup les tableaux de Georges de La Tour ; avec leurs jeux d’ombres et de lumières. 


        • Seth 8 janvier 14:28

          @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

          De la Tour... une sorte de précurseur du cubisme. Et une palette formidable « calme » mais génialement utilisée. On dit que beaucoup de tableaux qui lui sont attribués sont en fait de son école.

          Pour la « lumière’ », on trouve aussi ça chez le Caravage et son « ténébrisme » et chez bien d’autres aussi. Ici comme dans « Le Nouveau né » c’est l’utilisation de la bougie visible ou non.

          Un de mes peintres favoris.

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