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Accueil du site > Tribune Libre > Mondialisation, globalisation, métissage

Mondialisation, globalisation, métissage

Il paraît que « la grande affaire de notre temps, c’est la mondialisation ». Mais s’exprimer ainsi, c’est mettre dans le même sac des notions très différentes. Il y a la mondialisation. Il y a la globalisation. Et il y a le métissage.

Il y a la mondialisation. Il y a la globalisation. Et il y a le métissage. La mondialisation est un phénomène technique. La globalisation est un phénomène économique et financier. Le métissage est un phénomène démographique.

La mondialisation, c’est l’accroissement de l’interdépendance des hommes sur la surface de la planète. Ses deux moteurs sont, d’une part, l’accélération de la vitesse de circulation des personnes, des biens et des informations, et, d’autre part, l’augmentation du « volume » de personnes, de biens et d’informations qui peuvent circuler. Dit autrement, la mondialisation est donc un « rétrécissement du monde, » parce que tout circule plus vite et en plus grandes quantités.

La globalisation, c’est un phénomène supposé d’application de la logique économique, et plus particulièrement financière, à de plus en plus de domaines d’activité humaine dans de plus en plus de zones de la planète. Dit autrement, la globalisation serait donc une « marchandisation du monde, » parce que de plus en plus de choses sont régies par les lois des marchés. En réaction à ce phénomène supposé, la globalisation suscite l’existence de mouvements dits « altermondialistes », constellation d’activismes politiques dont le point commun est le refus de la « marchandisation du monde ». A noter que ce n’est qu’en français qu’existe la distinction entre mondialisation et globalisation. En anglais notamment, les deux termes renvoient à globalization, qui veut dire soit l’un soit l’autre selon ce que veut exprimer le locuteur.

Enfin, le métissage est la principale conséquence démographique de la mondialisation. Il s’agit du brassage de plus en plus prononcé entre populations de souches ethniques et de traditions culturelles fortement différentes. Le métissage se manifeste surtout dans les grandes métropoles, mais de plus en plus à leurs périphéries : quartiers ou banlieues où vivent majoritairement des populations immigrées ; mariages mixtes ; décrochage entre identités nationales officielles des pays métissés et identités réelles composites de ces pays.

Il n’y a pas lieu de se positionner au sujet de la mondialisation : cela reviendrait à être pour ou contre l’apparition d’Internet ou du TGV. Il y a lieu de se positionner au sujet de la globalisation, vaste débat économique que nous nous contenterons ici de mentionner. Mais il y a lieu aussi, et surtout, de se positionner au sujet du métissage : car c’est notre façon de gérer le métissage, et non pas la globalisation, qui définira à quel point la France métissée d’aujourd’hui et de demain sera une France métissée harmonieuse, ou une France métissée conflictuelle.

Imaginez trois Français, leur béret sur la tête, et leur baguette de pain sous le bras.

Si vous avez spontanément imaginé un Blanc, un Beur et un Noir, et non pas trois Blancs, vous êtes sur la bonne voie.


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16 réactions à cet article    


  • stephanemot stephanemot 26 juillet 2007 12:30

    La différence entre mondialisation et globalisation est la même qu’entre spationaute et astronaute, globalization étant le terme employé en Anglais.


    • Thomas Guénolé Thomas Guénolé 26 juillet 2007 16:18

      En fait, contrairement à une confusion souvent effectuée, « globalization » n’est pas l’équivalent en anglais de « mondialisation » en français. C’est plus compliqué !

      En français :

      - La mondialisation, c’est l’accroissement de l’interdépendance des hommes sur la surface de la planète.
      - La globalisation, c’est un phénomène supposé d’application de la logique économique, et plus particulièrement financière, à de plus en plus de domaines d’activité humaine dans de plus en plus de zones de la planète.

      En anglais :

      - Le mot « globalization » signifie selon les cas, en fonction du contexte dans lequel il est employé, soit ce que veut dire le mot français « mondialisation, » soit ce que veut dire le mot français « globalisation. »

      Dit plus simplement : pour désigner deux concepts différents, nous employons en français deux mots différents, alors qu’en anglais un même mot est employé dans les deux cas.

      Thomas Guénolé http://grozbulles.hautetfort.com


    • Cris Wilkinson Cris Wilkinson 26 juillet 2007 13:58

      "Imaginez trois Français leur béret sur la tête, et leur baguette de pain sous le bras.

      Si vous avez spontanément imaginé un Blanc, un Beur et un Noir, et non pas trois Blancs, vous êtes sur la bonne voie. "

      Je vois juste un raciste pour oser ce genre de phrase.


      • Antonin Moulart Antonin Moulart 26 juillet 2007 14:45

        La france est multiple et n’a pas qu’une seule face comme on a trop tendance à se l’imaginer. Notre image identitaire ne met en exergue qu’un seul épiderme.


      • fouadraiden fouadraiden 26 juillet 2007 15:17

        ça c’est toi qui le dis.on en comprend aisément les raisons.


      • fouadraiden fouadraiden 26 juillet 2007 14:14

        faut croire qu’à terme, si on suit votre raisonnment, on deviendra tous des chinois,phénotypiquement parlant.

        et vous croyez que les Occidentaux(les « blancs » ,pous vous reprendre) ,déjà largement minoritaires sur cette planète, céderont à votre ethnicisation démographique ?

        je pense qu’il est faux de penser la mondialisation soutenue par trois couleurs différentes. les Occidentaux tiennent encore trop lourdement les rênes de l’ordre mondial pour vous donnez raison.

        vous sous-estimez l’idéologie occidentale et ceux pour qui elle a été faite.

        et le grand marché n’y changera rien.les Etats-Unis ,avant tout le monde ,expérimentaient déjà à l’intérieur de leur forntière le scénario planétaire que vous décrivez ,cela les a-t- il fondu dans leur population noire ?

        évidemment non.


        • aquad69 26 juillet 2007 15:13

          Bonjour Thomas,

          On se demande un peu où veut nous mener votre article...

          Votre image des trois « français », en tous cas, a l’apparence d’un chef d’oeuvre du préjugé républicain naîf se voulant les « idées larges » et aux bonnes intentions, tellement répandu aujourd’hui : on n’envisage comme possible et légitime qu’une seule manière de vivre, « moderne et uniforme », une seule silhouette culturelle et, par générosité citoyenne, on voudrait la décliner selon toutes les races et tous les peuples ; mais, plus que par leurs caractères raciaux, les peuples se définissent par leurs cultures, et rien ne prouve qu’ils aient tous envie de porter le béret ! ( Vous le portez, vous ?)

          Et vous avez des affirmations péremptoires qui coupent le souffle : « il n’y a pas lieu de se positionner au sujet de la mondialisation : celà reviendrait à être pour ou contre l’apparition d’internet ou du TGV. »

          Est-ce à dire que la valeur de ces choses-là se justifie obligatoirement par leur simple existence ? Mais on pourrait en dire autant de toutes les armes nucléaires, bactériologiques ou climatique ! Elle existent, donc on ne revient pas là-dessus, c’est très bien comme ça !

          Ne vous en déplaise, je trouve bien des inconvénients à l’existence du TGV ou d’internet ; celà ne m’empêche pas de m’en servir, par la force des choses, mais en restant conscient qu’ils ne sont qu’un ersatz pour essayer de compenser ce que nous avons fait disparaître, à l’image du modernisme tout entier, dont les prétendus « avantages », payés fort cher, ne sont que de pauvres lots de consolation pour tout ce que nous avons perdu.

          Et je préfèrerais vous faire ce commentaire en face, sur un forum romain, ou en assemblée traditionnelle sous un arbre ou sur une place de village : le débat y gagnerait en profondeur.

          Quand à la mondialisation... Canto canto, béu merlu ! Patientez quelques années, une petite dizaine sans doute, et vous ne tarderez pas à en goûter tout le jus...

          Thierry


          • Thomas Guénolé Thomas Guénolé 26 juillet 2007 16:13

            Cher Thierry,

            Il y a dans votre réponse comme un soupçon de condescendance, mais je n’ai a priori aucune raison de vous en tenir rigueur. Ceci précisé, je vous réponds point par point.

            J’ai vu plusieurs commentaires d’affilée plus ou moins choqués par ma métaphore des trois Français. Cette métaphore est bien une provocation, parce qu’à mon sens elle appuie là où ça fait mal : à savoir que dans notre imaginaire collectif et dans la représentation commune que nous avons de notre identité, ces trois Français sont des blancs. Alors que, démographiquement parlant, ces trois Français sont plus proches de la réalité en étant respectivement blanc, beur et noir.

            Est-ce à dire que le métissage, un des trois thèmes abordés dans cet article, se résume au mélange des couleurs de peau sans mélange des cultures ? Assurément non, et ça tombe bien : ce n’est pas ce que j’ai écrit. Cet article parle de métissage aussi bien ethnique que culturel (vocable « culturel » entendu au sens large, incluant notamment les moeurs et les coutumes). Bref, que vous soyez, cher Thierry, hostile à un vivre-ensemble uniformisé, je le comprends totalement, mais ce n’est pas là-dessus que nous serons en désaccord. Au contraire, relisez mon article, sur ce point nous sommes vous et moi en complet accord.

            Ensuite, concernant la mondialisation, je maintiens qu’effectivement il n’y a pas à être pour ou contre la mondialisation, qui est simplement l’accroissement de l’interdépendance des hommes sur la surface de la planète. Etre pour ou contre alors que c’est une tendance lourde de l’histoire humaine serait aussi incongru, à mon sens, qu’être pour ou contre l’apparition du TGV ou d’Internet. Ce sur quoi on peut être pour ou contre, c’est la manière dont les conséquences de la mondialisation sont gérées : la nuance est capitale.

            J’ajouterais bien que je ne partage pas vraiment votre nostalgie des forums romains, car je suppose que je n’aurais guère supporté les conditions d’hygiène et le type de rapports sociaux d’extrêmement violente domination du fort au faible à cette époque. Mais c’est un peu hors-sujet. smiley

            Enfin, concernant le fait de changer d’avis sur la mondialisation quand j’aurai passé davantage d’années dans la vie active, juste une redite : la mondialisation étant l’accroissement de l’interdépendance des hommes sur la surface de la planète, ce n’est pas sur elle que j’ai un avis, mais bien sur la façon dont sont gérées ses conséquences.

            En particulier le métissage, qui existe déjà dans les faits mais n’a toujours pas été intégré dans la représentation collective que nous avons de notre identité nationale.

            Amicalement,

            Thomas Guénolé http://grozbulles.hautetfort.com


          • Bulgroz 26 juillet 2007 18:58

            La France métissée sera un France de paix ou comme le dit Kemi Seba, la France sera la Palestine avec plein de murs partout :

            Ecoutez Kemi Seba, c’est tout chaud, tout juste sorti de prison, c’est un peu long mais on en a pour son argent :

            http://www.dailymotion.com/video/x2lvya_kemi-seba-la-rue-se-palestinise_politics


            • Thomas Guénolé Thomas Guénolé 27 juillet 2007 14:15

              Point par point :

              - Le vouvoiement que je pratique n’a rien de spécifiquement aristocratique. La courtoisie, au même titre que la grossierté, est partagée dans toutes les catégories sociales de la population.
              - Le tutoiement très fréquent sur les fora n’a rien d’un manque de politesse. Il correspond simplement à une coutume apparue sur Internet, où la façon de pratiquer la convialité dans les échanges fait que le tutoiement y est très fréquent. De fait, le tutoiement sur les fora n’est pas particulier aux jeunes de banlieue, loin s’en faut.
              - Concernant votre thèse selon laquelle les juifs auraient besoin de l’antisémitisme pour exister, quitte à régulièrement en « réinjecter » (je vous cite), je ne crois pas que les juifs aient été demandeurs de l’extermination des juifs d’Europe pendant le second conflit mondial, ni qu’ils aient sollicité ou réclamé les pogroms dont ils firent régulièrement l’objet au cours de l’Histoire. Quand par la suite vous enchaînez sur la question israélo-palestinienne, j’observe a. que c’est hors-sujet par rapport au thème de l’article dont nous débattons, et b. que faire un parallèle entre « les juifs » en général(comme s’il existait une communauté juive unique, homogène et structurée, ce qui ne correspond à aucune réalité sociologique), d’une part, et Israël, d’autre part, est aussi inepte que de faire un parallèle entre, par exemple, les musulmans chiites en général et l’Iran intégriste.

              Thomas Guénolé http://grozbulels.hautetfort.com


            • herbe herbe 26 juillet 2007 23:00

              il y a autre chose que le métissage pour penser les tendances actuelles du monde.

              il y a la créolisation.

              http://www.diplomatie.gouv.fr/label_France/FRANCE/DOSSIER/2000/15creolisati on.html

              Edouard Glissant ( http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Glissant )est le chantre (ou un des chantres avec Patrick Chamoiseau, Ernest Pépin, Audrey Pulvar !) de cette notion.

              Une citation :

              « J’appelle créolisation, des contacts de cultures en un lieu donné du monde et qui ne produisent pas un simple métissage, mais une résultante imprévisible. Cela est très lié avec la notion de ce que j’appelle le chaos-monde. Un chaos-monde, caractérisé non pas par le désordre mais par l’imprévisible. On peut prévoir le métissage, pas la créolisation. On prend trois petits pois gris, trois petits pois verts, on les greffe et on sait comment sera la deuxième, la troisième génération. La créolisation qui constitue un processus impossible à arrêter n’a pas de morale. La créolisation ne permet pas de saisir mais plutôt de tenter d’appréhender ce qui se passe dans le monde. Essayer de pénétrer et de deviner la créolisation du monde, c’est commencer à lutter contre la standardisation généralisée qui atteint l’économie, le social, la culture...[] (Glissant ; « Nous sommes tous créoles », Entretien octroyé à Thierry Clermont et Odette Casamayor 1). »


              • Thomas Guénolé Thomas Guénolé 27 juillet 2007 14:18

                Cher « herbe, »

                je tiens à vous remercier d’avoir apporté cette notion de « créolisation » au débat. J’ignorais totalement l’existence de ce concept, et je suis d’accord avec vous, elle est plus parlante que la notion de métissage que j’ai exposée dans mon article.

                En reprenant ce terme que vous avez amené, je dirais donc que la question cruciale qui se pose à notre identité nationale, c’est que la représentation collective que nous en avons (le « Français blanc ») est à côté de la plaque par rapport à la créolisation de notre pays. cela implique de revoir en profondeur cette représentation collective que nous avons de notre identité nationale, alors qu’à l’inverse, en avoir une conception figée à laquelle nos nouvelles populations doivent « s’assimiler » est une entreprise par nature vouée à l’échec, puisqu’elle repose sur la négation du réel.

                Thomas Guénolé http://grozbulles.hautetfort.com


              • herbe herbe 27 juillet 2007 15:07

                Je partage votre conclusion.

                Bien cordialement.


              • ripouette ripouette 27 juillet 2007 00:52

                Je n’ai pas bien compris la thèse de cet article. S’il s’agit d’expliquer que globalisation, mondialisation et métissage ont des définitions différentes, personne n’en doutait ! Quel rapport entre la pieuse prière qui sert de chute et le reste de l’article ? Mystère !

                S’il vous plait cher auteur, faîtes-moi un article sorbet, glace, glace pilée pour la semaine prochaine... Pour traiter d’un sujet vraiment original ! smiley


                • Thomas Guénolé Thomas Guénolé 27 juillet 2007 14:22

                  Cher « ripouette, »

                  Cet article avait deux buts :

                  - souligner que mondialisation et globalisation sont deux termes de sens profondément différent, alors que dans les débats autour des notions il y a une tendance lourde à les confondre allègrement (par exemple en se disant pour ou contre la mondialisation, ce qui n’a aucun sens) ;
                  - souligner qu’à mon sens, la question cruciale que pose la mondialisation n’est pas la globalisation, mais le métissage, parce que le métissage implique de redéfinir complètement notre identité nationale.

                  Il y a donc une cohérence dans la façon de construire l’article, même si, je vous le concède, il commence comme un article neutre de définitions de concepts et se termine sur une prise de position engagée. Je vous rassure, c’est fait exprès. smiley

                  Thomas Guénolé http://grozbulles.hautetfort.com


                • hieronymus73 19 août 2007 03:37

                  Juste une petite remarque. Personnellement, si on me demande d’imaginer trois français leur béret sur la tête et leur baguette de pain sous le bras, je ne peux faire autrement que d’imaginer trois blancs avec leur baguette de pain sous le bras et leur béret sur la tête. J’ajoute que spontanément, l’image m’apparaît en noir et blanc et que j’ai envie d’ajouter, par exemple, une bonne vieille traction avant Citroên en arrière plan, ainsi qu’une Gitane Maîs sans filtre dans le bec d’au moins deux des individus.

                  Peut-être qu’un phénomène de mode fera que le béret deviendra, à nouveau s’il l’a déjà été, un emblème de notre identité nationale de demain mais le fait est qu’il est seulement aujourd’hui (avec la baguette bien sûr) l’image d’une France d’hier et ce, surtout dans l’imagination du grand nombre de touristes qui vient visiter notre beau pays chaque année.

                  A l’heure d’aujourd’hui, je crois qu’il est très compliqué objectivement et non « caricaturalement » d’imaginer ce qu’est la France sous les traits d’un seul individu et d’un seul accoutrement.

                  Désolé si vous ne trouvez pas le commentaire constructif.

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