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Accueil du site > Tribune Libre > Modernisme et colonialisme : Pourquoi un même discours culpabilisateur (...)

Modernisme et colonialisme : Pourquoi un même discours culpabilisateur ?

La polémique sur les émissions de CO2 dont nous serions nous, pays industrialisés, responsables, ressemble furieusement au discours sur la colonialisation qui n’aurait constitué, au yeux de certains, qu’un pillage systématique des ressources naturelles des pays colonisés sans aucune contrepartie de la part des colonisateurs. Oubliés donc les créations d’infrastructures routières portuaires et aéroportuaires ainsi que celle des écoles, lycées et Universités ou encore celles des dispensaires et hôpitaux et oubliée la mise en place des politiques d’aménagement du territoire, d’éducation et de santé publique qui allaient avec. Je ne reviendrai pas sur le manichéisme de ce discours pour lequel le Discours de Dakar de notre Président que je vous rappelais dans mon message du 10 janvier 2010 avait le mérite de rétablir une vérité plus proche de la réalité du terrain

En ce qui concerne les émissions de CO2 dans l’atmosphère, même discours accusateurs. Nous serions, nous pays industrialisés, dans le cadre de notre développement technique et économique, les grands responsables de l’accroissement de la teneur en CO2 de l’atmosphère qui se traduit par le réchauffement climatique auquel nous sommes confrontés.

Une contrevérité à corriger tout d’abord. D’après le rapport de 2009 du Fond des Nations Unis pour la Population, UNFPA, dont je vous parlais dans un message du 28 décembre, 40 à 60 pct de l’accroissement de la teneur en CO2 de l’atmosphère proviendrait de l’accroissement de population sur la planète depuis le 19ème siècle. Or que je sache les pays industrialisés, tout en y participant, en particulier par l’augmentation de l’espérance de vie, n’ont eu qu’une part limitée dans l’accroissement de la population mondiale qui s’est effectué majoritairement dans les pays à bas niveau de vie.

On nous "reproche" donc le développement technique des 18, 19 et 20ème siècles. Jetés aux orties la machine à vapeur, le développement du chemin de fer, celui du moteur à combustion qui a conduit à la révolution automobile. Oubliés les inventeurs de l’électricité, des télécommunications, de la pénicilline, des vaccins, des antibiotiques. Détestables les inventions de l’aviation et du réacteur, des centrales nucléaires, des matières plastiques et des textiles modernes. Foin de l’agriculture moderne même si elle a permis de supprimer les famines et de nourrir la population du globe. Ne nous parlez pas non plus de l’aventure spatiale et du développement de l’informatique qui est en train de changer notre vie.

Nous n’aurions pas dû puisque toute cette intense activité intellectuelle, ce dynamisme entrepreneurial, ce gigantesque pas en avant de la médecine et de la chirurgie qui a permis de doubler notre espérance de vie, cet essor de la culture et du savoir, n’ont réussi qu’à augmenter la teneur en CO2 de l’atmosphère et à déclencher un réchauffement climatique dont nous n’avions pas la moindre idée au moment de ces développements techniques et économiques.

Taisez vous donc pays industrialisés, vous avez épuisé votre "quota" d’émissions de CO2. A nous désormais d’en faire autant. En faisant quoi ? En jouissant tout d’abord de tout ce que vous avez inventé et développé qui constitue curieusement le modèle de ce que souhaitent nos populations, le logement, l’automobile, le confort, les matériels électroniques, la santé, l’accès à la nourriture. En vous remplaçant pour les fabriquer et pour les plus développés d’entre nous, les pays émergents, en prenant le relai de votre esprit inventif pour inventer le monde du futur.

Pour tous cela il va falloir beaucoup d’argent. Qu’à cela ne tienne, vous qui avez "pollué" notre atmosphère, c’est à vous désormais de financer notre développement pour que nous fassions....les mêmes erreurs, mais en le sachant cette fois.

J’exagère un peu, mais à peine. C’est la logique curieuse qui sous tend cette philosophie du couple culpabilité/ réparation. Pour certains des supporters de cette logique je comprends, il y a de l’argent à gagner, pour votre peuple ou parfois à titre personnel, il y a un adversaire mou qui ne se défend pas et est prêt à accepter vos demandes d’aide ou de subvention. Allons-y . Pour d’autres qui bénéficient du confort et du niveau de développement qu’ils doivent à ces ancêtres créatifs et aventureux, c’est moins compréhensible. Un mélange d’idéalisme, d’opportunisme parfois personnel et d’angélisme peut-être.

Enfin pour nos hommes politiques, il ne serait pas mal venu de défendre un peu l’acquis de notre civilisation. 


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14 réactions à cet article    


  • Karl-Groucho 15 janvier 2010 13:48

    Et vlan ! Un de plus

    Colonialiste, passéiste, d’extrême droite, délicatement raciste...
    Bref, antirépublicain et antidémocratique.

    Liberté ? Égalité ? Fraternité ?

    Beuarque. Lamentable.


    • sobriquet 15 janvier 2010 13:52

      Ah bon, l’agriculture moderne a permis de supprimer les famines ? Quelles sont vos sources ?


      • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 15 janvier 2010 14:38

        Pas d’accord avec l’auteur. Le bilan du colonialisme est très destructeur. Pas seulement pour les pays envahis avec la canonnière, mais aussi pour les populations des puissances coloniales.

        La première guerre mondiale fut le résultat des rivalités de plus en plus exacerbées entre les puissances européennes pour le contrôle de la planète. C’est ainsi que l’Europe s’est ruinée et autodétruite.

        Déjà le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 fut une défense du colonialisme au nom de l’exportation de capitaux (sic !) et du contrôle militaire de zones stratégiques. Les bases de la guerre de 1914-18 étaient ainsi posées par la génération des « revanchards » de 1870.

        Pour le texte intégral du discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885, voir cet article d’un membre de notre collectif :

        Le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 (I)

        Ou encore :

        Jules Ferry, “républicains opportunistes”, colonialisme (I)
        Jules Ferry, “républicains opportunistes”, colonialisme (II)
        Jules Ferry, “républicains opportunistes”, colonialisme (III)
        Jules Ferry, “républicains opportunistes”, colonialisme (IV)

        Le collectif Indépendance des Chercheurs


        • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 15 janvier 2010 15:05

          En réalité, on constate une incroyable continuité entre la période coloniale depuis le XIX siècle et les délocalisations des décennies récentes.

          On pourrait ajouter au tableau les délocalisations britanniques et françaises du XIX siècle vers l’Allemagne et les Etats-Unis qui ont donné lieu à l’émergence de ces deux puissances, comme à présent « nos » délocalisations (y compris scientifiques et technologiques) ont accéléré de manière décisive la montée de la Chine et d’autres pays « émergents ».

          Pour les pays de l’Europe occidentale, le bilan global est désastreux.

          Malheureusement, la science européenne a été trop dépendante des lobbies financiers et politiques, et a même joué le jeu du lobby colonial.

          Voir, du même auteur cité dans le commentaire précédent :

          Le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 (II)
          Le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 (III)
          Paul Broca, les femmes et les “sauvages” (I)
          Paul Broca, les femmes et les “sauvages” (II)
          Paul Broca, les femmes et les “sauvages” (III)

          ou, sur notre propre blog :

          La Chine et la débâcle de la « division internationale du travail »
          Jules Ferry, CNRS, universités et colonialisme (I)
          Jules Ferry, CNRS, universités et colonialisme (II)
          Jules Ferry, CNRS, universités et colonialisme (III)
          Jules Ferry, CNRS, universités et colonialisme (IV)
          Jules Ferry, CNRS, universités et colonialisme (V)


        • balthasar1er 15 janvier 2010 14:42

          « qu’un pillage systématique des ressources naturelles des pays colonisés sans aucune contrepartie de la part des colonisateurs. »

          Vous parlez de la gégène et du napalm ?


          • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 15 janvier 2010 15:39

            Le baratin des « républicains opportunistes » des années 1880 sur les « droits et devoirs des races supérieures » a été dénoncé par plusieurs sites. Par exemple, cette phrase de Jules Ferry :

            (Source : Le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 (I) )

            M. Jules Ferry - Si l’honorable M. Maigne a raison, si la déclaration des droits de l’homme a été écrite pour les noirs de l’Afrique équatoriale, alors de quel droit allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? Ils ne vous appellent pas… (Interruptions à l’extrême gauche et à droite - Très bien ! très bien ! sur divers bancs à gauche.)

            (fin de citation)

            Mais on parle moins de ces autres extraits du discours de Jules Ferry (même source) :

            M. Jules Ferry - (...) Les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux. L’illustre Stuart-Mill a consacré un chapitre de son ouvrage à faire cette démonstration, et il le résume ainsi : « Pour les pays vieux et riches, la colonisation est une des meilleures affaires auxquelles ils puissent se livrer. »

            M. Brialou - Pour les capitalistes !

            M. Jules Ferry - Eh oui ! pour les capitalistes. Est-ce qu’il vous est indifférent, monsieur Brialou, que la somme des capitaux s’accroisse dans ce pays par des placements intelligents ? Est-ce que ce n’est pas l’intérêt du travail que le capital soit abondant dans ce pays ? (Interruptions.) Vous savez bien que la France, qui regorge de capitaux… (Non ! non ! à droite ! - Oui ! oui ! au centre et à gauche), oui, qui a toujours regorgé de capitaux depuis quarante ans. (Nouvelles interruptions à droite…)

            (...)

            Je dis que la France, qui a toujours regorgé de capitaux et en a exporté des quantités considérables à l’étranger, - c’est par milliards, en effet, qu’on peut compter les exportations de capitaux faites par ce grand pays, - qui est si riche ; je dis que la France a intérêt à considérer ce côté de la question coloniale.

            (fin de citation)


             


          • balthasar1er 15 janvier 2010 14:44

            Encore un faussaire qui tente de justifier les nombreux crimes du colonialisme par quelques broutilles,rien de nouveau dans le pays de Marianne !


            • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 15 janvier 2010 16:16

              Il semble que l’auteur se trompe de cible. Ce ne sont pas les pays en voie de développement qui veulent imposer les règlementations contre le CO2, se sont, au contraire, ceux qui, perchés sur nos richesses occidentales, veulent imposer leurs vues :

              Plus de subventions, plus d’accueil et de prises en charges des plus pauvres de la terre, mais, hors de question de les laisser se développer et s’enrichir !

              Oui aux aides aux pays d’Afrique, même si à cause de celles-ci, des pouvoir despotiques se maintiennent au pouvoir, mais non au délocalisation, non aux marchandises fabriquées à moindre coût dans des pays en développement.

              Les pauvres n’ont de valeur que s’ils restent pauvres et permettent à nos « biens pensants » d’avoir bonne conscience et de se regarder le nombril en disant « comme je suis bon et généreux ».

              Pour eux, le monde se divisent en trois : Eux (les bons), les pauvres (leur faire valoir, incapable de décider eux-même) et les salauds (les autres, les véritables créateurs de richesses).

              Comme le fait remarquer « Indépendance des chercheurs », c’est un « Bon », Jules Ferry, qui fut un ardent défenseur des colonies, quand un « Salaud », Frédéric Bastiat, prônait l’indépendance.

              Maintenant, affirmer que la colonisation a été un mal absolu ou son contraire est aussi vain : Comme toute entreprise humaine, elle a eu ses bons et ses mauvais cotés.

              Il est d’ailleurs intéressant de constater que les pays parmi les plus pauvres, n’ont pas été colonisés comme l’ Afghanistan ou Haïti.

              En revanche, si les USA sont devenus une des nations les plus riches, c’est clairement au détriment des populations autochtones.


              • balthasar1er 15 janvier 2010 17:24

                « Rabattre l’orgueil dément de l’Europe qui prétend faire la loi au Monde ». François Maspero


                • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 15 janvier 2010 18:04

                  D’un point de vue historique, l’Europe n’a pas le monopole de l’orgueil.

                  Perses, Grecs, Romains, Huns, Goths, Hans, Arabes, Incas, Mongols, Aztèques, Ottomans, Moghols ... Tous, à un moment ou à un autre de l’histoire de l’Humanité, ont cherché à imposer leur pouvoir.

                  Si l’Occident a eu beaucoup de pouvoir au XIXème siècle, celui-ci s’est bien atténué au cours du XXème.

                  Le village mondial ayant rétrécit grâce aux techniques de communication, les pouvoirs sont beaucoup plus dilués que ce que ne pensent les paranoïaques du complot mondial. Cela ne veut pas dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais que les pouvoirs et contre-pouvoirs varient de plus en plus vite.


                  • voxagora voxagora 15 janvier 2010 18:17


                     @ l’auteur :
                    Les fatigués du cerveau répartissent les choses et le monde en DEUX :
                    bon/méchant, beau/laid, grand/petit, nous/les autres etc..
                    Les nuances ils ne veulent pas les connaitre, réfléchir ça fatigue,
                    et sortir du binaire 0 OU 1 ça déstabilise.
                    Les S.S. répartissaient vite fait les files qui se présentaient à eux :
                    « toi, à gauche ! » ’toi, à droite !" 
                    Ils ne connaissaient que le DEUX : nous tout bon / l’autre tout mauvais.


                    • voxagora voxagora 15 janvier 2010 20:02

                       A la relecture ma réaction parait ambigüe.
                      Ce que j’ai voulu exprimer, c’est que répartir le monde en bons/méchants
                      soit par paresse intellectuelle soit pulsionnellement
                      peut aller jusqu’à l’horreur nazie qui élimine toute nuance


                    • Olorin 16 janvier 2010 01:29

                      « Enfin pour nos hommes politiques, il ne serait pas mal venu de défendre un peu l’acquis de notre civilisation. »
                      Si je comprens bien, il faut civiliser tous ces sauvages...
                      C’était pas la peine d’écrire des articles pour défendre les intérêts qui sont les votres, le texte de votre fiche nous avait quasiment tout dit Môssieu Herr General Direktor :
                      "Une vaste expérience de l’entreprise et des hommes acquise en Europe et en Afrique dans des fonctions techniques et commerciales puis comme DRH et finalement directeur général,essaye d’observer le monde avec un regard différent et de réagir à l’actualité politique et sociétale en proposant des idées originales pour aider à maîtriser les défis qui nous attendent.« 
                      Ce que vous appelez »expérience des hommes« , c’est les exploiter pour en récupérer le maximum de pognon pour vos actionnaires ? Et quand vous dites »maîtriser les défis qui nous attendent« , ne voulez vous pas plutôt dire »maîtriser vos esclaves« (Vos Ressources Humaines comme vous dites. Vous étiez esclavagiste ou DRH, Dirigeant des Réserves d’Humains).
                      Môssieu »çadérange", en attendant qu’un tribunal populaire vous juge pour tous vos crimes commis en Europe et en Afrique, militez pour la suppression de la peine de mort sur l’ensemble de la planète et de l’emprisonnement, ça se déroulera mieux, vous verrez...
                       smiley


                      • ZEN ZEN 16 janvier 2010 12:33

                        Comment s’appelle notre auteur déjà ?
                        Ah oui ! Candide...

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