Mélenchon et le Front de Gauche : A la Recherche du Progrès Humain
L'Humain ! En voilà un beau mot ! Un mot qui nous ramène à nos racines et à nos origines. Un mot qui casse à lui tout seul toutes les barrières d'inégalités et de différences. L'Humain ! Redonnons à ce mot sa place qui lui revient de droit, telle une devise pour nous hommes et femmes de la Terre, nous devons la crier ensemble : l'Humain d'abord !
Derrière cette devise, fièrement arborée par les partisans du Front de Gauche, se cache en réalité un projet hautement plus important qu'une simple élection présidentielle. Ce projet porte comme nom de code « La Recherche du Progrès Humain ». Pour comprendre son mécanisme il faut lire l’excellent ouvrage de Jacques Généreux, « La Grande Régression ». Dans ce livre, on apprend que le progrès humain est possible si, et seulement si, les différents cercles qui composent une société d’individus (cercle familial, cercle de l'école, cercle d'amis, cercle de travail, etc) s’imbriquent les uns aux autres et œuvrent ensemble dans une même direction. Telle une « ronde humaine » qui danse, danse et danse encore pour atteindre le progrès commun, le progrès humain. Durant les Trentes Glorieuses par exemple, on a pu assister à cette danse progressiste. Et bon sang ! Quelle force elle dégageait ! Elle amena ainsi avec elle un nombre incalculable de progrès : la socialisation de l’économie, le développement de la sécurité sociale, l’extension des droits des salariés et des congés payés, le partage des gains de productivité des entreprises plus favorable aux salariés (« fordisme »)… et j’en passe. Oh ! Ne vous trompez pas. Ce n’était pas (encore) le paradis, juste le progrès.
Or, depuis le début des années 80, la « ronde humaine » s’est mise à tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Les politiques néolibérales, mises en place à cette époque, ont eu pour objectif de détruire tout ce qui devait entraver la liberté des échanges capitalistes, y compris les liens nécessaires pour faire tourner la ronde dans le bon sens. Celle qu'on appelle communément la "libéralisation des marchés" est justifiée par une soi-disant auto-régulation mené par un soi-disant bonhomme invisible…son inefficacité, pourtant maintes fois démontrée, n’empêche pas l’oligarchie capitaliste en place de défendre cette thèse coûte que coûte et de diffuser dans la population l’idée selon laquelle aucun système ne pourrait être meilleur que le leur. On peut bien sûr les comprendre puisque, grâce à lui, leurs poches se remplissent bien plus facilement. Mais à quel prix pour l’Humanité ? Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? L’individualisme exacerbé, l’augmentation des dépressions et du nombre de suicides, l’enfermement dans des communautarismes, la désintégration des acquis sociaux, le désengagement de l’Etat dans de nombreux domaines tels que l’éducation et la santé sont autant de signaux qui nous permettre de comprendre que la Grande Régression est déjà bien avancée. Le doux souvenir des Trentes Glorieuse et de sa belle farandole est bien loin aujourd’hui.
Le Front de Gauche est pourtant, à ce jour, la seule organisation politique qui propose un réel projet pour sortir l’Humanité de ce désastre annoncé. Les autres courants se sont en effet empêtrés depuis des années dans l’idéologie catastrophique qu’est le néolibéralisme. Du PS au FN, en passant par le Centre et l’UMP, TOUS ont, sans exception, succombés au virus Reagan – Thatcher. L’abandon de ces idées ne semble en tout cas pas encore à l’ordre du jour.
Pour ce qui est du Centre, de la Droite et de l’Extrême Droite, rien d’extraordinaire que de les voir sombrer dans le marasme ultralibéral. Ces partis ayant toujours été dans les mains des oligarques, il est d’une logique pure et simple que de les voir défendre jusqu’au bout le pouvoir des capitalistes. Par contre, le plus surprenant, et surtout le plus attristant, est d’avoir assisté à la capitulation d’une frange des socialistes, François Hollande en tête, à l’autoritarisme du capitalisme et à son idéologie néolibérale dans les années 80. Le progrès humain, que devait promettre l’idéal socialiste, s’est alors vu définitivement abandonné par la classe dirigeante du PS. Ce Parti a, dès lors, franchi la barrière qui le mettait historiquement à Gauche. Je dis historiquement car la Gauche tient son origine de la révolution française. Le 28 août 1789, lors du débat sur le veto royal à la Constituante, les députés opposés à cette mesure se regroupèrent à gauche du président du bureau, tandis que les partisans du pouvoir royal se placèrent à droite. Le pilier fondateur de la Gauche était alors inauguré. Il s’agissait de se définir à travers le fait qu’aucune autorité ne pouvait être au-dessus du peuple. Accepter de donner les pleins pouvoirs aux porteurs du capital (qui est l’un des fondements du capitalisme) est donc, par nature, incompatible avec les valeurs de Gauche. Les dernières déclarations du candidat « socialiste », au journal anglais « The Guardian », reflètent en tout cas très clairement son positionnement par rapport au monde de la finance : François Hollande reconnait que la libéralisation des marchés, réalisée sous les gouvernements socialistes ainsi que sous sa propre impulsion, fut une bonne chose. Le néolibéralisme et sa finalité désastreuse pourront dormir sur leurs deux oreilles avec cet homme aux commandes de la France…
Alors, comment le Front de Gauche peut-il relancer la « ronde humaine » dans le sens qu’elle empruntait avant le bug des années 80 ? Une seule solution : éliminer la cause de l’atomisation de la société en reprenant le pouvoir aux banques et aux marchés financiers. Il faut donc « définanciariser » le monde de l’entreprise ET le monde de la finance privée :
· Lorsque l’on dit « définanciariser le monde de l’entreprise », il s’agit de (re)mettre sur un même pied d’égalité les quatre acteurs qui constituent une entreprise : investisseurs, entrepreneurs, salariés et collectivités territoriales. Chaque acteur ayant alors les mêmes pouvoirs dans les conseils décisionnels. Le porteur du capital ne sera donc plus au dessus de la mêlée, à décider seul de l’avenir des salariés.
· La définanciarisation de la « finance privée » consiste à réduire, voire éradiquer, l’influence néfaste des jeux spéculatifs quels qu’ils soient. Bien sûr que pour fonctionner correctement, un système a besoin de la finance. Qu’on s'entende bien, il ne s’agit pas de supprimer la finance. Mais de la remettre à sa place, c'est-à-dire comme un moyen permettant de financer l’économie réelle et d’assurer les risques associés. Tout autres terrains de jeux spéculatifs (98% des transactions financières qui se déroulent quotidiennement consistent à financer…la finance !) seront interdits.
Grâce à cette reprise en main du fauteur de trouble, nous pourrons dès lors réparer les rouages de la spirale du progrès humain et la relancer dans la bonne direction. C’est dans ce sens qu’a été rédigé le programme du Front de Gauche, que je vous invite à lire avec cet œil averti, si ce n’est pas déjà fait.
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