Modeste réflexions sur le Système
Voici un texte que j’avais écrit il y a quelques années et qui était une ébauche visant à expliquer ce que je nommais le système. Il est resté à l’état d’ébauche, mais je lui trouve une certaine acuité en cette période.
Je trouve particulièrement pertinente cette phrase : Le Système sera parfait quand, d’avilissement en avilissement, il aura réussi à détruire l’intelligence humaine et à la réduire à n’être qu’une analyse du Système. Elle explique, à mon sens, mieux que tout pourquoi on traite les esprits critiques de « complotistes ». SI on se contente d’analyser le système et d’en relever les failles, même au prix d’une auto-critique sincère (ce que font beaucoup d’esprits intelligents devant les médias), cela signifie néanmoins qu’on n’est plus capable de réfléchir en-dehors du système qu’il devient lui-même la cause nécessaire et suffisante de la justification de son existence. C’est à la fois un raisonnement circulaire et une prophétie auto-réalisatrice de la fin de l’histoire. Ou pour parler comme Maître Pangloss : rien d’autre n’étant possible, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
C'est une ébauche, un travail en cours. Merci de le prendre comme tel.
Les humains ne sont plus utiles. Ils ne sont que des reliquats mal digérés de la machine à broyer. Des éléments superfétatoires d’un Système qui n’a besoin d’eux qu’au compte-goutte et qui les instille avec parcimonie dans les rouages de lui-même pour autant qu'ils soient recyclables par une parfaite soumission au Système.
- Le Système est cette forme spectaculaire du capital devenue technologie autonome.
- Ce Système étant devenu autonome, il n’est plus à la disposition de l’Homme mais le crée. Il lui impose ses contraintes et ses aspirations, son désir – nihiliste – d’exister sans lui et contre lui. Il refuse l’Humanité et l’Humain et lui préfère la machine, le grand tout.
- Le Système sera parfait quand, d’avilissement en avilissement, il aura réussi à détruire l’intelligence humaine et à la réduire à n’être qu’une analyse du Système.
- Le Système se nourrit du présent et nie l’avenir et le passé de l’Homme. Il le réduit à prendre conscience qu’il n’est qu’une forme dépassée de vie qui doit être nourrie par le Système.
- Sans le Système l’homme ne peut pas vivre. Il doit quémander en permanence sa maigre pitance et la considérer comme un présent inestimable fait par le Système.
- Le véritable racisme, la véritable tyrannie, la guerre totale est celle que mène le Système à l’humain.
- Cette guerre est sans mort, sauf les morts accidentelles dues à l’ennemi imaginaire : le complotiste.
- Le complotiste est la création du Système pour faire accepter à l’homme son augmentation. Le complotisme réel est celui consiste à la conjuration des transhumanistes, lesquels doivent faire abandonner, de son plein gré, par l’Homme tout ce qui le rend humain et à lui faire adopter une attitude de machine.
- Une planète surpeuplée de mauvais individus contrôlés par des machines font du monde un immense camp de concentration, dans lequel il n’est même plus devenu possible de changer de baraquement.
- Le système digresse sans fin sur la vacuité du monde qu’il a créé et nous sommes sommés de nous y intéresser sous peine d’être mis à l’index et de ne plus avoir droit d’y citer.
- Les différends des différents nous indiffèrent. Quand bien même nous sommes la cause, l’origine et la solution du différend.
- Le Système crée les produits dont il a besoin et oblige le peuple à les acheter : c’est ce que l’on nomme la « publicité ». On la retrouve dans tous les domaines et spécialement ce que l’on nomme « la politique ».
- Dans le Système, politique et marchés sont une seule et même chose : l’un ne va pas sans l’autre. C’est l’impudeur appuyée sur le bras de l’exécuteur testamentaire. C’est l’hommage de la bêtise à l’inutilité.
- Le système se perpétue et se régénère sans cesse. Il a créé le spectaculaire et ravale l’être à n’être qu’un spectateur qui n’est plus l’acteur de sa vie mais se croit tout puissant.
- Le spectacle est désormais achevé. L’humain debordien a perdu face au Système devenu création autonome de lui-même.
- L’intelligence artificielle est l’artifice du système. Elle a remplacé l’Intelligence. L’artifice est de faire passer cela pour de l’intelligence quand il ne s’agit que de raisonnements sophistiqués.
- La sophistication est ce qui permet au raisonnement de résonner aux oreilles des hommes. C’est le Protagoras des temps actuels.
- Sans passé et sans histoires, l’humain produit par le Système pense exister sans histoires ; il se leurre et vit dans la caverne des Ombres.
- Les Ombres peuplent ses journées et il déraisonne à les décrire avec ceux qui peuplent la caverne.
- La société ne produit plus des êtres égaux, mais de pareils. Les pareils n’aiment pas la liberté car les pareils sont incapables de ne pas trembler devant la mort. Ils n’aiment rien tant que leur petite personne, et ne tiennent à rien plus qu’à leur petite vie étriquée. Ils laissent certains pareils « spécialisés » faire la guerre à leur place, la politique à leur place, vivre à leur place. Ils détestent par-dessus tout devoir choisir et ne pas savoir de quoi demain sera fait. Ce qui les effraie c’est de prendre leur vie en main et d’avoir la responsabilité de leur famille et de leur vie. Ce que veulent les pareils, c’est être les mêmes et en grande quantité. C’est ce que leur offre la société de consommation à qui il faut des pareils (interchangeables). Quand un pareil cesse de fonctionner tout d’un coup, devant son écran, un autre pareil prend sa place et tout est dit.
- Le pareil n’est pas un homme mais une machine à vivre.
Ce sont les NBIC qui sont la pointe avancée du Système. Le cybernéticien allié au mathématicien et à l’informaticien qui transhumainent l’homme vers un nouveau seuil : l’augmentation.
- L’homme augmenté est un surhomme Nietzschéen qui aurait renoncé à son rêve exalté de puissance pour son désir de toute-puissance. L’homme augmenté n’est plus un humain, mais une race différente, autant que cro-magnon a pu l’être de l’homo sapien.
- L’homme doit être persuadé que sans les technologies du Système, il est incapable de vivre.
- L’homme doit régresser à un niveau d’intelligence si bas qu’il est convaincu que le Système et la machine lui sont intellectuellement supérieurs. Il doit être bête au point de penser comme une machine en étant persuadé qu’elle lui est supérieure.
- Tous les sens de l’homme sont branchés au Système qui le sature par tous les canaux sensoriels à la fois.
- L’homme doit être l’esclave de cette saturation. Il doit être persuadé que seul le Système peut le maintenir en vie dans un état convenable pour le bien-être de la société.
- Internet est notre psyché collective, raccordée au néant.
- L’intelligence artificielle est le nom que donne l’homme à son déclin en tant qu’espèce autonome et supérieure. Cette supériorité gisait intégralement dans son Humanité.
- Nous sommes devenus inutiles aux machines qui sont pourtant l'alpha et l'oméga de la technique et des technolâtres.
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