Mythes ou réalités bibliques ? À MM. les 40 signataires de l’appel pour la réforme de l’archéologie préventive
C'était l'époque où les médias s'étaient enflammés pour "la Bible dévoilée" de l'historien Shlomo Sand et de l'archéologue Finkelstein. D'après ces auteurs, les premiers chapitres de la Bible qui relatent les histoires d'Adam, Abraham, Moïse, Josué, David, Salomon, tout cela aurait été une création de la monarchie tardive destinée à propager l’idéologie et les besoins du royaume de Juda... (page 35). En termes clairs, cela signifiait que, huit à onze siècles après les dates que donne la Bible, le roi Josias aurait fait rédiger, au VIIe siècle avant J.-C., un faux à partir d’éléments disparates, et cela, afin d’abuser ses compatriotes en leur faisant croire à une histoire très ancienne qu’il a en réalité reconstruite pour les besoins de sa cause. L’accusation était et est toujours grave...
En tant que représentants et acteurs de la culture et de l'archéologie française, vous êtes concernés http://nda.revues.org/1690
Professeur éminent, spécialiste du Proche-Orient, M. Maurice Sartre avait apporté, et apporte toujours, plus ou moins, son soutien à ces deux auteurs tout en affirmant que les histoires des nations se construisent toutes, au départ, sur des mythes, y compris en Gaule avec celui de Vercingétorix, ce qui m'avait un peu surpris. J'avais réagi en lui adressant deux articles les 21 février et 6 mars 2009 http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/gaza-samson-et-dalila-51718, et http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/mahomet-a-t-il-voulu-mettre-fin-au-52232 pour l'alerter, hélas sans succès.
I. Vercingétorix n'est pas un mythe et il est bon qu'on honore sa mémoire dans nos livres d'histoire.
Tout peuple a droit à son roman national, même si, parfois, certains exagèrent. Le nationalisme n'est pas un péché et ne doit pas servir de bouc émissaire aux erreurs de jugement des politiques. Il ne s'agit évidemment pas de travestir l'Histoire mais de comprendre l'intelligence et le patriotisme qui ont animé ses membres les plus représentatifs.
II. Ceci étant dit, l'esprit qui me guide dans ma recherche étant dès lors indiqué sans ambiguïté, je vous demande :
de faire connaître publiquement votre position quant à ma contestation de la localisation de Bibracte que M. Vincent Guichard situe au mont Beuvray. Cela fait de nombreuses années que j'explique que le bon site est à Mont-Saint-Vincent, près de Cluny. De même pour la localisation de Gergovie que M. Matthieu Poux voit à Corent alors qu'il s'agit du Crest. Vos responsabilités et les places que vous occupez dans la conduite de l'archéologie française vous autorisent à interroger directement le ministère de la Culture, jusqu'à la ministre, mais aussi de lui demander une commission d'enquête parlementaire, ou autre, de façon à faire toute la lumière sur cette affaire.
de réfléchir sur mon dernier article dans lequel j'explique que ce n'est pas toujours le mythe qui est fondateur à l'origine des nations mais, le plus souvent, une pensée intelligente ; et que c'est plutôt dans la vulgarisation de cette pensée intelligente que les mythes et les idoles prolifèrent. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-origine-oubliee-de-notre-161242
de prendre en considération mon article dans lequel j'évoque l'exil (en Gaule) des 8000 juifs dont parle l'historien Flavius Josèphe http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/vers-l-an-88-avant-j-c-8000-juifs-160680, exil important que vous semblez ignorer.
de vous interroger, sans mauvaise idée derrière la tête, sur les portes d'immigration que ces 8 000 juifs ont ouvertes, ce qui pourrait expliquer, en partie, l'explosion démographique de la Gaule qui va suivre.
M. Sartre, dans des propos qu'il a récemment tenus https://www.youtube.com/watch?v=4jljRFFLHuM, n'évoque pas cet important exil qui n'a rien à voir avec des conditions économiques mais dont l'arrivée en Gaule lie notre histoire à celle d'une Palestine dont il ne faut pas minimiser le rayonnement au Ier siècle avant J.C.. Je l'approuve quand il affirme que la bande de Gaza n'est jamais vraiment tombée dans l'orbite d'Israël. Je ne sais pas ce qu'il faut penser de la période héllenistique qui a vu, suite à émigration, se juxtaposer villes grecques macédonniennes et villes juives, source de conflits. Bien évidemment, on ne peut être que d'accord sur le caractère rétrograde de l'extrêmisme religieux. Quant au reste, je ne peux que regretter que la soi disant absence de preuves archéologiques l'ait emporté sur la bonne interprétation des textes.
III. Selon les deux auteurs de la Bible dévoilée, l'exil de Babylone serait un mythe. C'est faux et je suis étonné que vous ne dénonciez pas cette erreur avec beaucoup plus de force.
2 Rois 24, 16, donne un chiffre de 8 000 pour la première déportation. Flavius Josèphe donne 3 000 pour la première, 10 832 pour la seconde. Pour la troisième, la plus importante, Josèphe ne donne pas de chiffres mais précise que seuls restèrent sur place les pauvres, le menu peuple et les fugitifs. Ce qui signifie que si le pays a été privé de son élite et de ses artisans, il ne l'a pas été de la majorité des habitants qui travaillaient aux champs.
Le premier retour d'exil ramena 42 462 juifs. La grande vague qui suivit s'élevait à 4 628 000 personnes au-dessus de 12 ans, des tribus de Juda et de Benjamin, 4 070 lévites, 40 742 femmes et petits enfants, 7 337 esclaves, 245 chantres ou chanteuses, soit : 4 680 394 personnes. Flavius Josèphe ajoute que les dix autres tribus restèrent au-delà de l'Euphrate et qu'il est presque incroyable combien elles se sont multipliées. (Antiquités judaïques, XI, I - IV - V).
Au retour de Babylone, la situation était alors la suivante : ceux qui étaient restés occupaient le terrain et les bonnes places. Les "revenus" réclamaient leur héritage, notamment Jérusalem. Flavius Josèphe confirme le fait en évoquant les juifs babyloniens de Batanée ainsi que l'agitation endémique qui régnait en Galilée et qui débordait parfois jusqu'à la Ville.
IV. Selon les deux auteurs de la Bible dévoilée, mais aussi selon Maurice Sartre avec quelques nuances toutefois, la sortie d'Egypte et la longue traversée dans le désert du peuple hébreu serait un mythe. Là aussi, il s'agit, au départ, d'une mauvaise interprétation des textes.
Les Chroniques de Salomon nous disent que le roi commença à bâtir la maison de Yahwé le second mois de la quatrième année de son règne, c'est-à-dire en l'an 965 avant J.C. et le Livre des rois nous précise qu'au moment où fut édifié ce temple, il y avait 480 ans que les fils d'Israël étaient sortis d'Egypte. On en déduit la date de la sortie d'Egypte : 965 + 480 = 1445 av.J.C., c'est-à-dire au XVème siècle.
En plaçant l'exode au XII ème siècle, il est bien évident que vous ne pouvez plus vous expliquer ces événements ni en retrouver la trace. En revanche, en les replaçant au XV ème siècle, vous comprendrez le souci qu'a eu Moïse de passer par l'itinéraire côtier de façon à s'emparer le plus rapidement possible du territoire des Philistins. Ceci, tout simplement pour nourrir son peuple qui, au bout de quelques jours seulement de marche, commençait à crier famine. http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/moise-l-enigme-du-mont-sinai-17818 Suit alors une période d'une durée indéterminée où Israël s'implante dans la région conquise, où il y prospère tout en recevant de nouveaux migrants, mais où, aussi, il se désunit. (quand je dis "prospère", c'est un euphémisme. Cela signifie qu'il a pris la place des précédents occupants, notamment en éliminant quelques mâles).
Conséquence de cette désunion, le projet de Moïse d'aller plus au nord pour conquérir la riche plaine de la Shéphéla cananéenne échoue. Après la défaite d'Horma, abandonné par une partie de sa population, désavoué en plein conseil, il doit se replier plus au sud, avec les troupes qui lui restent, d'abord à Qadesh, puis encore plus au sud. La logique militaire me conduit à penser qu'il a passé alliance avec Edom et qu'il est remonté de l'autre côté du massif montagneux pour s'installer à Petra... pendant quarante ans... c'est la durée qu"indique la Bible. http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/moise-les-eaux-de-meriba-18411 et http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/la-conquete-du-pays-de-canaan-a-t-18624. Les traces archéologiques sont là... à condition de les interpréter correctement.
V. À condition de les rechercher au bon endroit et à la bonne époque, les traces archéologiques et les lettres de Tell El-Amarna prouvent que la conquête de Canaan par Josué a bien eu lieu... au milieu du XIV ème siècle ; et que cela s'explique très bien dans la logique militaire. (1445, date de la sortie d'Égypte, moins le séjour au soi disant désert du mont Sinaï/Massada, moins 40 ans dans le soi disant désert de Pétra, moins le séjour dans les plaines de Moab. Dans mes articles, j'ai oublié de tenir compte des autres séjours que les 40 ans).
Dans ces lettres (1369 - 1353), les gouverneurs appellent le pharaon au secours contre les Hapirous (les Hébreux). Ils le préviennent que toutes les villes tombent entre leurs mains. Des villes comme Haçor, Lakish, sont incendiées ; vos archéologues en ont retrouvé les traces. Seul Megibdo semble épargné, ce que confirme la Bible. Bref, le pays de Canaan était à feu et à sang.
Bizarre, cette réaction épidermique de la part du milieu culturel, universitaire et archéologique dès que j'évoque la logique militaire. Je suis bien obligé de dire que mes plus violents opposants sont des archéologues. Je ne dis pas contradicteurs puisqu'ils refusent le débat. Loin de moi, pourtant, l'idée de valoriser mon ancienne profession ; il y a encore aujourd'hui plus de généraux partisans du faux site d'Alésia que du vrai. S'il est vrai que je me présente comme ancien militaire, c'est parce que j'ai été violemment pris à partie, au début, quand je me suis présenté - une fois - comme historien. Un traîneur de sabres historien, c'est inconcevable ! Passons...
V. Non, les juifs n'ont pas inventé leur histoire.
Que des historiens de métier se chamaillent, les uns prétendant que les Israéliens ne seraient pas de sang juif d'origine, les autres prétendant que si, n'est pas le sujet de mes préoccupations, la vérité historique étant, probablement et logiquement, entre les deux positions. Ce qui m'ennuie est le soutien, bien que relatif, que vous accordez aux affirmations erronées selon moi de l'archéologue Finkelstein et de l'historien Shlomo Sand. Ce qui m'ennuie, c'est que certains d'entre vous donnent du crédit à ces deux auteurs qui, en fait, nous amputent - à nous tous - de la partie la plus originelle, la plus intéressante, la plus dramatique, la plus fondatrice, la plus riche d'enseignements, mais aussi, parfois, la plus horriblement cruelle de notre histoire humaine... une histoire non pas mythique mais transposée... qui ne demande qu'à être décryptée.
Loin d'être un mythe, l'histoire de la création est une tentative d'explication imagée de notre origine. L'histoire d'Adam et Ève est celle de la première société/capitale cananéenne, Ève étant la population, Adam, le conseil de sept prêtres/chefs qui la dirige. Suite logique de l'histoire, Abel symbolise la troupe militaire, Caïn, le monde paysan qui, parfois, se révolte. http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/adam-et-eve-une-autre-facon-de-17079 . Abraham est un conseil de chefs/prêtres qui assure le maintien de l'ordre en pays de Canaan au profit de l'Égypte. Sarah est sa troupe militaire d'élite. Moïse s'inscrit dans la lignée des prêtres Joseph, alias Osarseph, alias prêtres d'Osiris. Le "Contre Apion" de Flavius Josèphe nous confirme qu'il ne s'agit pas d'un mythe. http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/moise-pretre-du-dieu-d-egypte-17632 . Josué lui succède. L'hébreu David menace Jérusalem mais c'est Salomon qui reprend le pays en mains. Un Salomon qui a vraiment existé mais en tant que conseil, probablement sous protection pharaonique etc...
VI. La Gaule, notre pays, a vécu une histoire "druidique". Mais en 88 avant J.C. elle va prendre un virage surprenant, un virage non pas vraiment juif mais essénien qui vous oblige à repenser votre archéologie. Vous êtes 40 à avoir signé une pétition pour appeler à une réforme de l'archéologie préventive. Après la troisième réponse "langue de bois" de la ministre de la Culture au journal officiel concernant l'erreur de localisation de Bibracte (et de Gergovie), erreur(s) que je dénonce depuis de nombreuses années, constatant par ailleurs la léthargie des DRAC concernées, le présent article que je vous envoie a pour but de vous placer face à vos responsabilités. http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-21322QE.htm
Merci de transmettre cet article aux personnalités qui pourraient être également concernées et aux quelques-unes dont je n'ai pas trouvé l'adresse internet.
Emile Mourey, 6 janvier 2015, site internet www.bibracte.com. Mes 291 articles sont libres à la consultation sur Agoravox, média citoyen. Je suis l'auteur de plusieurs ouvrages dont sept que j'ai auto-publiés pour faire connaître mes travaux ainsi que le site historique de Taisey ou j'habite et que menace la bêtise humaine.
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