Mes amis, au secours... des démocrates s’éteignent
Il n’est pas 13 heures 10. Nous ne sommes pas en hiver. Il ne fait pas froid. Nous ne sommes pas davantage le 1er février 1954. Vous n’êtes pas sur Radio Luxembourg. Et je ne suis pas l’abbé Pierre. Je ne suis rien ou si peu, à l’image de milliards d’autres, rien d’autre qu’un « roseau pensant ». Un roseau pensant qui a décidé à son tour, comme Henri Grouès, mais sans pour autant prétendre lui être ressemblant, de lancer un appel à l’insurrection.
Non, je ne suis décidément pas l’abbé Pierre (lire cependant son appel).
"Ma conviction la plus profonde est que seul le projet démocrate, parce que son but est non pas matérialiste, mais civique, parce qu’il vise à la conscience et à la responsabilité de tous les citoyens, est à même de répondre aux questions de notre temps, qui touchent à la condition matérielle et morale des femmes et des hommes, des familles de notre temps.
Ce projet, j’entends que nous le préparions de la manière la plus profonde et la plus ouverte, associant comme je l’ai promis milieux intellectuels et citoyens, à égalité de dignité et de responsabilité. Internet et réseaux citoyens joueront un grand rôle dans ce travail profond."
François Bayrou, 1er juillet 2007.
Vous souvenez-vous, amis démocrates, de ces paroles ? C’était il y a trois mois. Autant dire une éternité à l’échelle des événements politiques de notre pays. Vous souvenez-vous encore, avant cela, de l’annonce de la création d’un nouveau mouvement ? Ou bien avez-vous déjà, rattrapés par vos contingences quotidiennes, tout ou presque oublié ?
Savez-vous que, dans l’ombre, les élections municipales et cantonales ont déjà commencé ? Imaginez-vous la somme de tractations, négociations, compromis, sourires entendus et autres donnant-donnant qui sont à verser, déjà, au stock des "discussions d’appareils" dont vous, aimable citoyen, serez la victime prochaine, c’est-à-dire très précisément en mars 2008 ?
Avec l’annonce de la création du Mouvement Démocrate, un espoir est né. L’espoir qu’enfin, le citoyen pourrait retrouver pleinement sa place dans le débat politique. Le projet démocrate, ainsi que l’a nommé François Bayrou, n’est-il pas en effet le levier par lequel le citoyen enfin éclairé pourra exercer pleinement sa responsabilité ? Bien sûr.
Pendant ce temps, tapie dans de sombres recoins, l’hydre politique veille. Discrète et silencieuse, partout réunie en conclaves et conciliabules, elle agit et se préoccupe de votre destin et, surtout, du sien.
Ne la cherchez pas sur le net : elle n’y est pas. Elle n’a pas de temps à perdre avec ces amusements pour néo-démocrates boutonneux, chômeurs ou préretraités. Seuls quelques-uns de leurs chiens de garde, bien dressés, veillent et parlent pour elle, dispensant à l’envi des messages rassurants à qui s’inquiète : il faut savoir laisser du temps au temps, ne vous inquiétez pas, tout va bien, on s’en occupe...
Je lisais aujourd’hui encore sur le net l’un de ces innombrables commentaires de démocrates égarés par la construction chaotique du MoDem et qui, déplorant la situation présente, écrivait avec une touchante naïveté qu’il faudrait bien "qu’on se décide à informer un jour François Bayrou de notre mécontentement". A quoi un autre lui répondait : " François Bayrou et son état major sont de grandes personnes qui ont poursuivi leurs études jusqu’à savoir à la fois lire couramment le français et utiliser internet".
La mise en place du projet démocrate prôné par François Bayrou patine. Pourquoi ? Parce que nous, démocrates, avons été de mauvais exégètes de sa déclaration du 1er juillet 2007 et que nous n’avons pas pris toute la mesure de son propos.
De grâce, vous m’épargnerez dans vos éventuels commentaires, les formules du style "Parlez pour vous". Car si nous avions réussi, amis démocrates, les questions du congrès fondateur du Mouvement Démocrate, de ses statuts, de ses règles de fonctionnement et de ses chartes seraient réglées depuis belle lurette : tout cela serait derrière nous et non encore devant. Nous serions alors en train aujourd’hui, comme il conviendrait mieux à cette période, de préparer les prochaines échéances électorales plutôt que de continuer à nous interroger sur le sexe des anges pendant que d’autres font leurs affaires en coulisses.
Nous avons donc été de mauvais exégètes de la déclaration du 1er juillet 2007 car, négligeant l’importance de l’appel aux citoyens, nous avons failli à nous organiser en conséquence pour contribuer utilement à ce fameux projet démocrate. Pourquoi ?
Que dit François Bayrou dans sa déclaration ? Qu’il faut construire un "projet démocrate (...) [qui] vise à la conscience et à la responsabilité de tous les citoyens". S’agissant de la façon de faire, il dit vouloir associer, "à égalité de dignité et de responsabilité", les milieux concernés et en particulier "citoyens et (...) réseaux citoyens [qui] joueront un grand rôle dans ce travail profond".
Et nous, citoyens démocrates, qu’avons-nous fait de cette exhortation ? Nous sommes-nous préoccupés de nous compter en tant que citoyens démocrates ? Avons-nous mis en place ces "réseaux citoyens" dont parle François Bayrou ? Non. Nous avons simplement adhéré à un Mouvement Démocrate en gestation, remettant en cela nos destinées entre des mains censément amies, et nous avons pensé que cela était suffisant. Erreur.
Le message de François Bayrou est pourtant sans équivoque : le projet démocrate ne peut exister que s’il comprend deux dimensions, et non une seule. Une dimension citoyenne, et une dimension politique. Au Mouvement Démocrate la dimension politique, aux réseaux citoyens la dimension citoyenne. Où sont ces réseaux ? Nulle part.
C’est
peu de dire que notre démocratie est en danger. Elle est même, c’est en tout
cas ma conviction personnelle, en péril de mort. Les récents événements
politiques en France ne contrediront hélas pas mon propos, si l’on veut bien les
apprécier au regard des principes posés par
Puisque
François Bayrou a écrit Au nom du Tiers-Etat (éditions Hachette),
il est temps d’invoquer l’Abbé Sieyes qui, en janvier
Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? Tout.
Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien.
Que demande-t-il ? A être quelque chose.
Citoyens démocrates de France, il est temps de réveiller en vous les valeurs citoyennes et démocrates, et de porter ces valeurs au plus haut. C’est pourquoi je vous appelle à une insurrection citoyenne démocrate.
Pour cela, je vous appelle à mettre en place, ensemble, le premier réseau citoyen démocrate indépendant que le monde ait jamais connu, avec ce seul et simple programme :
Qu’est-ce que le citoyen ? Tout.
Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien.
Que demande-t-il ? A être quelque chose.
Et puisqu’il faut bien commencer quelque part, commençons ici et maintenant.
32 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON