Nez : en avoir ou pas

Le "nez", métaphore aux aspects multiples, peut être un objet d’étude passionnant (surtout pour un NEZ ZEN...)
Je vais donc mettre un peu mon NEZ dans un sujet rarement évoqué, parfois jugé peu convenable ou peu digne d’intérêt : une anthropologie de l’odorat, le sens généralement le moins valorisé, le plus profond,le plus mystérieux, longtemps le plus associé à l’animalité.
____Des goût et des odeurs à travers l’histoire et les cultures : un fascinant objet d’étude...
La notion de "mauvaises odeurs" est une construction sociale, qui s’inscrit dans les transformations des moeurs et des pratiques. La puanteur est devenue l’attribut des pauvres, marginalisés ou exclus.
- L’hygiénisme s’imposera au 19° siécle. Ses excès et ses dérives (parfois morales) à notre époque, avec la chasse obsessionnelle aux "mauvaises petites odeurs", même les plus tolérables autrefois, auraient fait rire nos aïeux. Les paysans d’antan "sentaient la vache", mais ne le remarquaient pas...
L’usage excessif des déodorants ne nous coupe-il pas d’une partie concrète de notre existence ? Ne serions-nous pas devenus, par l’effet d’un conditionnement marchand, des handicapés du pif ?...
["L’abaissement de la tolérance vis-à-vis des mauvaises odeurs joint à l’émergence de l’hygiène corporelle et à la mode des parfums délicats constituent des faits historiques se situant dans les années 1750. Tout à coup, il y a des lieux où l’imprégnation est devenue extrême, la puanteur soudainement insoutenable, la menace imminente. Les années passant, des voix s’élèvent pour constater que cet abandon, ces spectacles de boues, d’égouts à ciel ouvert, d’ordures déposées au pied des murs nuisent à la renommée de la cité. Mieux encore que les textes des scientifiques, les récits des voyageurs « délicats »] expriment cette différence nouvellement apparue..."
L’étude des parfums à Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles nous en dit long sur la médecine et les fantasmes d’une époque encore si proche de la nôtre...
L’odeur peut être enivrante, attractive, mobilisant les fibres les plus profondes de l’individu, érotique parfois (fabuleux marché pour les parfumeurs !), ou désagréable, répulsive, quand elle est associée à la mort, à la charogne. Le parfum des "cocottes" attirait ou éloignait : l’odeur et la morale se mariaient intimement. Dis-moi ce que tu sens, je te dirai...
Une rose respirée peut changer l’humeur et le rapport affectif à la nature. L’odeur d’un cadavre, plonger l’individu dans une sorte d’ effondrement psychologique. L’un fuira les odeurs d’hôpital, l’autre sera attiré par l’odeur si particulière du jeune chiot. Extrêmes variations subjectives de l’odorat et de ses affinités...
La puissance et le développement de l’odorat plongent leurs racines dans la toute première enfance : les premières odeurs, celles du corps de la mère, reconnue à distance, alors qu’il ne voit pas encore, celles du lait nourricier...celle des excréments, neutres ou attirants au début pour le bébé, attraction narcissique refoulée sous l’effet de l’éducation _stade anal_ (qui s’obstine à appeler "caca", tout ce qui "sent mauvais", mais aussi tout ce que les conventions réprouvent)
- On comprend que la psychanalyse se soit intéressée à ce sens , parfois toujours en éveil, hyperdéveloppé dans certains cas, parfois dormant, anormalement réduit, pour des raisons obscures. Le roman de Süskind nous donne une idée vertigineuse des contrastes et des pouvoirs d’une capacité olfactive hors du commun, dans un cadre où Grasse est un des acteurs...
Pour approfondir : on peut y mettre son nez avec profit...
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