Monsieur Woerth, l’état n’est pas là pour financer vos amitiés intéressées
C’est à ce type de questions pernicieuses auxquelles j’ai dû répondre par la négative pour l’unique redressement fiscal que j’ai eu à affronter. C’était en 1999, j’avais une trentaine de kilomètres à effectuer chaque jour pour aller au boulot, et j’avais donc opté pour les frais réels pour la première fois cette année là. J’avoue y être allé un peu fort sur les déductions par le biais de la distance aller/retour. Bref, je reçois fin novembre 1999 une notification de redressement fiscal dont le montant me serait "signifié ultérieurement". C’était ma troisième année de boulot après être sorti de l’école et de petites galères ici et là.
C’est uniquement début avril 2000 que la sanction est tombée, j’ai appris ce 5 avril 2000 que je devais payer avant le 20 du même mois environ 1400 € de redressement. J’étais célibataire et cette note correspondait environ à mon salaire mensuel, une fois la mensualisation de l’année en cours ajoutée. Bref, c’était la cata.
J’ai donc pris mes cliques (une journée de congé) et mes claques (l’arrogance naturelle de mes 30 balais) pour aller confronter le Trésor Public à ma sordide situation. Et c’est peu dire que je n’étais pas un spécialiste en PR à cette époque, j’étais plutôt du genre brut de décoffrage. Oui à la sortie d’une école d’ingénieur, on n’était pas vraiment porté sur les échanges inter-personnels dans les années 90.
J’ai donc longuement expliqué ma situation afin d’obtenir un paiement en 4 fois (sans frais). La fonctionnaire d’état, un fois ma verve déversée, s’est délestée de cette fulgurance : Mais Monsieur, l’état n’est pas là pour financer votre train de vie ! et celle-ci m’a immédiatement raccompagné vers la sortie afin d’aller chercher sa fille à l’école, ma jeunesse remise à sa place, mes rêves brisés, mes congés envolés...et mon compte vidé. Je m’égare là, je récupère donc mes moutons et...
La défense inopérante d’Eric Woerth : et après ?
Mediapart vient de mettre hier soir , une nouvelle fois, une tête au carré à la défense du ministre. J’espère au passage que les comptes d’Edwy Plenel ont été validés par un commissaire aux comptes, un contrôle fiscal est si vite arrivé par les temps qui courent ! Bref, ces enregistrements volés ont permis pour l’instant à l’état de recouvrer 78 millions d’euros à l’imposition. Il reste donc les 700 millions d’euros de la fameuse ile d’Arros à rapatrier dans le giron fiscal, mais là les choses se corsent puisque le propriétaire de l’ile, qui se cache derrière un montage fiscal au Liechtenstein , est soit le photographe, François-Marie Banier, de Liliane Bettencourt soit elle-même. En aparté, François-Marie Banier, photographe de son état est également l’heureux récipiendaire d’environ 700 millions de dons de Liliane Bettencourt.
Comme le note très justement le journal : "le fisc aurait dû mécaniquement s’intéresser à Liliane Bettencourt qui apparaît dans les nombreux courriers de Banier."
Et pourtant, de contrôle fiscal de Mme Bettencourt... il n’y en a pas eu, étrangement ce même mois de novembre 2007, Florence Woerth faisait son entrée à la tête de la gestion de la fortune de Liliane Bettencourt (en Suisse). Hasard du calendrier très certainement !
Eric Woerth, lors de sa défense hasardeuse ce week-end, a exhibé une lettre de saisie du parquet de Nanterre sur une affaire non jugée. Comment l’a t’il obtenu ? Une enquête, mais il n’y en a toujours pas, pour ce fait isolé pourrait également être lancée.
Je passe sur les lingots d’or volés dans la famille Peugeot, qui ont donnés lieu à un diner avec Eric Woerth, je passe également sur l’hippisme forcené de Florence Woerth, et sur ses égarements hertziens .
Nous passerons également sur les trois chèque de 7500 € alloués à Nicolas Sarkozy, Eric Woerth et valérie Pecresse. Ceux-ci étaient destinés, dixit le gestionnaire de Liliane Bettencourt, à avoir légalement des amis pour pas cher.
Au delà des détails balzaciens de cette affaire, qui mettent à nu la volonté farouche de la très grande bourgeoisie française à réchapper au fisc par tous les moyens, une chance que je n’ai pas eu pour ma part - Il est question dans ces révélations de collusion d’intérêts, et d’une probable mise à sac systématique des intérêts collectifs grâce à une connivence entre politiques et fortunes Française.
Vous me direz à juste titre : il n y’ a là rien de bien nouveau. Certes, mais lorsque l’on vient nous exhiber sous le nez, le jour même de ce scandale d’état, des économies drastiques dans le train de vie de l’état. N’est ce pas là encore une manière d’acheter notre innocuité ?
Eric Woerth est également le trésorier de l’UMP, et c’est moins connu également trésorier des campagnes présidentielles de 2007 ainsi que celle de 2012 à venir. La réunion prévue avec les généreux donateurs pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 a été reportée aujourd’hui sine-die. C’est l’aveu le plus flagrant d’une collusion d’intérêts inacceptables. Florence Woerth a démissionné de son poste à la tête de la gestion du patrimoine de Liliane Bettencourt, c’est là encore un aveu de faiblesse, d’ailleurs c’est elle-même qui avoue aujourd’hui : "reconnaitre avoir sous-estimé ce conflit d’intérêts"
A chaque incohérence avérée de la défense d’Eric Woerth, un peu de lest est lâché pour faire bonne mesure. Mais celui-ci recule à chaque nouveau coup de boutoir que les journalistes ne manquent pas de mettre chaque jour sur le tapis. Et à chaque fois sa défense s’en trouve un peu plus décrédibilisée. Nous assistons là à un supplice chinois qui teste la résistance à la véracité de notre exécutif, celle-ci semble désormais peu solide. Plus le temps passe et plus la situation du ministre est intenable, l’Etat est actuellement suspect aux yeux des français, portant dans un baroud d’honneur, Xavier bertrand ne trouvait pas mieux de clouer au pilori un parti politique aujourd’hui.
Il y’a eu un avant Eric Woerth, il y’ aura aussi un après
Eric Woerth, J’exige une nouvelle fois votre démission, en effet elle seule peut rendre à l’état l’équité, et la probité qui semblent aujourd’hui lui faire défaut. J’exige également, en tant que contribuables et citoyen, qui a déjà payé ses erreurs fiscales de jeunesse, qu’une enquête soit diligentée pour connaitre l’ampleur du conflit d’intérêt ainsi que les fraudes éventuelles.
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