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Accueil du site > Tribune Libre > Mobilisation des universitaires : barricades de plumes

Mobilisation des universitaires : barricades de plumes

Tant qu’elle ne les menaçait pas directement, la casse des services publics laissait les universitaires indifférents. À présent que leurs avantages sont en danger, ils dégainent leurs sabres en bois.

La mobilisation des universitaires engagée au début de l’année 2008 a pris tout le monde au dépourvu, à commencer par le gouvernement. La ministre Valérie Pécresse comptait en effet sur la passivité légendaire de la corporation pour poursuivre la « modernisation » (comprendre « la casse ») de l’Université à travers la loi dite « LRU » (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités). L’adoption de cette loi, à l’été 2007, avait déclenché dès la rentrée suivante un vaste mouvement de révolte des étudiants. Mais, au plus fort des luttes contre la réforme, seule une minorité des enseignants-chercheurs statutaires, souvent abonnés au Plan B, s’était engagée activement à leurs côtés.

La majorité, mollement favorable à la réforme, désertait les campus bloqués par les piquets de grève, préférant vaquer à des occupations moins terre à terre, et laissait les présidents d’université régler le problème avec l’aide amicale des CRS. « Les intellos sont des pleutres, confiait alors au Plan B un professeur de sociologie indigné par l’inertie de ses collègues. J’ai toujours été frappé par cette dichotomie – y compris chez des gens que j’admire intellectuellement – entre d’un côté cette hauteur s’agissant des choses de l’esprit et de l’autre la triste médiocrité individuelle. »

La civilisation en danger

Depuis des années que la fonction publique subit les coups de boutoir des gouvernements successifs, la plupart des universitaires n’ont en effet guère brillé par leur pugnacité. Eux, si prompts à disserter sur l’universel, se sentaient-ils seulement concernés  ? Le double démantèlement (à la fois de la structure d’ensemble et des statuts du personnel) qui touche leur secteur relève pourtant de la même entreprise de démolition déjà à l’œuvre contre d’autres services publics, moins prestigieux il est vrai, comme France Télécom ou EDF-GDF. Le réveil a été tardif  : il a fallu attendre que les enseignants-chercheurs comprennent le danger qui les visait directement pour qu’ils se jettent à la remorque du mouvement étudiant. Certains d’entre eux, habitués à envoyer des bataillons d’étudiants passer le Capes, étaient d’autant plus remontés que Xavier Darcos était chargé de réduire les concours d’enseignement à de simples entretiens d’embauche.

Longue à accoucher, la mobilisation n’en fut que plus ardente. Jeunes maîtres de conférences ségolénistes ou doyens de facultés de droit, tous communiaient alors pour exiger le retrait des dispositions les plus scélérates de la loi LRU. Manifestations, grève des enseignements (mais la plupart du temps sans perte de revenus [1]), rétention de notes et tribunes courroucées s’enchaînent  : jamais on n’avait vu les mandarins grimper ainsi aux rideaux. Les saillies du chef de l’État sur « l’immobilisme » de la profession font trembler de fureur les vieilles ganaches de l’Académie des sciences (Marianne 2, 7.2.09). Et, lorsque Xavier Darcos annonce la destruction de la formation des professeurs du secondaire, le Snesup, un des principaux syndicats de l’enseignement supérieur, crie à l’« anti-intellectualisme [qui] rappelle les pires heures de l’histoire de France » (Liberation.fr, 14.2.09).

Entre gens distingués rien n’est simple. La défense basique et légitime d’un statut avantageux devient en deux traits de plume un grand combat pour la Science, l’Amour et l’Intelligence, si ce n’est pour le sempiternel « Avenir de nos enfants », même chez ceux que la casse des concours d’enseignement n’inquiète guère. Puisque l’université n’est plus à l’abri, la lutte serait porteuse d’un « enjeu de civilisation », ainsi que le proclame une tribune publiée dans L’Humanité (18.2.09). Et les bouilleurs de cru  ? Ne cherchaient-ils pas à préserver la civilisation rurale  ? Ancien universitaire recyclé dans le journalisme intello-bobo, Sylvain Bourmeau savoure la soudaine dimension intergalactique de sa rébellion. Il republie en trombe sur le site de Mediapart l’« Appel contre la guerre à l’Intelligence » et pour la résistance aux ploucs, lancé par Les Inrockuptibles en février 2004 [2]. Ce climat insurrectionnel permet aussi à Cyril Lemieux, un sociologue de la complexité, d’exhumer Daniel Cohn-Bendit pour une matinée de bâillements à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Barricades de plumes

En matière de grandiloquence et de fatuité, les grands savants ne reculent devant aucun défi. Pour preuve  : la création d’un « cercle des professeurs et des chercheurs disparus », en riposte aux attaques « contre la pensée elle-même  [3] ». Cette colonne de maquisards en redingote napthalinée compte entre autres commandants le philosophe Alain Caillé, le sociologue Alain Touraine (que beaucoup, il est vrai, croyaient déjà disparu depuis son soutien au plan Juppé en 1995), son confrère Edgar Morin, sa consœur Dominique Méda et le rédacteur en chef de la revue balladurienne Le Débat, Marcel Gauchet. Sabre au clair, ce dernier a investi l’EHESS début février pour dénoncer « la redéfinition du savoir sous le néolibéralisme ». L’année précédente, Gauchet avait pourtant œuvré à cette même « redéfinition » en participant à la conférence sur « L’avenir de la fonction publique » organisée par le ministre du Budget, Éric Woerth. Cette java sarkoziste avait débouché sur la publication d’un très poétique livre blanc visant à contribuer, selon l’expression de Gauchet, au « “réarmement intellectuel” d’une France réconciliée avec la modernité [4] ». Les auteurs du rapport préconisaient notamment « l’ouverture progressive à la concurrence des entreprises publiques ».

Unis dans leur opposition toute fraîche à la réforme de leur statut, et ragaillardis de se trouver si audacieux, les militants du « réarmement intellectuel » fraternisent autour d’un autre nouvel objet d’indignation  : l’attitude des médias, qu’ils jugent insuffisamment favorable à leur résistance héroïque. « Depuis le début de leur mobilisation, les enseignants-chercheurs ont eu à faire face à un adversaire redoutable et plutôt inattendu  : les “grandes plumes” de la presse française », pleurnichent une douzaine d’universitaires sur le site Mediapart d’Edwy Plenel, le roi du téléachat devenu leur avocat le plus exalté (23.2.09). L’université Paris I va même convier Plenel, ainsi que Daniel Schneidermann, chroniqueur à Libération, pour initier les ronds-de-cuir à la critique moustachue des médias. Comparés aux cheminots, aux dockers de Marseille ou même aux enseignants du secondaire, les universitaires de la Rebelle Académie bénéficient pourtant d’un traitement enviable. Du Monde à Libération en passant par Le Nouvel Observateur ou Les Inrockuptibles, tout ce que le Parti de la presse et de l’argent (PPA) compte de feuilles moribondes mais regauchies par la crise leur déroule un chaleureux tapis de tribunes et d’éditos. Même France Soir salue « la fronde des enseignants-chercheurs » plutôt que de déplorer une énième coalition de glandeurs assoiffés de privilèges.

L’insurrection qui ne vient pas

Il est vrai que les spécimens les plus endurcis du PPA refusent d’en démordre. Christophe Barbier, directeur de L’Express, se déchaîne sur LCI contre la mobilisation « totalement injustifiée » des universitaires, auxquels il rappelle que « Lénine est mort » (3.2.09), tandis que Franz-Olivier Giesberg s’insurge contre « l’idéologie du père peinard » (Le Point, 5.2.09). Sur France Info, Sylvie Pierre-Brossolette glousse  : « C’est vrai que les chercheurs sont meilleurs jusque 45 ans, après on trouve un peu moins. C’est biologique, génétique  ! » (9.2.09). « Est-ce que c’est génétique, de dire des bêtises sur les antennes du service public  ? », rétorque le professeur de littérature Pierre Jourde sur le site du Nouvel Observateur (10.2.09). Sur les blogs, les forums et les listes de diffusion, la colère gronde et les consciences s’éclairent. « Le problème avec les éditorialistes, c’est qu’ils oublient d’être journalistes », lâche, médusé, le professeur de science politique Jean-Philippe Heurtin dans un commentaire posté sur le site du Point. Sur celui du JDD, un jeune maître de conférences prône l’action directe à l’irakienne  : « Et si la chaussure finalement était une meilleure solution  ? » (14.2.09).

Ceux qui n’avaient jamais bronché contre le traitement journalistique infligé aux catégories moins nobles jouent ainsi, le temps d’une valse, les vierges effarouchées. Comme Laurent Bouvet, jeune professeur de science politique, groupie de Tony Blair et de Bertrand Delanoë [5]. La presse parisienne, au sein de laquelle il a table ouverte, l’irrite prodigieusement dès qu’elle rend compte de sa profession. Le 5 février, il adresse une longue lettre au Monde« mon journal », dit-il affectueusement – pour s’étonner du « caractère erroné » des informations fournies par le quotidien. Fier comme un coq, il bombarde le courrier sur son blog, hébergé par… Le Monde. La semaine suivante, dans les -colonnes du Figaro cette fois, Bouvet s’emporte contre « un nouvel article scandaleux de A à Z, […] un monument dressé à la désinformation et à la manipulation du lecteur ». Il y a de quoi s’inquiéter  : la violence de ces propos ne rappelle-t-elle pas « les pires heures de l’histoire de France »  ?

Notes

[1] L’administration peut difficilement compter les grévistes dans une université.

[2] Au sujet de ce racisme de l’intelligence, relire l’article de PLPL  : « La conjuration des imbéciles », Pour Lire Pas Lu, n° 19, avril 2004  ; accessible sur www.homme-moderne.org/plpl/n...

[3] http://journaldumauss.net/spip.php?...

[4] Jean-Ludovic Silicani, Livre blanc sur l’avenir de la fonction publique, ministère du Budget, avril 2008, p. 15.

[5] Laurent Bouvet, « Socialisme et libéralisme sont-ils compatibles  ? », publié sur le site Telos, 28 mai 2008.

 

SOURCE / LE PLAN B


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13 réactions à cet article    


  • geo63 15 octobre 2009 13:28

    Dérisoire !
    Ce torrent de haine pour une amoureuse de la liberté.
    « glandeurs assoifés de privilèges »...Même en mai 68 je n’ai pas entendu cela.
    Je propose de tous les brûler en place publique, ça fera du bien.


    • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 15 octobre 2009 14:27

      non pas de haine !
      Et aux cotés des Etudiants et des Lycéens !
      Lucide, c’est tout !
      Relisez donc en entier si vous voulez bien !
      Cela ne fait aucun doute : si vous voulez bénéficier de l’attention des grands médias, il vaut mieux être enseignants-chercheurs que salariés de la SNCF (ou simplement membres des personnels administratifs des Universités).
      Car  le mouvement universitaire ne concerne pas seulement le statut des enseignants-chercheurs. Des aspects décisifs du conflit sont minorés, d’autres sont rendus invisibles : la mobilisation et les revendications des personnels administratifs (BIATOSS) – qui n’ont à ce jour jamais eu l’honneur d’être mentionnés dans les médias depuis le début d’un conflit dont ils sont pleinement acteurs –, les étudiants, les organismes de recherche, ou l’avenir du doctorat et des doctorants…
      Des revendications plus larges pouvaient donner des arguments supplémentaires aux organisations pour convaincre les étudiants de rentrer dans le mouvement. « Les étudiants ont largement de quoi se mobiliser sur la mastérisation, l’allocation des moyens , la professionnalisation… Il ne faut pas se priver de leur soutien », estimait une militante du syndicat lors de l’AG de l’UFR LLphi à Nanterre le 30 janvier 2009.
      Alors à l’origine,N’Est-ce pas un mouvement corporatiste ?
      Les étudiants ont massivement rejoint les enseignants-chercheurs. C’est eux qui ont permis l’ampleur du mouvement ...Mais Les étudiants paient l’addition !
       Les étudiants sont les grands perdants de ce mouvement qu’ils n’ont pas initié, guère contrôlé, et dans lequel ils n’ont pas gagné grand-chose.
      De plus , en compromettant la tenue des examens par leurs grèves reconductibles (impossibles dans l’éducation où chaque jour de grève est décompté et prélevé depuis 2003), les enseignants-chercheurs ont écorné leur image auprès de l’opinion publique.

      des milliers d’étudiants dans le flou à la veille de leurs examens !Les Grands perdants sont les étudiants. Des semaines, sans cours ou presque des cours c’est à dire dehors ou des halls de la mairie. Une année foutue pratiquement . On les utilise, on les manipule, nos etudiants ... par les EC

      Franchement, qu’est ce qu’ils ont avoir avec le foutu statut des EC ? Que les EC défendent leurs acquis, je peux le comprendre... mais mal le comprendre... Utiliser les étudiants, je n’arrive toujours pas à comprendre... Encore une année foutue, une promotion sacrifiée. On va filer des polycopiés,.. est ce la solution ? où est le cours face à l’étudiant ? car l’EC est payé pour cela selon ses status et non distribuer les polycopiés ... sous forme de prospectus...

      Est ce que l’EC va sacrifier son salaire (les heures de grève) comme il a sacrifié ses étudiants ? je ne pense pas car l’entrée d’argent est très importante pour son ménage, son crédit de maison, ses vacances... mais l’avenir d’un jeune, il s’en fout royalement... D’ailleurs, il en aura d’autres l’année prochaine jusqu’à la retraite....

      Des jeunes gens qui, à la différence des enseignants protestataires, sont matériellement les seuls perdants du bras de fer...Voilà la réalité !
      Ils ont du galérer pour leurs révisions à cause des mouvements de grèves dans les universités et ils ont en payé les frais : beaucoup ont en effet obtenu des notes décevantes voire même se sont retrouvés bons pour le rattrapage en septembre.
      Et il y a ceux qui ont tout perdus : les étudiants étrangers qui se sont vu refuser le renouvellement de leur permis de séjour...Ceux qui bossaient le soir pour payer leurs études et qui vont aujourd’hui’hui pointer au pôle emploi parce qu’ils n’ont pas eu droit à leur vraie chance....ETC.....


    • brigitte 15 octobre 2009 17:03

      Le Pen n’aurait pas mieux écrit...


      • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 15 octobre 2009 17:45

        je me demande si vous avez bien compris le sens de l’article !!!


      • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 15 octobre 2009 17:54

        http://bellaciao.org/fr/spip.php?article92526
        Allez voir le niveau d’un vrai débat, en dehors des insultes, si vous le voulez bien...
        Et merci de relire TOUT !!!


      • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 15 octobre 2009 17:57

        je viens d’aller sur votre profil chère Brigitte et je constate......qu’il s’agit de votre premier post et commentaire sur ce site.Prenez le temps de lire et relire, c’est un conseil amical qui vous permettre d’ouvrir un vrai débat !


      • brigitte 15 octobre 2009 18:54

        Je crois vous avoir bien lu. Je persiste et signe : c’est ce qu’on appelle être un « allié objectif », même si je peux partager une certaine colère contre l’apathie du grand corps malade des universitaires... Ne tirez pas sur l’ambulance, au moins (du moins sur ce qui vous paraît être une ambulance... Yves Madiran (alias Brigitte, par les mystères de l’électronique)


      • Gnetum Gnetum 15 octobre 2009 18:14

        curieux quand même de connaître les immenses avantages et autres privilèges dont disposent les enseignants-chercheurs (surtout les jeunes !)

        certainement pas côté salaire car les MdC/Professeurs sont sous-payés en France au vu de leur diplôme (1800 net après un Bac+8 et plusieurs années de contrat ATER/postdoctorats).

        192h de cours à préparer/à assurer auquel on rajoute le suivi ... et les activités de recherche pour le temps qui reste.

        niveau primes et autres avantages en nature ... je cherche encore.

        Bref je trouve que le ton de cet article est vraiment déplacé ... si vous voulez taper sur des privilégiés cherchez ailleurs ...


        • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 15 octobre 2009 19:34

          ET LES AUTRES ???

          Les enseignants chercheurs des universités sont descendus dans la rue. Mieux lotis, mieux payés (et c’est bien normal), les plus médiatiques, les chercheurs, représentent 60,1 % des enseignants à l’université. Une majorité bien lotie. Ou bien mieux que les 39,9 % qui se voient fermer les portes de la recherche et se sentent un brin méprisés. Visite dans Les « bas fonds » de la fac…

           

          Les profs du secondaire représentent 16,1 % du corps enseignant des universités. « Nous sommes méprisés par les enseignants du supérieur qui nous appellent avec condescendance « leurs collègues du Second Degré » pour marquer leur distance », affirment certains de ces profs. Ils sont composés de PRAG (pour professeur agrégé), ou de PRCE (pour professeur certifié). Ces « bourricots », comme ils se nomment entre eux, ne font pas de recherche et sont donc astreints à 384 heures de cours par an pour un agrégé, contre 192 heures pour un maître de conférence et 96 heures pour un professeur d’université. Jusqu’en licence, dans certaines universités ce sont ces agrégés et certifiés que les étudiants ont majoritairement en face d’eux. « Les profs et les maîtres de conférence se réservent les cours de master qui sont souvent rémunérés 1 heure 30 par heure de cours effectuée ».

          Tout en bas de la hiérarchie sociale de l’université se nichent les vacataires. Une armée de réserve évidemment moins bien payée que les PRAG et les PRCE, sans statut et ignorée des enseignants chercheurs.

          Corvéables à merci, les vacataires jouissent d’un statut de précaires parmi les précaires. « Souvent peu diplômés, mais pas systématiquement, certains attendent des postes, nous bouchons les trous dans les emplois du temps », répondent ceux que Bakchich a interrogés. «  Nous sommes sur représentés dans les matières annexes. Par exemple dans les UFR de sciences dures les langues et la culture générale nous sont souvent confiées ».

          «  Nous travaillons le lundi et le vendredi, les jours où les enseignants-chercheurs recherchent ou partent en week-end », glissent-ils. Payés entre 40 et 20 euros nets de l’heure, ils ne sont pas mensualisés mais semestrialisés et ne touchent leur pitance qu’en février et en juillet. Évidemment ils n’ont pas droit au chômage, et ne sont pas payés pendant leurs vacances.

          Que deviennent dans tout ceci, les \"PAUVRES etudiants boursiers, issus d un milieu précaire ?

          Ce système d’élitisme archaïque perdure et sans qu’aucune évaluation ne pèse sur eux. Ils se disent professionnel de la recherche, mais l’ensemble des professionnels de ce pays acceptent pourtant d’être évalué ! Qui voudraient d’un médecin qui ne serait pas évalué ? D’un avocat ? D’un magistrat ? LA vérité, c’est qu’en se prétendant impliqué dans le monde du travail, et en refusant toute évaluation ceux sont eux qui insultent et qui crachent à la figure de tous les contribuables et de tout les professionnels ! Ils voudraient dénier le plus simple des principes de l’état de droit aux citoyens : le droit de tout contribuable de demander des comptes sur l’efficacité de sa contribution ! Pourquoi les enseignants chercheurs craignent-ils tant l’évaluation ?


        • Gnetum Gnetum 15 octobre 2009 23:28

          j’ai toujours du mal à vous suivre ... et à vous lire je me demande si on a bien vécu dans le même monde (universitaire).

          la majorité des enseignants à l’université sont des MdC/Professeurs.

          et je maintiens ce que je dis sur le fait qu’ils sont mal payés/considérés (on doit être le seul pays au monde où avoir une thèse n’est pas la panacée).

          pour le reste ce sont généralement des étudiants (vacataires/moniteurs) qui assurent surtout des TP/TD), des ATER (cad des Bac+8 en CDD), plus quelques agrégés ou prof du secondaire (plutôt rarissimes dans les facs de sciences que j’ai fréquenté).

          je suis d’accord avec vous pour dénoncer la pénurie de postes ... mais pour le reste il faut arrêter le délire, en particulier sur la question des évaluations.

          Depuis quelques années les chercheurs / enseignants/chercheurs passent leur temps à répondre à des appels d’offres, à rédiger des rapports pour x commissions, dans la plupart des EPST les évaluations individuelles se font tous les deux ans, sans compter les rapports quadriennaux pour l’AERES ... et depuis toujours ils sont évalués sur la base de l’impact des publications scientifiques, publications qui conditionnent budgets de fonctionnement, attractivité à l’international, obtentions d’appels d’offre.

          Là où le bas blesse ... c’est qu’un enseignant/chercheur est surtout évalué sur la base de sa production scientifique, sur l’obtention d’appels d’offre ... et pas vraiment sur son investissement dans l’enseignement.

          Si vous voulez changer les choses il faudrait p-e commencer par là.


        • Daniel Roux Daniel Roux 15 octobre 2009 20:20

          @ l’auteur

          J’aime le style enlevé et l’impertinence de l’article.

          J’ai failli me souvenir du nom d’une lecture ancienne perdue dans ma mémoire en vous lisant. Je l’ai sur le bout de la langue, en lisant la phrase : « ..ragaillardis de se trouver si audacieux.. »

          Le fond est une description juste de l’attentiste ou de l’indifférente d’intellectuels confortablement installés dans leur vie. Ils ont oublié qu’ils ont socialement le devoir d’éclairer et d’aider le peuple qui les nourrit de son travail productif.

          C’est donc légitimement que l’auteur pimente son article de coups de pointes sur le gras des fesses de ces messieurs de l’université qui auraient dû se les bouger depuis un certain temps déjà.

          Vous connaissez surement la politique du saucisson. On apprend ça à Sciences Po.

          Chaque mauvais coup porté à une catégorie de citoyens représente une petite tranche de saucisson. Les citoyens concernés demande la solidarité mais on leur répond qu’on ne va pas faire la révolution pour une si petite tranche. Petites tranches après petites tranches, à la fin, il ne reste que le trognon... Et qui va se battre pour un trognon ?


          • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 15 octobre 2009 22:26

            "C’est donc légitimement que l’auteur pimente son article de coups de pointes sur le gras des fesses de ces messieurs de l’université qui auraient dû se les bouger depuis un certain temps déjà.« 
            Excellent ! Il fallait oser ! Belle plume !

             »Chaque mauvais coup porté à une catégorie de citoyens représente une petite tranche de saucisson. Les citoyens concernés demande la solidarité mais on leur répond qu’on ne va pas faire la révolution pour une si petite tranche. Petites tranches après petites tranches, à la fin, il ne reste que le trognon... Et qui va se battre pour un trognon ?"
            Mais pensez donc, si en plus le saucisson était un jésus ! Ca changerait tout, non ?
            Merci pour votre commentaire que j’apprécie beaucoup !


          • Maximus 15 octobre 2009 21:47

            Je suis on ne peut plus d’accord avec l’article. Les enseignants du supérieur sont en majorité un monde clos et fermé, qui toise le monde extérieur. Ils ont pendant des années, et encore aujourd’hui, construit leur identité sur le sentiment d’appartenance aux « happy few », toute cette couche sociale qui se voyait à l’abri financièrement et qui n’avait pas de compte à rendre financièrement.

            Aujourd’hui, ils sont menacés par un sort commun qu’ils croyaient éviter. Les réserves que vous avez à leur égard sont complètement justifiées.

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