La toute première erreur - involontaire en général mais très volontaire pour les propagandistes - est de situer le point de départ du MoDem au score de François Bayrou au premier tour des présidentielles. Le fait est que le tout premier score de l’embryon du MoDem est celui des législatives de 2007. Ceci est évidemment primordial. Cette erreur d’analyse est assez lourde de conséquences car elle détourne le regard des faits pour aggraver le cas d’un patient déjà bien malade. Par ailleurs il n’est pas possible de comparer une élection présidentielle à une législative pour laquelle interviennent deux faits contradictoires dont l’analyse est si complexe qu’elle en est impossible. Placée après l’élection présidentielle la législative est sous sa coupe. Tout cela s’est avéré en 1981, ne parlons même pas de 2002 et bien évidemment 2007. De ce fait il y a une corruption du vote si celui-ci pouvait être, en quelque sorte, pur et détaché d’une vague du « sus au vainqueur ». Ou dit autrement voler au secours de la victoire (avec sa sébile). Mais il intervient un autre phénomène qui sera plus ou moins fort : celui de la personnalité du candidat, sa notoriété et sa cote de popularité auprès de ses électeurs. Les victoires de Bayrou et de Lassale lors de ces législatives, et de Frêche en mars dernier, en sont trois exemples flagrants.
Le premier combat auquel ait eu droit le MoDem a été cette élection législative. Le score en a été assez faible (7,5 %) mais honorable. Cependant il faut absolument en tirer deux analyses :
1- la faute à imputer au si petit nombre d‘élus n’en vient évidemment pas à François Bayrou mais bien sûr à la vingtaine de députés qui sont allés à la soupe. On néglige toujours cela en inversant les rôles. Ce sont quand même ceux qui fuient et trahissent qui sont responsables que, de là où ils sont partis, il y ait moins d’élus. On a donc dès le début chargé le mulet (pardon pour un éleveur de chevaux) de maux dont la faute originelle appartient à d’autres. Accuser Bayrou ce serait comme accuser un marchand de pomme qui vient de se faire voler 25 de ses 30 kilos de fruits prêts à être croquer d’en être responsables et non les voleurs. Aucun enfant n’accepteraient cette explication et surtout quand ils jouent aux gendarmes et au voleurs dans la cour de récréation. Quant à accuser Bayrou d’être responsable de la décision des députés de fuir je vous renvoie à cet excellent article qui prouve - et que tout le monde peut vérifier s’il n’est pas un roi fainéant - grâce à une collation d’articles que tous ceux qui sont partis sous la bannière NC UMP avaient juré leur fidélité à Bayrou et au futur parti qu’ils allaient créer ensemble. Les journaux avec les dates et les déclarations sont là pour le prouver. Mais malheureusement la légende qu’ils ont lancée, relayée par une presse soit malhonnête, soit sans mémoire, soit paresseuse est si ancrée que même certains militants du MoDem la soutiennent contre la plus évidente des vérités. Il faut aussi ajouter l’injustice du système électoral qui fait que le NC avec 2 % des voix dépasse 20 députés et le MoDem avec le triple en ait le huitième soit un rapport de 1 à 24. En d’autres mots un élu MoDem vaut démocratiquement 24 élus NC.
2- ce fait majeur est en réalité le début forcément de la descente aux enfers du MoDem. Ce n’est en rien les Européennes qui ont été malgré tout pas si mauvaises. La raison en est simple. La conséquence directe est l’information elle-même qui sera traînée comme un boulet pendant toute la législature. Même si cela ne change en rien le niveau d’assentiment par la population concernant les idées démocrates, cela a une influence sur son vote. La seconde conséquence pratique c’est qu’alors auparavant il y avait plus de 25 relais en France métropolitaine, ceux-ci ne sont plus que deux, Abdoulatifou Aly étant lui en périphérie maritime. Pas de relai, pas de travail de terrain de la part de ces députés qui n’existent plus. En fait si, certains existent et c’est l’autre revers de la médaille, c’est que comme tout traître, le besoin est impérieux de se revaloriser par rapport à ses propres yeux et donc de taper le plus violemment possible (cf Besson) sur ses anciens amis. Vous voyez bien le problème : pas de relai et en plus des coups de bâton. Ces coups de bâton marquent mêmes les peaux les plus solides.
Le MoDem de ce fait part d’un score peu élevé mais qui cache autre chose : un déficit très important de porte-voix.
On oublie aussi deux holdups électoraux, deux artéfacts que permet notre démocratie, deux gonflettes de body builders politiques qui ont donné des avantages incommensurables et injustes au PS et à l’UMP :
- en 2002 à la suite de la présence de Le Pen au second tour des présidentielles, une soupe gigantesque à droite a été créée : l’UMP et c’est le grand honneur de Bayrou d’avoir préservé les intérêts politiques et intellectuels, idéologiques et philosophiques du centre en refusant de se fondre dans ce conglomérat multiculturel qu’a été l’UMP. Et donc ce qu’on oublie c’est que les Méhaignerie, Gaudin, Léotard, Borloo et autres ont à cette époque là sucé une bonne partie de la moelle de l’UDF. Et là aussi en rendre responsable Bayrou est une aberration de catégorie 1. Ce sont évidemment ceux qui sont allés remplir les rangs de l’UMP, reniant leur différence qui ont vidé l’UDF e non ceux qui ont vaillamment résisté à l’appel de la gamelle et qui ont refusé de se mettre en rang au son de la cloche. Mais cette constitution de l’UMP n’a pas été sans conséquence : des relais partout en France avec nombre de députés, des caisses pleines de pognon. Et par effet inverse des voix en moins, beaucoup de voix en moins pour défendre les thèses du centre. Et c’st évidemment une erreur de la nature, une tromperie sur la marchandise, car ceux qui ont voté, n’ont jamais voté pour le RPR, et c’est pourtant ce qu’ils ont fait. On les a trompés, Chirac a réussi le plus bel holdup de sa carrière. Ce parti qui se délite aujourd’hui est un parti bâti sur des sables mouvants à partir d’une belle escroquerie. Mais que voilà une belle machine à propagande avec tant de députés et de sénateurs qui ont ensuite bien aidé à l’élection de Sarkozy
- en 2004 va aussi se faire un autre braquage électoral, un autre holdup : les Régionales. Grâce à 17 triangulaires, le FN a été l’allié objectif du PS. Et même si le PS avait une poussée de fièvre, la réalité électorale, la carte électorale n’était certainement pas à avoir une vingtaine de régions métropolitaines roses. Ce marche-pied qu’autorise notre loi électorale est évidemment démocratiquement bancale car cela donne une majorité à qui ne l’a pas en réalité dans les votes car une triangulaire ou une quadrangulaire lèse de fait un des concurrents. Des exemples comme la Basse Normandie ou Rhône Alpes sont frappants. Rhône Alpes qui ensuite donne un net avantage à son sortant Keyranne passe de 46,2 à 50,7 (en basse Normandie de 46 à 57) entre 2004 et 2010.
Il en est ainsi que 2002 et 2004 ont artificiellement gonflé deux partis (l’UMP nationalement et le PS localement) et ceux-ci ont donc eu du temps devant eux pour les futures élections bénéficiants d’une légitimité acquise par holdup pour certains d’entre eux. La présidentielle donnant un nouveau coup de pouce à l’UMP. Une autre conséquence délétère est que ces deux holdups ont consacré de façon malhonnête la bipolarisation. Tout bleu au national et tout rose au régional.
Oublier 2002 et 2004 dans le jugement du modem est une erreur absolue. L’un vidant d’une bonne partie de sa substance l’UDF, l’autre donnant d’énormes moyens logistiques, de communication et de légitimité locale au PS. Et pour les deux contrairement à une réalité électorale foncière.
Vont venir les municipales. Cette élection est une élection piège pour un mouvement jeune. L’implantation locale est primordiale mais ce n’est pas suffisant. Pour une élection comme celle-ci il faut trouver une masse considérable de candidats pour tout le territoire français. Et d’avoir réussi ce pari-là a été, dans les circonstances telles qu’elles étaient, en réalité un véritable exploit. Le score obtenu n’était pas si mauvais, plus de 14 % pour les cantonales qui ont suivi, là où il y avait des candidats. A mon sens il y a une chose qui n’a pas été dite c’est que si le score n’a pas été extraordinaire, le nombre d’élus a contredit de façon majeure l’autre légende massive que tous les élus avaient quitté Bayrou. En réalité il y a eu plus d’élus au global que n’avait l’ex UDF. Cependant c’est le seul bastion où le MoDem a pu se réfugier et pas celui qui porte le plus ou le mieux ses couleurs. Les maires sont plus élus pour ce qu’ils sont que pour leur étiquette. Ce n’est donc pas un relai fameux. Vous voulez une preuve ? La voici Frêche. Qu’a fait le PS en face de lui ? du tricot. Et à Lyon, une vile UDF que Barre a abandonnée a pour maire un PS.
Ces élections municipales ont apporté au MoDem une seconde peau dont il lui sera difficile de se défaire : il ne sait pas où il est. Sa politique est floue. Or cela a été particulièrement faux et malhonnête. Il n’y a strictement rien de flou à considérer que dans une élection éminemment locale, où le consensus est souvent là, que les problèmes sont plus techniques que politiques, quoique, on peut très bien s’associer ici à un modéré de droite, bon gestionnaire, économe des deniers de ses administrés, consensuel et bon maire et là à son pendant de gauche. Où est le flou ? Nulle part. C’est clair : le meilleur choix pour sa commune là où il se présente. C’est la clarté de la meilleure équipe. Une mairie ne vote pas les lois. Mais à loisir les journalistes, et bien évidemment les adversaires du MoDem, ont joué aux niais (à leur place je n’aurais pas été fier de paraître pour le plus crétin de l’espèce et démontrer à tous mon incapacité à comprendre une évidence qu’un enfant de cinq ans aurait comprise) faisant du MoDem de la brume dans un marais. Et que c’était facile avec toute la traînée historique de quolibets que porte le centre. Là où Bayrou a commis une erreur - et j’y reviendrai - ce n’est pas dans l’idée qui est juste mais dans son application et dans son explication. Il n’a pas su trouver les arguments assez frappants ou assez clairs pour se faire comprendre. Quant à son application il aurait fallu respecter une règle d’airain :
- on s’associe au premier tour avec les uns ou les autres dans les villes ou l’association est possible
- on est indépendant au premier tour et donc au second tour quand l’association ne l’est pas. Cela n’avait aucun sens de s’associer au second tour dans cette stratégie de municipales car si l’équipe avec laquelle on l’aurait fait le méritait, elle le méritait dès le premier tour.
Ceci aurait tout simplifié, donné une image invariable et claire.
A ce stade de l’analyse nous nous trouvons donc avec deux plaies égyptiennes : pas de relai et une image dégradée.
Vont venir les européennes qui vont apporter un coup de plus sur la nuque du MoDem, non à cause de son score moyen mais à cause de l’attente qui était là et des analyses qui vont en suivre. Partant d’une hypothèse erronée, c’est-à-dire du score de Bayrou aux présidentielles et du score de l’UDF on attendait beaucoup du MoDem. Cependant c’était faire abstraction de faits autrement plus lourds :
- on oubliait complètement que le NC envoyait quotidiennement des missiles contre le MoDem et que députés ils étaient des relais dans leur circonscriptions, même peu nombreuses, et que leurs électeurs recevaient de leur part un message diffamatoire et mensonger contre le MoDem. On oubliait donc qu’une partie des électeurs UDF étaient maintenus sous pressions par le NC.
- on a isolé la France du reste du monde, ce que je veux dire par là on n’a pas tenu compte d’un mouvement qui a été général en Europe : une forte progression du mouvement écologique avec comme dans certains endroits de la Belgique le doublement de leurs pourcentages. Ceci veut dire que la montée d’Europe Ecologie a pour une part non négligeable bénéficié de la vague mondiale en faveur de l’aura qui l’a entourée. On a beaucoup parlé du clash Bayrou Cohn Bendit et on continue, j’y reviendrai. Les sondages « sorties d’urne » ont prouvé que c’était parfaitement négligeable
- l’abstention a eu un effet, là aussi, de déformation. Moins il y a de votants plus les plus motivés y gagnent. Or le film Home a eu un effet, non celui que l’on a voulu démontrer : faire changer d’avis un futur votant, mais a joué sur la motivation d’aller ou non voter. Avec peu d’électeurs si vous motivez une partie du corps électoral qui sans cela ne serait pas allé voter vous changez le sens du vote. Home n’a pas fait changer d’avis mais il a poussé à aller voter.
- la conséquence de ce vote plus bas qu’espéré en faveur du MoDem (alors que partant de 7,5 ce n’était pas si mal) sera assez lourde. Cela va d’abord permettre de charger la barque du côté des journalistes et des adversaires politiques et à force cela va avoir un impact sur la population. Cela va aussi, comme dans toute société finalement primitive, déchaîner le besoin de trouver un coupable. Et ce coupable était tout trouvé Bayrou. Je vous conseille le livre de Daniel Pennac, Aux bonheur des orgres, qui explique ce qu’est un bouc émissaire.
L’avant dernier ennemi, et en fait peut-être un des pires, est celui de l’intérieur. Depuis la création du MoDem il y a eu des élus et des militants qui se sont violemment attaqués à Bayrou. La réalité, et là aussi je vais y revenir en fin de texte, est que d’une part ces critiques sont le plus souvent absurdes, le plus souvent innommables (comparer le MoDem à la secte du Temple solaire cela mériterait même un procès, car il y a eu mort d’hommes, de femmes et d’enfants) et que ces détracteurs sont minoritaires, et même largement minoritaires mais avec des gueules grandes comme des entrées d’égout. Internet a eu son rôle. Cet outil permet à un ultraminoritaire d’avoir une audience invraisemblable et de faire ainsi un mal incommensurable. Les critiques ahurissantes de militants dont l’origine est multiple :
- soit ce sont des personnes qui ne comprennent absolument pas ce qu’est un parti, la démocratie au sein d’un parti - le bordel n’a jamais été la démocratie, ni la remise en cause d’une direction élue pour trois ans, toutes les cinq minutes, cela non plus n’a jamais été la démocratie, comme la remise en cause de statuts votés par la majorité, majorité qui les a élaborés, amendés et donc votés à une écrasante majorité, pas plus que la contestation permanente n’est ni une preuve d’intelligence, ni une preuve d’indépendance, ni une preuve de liberté, ce n’est qu’une preuve de contestation et parfois d’esprit négatif - et donc se trompent mais au lieu de se dire qu’elles se sont trompées de lieu, qu’elles sont plutôt faites pour aller discourir sur un agora entre discoureurs, évidemment trouvent un bouc émissaire. Parmi elles, il y en a qui ne considèrent que la démocratie n’est réelle que quand leur voix est prise en compte y compris quand elle est minoritaire criant alors contre toute évidence à la manipulation, au diktat enfin des bêtises de cet acabit. Vous trouverez en fin d’article une analyse que j’ai trouvée surMarianne2via L’hérétique, que je salue ici, qui explique aussi très bien cette erreur de certains militants qui confondent la vie politique d’un pays et celle d’un parti, sans pour autant rendre service ni à la démocratie, ni à la liberté. J’ai lu cet article après avoir rédigé le mien, mais je l’ajoute volontiers car il est pertinent et aussi parce qu’il prouve, de fait, que je suis loin d’être le seul à raisonner ainsi.
- soit - et on l’a vu à de maintes reprises - ceux qui n’ont pas eu les places qu’ils pensaient mériter d’avoir (sans se poser la question du reste si d’autres ne la méritent pas plus qu’eux). Et dans ce cas ce sont des rugissements de lion blessé, de martyr sacrifié sur l’autel de l’intérêt néfaste du parti au détriment du héros crucifié.
On entend partout, d’abord de la part de certains de ces militants qui se disent d’une très grande majorité que personne ne veut plus de Bayrou. Or c’est un très gros mensonge. Non seulement au sein du MoDem, mais au sein des sympathisants du MoDem. Un récent sondage, entre les deux tours des régionales, donc après la grande claque, dit que 86 %, vous avez bien lu 86 % de ceux-ci font confiance à François Bayrou. Or la presse et ces militants néfastes font croire une toute autre vérité. A les entendre 90 % des militants quitteraient le parti et 95 % seraient contre Bayrou. En tout cas c’est l’impression qu’ils donnent. Ce sondage et la réalité des adhésions disent tout le contraire, mais vous savez bien que parfois le mensonge passe bien mieux que la vérité, surtout s’il surfe sur la déception, le besoin d’un bouc émissaire et le manque de remise en cause personnelle ou bien tout simplement la lâcheté, l’odeur de la soupe, le manque de conviction. Et ceux-ci, sans doute au nom de la minorité et du respect de cette démocratie dont il parle sans cesse sans se l’appliquer à eux-mêmes, réclament la tête de Bayrou reniant en plus leur engament de respecter les statuts.
Ce que je dis là, on en a eu un exemple ici sur Agoravox par un article d’un certain militant du MoDem qui n’a eu de cesse de démontrer tout au long de son article que le MoDem n’était qu’une écurie présidentielle où on n’écoutait personne et où il n’y avait aucune réflexion. Il a suffi que je lui démontre qu’il y a avait eu de nombreuses propositions pour que que celui-ci dise ensuite l’exact contraire de son article, raillant un parti qui faisait des textes au kilomètre. Avant donc ce parti était incapable d’émettre une seule idée, après le mettant en face de l‘aberration de ses déclarations sans preuves, il nous en fait un parti qui en a trop. Ceci prouve que ce militant comme certains détracteurs sont des rigolos qui calquent un discours à partir d’une vision totalement erronée d’un parti, qui au lieu de se remettre en question à cause de leur erreur, tapent comme des sourds en tordant la réalité à leur désir tout en s’autoglorifaint de leur fine intelligence, de leur puissant esprit démocrate (sauf qu’ils n’en respectent pas le vote majoritaire ni leur engagement). Mais le mal de ces ennemis de l’intérieur ou tout juste sortis de l’intérieur est considérable. Il donne un vernis de vérité puisque bien informé. Et même s’ils sont peu nombreux, Internet et la pesse qui les relient, en font des centaines de miles comme au cinéma on duplique à l’infini trois pelés et deux tondus pour en faire une armée conquérantes. Ce ma ressemble au supplice chinois de la goutte d’eau. Une à une, alors que prise isolément elles ne sont rien, elles creusent avec le temps la plus dure des roches. Je m’interrogeais là, déjà en juin 2009, du mal que finirait par faire toutes les attaques permanentes que recevaient sans réagir le MoDem et François Bayrou. On a le résulta devant les yeux.
Les régionales ne pouvaient absolument pas apporter des voix au MoDem. Alors qu’on reproche, certains reprochent, à Bayrou de ne pas faire de la politique autrement, on lui reproche en même temps de donner sa chance à des nouveaux en politique pour en renouveler le personnel. Il faudrait savoir. Le MoDem ne pouvait que se ramasser une claque quoi qu’ait pu faire Bayrou. En effet les conditions étaient très néfastes :
- EE était sur sa lancée, EE clairement identifiée comme écologiste avec un bonus majeur pour ce courant de pensée. Une chèvre avec l’étiquette EE faisait 12 %
- l’UMP avec son armada de députés a évidemment des relais magiques partout, et quand bien même Sarkozy pour le coup était un boulet, il n’empêche que chaque député a pu y aller de ses messages à ses électeurs, messages payés par la république
- le PS cumulait tous les avantages : vote utile (on l’a vu notamment dans sa compétition avec ER), à la tête des régions avec ce que cela comporte : bonus au sortant, bilan contre propositions, rejet national du sarkozysme et comme la presse et les deux grands partis poussent au bloc contre bloc un bloc bénéficie du désaveu de l’autre, triangulaires
- le MoDem n’avait aucun président de région sortant, aucun député pour servir de relai,
- il partait d’un score faible avec ses anciens co-listiers qui étaient associés à l’UMP grappillant des voix
- des attaques des adversaires et de militants
- l’abstention dont les études ont prouvé que le pourcentage de personnes favorables au MoDem est plus élevé chez ceux qui se sont abstenus, et par effet de levier inverse le coût en voix est disproportionné
- une presse qui n’a donné que peu la parole et quand elle l’a donnée l’a donnée à des adversaires objectifs comme Lepage, car cela fait de l’audience, qui, tout comme Nicolas About, a tapé sur Bayrou et le Modem avec vigueur et joie du mois de juin 2009 à mars 2010. Une presse qui a relayé à loisir les combats internes quand il y en avait dix fois plus à l’UMP et bien autant au PS ou à EE (ex la fille Bové, la Région méditerranéenne etc.) qui, eux n’ont pas eu droit à de tels échos laissant croire que seul le MoDem en souffrait, en plus les rendant totalement disproportionnés à la réalité.
Le dernier ennemi massif est la presse, bien sûr. Par le peu de place qu’elle donne au MoDem, par le grand pourcentage qu’elle donne dans cette place aux détracteurs de Bayrou ou avec toujours les mêmes questions empêchant de déployer les idées du MoDem se concentrant sur les querelles internes. Je ne vais en donner qu’un seul ici. Il s’agit de rue89. En juin 2008 un certain Martin écrit un article concernant la réunion de lancement de la campagne européenne du Mouvement démocrate. Alors que l’on dit que Bayrou est seul, la Maison de la Chimie est pleine à craquer de militants et d’élus. Alors pour ceux qui ne connaissent pas le bâtiment l’article fait foi.Dans son corps cet auteur, journaliste, déclare que la salle est pleine comme un œuf, qu’il y a même des personnes assisses dans les travées et cite un nombre : 500. Sans avoir le combat entre la police et les organisateurs, il suffit d’aller sur le site de la Maison de la Chimie (depuis les salles ont été rénovées avec une capacité moindre) et de lire, tout simplement lire, sans extrapoler, le nombre de places assises, salle du bas et balcon. Et là surprise on arrive à plus de 1 000 (aujourd’hui après réduction 857). En y ajoutant les travées et les personnes debout le chiffre dépasse allègrement les 1 200. Vous voyez bien la différence entre ces deux chiffres, le premier accréditant le peu de monde qui se déplace pour une réunion et de l’autre un chiffre objectif que nous donne le site lui-même qui ne peut tricher pour d’évidentes raisons de sécurité. On va donc retenir 500 au lieu de 1 200 et on entendra les fameux sarcasmes de cabine téléphonique.
Venons en au Chef, au Gourou, au leader : Bayrou. Quelle est sa part de responsabilité ?
On a beaucoup glosé sur lui. On lui a reproché son obsession présidentielle, son anti-sarkozysme primaire, le manque de démocratie interne et son altercation avec Cohn Bendit.
Pour ce dernier point, les sondages sorties d’urne prouve que l’effet a été très négligeable, mais que voilà un beau et bon angle d’attaque. Il a pété les plombs ! Et Lepage d’en rajouter une couche.
Pour moi, les erreurs de Bayrou, erreurs majeures, ne sont ni structurelles, ni fondamentales, ni politiques, ni idéologiques, ni analytiques, mais de l’ordre d’un côté de la communication et de l’autre d’une volonté néfaste d’un rassemblement impossible d’avec ceux qui crachent dans la soupe.
La plus grosse erreur est celle de ne pas avoir tenu compte d’un fait incontournable : la presse ne l’aime pas. Cela est dû en partie à ses attaques violentes pendant la campagne de 2007, ses quelques remises en place de journalistes, la critique sous-jacente de leur supposée dépendance au pouvoir. Il y a aussi des causes inhérentes aux journalistes qui doivent croûter comme tout le monde. Il y a aussi que chez les journalistes les deux camps UMP et PS sont majoritaires (eh oui leur intégrité intellectuelle n’est pas à mes yeux prouvée). Il y a aussi ce défaut invraisemblable de l’esprit moutonnier associé à une grande paresse qui leur fait prendre la théorie ambiante pour une vérité biblique ainsi que l’orgueil qui leur fait croire que la théorie qui sort toute chaude de leur cerveau est la bonne. De là ils tordent les événements pour que ceux-ci cadrent avec leurs élucubrations. Exemple : Bayrou est seul. Bayrou on le quitte, peu importe que d’autres arrivent, peu importe qu’avec 30 000 adhérents et des milliers d’élus le terme de seul est ridicule. Ce fut aussi le cas d’avoir fait croire que le MoDem penchait à gauche.
Bayrou n’a pas à ma connaissance pris en compte cette variable. Cela a eu des effets désastreux : incapacité de faire passer le discours, démonstration par le discours que les dires des journalistes étaient vrais. En effet il est resté enfermé sans avoir d’arguments percutants ni relativistes pour démonter les légendes, ni n’a pu renverser les discours. Il a été, par exemple empêtré, dans des interviews où les journalistes n’essayaient que de faire ressortir un anti-sarkozysme primaire.
Il a également traité par le mépris toutes les accusations de problèmes au sein du MdDem, les sondages qui par le score encore plus bas des votes a été un solide retour de bâton. En d’autres mots quand bien même il y avait un discours profond et cohérent, c’est la presse qui l’a mené par le bout de son nez, de telle sorte que la légende négative l’a emporté. Prenons l’exemple des néfastes, ex MoDem ou militants aboyeurs, ou démissionnaires. Ils existent. Traiter cette information par soit le dédain, soit en déclarant qu’ils sont peu nombreux sans aller plus loin, n’est en rien satifaisant et ne désarme en rien les broncas. En revanche les coups portés, eux, font de l’effet. La réalité est qu’efectivement ils sont peu nombreux, mais une bombe on la désamorce et cela prend du temps, nécessite des précautions. On ne la désamorce pas en disant qu’il n’y en a que deux ou trois disséminées sur tout le territoire. Et les bombes qui explosent si statistiquement elles font peu de morts, dans l’opinion les effets, eux, sont considérables. Ces bombes-là ont fait beaucoup de mal.
L’autre erreur magistrale qui a fait un mal considérable c’est d’avoir voulu une espèce de rassemblement permanent par une charité chrétienne mal ordonnée qui fait tendre la joue et les deux fesses à ceux qui vous mettent des claques. Il y a eu quelques néfastes, peu nombreux : Mercier dans le Rhône, les inconnus du public Bourlanges et Arthuis, Cavada (disparu) et Lepage par exemple. Et dans les départements peut-être une petite centaine de néfastes divers et variés. Des exemples ? des adhérents Cap21 qui tout en étant MoDem dans diverses élections avec l’appui de Corinne Lepage sont allés sur d’autres listes (et pas seulement aux régionales, aux municipales aussi), des déclarations assassines dans la presse. Alors à part des coups de sang ici ou là, et parce que certains ravis (dans le sens provençal) disaient que toute sanction était une preuve de grand sectarisme (ah bon a car vomir sur son parti à l’extérieur mérite peut-être une médaille, drôle de façon de concevoir le respect des autres et des règles) c’est tout juste si on ne les remercier pas de nous faire du mal. Il en est résulté des attaques auxquelles on n’a pas répondu. On a laissé faire quitte à démotiver ceux qui se battent, mais surtout quitte à les laisser s’épancher dans la presse se targuant du titre de MoDem et crachant à longueur de blogs leur venin. L’exemple typique a été Corinne Lepage. Depuis 3 jours avant les élections européennes Lepage a attaqué avec une virulence sans nom le MoDm et Bayrou son leader pourtant élu et qui a la confiance de la majorité (voir plus haut). Ensuite malgré le congrès d’Arras qui a décidé de listes indépendantes, elle, minoritaire, a continué à demander des listes d’union avec EE. Elle a placé ses adhérents sur des listes EE. Le résultat a été catastrophique. Si une vice-présidente se permet, sans sanction, de faire autant de mal c’est donc que c’est vrai, que le chef est contesté, majoritairement. De plus elle prenait du temps de parole au MoDem. C’est le double effet kiss kool. Une sanction justifiée dès septembre aurait changé bien des choses. Certes elle aurait pu dégoiser, mais elle n’aurait pas pu apporter son soutien à EE en tant que vice présidente du MoDem. Et de toutes façons elle n’a eu de cesse de critiquer. Donc une sanction légitime n’aurait été que juste et efficace. On a donc tendu les joues, les fesses , les reins, les omoplates à ceux qui n’ont eu de cesse de taper sur nous. Et pour quel profit ? Cela ne les a ni calmé, ni donné de la modération à leur virulence. Non seulement on a laissé ceux-ci tailler des croupières mains on n’a que rarement, et brièvement, et maladroitement, répondu aux attaques. Un revers de la main, un mot : ils ne représentent rien, mais aucun développement, aucune preuve. Et voyez, juste un mot de Bayrou : c’est déloyal, contre des tonnes et des tonnes de mots de Lepage et c’est tout juste si Bayrou, si modéré, n’est pas lynché et Lepage glorifiée ! J’en suis encore baba : une dame, vice-présidente d"un parti, cinq jours avant la fin de la campagne va soutenir, oui va soutenir, une liste adversaire et elle est encensée et Bayrou reçoit des coups ! Franchement je n’aimerais vraiment pas être un soutien de Lepage. Je n’oserais plus jamais faire de remarques aux enfants sur la justesse d’un combat, sur la justice, sur l’honneur, sur le respect de sa parole, sur l’intégrité et l’honnêteté intellectuelle. Soutien de Lepage qui ut un véritable fiasco ce qui ajoute au déshonneur de son geste la sanction des urnes et devrait lui rabattre le caquet quand à la stratégie électorale du parti, elle qui n’a jamais réussi à être élue sauf grâce à ce parti qu’elle a agoni d’injures.
Enfin une erreur, cette fois-ci politique, a été aux municipales, non l’idée en elle-même des associations variables selon le contexte, mais de sa mise en application catastrophique et l’impréparation et l’incapacité à expliquer et expliquer encore (j’avais en son temps trouver une métaphore qui a convaincu tous ceux autour de moi car elle était imagée, simple et terriblement convaincante). Et cela a brouillé considérablement l’image à partir pourtant d’une idée, claire et juste. Simple aussi. Alors que la presse se repaissait de la pseudo confusion, répétant à l’envi que c’était flou et complexe, sans aucun contradicteur crédible qui aurait pu leur mettre le nez dans leur imbécilité latente ou leur mauvaise foi démontrant que s’ils ne comprenaient pas quelque chose d’aussi simple c’es qu’ils étaient limités ou alors qu’ils faisaient volontairement le jeu des adversaires politiques du MoDem. Cela avec des réunions avec la gauche sans qu’il y ait non plus d’effort de communication (toujours en sachant que ce message serait difficile à faire passer à cause du rapport très difficile avec la presse) du respect du cap tenu depuis 2002 : au centre avec une main tendue aussi bien à une gauche dépoussiérée qu’avec une droite républicaine. Rien dans les textes ne disait autre chose, mais des actes ont tout brouillé sans discours complémentaire, ou de simples bribes beaucoup trop légères et trop peu nombreuses.
En résumé les trois erreurs majeures de Bayrou ont été :
- ne pas avoir abordé la presse sous le bon angle et donc avoir eu le risque incontournable de ne laisser paraître qu’une image voulue par celle-ci
- avoir laissé des ennemis de l’intérieur prospérer, insulter joyeusement, et même diffamer car parler de secte c’est de la diffamation et cela mérite des procès car c’est très grave, car laisser entendre qu’il y a une sorte de dictature est aussi diffamatoire pour le leader que pour les militants qui sont alors complices de leur propre esclavage, le tout étant terriblement insultant,
- avoir mis en pratique une idée intéressante aux municipales de très mauvaise façon sans avoir su l’expliquer.
On peut reprocher les têtes de listes aux Régionales, mais on ne peut vouloir du renouvellement et ne pas changer les têtes. Il y avait un risque, dans les circonstances de ces élections c’était condamné d’avance.
La conclusion, quel que soit le chemin pris, est simple : ça val mal pour le MoDem. Dans une seconde partie, les remèdes si tant est qu’il y en ait et si tant est que ces remèdes ne soient pas cautère sur jambe de bois.
Vignette Wikipédia, François Bayrou
J’ai relevé, lors d’un échange sur un blogue, un commentaire d’un citoyennon-engagé qui vaut le détour. Pour éviter qu’il soit perdu et/ou ignoré, je le publie in extenso ici (cool, pas besoin de me creuser la tête pour mon billet du jour !). Cela ne va pas plaire à tout le monde, évidemment, mais moi, ça m’a bien fait rigoler au moins pour le début, et pour le reste, l’analyse tient la route...
Le problème majeur du « militant » de base (surtout quand il n’a pas 10 ans de militantisme derrière lui) est qu’il possède assez rarement le sens de la stratégie politique globale (De Gaulle en parlait très bien) et qu’il pense « étroit », en clair uniquement à son parti… il oublie un détail important, le leader ne parle pas au militant mais aux citoyens (d’un ségment bien plus large et d’un état d’esprit tout autre)
Le militant est souvent incapable de saisir le corps électoral dans sa globalité, les forces qui le traversent et le lien irrationnel mais profond qui motive ses choix politiques.
Le Militant milite, colle, organise, transmet, passe, téléphone, rend compte, essaye de se faire bien voir, propose des trucs et j’en passe mais il a le nez collé au guidon.
Exactement ce que le leader politique ne doit pas faire ni chercher à comprendre tant son rôle n’est pas de parler à ses militants mais aux « citoyens » (tout les citoyens) ou au pays si l’on préfère. Dans un restaurant le chef pense d’abord à ses clients pas d’abord à ses cuisiniers pour faire la carte.
Le Militant est indispensable, utile et précieux, il doit certes rester motivé quoiqu’il arrive tels les fidèles aides de camps ou les escortes dans un bataillon d’infanterie mais il ne peut y avoir qu’un seul général et il est pour le moins inutile et malvenu que tout le monde se mette à penser à sa place voir à caqueter pendant la bataille.. la grande bataille.
Or la grande (et unique) bataille pour FB ne peut être que la présidentielle et pour une raison simple : en France pour des raisons claires et voulues par l’architecte de la 5eme république, le Général de Gaulle lui même (qui détestait les partis – je le comprend) les élections intermédiaires n’ont aucun impact sur le destin du pays.
Pourquoi le Modem se plante il ? cela n’a rien a voir avec sa stratégie, ni F Bayrou ou le rôle des militants mais parce qu’il n’est pas encore enraciné dans le pays et pour cause….
Pour qu’il le soit il faudra d’abord que FB soit élu Président (à la seconde même les hordes d’élus godillots l’ayant déserté ou jamais rejoint se précipiteront pour demander à arborer ses couleurs lors des législatives, c’est un classique).
Pourquoi ? En France les députés établis et de notoriété sont souvent des professionnels (il payent leur facture avec la politique) pas question qu’ils prennent le risque de perdre la prochaine… voila pourquoi autant de beau monde qui pense comme FB, le dit en apparté (lui dit même) ne le rejoindra qu’après une victoire.
C’est ingrat mais c’est le système le refuser c’est nier la structure actuel de notre pays, c’est nier la réalité et c’est inutile de se la raconter idéaliste ou je ne sais quoi car cela n’y changera rien.
Bref le militant milite et fait remonter des informations mais tout les militants ne peuvent être assurés d’être entendus, compris ou même simplement suivi par le chef… c’est comme cela dans toutes les organisations du monde..
Pour avoir observé avec amusement et parfois stupéfaction les réactions des « militants » du Modem sur le net tout au long de ces 3 dernières années (mais on retrouve le même comportement et les mêmes symptômes autour de Ségolène Royal et d’Europe Ecologie pour les mêmes raisons), Beaucoup de militants étaient des « bleus » voir des « fans » recrutés dans la ferveur de la campagne 2007 et n’ayant aucune expérience de la politique et des appareils.
Le syndrome est le même, les fans d’un jour se retournent et deviennent des tireurs à vue plein de morgue et de frustration pour une raison simple… ils ne savaient pas que être militant c’est cela, surtout dans une structure sans un nombreux personnel intermédiaire d’autorité. (au PS ou à l’UMP on monte trois niveaux et on tombe sur un notable connu dans sa région tout en étant encore à 3 ou 4 niveaux du leader, cela permet de contenir et de calmer les ardeurs).
Au Modem c’est comme si dans une armée le soldat de base ou le caporal étaient à 3 ou 4 niveaux du général 5 étoiles ce serait intenable… tout le monde irait de son avis et de ses « idées » absolument inutiles a 99,99% du temps… (si chaque soldat donnait ses idées l’armée n’irait nulle part).
Bref les jeunes structures politiques surtout quand celles ci se retrouvent comme le Modem avec autant de monde en aussi peu de temps sont dépassées (cela ne risque pas d’arriver à Debout la république ou ils sont 5000 max) et avec le vecteur internet qui n’est qu’un amplificateur de « bar du coin » tout devient n’importe quoi… les frustrés (légitimes ou non) se retrouvent, se coagulent, se montent la tête, se donnent des airs bref c’est du n’importe quoi et c’est surtout à 10 000 lieux de permettre une nécessaire discipline dans un parti comme dans tout autre type de structures. Surtout quand on vise la présidentielle, au moment de la bataille il ne faudra que des « commandos » qui ne se posent pas de questions stratégiques (hormis le premier cercle logique mais réduit des conseillers) mais des têtes brûlées qui foncent dans le tas…. c’est pourquoi à chaque départ du Modem je me dit que c’est une bonne nouvelle, « encore un qui n’avait pas l’étoffe ».
Avec Internet les jeunes militants brûlent souvent ce que l’on a adoré dans la ferveur de la campagne, C’est comme ces fans des « chanteurs » de la starac qui se ruent par milliers en quelques jours dans les forums de fans au début du jeu télévisé et qui se retournent violemment contre leur « idôle » si celle ci ne devient pas une star tout de suite après la fin de l’émission et ne consacre pas d’ heures à répondre à toutes leur doléances sur le site… pour avoir étudié ce drôle de phénomène je peux dire que ce qui se passe au Modem (et ailleurs) est du même tonneau. Des réactions immatures de fans déçus. Heureusement que tout le monde ne réagit pas ainsi et que certains acceptent les règles du jeu frustrantes de la politique de terrain motivés par la seule force de leur convictions profondes qui permettent l’abnégation. je ne parle évidemment pas des trahisons d’élus pour « rejoindre une place au chaud et toucher le salaire » c’est une autre histoire… ils ont une maison à payer, une femme et des enfants, des frais de dentistes comme tout le monde… voir une piscine à faire nettoyer. On ne peut leur en vouloir même si on aimerait bien que les politiques ne soient pas comme cela.
Un mot sur FB. Il a bien des défauts.
à commencer par une « grosse tête de mule », un entêtement insupportable et une haute opinion de sa démarche frisant la mégalomanie mais ce sont des conditions « in-dis-pen-sables » en politique (vous devriez plus souvent lire les portraits d’hommes politiques d’envergures). Il parle trop longtemps en tribune, s’arrête en plein discours au moindre bruit (ce qui casse le rythme), emploie trop souvent le « je » et pas assez le « les français ») et en littéraire accorde trop peu d’importance au « concept rapide’ (un concept rapide c’est « travailler plus pour gagner plus » par exemple) c’est pourquoi malgré le programme du Modem les médias et les citoyens pensaient qu’il n’avait pas de programme, plus personne ne prend le temps de lire… le programme de sarko était pour des millions de gens « travaillez plus pour gagner plus ».
Mais il a des qualités rares, voire en cette période de médiocrité politique quasiment uniques…
1) sa stratégie est la bonne c’est pour moi une certitude.
- 71% des français ne croient plus ni au PS ni en l’UMP

63% sont en rupture à la lueur de la dernière régionales (50% d’abstentions + 3% de bulletins blancs + 10% de vote FN en moyenne nationale)

Bayrou sera lors du 1er tour 2012 le seul candidat de rupture avec Marine Le Pen. Or Marine Le Pen ne peut gagner au second tour.. il ne faut pas prendre les citoyens qui se taisent et en ont marre « que » pour des abrutis… Bayrou sera le vote logique de l’explosion.
2) Le modem n’a rien à voir avec le lien qu’il a tissé avec un socle de citoyens profond (non encartés pour la plupart) comme le prouve son niveau dans les sondages quasiment inchangé depuis 3 ans (entre 10% et 14% d’intentions de vote au premier tour quand le modem pèse entre 4,7 et 8%) cela malgré les multiples trahisons des « mangeurs de soupe » comme des « ex fans frustrés ou des militants découragés par la traversé du désert (dont les vôtres mais celles ci ne sont pas les plus importantes sauf votre respect), malgré le canardages non stop des deux « grosses baraques à planqués » que sont le PS et l’UMP, et des médias goguenards car si attaché au clivage gauche droite (car ils en croquent et les journalistes ne peuvent trahir leur chef qui lui même est à la solde des actionnaires généralement en cheville avec le PS ou l’UMP).
malgré tout cela et malgré vous Bayrou est toujours debout et en piste, ce que fait Béarnais est tout simplement énorme.
Surtout il arrivera sur la ligne de départ de la campagne 2012 avec une image de « snipper », de « non vendu », de têtu, de politique qui croit vraiment en ses valeurs et qui aura traversé tout les déserts par fidélité en son idée de la France, de celui qui a dit NON au PS et a l’UMP……et cela n’aura pas de prix en 2012.
Sans parler que son positionnement sera un « attrape citoyen en rupture » idéal, Bayrou a réussi l’impossible il est devenu « poreux » aussi bien auprès des citoyens (pas des militants ce ne sont pas eux qui font l’élection et pour cause ils sont 30 000 quand il y a 25 millions d’électeurs) de centre gauche que de centre droit. Un exploit pour un ex UDF.
Dernier point Europe Ecologie est un leurre, aucun présidentiable, un parti déjà fracturé en deux (aile verte issue de la gauche tradi, aile libérale pro Dany). Duflot ne pèse que 5% dans les intentions de vote 2012 (elle fera 8% max) bref elle finira dissoute dans une union PS pour éviter l’humiliation.
Et Dany qui est tout sauf un c… sur le plan tactique va tenter de se vendre cher au PS (surtout aux strauss Kahniens bref à Aubry).
Voilà toutes ces petites choses auxquels ne pensent pas toujours les militants, la stratégie globale. Qui n’a que peu à voir avec la cuisine locale, la place de Durand sur la liste truc la brillante idée de Dupont ou le collage des affiches.
Celle de Bayrou est limpide (autant que perfide et risquée mais elle est brillante) je l’étudie depuis au moins 2002, même si elle s’est affinée depuis 2005 ou 2006. Il connait bien le pays profond c’est son atout, il sait que le virage libéral trop clinquant pris par l’UMP à partir de 2002 depuis la prise de pouvoir de Sarkozy au sein du parti était incompatible avec le fond du pays (conservateur – catho modéré), il sait que la France est une vieille fille qui n’aime pas les parvenus et les jeunes loups qui s’affichent, il sait que c’est un pays des mots et de la terre, il sait que le PS est en bout de course et fracturé depuis le référendum sur la constitution Européenne, il sait beaucoup plus de choses que bien des observateurs parisiens…
mieux que cela… il le sent. Et c’est le meilleur type de leader, il gouverne avec sa relation « tripale » au fond du pays… c’est ce qui sera payant.
c’est aussi pour cela qu’il est tant canardé et qu’il fait aussi peur à Sarkoland (« je préfère affronter Royal que bayrou au second tour » avait confié NS quelques semaines avant 2007, logique il aurait été carbonisé).
Mais nous verrons bien en 2012, tiens je prends rendez vous pour mi mars si le béarnais n’est pas à 16% à ce moment là alors je me serais planté… mais n’oubliez pas qu’il est le seul a avoir deux fois déjoué les pronostics…
en 2002 il commençait sa campagne a 2% pour finir a 6%
en 2007 il commençait sa campagne a 7% pour finir a 18%
cette fois il commencera à entre 10% et 14%