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Nous sommes le 93

Je suis natif de la Seine-Saint-Denis que je n’ai jamais quittée et dont j’arbore les couleurs sur mon blogue. Dans les années 50 et 60, ce département, qui ne portait pas encore le numéro 93, était pour partie celui de la Seine et de la Seine et Oise.

A quoi cela pouvait-il bien ressembler ?

On y trouvait des grands sites industriels, à Saint-Denis, et on allait faire du canot aux sept îles de Montfermeil. Les pavillons de banlieue étaient clairsemés, et alternaient avec des terrains vagues où les matchs de foot entre équipes de rues étaient les seuls affrontements locaux.

Comme les seuls commerces étaient des épiceries, cafés ou boulangerie, pour faire des courses « sérieuses », on allait à Paris, dans les grands magasins. En gros, ce n’était ni pire ni mieux qu’ailleurs.

La quasi totalité des gens qui peuplaient l’endroit étaient des ouvriers et à cette époque, comme le disait Coluche : « Y avait plein de boulot. C’était pas payé cher, mais y en avait plein » .

A part un ou deux bastions « riches », de Montreuil à La Courneuve en passant par Clichy-sous-Bois, Saint-Ouen, Drancy ou Aulnay-sous-Bois, les communistes et les socialistes tenaient les rênes. Le lien social y était fort, et de fêtes de quartiers en coups de mains au voisin, si les gens ne roulaient pas sur l’or, la mendicité n’avait pas lieu de cité.

S’il avait beaucoup de boulot, il manquait des bras, et la politique de l’immigration de l’époque tenait plus du post-colonialisme que de l’immigration « choisie » chère à de nombreux politiques actuels.

Il fallait des logements, beaucoup de logements et le meilleur endroit pour les construire restait les banlieues « rouges », histoire d’emmerder les communistes. Alors on a construit, vite, économique, pas beau, mais spacieux (selon l’expression des ministres de l’époque).

Et puis années après années, on a laissé tout ça filer, sans jamais se poser de questions. Les quartiers se sont dépeuplés de leurs habitants d’origine, et repeuplés de nouveaux déracinés aux familles nombreuses, adaptés au « spacieux ». Le boulot a commencé à disparaître, et les élus de la nation à ne plus habiter dans les quartiers ni à leur périphérie.

Depuis sept jours, ce pauvre 93 qu’on ne finit pas de montrer du doigt, est en train de devenir le cas d’école de politiques toutes plus fumeuses les unes que les autres.

Entre le traitement « social » des socialistes et celui de la « schlague » de la droite, aucune réflexion n’a été menée pour démanteler un habitat monstrueux, qui déplaît autant à ses habitants qu’à ceux qui en sont proches. Le bon M. Borloo, qui ne manque pas d’idées mais seulement d’argent, en est l’exemple. Où sont-ils, les fiers écologistes pourfendeurs de la mauvaise qualité de vie ?

Contrairement aux idées reçues, il fait souvent bon vivre dans ce maudit 93, et le dynamisme des populations en fait un endroit particulièrement actif. Nous avons tous appris à côtoyer des générations de migrants qui sont devenus des citoyens français, avec plus ou moins de folklore. Oubliés de tous les politiques, sauf de quelques élus locaux, les gens du 93 se sont construit un quotidien qui oscille entre débrouillardise et incivilités.

Seulement il aura fallu que deux gamins décèdent pour qu’on replonge dans la tradition de la forêt de Bondy, qui était comme tout le monde le sait un repère de brigands.

Hier soir, en rentrant du boulot, je suis passé voir le magasin et le camion qui ont brûlé. Je n’ai pas été capable de dire si un ministre de l’intérieur, tenté par une dialectique frontiste, est seul responsable. J’ai simplement vu des gens de la rue un peu désemparés par une situation qu’ils ne maîtrisent pas.

Bien entendu qu’il existe dans toute ethnie ou origine des petits salauds. Il est vrai qu’habiter un quartier sordide, où quelques salopards s’ingénient à casser ou tagger tout ce qui appartient au patrimoine commun, demande de la constance, ou simplement est une obligation.

Oubliez vos plan « Marshall », vos projets de rénovations, vos grands discours, messieurs les politiques !!!

Venez découvrir les vrais gens de ce département. Venez constater les horreurs urbaines commises par vos prédécesseurs, et mettez immédiatement les fonds nécessaires à la démolition et à la reconstruction de ces villes.

Une poubelle ou une voiture qui brûlent, c’est un peu de votre pouvoir et de votre crédibilité en moins. Montrez-nous enfin que votre mandat est au service de la nation et de tous ses citoyens, et les émeutes nocturnes ne seront plus qu’un souvenir lointain.


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18 réactions à cet article    


  • Christian (---.---.96.23) 5 novembre 2005 08:54

    Voilà un bel hommage à votre « 93 », un peu nostaligque, mais réaliste. Vous êtes resté... Et, à nous, qui habitons les quartiers calmes ou le « 78 », cela semble suréaliste. Il y aurait donc de « vrais » citoyens dans le 93, et pas seulement des bandes de voyous qui vous dépouillent si vous avez le malheur de vous égarer dans ce no man’s land ? Nous en sommes donc là ! A réduire tout un département à un no man’s land. Vous avez bien fait de remettre les choses au point. Et ce cri du coeur m’a touché. Reconstruire des villes avec des habitations dignes de ce nom, voilà un beau programme. J’adhère. Seule inquiétude au tableau : si les crédits étaient dégagés pour cet « assainissement » (ce mot a un sens positif, on est bien loin du « karcher » méprisant)ces familles nombreuses et déracinées nécissitant du « spacieux », où iraient-elles ? Comment pourrions-nous leur garantir d’être relogées dans ces nouvelles cités (au sens de la ville et non du ghetto) ? Parce que je les vois venir, avec leurs bonnes résolutions, nos ministres. Une fois la ville réhabilitée, la misère va une fois de plus être déplacée à la périphérie. De plus en plus loin de Paris. Et les quartiers s’embourgeoiser. Débloquer des crédits, c’est possible. Réhabiliter le 93 c’est possible. Reloger tous ces gens mal lotis au même endroit, mais dans des conditions décentes, c’est donc possible aussi. Mais que faire des plus démunis, ceux qui n’ont pas même de quoi payer leur loyer en HLM ? Quel citoyen français acceptera qu’ils occupent un endroit « spacieux » aux frais du contribuable ? La solidarité n’étant, depuis bien longtemps, plus de mise dans notre pays dès qu’il s’agit de mettre la main au porte-monnaie, comment règlerons-nous le sort des plus pauvres, ou des moins intégrés ? C’est cela qui m’inquiète. Réhabiliter, oui, mais si c’est pour repousser le problème plus loin, nous n’en sortirons pas.


    • Sylvio (---.---.246.252) 5 novembre 2005 09:43

      Déjà si ces personnes, pauvres ou pas pauvres, étaient relogées, il ne faudrait pas les mettre au même endroit mais les dispersés dans des zones où vivent des « français d’origine ». Il’y a un problème avec les logements et le « béton » dans les cités, il’y a un 2e problème : ce sont des ghettos de population d’une même origine (nord africaine) et d’une même catégorie sociale.

      Bref, ceci conduits ces populations à vivre en « communauté » assez fermée sur elle-même et a freiné considérablement leur intégration avec le reste de la population (d’un point de vue autant social que économique). Dans les cas extrème ceci entraine la formation de groupes (communautés encore plus restreinte) islamistes radicales ou criminels.

      Le meilting-pot, le mélange des cultures, ce n’est pas une recette où tout les ingrédients sont séparés dans un coin du plat, c’est une soupe ou tout se mélange et chaque aliment apporte sa saveur avec les autres. Maintenant, au vue de la situation qui devient catastrophique, au vue des moyens nécéssaires, des problèmes que cela peut causés (déplacement de populations), au vue d’immobilisme (je dirais même incompétence car ceci n’est pas dur à voir) des politiques sur ce sujet, ça ne risque pas de changé.

      Au niveau des moyens, il faut réfléchir, combien coûte la refection de ces quartiers et le relogement d’une partie de leur population ailleurs, combien coûtera ce laisser-aller...


      • Julien Sevran 5 novembre (---.---.17.41) 5 novembre 2005 19:36

        Soyons réaliste, nombreux sont les habitants de Seine Saint Denis qui en ce moment souhaiteraient vivre ailleurs...Je l’avoue, moi le premier !

        En 1970, la Seine Saint Denis m’a accueilli, moi le parisien...Sevran était encore un village avec ses fermes, ses vaches, le laitier et son cheval...En 35 ans, ce gros bourg sympathique s’est transformée pour devenir une ville de banlieue sans âme avec tous les problèmes que connaissent la quasi totalité des villes de notre département.

        Bref, ceci conduits ces populations à vivre en « communauté » assez fermée sur elle-même et a freiné considérablement leur intégration avec le reste de la population (d’un point de vue autant social que économique). Dans les cas extrême ceci entraîne la formation de groupes (communautés encore plus restreinte) islamistes radicales ou criminels.

        Ce matin 5 novembre, 300 personnes se sont réunies, dans une « communion citoyenne » selon notre Maire. Qu’est ce que j’ai vu, des communautés qui se côtoyaient : la communauté des papis musulmans dans un coin, la communauté des Verts dans un autre, la communauté des UMP un peu plus loin, la communauté des PC autour du Maire, la communauté des sportifs autour du président de l’OMS...la communauté des autres qui attendait le signal du départ !

        Tous ces citoyens venaient non pas de Sevran, mais de leurs quartiers : les Baudottes, Rougemont, Cité Bleue de Perrin, Centre Ville, la Cité Basse, le Quartier Sud...

        A une amie qui se rendait au marché et qui habite ce fameux Quartier Sud je dis : « Aller viens avec nous ...- Non,pourquoi, chez nous c’est tranquille... »

        Nous avons fait un petit tour devant des centaines de citoyens indifférents qui allaient faire leur course au marché et puis toutes ces communautés sont rentrées chez elles...sans se parler.

        Je ne le connaîtrais pas, mais je pense qu’un jour il faudra bien que l’on finisse par se parler entre communautés, afin d’en faire une seule de COMMUNAUTE !

        Ceci est mon sentiment, un sentiment certainement simpliste à vos yeux mais, c’est mon sentiment...


        • (---.---.205.242) 6 novembre 2005 11:34

          Quels « ministres avec leur bonne volonté » ? Ouvrez les yeux !

          Ce qui se passe n’a pas de solution dans le système actuel. Dans le cadre d’une compétition mondiale entre entreprises privées il faut une main d’oeuvre toujours meilleur marché. L’Etat est avant tout au service de ces entreprises privées.

          De la même façon qu’une politique spécifique a bien accompagné l’importation forcée de main d’oeuvre étrangère, maintenant il y a une politique claire de « renvoyer les immigrés chez eux », et de forcer ceux qui restent dans une précarité de sous-citoyens ou de clandestins qui les forcent à accepter n’importe quel job.

          Ce n’est donc pas une question de coût ou d’incompétence du pouvoir actuel. Il faut bien comprendre que les gouvernements successifs ont voulu des pauvres toujours plus pauvres, des banlieues toujours plus vulnérables.

          La vraie question c’est quels sont les « intérêts supérieurs de la Nation » ? Le bien-être des masses ou les gains des capitalistes français ? Pour qui roule cet Etat ? Quel Etat voulons-nous ? Un Etat où les élus ne sont pas révocables quand ils font le contraire de leurs promesses ou détournent des fonds publics ? Un Etat qui casse les grèves ? Un Etat qui vend les entreprises publiques performantes aux amis des ministres (Thomson Multimédia pour Juppé, EDF pour de Villepin) ? C’est sûr que les moyens manquent pour construire des logements sociaux...


          • Rage Rage 6 novembre 2005 12:37

            Bonjour, Et tout d’abord bravo pour cet article simple, clair et éloquent.

            Je dois dire que nous sommes tous aujourd’hui une part du 93. Quand je dis tous, ce sont les 90% de personnes qui ont compris que le gouvernement de M.Chirac et autres sbires de l’UMP ne produisent rien de bon pour le pays. Embourbés dans les propres contradictions et alliances de leur camp, les amis de M.Chirac ne roulent que pour eux mêmes et leur petits cercles fermé.

            Suppression, réduction, interdiction, baisse de crédits, radars, politique de privatisation des biens nationaux, vente de meubles (à qui ?...), répression, désaménagement du territoire,... la liste des erreurs pourraient être longue. 30 ans que le pays attend des réformes STRUCTURELS et 30 ans que rien ne se passe et que l’on fore la coque d’un bateau qui prend l’eau de tous les côtés.

            Oui, nous sommes tous une part du 93, car les problèmes tous concentrés dans ce secteur sont un reflet d’une société qui n’a plus rien d’un « modèle social viable ». L’université n’est plus qu’un triste dépotoire fumant où les chercheurs sont smicards et où 50% des diplômés au moins sortent au chômage. L’école n’est plus un acscenceur social. Les associations et dispositifs locaux ne sont même plus financés pour assurer une « cohésion sociale » et plus globalement pour proposer à des populations en mal d’expression (et d’écoute) le simple DROIT à l’évolution et à la projection dans l’avenir.

            Certes, je condamne les violences actuelles qui pénalisent une fois de plus les populations les plus faibles, terrorisées et réduites aux silences par la peur d’une répression locale de « caïds ». La République, là où elle devrait condamner l’agresseur, demande a l’agressé de se justifier de son agression.

            Justice sans lendemain, sans moyens dignement gérés et affectés, santé à deux vitesses et de plus en plus privatisé, éducation à l’origine de la ségrégation sociale et de la perte de confiance de toute une génération, monde de l’emploi indignement focalisé sur des logiques de rentabilité plus que sur des logiques durables de qualité de vie, oui, notre république est en danger. Les émeutes du 93 (et d’ailleurs) ne sont que l’une des faces émergée d’un iceberg trop longtemps muselé.

            Stagiaires précaires, génération sacrifiée des banlieues, « bobos » confortés par des dispositifs conciliants, riches retraités du « baby-boom » ayant surfé sur la vague du bétonnage et du plein emploi,... oui, aujourd’hui notre société se délite et la fracture sociale creusée en premier lieu par M.Chirac est aujourd’hui un canyon.

            La violence n’est jamais une bonne façon d’exprimer des revendications. Cependant, quand on a plus rien à perdre, elle est un profond signe de désespoir. Même si certains groupes agissent sans véritable revendications (le plaisir de casser), certains mettent dans ces actions répréhensibles leur rage envers un SYSTEME qui ne leur laisse quasiment aucune chance.

            Par conséquent, nous sommes tous quelquepart un peu le « 93 ».


            • Jbenard (---.---.66.172) 6 novembre 2005 17:31

              Merci à tous ceux qui ont eu la gentilesse de commenter mon texte.

              je crois que nous attendons tous que le gouvernement de la France, nos députés, sénateurs et élus locaux evisagent sérieusement de se pencher sur un problème qui touche tous les français.

              J’ai aussi une pensée sur ceux des quartiers qui ont peur de ce qui se passe et attendent qu’on leur prouve que la citoyenneté est la règle pour TOUS

              JC BENARD


              • Senatus populusque (Courouve) Courouve 6 novembre 2005 18:03

                N’est-ce pas dans le 9-3 que l’on s’était le plus réjoui des attentats contre les tours du Trade Center un certain 11 septembre ?


                • Jean Marien (---.---.250.193) 6 novembre 2005 19:37

                  Courouve> Le talon d’Achille d’Agoravox est vraisemblablement de tendre le micro à des gens comme vous qui cherchez à propager un racisme anti-arabe totalement primaire. Vos propos ne sont pas construits mais uniquement motivés par une haine absurde et maladive. Que ce soit ce commentaire-ci, ou tous ceux touchant aux dramatiques évenements banlieues ou encore celui traitant d’une relecture du coran, sans parler de vos divers textes, tous, je dis bien tous sont marqués de ce racisme absurde et profondement indigne d’une société moderne. Dommage de laisser parler des gens divulgant de tel propos.

                  Jean Marien


                  • Jbenard (---.---.66.172) 6 novembre 2005 19:49

                    Bonjour,

                    De qui parlez vous ?

                    Savez vous que la très grande majorité des habitants du 93 sont des gens sans histoire ?

                    Fustiger tout un département pour les propos de quelques ahuris est assez excessif.

                    Cordialement

                    JC BENARD


                    • Henri Masson 6 novembre 2005 21:03

                      J’ai moi-même vécu plusieurs années à Saint-Ouen jusqu’à 1995. Je n’y ai jamais eu de problèmes. Le matin, à l’heure de la première rame de métro, sur la ligne 13, toujours très chargée, puis sur le PC, la très large majorité des voyageurs consistait en des travailleurs presque tous d’origine étrangère, surtout africaine,visiblement las avant de commencer la journée. Le climat s’est certainement beaucoup dégradé entre temps.

                      Il n’est pas question de défendre ce qui est indéfendable, par exemple le caillassage des pompiers, l’incendie d’entreprises, de véhicules, d’établissements d’enseignement et autres qui frappent aussi, et même plus durement, les plus démunis. On pense entre autre à cette malheureuse femme infirme d’origine maghrébine grièvement brûlée dans un autobus. Les immigrés souffrent eux-mêmes de cette situation créée par une petite minorité inconsciente qui ternit leur image et assombrit les perspectives de leur avenir. Il n’y a pas de doute que cette situation malsaine va dans le sens de certains calculs. Mais de qui ?

                      Mais ne devrait-on pas regarder aussi du côté de la racaille en col blanc qui met des familles au chômage, sans ressources ? Du côté des profits faramineux de certaines sociétés qui contribuent à la fracture sociale ?


                      • ras le bol (---.---.230.142) 6 novembre 2005 22:10

                        J’ai juste une questions :

                        Qui a délabrer ses batiments, ses halls d’immeuble, qui a tagger les murs, pisser dans les cages d’escaliers ?

                        Et aprés ça ont vient se plaindre de l’environnement où l’ont vie ?

                        Je suis déolée mais je ne plains personne... Si tout le monde respecte son lieux de vie alors ont s’y sens bien.


                        • Henri Masson 7 novembre 2005 06:59

                          Le coût d’une politique sociale est très élevé. Mais le coût de l’absence de politique sociale, ou d’une politique sociale au rabais, l’est encore plus. Et les ravages sont très longs à réparer sur le terrain, mais surtout dans les coeurs et les esprits.

                          Ce qui se passe touche en premier lieu les plus démunis. Critiquer ou condamner globalement les flics est aussi malsain que de critiquer ou condamner globalement les immigrés.

                          Ces jeunes ne seraient ni meilleurs ni pires que d’autres s’ils avaient vécu dans un environnement sain.

                          Nous savons très bien que l’impunité existe pour la racaille en col blanc. Un exemple parmi beaucoup d’autres : que de bienfaits aurait-on pu apporter avec les milliards volatilisés (pas pour tout le monde) du Crédit Lyonnais !


                          • Véronique Anger-de Friberg (---.---.22.65) 7 novembre 2005 15:05

                            « Quand l’ascenseur social est bloqué ; quand les jeunes issus des classes dominées n’aperçoivent aucun moyen d’échapper à leur condition, c’est-à-dire à celle de leurs parents ; quand les riches continuent de s’enrichir tandis que les pauvres continuent de se paupériser(...) alors le populisme apparaît. Il n’est pas le fruit de la misère, mais de l’inégalité des chances. ». Cette citation est extraite du livre de Jacques Julliard « Le malheur français » (Café Voltaire. Flammarion). Cette phrase fonctionne aussi bien avec le mot « populisme » que « violence » ; les deux étant souvent liés.

                            Oui, l’ascenseur social est en panne. Et je crois que le mal vient de là. Dans la société française, le racisme social est devenu la règle et où l’école républicaine de plus en plus élitiste ne remplit plus son rôle d’ascenseur social. J’entendais à la radio tout à l’heure des reportages optimistes sur ces jeunes des cités qui ont créé leur entreprise, ou obtenu un BAC+5... mais combien sont-ils ? Moi non plus, je n’excuse pas le moins du monde les actes de violence(d’autant que ce sont les habitants de ces quartiers difficiles qui sont les premières victimes). J’essaie de comprendre d’où vient le mal pour nous donner une chance de le soigner.

                            La cité et les mauvais quartiers ne sont qu’un symptôme du mal français : c’est notre société tout entière qui est en train de se gangrèner. Et si nous ne réagissons pas de façon constructive -et urgente- si nous persévérons dans le déni de vérité et l’immobilisme (notre leitmotiv : surtout ne changeons rien !) c’est la branche sur laquelle nous sommes assis -en équilibre- qui va finir par rompre.

                            Notre rêve américain à nous c’était l’égalité des chances. « Liberté, égalité, fraternité » : quel sens donner à ces mots aujourd’hui ? Qu’avons-nous fait de notre rêve républicain ?


                            • Rage (---.---.120.224) 7 novembre 2005 17:11

                              Je vous invite à lire mon article au sujet des « stagiaireS à durée indéterminée ».

                              Il ne s’agit pas d’une plublicité, mais plutôt d’un élément appartenant exactement au même « problème » que celui des banlieues. Si nous aussi, diplômés, on se fou de nous, comment pourrions nous aider les autres ? Comment ceux qui sont dans des situations moins enviables pourraient-ils s’en sortir ?

                              Il s’agit d’un problème global lié à l’emploi et plus largement à l’agonie de l’ascenceur social au sein de l’éducation. La mort de cet ascenceur est cristallisé par les énormes dysfonctionnements des universités (formation supérieure) et plus largement de toute l’éducation nationale. Aujourd’hui, ce n’est pas Sarko qui devrait parler, mais plutôt cet imbécile (il faut le dire) de M.Robien. Où est l’école Républicaine ? Où est la reconnaissance du travail ? Où est l’espoir de valoriser ses études et ses initiatives ?

                              A force de laisser pourrir la jeunesse, à tous les niveaux, l’Etat a démontré à ses enfants qu’il n’avait que faire de leurs préoccupations et qu’il ne savait que se regarder le nombril. Voilà notre problème, et c’est de têtes dont il faut changer. Vite.


                              • Spaceboy2095 (---.---.182.104) 9 novembre 2005 06:54

                                Enfin, il me semble important de ne pas tomber dans le mythe de l’age d’or. N’oublions pas les bidonvilles qui existaient en lieu et place du Parc de La Courneuve ou à Nanterre dans ces années 50 et 60. Ces barres, ces tours, ces immeubles représentaient un tres grands progrès mais tout le monde les à laisser se dégrader.

                                Cependant le constat sur le travail, les effets de ce qu’on appellait la Banlieue Rouge, tout cela est vrai mais ne camouflons pas une partie de la vérité par volonté de bien faire !


                                • Cédric animateur dans le XXe, prof dans le 93 (---.---.88.184) 9 novembre 2005 11:59

                                  Un petit témoignage pour illustrer sur le terrain l’absence de réelle volonté de changer les choses chez une grande majorité des politiques à droite comme à gauche. Ils sont le plus souvent aveuglés par le pouvoir et les joutes politiques : à l’écoute des populations les aisées, organisées et représentées, les mairies sont aux commandes des associations qui sont plus ou moins forcées de jouer ce jeu politique réducteur et de s’éloigner pour survivre de leur vocation première d’aide des populations en souffrance.

                                  L’histoire du Jardin Solidaire du XXe dans l’est de PARIS en est une belle illustration : une friche de 2500 m2 d’ordures transformée en 4 ans par une association d’habitants avec les jeunes et les enfants des familles voisines issues de l’immigration (Mali, Maghreb). Ce Jardin reconnu comme étant un modèle de lieu de mixité sociale (cf. article dans Lien Social) proposait : de la musculation, du cinéma en plein air (40 projections sur 4 étés), une scène de spectacle (4 fêtes de la musique, 3 feu d’artifices, 3 fête des jardins ...), une piscine de jardin pour les enfants, une cabane, un kiosque central, un grand tableau à craie, des balançoires en bois .... tout cela au milieu de 25 arbres et plus de 200 plantes, des centaines de fleurs, des légumes plantées ensemble dans un quartier ou il y avait beaucoup de tension, de problèmes entre jeunes et policiers ... Le commissariat a plusieurs fois reconnu les bienfaits de ce lieu exceptionnel pour le quartier. Aujourd’hui, le Jardin est fermé et à moitié rasé (les plantes ont été sauvées à la demande du Cabinet Contassot de la mairie de Paris). La mairie PS du XXe est rassurée : elle va pouvoir construire le gymnase scolaire promis aux parents d’élèves. Les enfants et les jeunes sont dans la rue. On s’organise pour se retrouver sur le trottoir autour de qq plantes, d’un repas, de qq jeux et Sur le rôle des médias : on a pu lire à la une de libé le pb des associations pénalisées par le gouvernement, tandis que ce journal a refusé fermement tout article sur le jardin de peur de déranger la politique de la mairie d’arrondissement.

                                  La politique clientéliste des uns et des autres et le pouvoir persuasif des médias est à l’origine de bcp de maux de notre société et ce sont les plus défavorisés qui le payent le plus.

                                  Cédric


                                  • (---.---.15.21) 9 novembre 2005 15:13

                                    salut ;

                                    je ne vous connait pas vous aussi moi je vous le dit, la france est raciste franchement d’ailleurs je suis francais mon pere est kabyle j’ai une tronche acceptable , je suis née a creteil j ai grandit dans la zone diplome ou pas, il n’ya pas que le boulot qui compte dans la vie , je le maintient la france est raciste si moi et mon pote on passe devant vous en costard cravate ; on vous disait bonjour en bon francais allez vous faire foutre


                                    • Julien de Sevran (---.---.25.17) 10 novembre 2005 15:24

                                      Oui, Cédric, votre jardin est un havre de tranquillité mais surtout une magnifique école de la nature pour tous ces enfants qui le fréquentent...Celles et ceux qui ont laissé faire ce que vous dénoncez méritent amplement de se faire couper les oreilles en pointe...Celles et ceux que je fréquente, dans des réunions de parlottes, sont du même acabit.

                                      Pas très loin de chez vous, dans notre Seine Saint Denis, un parc national forestier, espace magnifique, dédié à la connaissance et à la découverte de la nature accueille, si je puis dire, des centaines d’enfants chaque année...

                                      Une demi douzaine de bénévoles accompagnent des classes et font un travail admirable mais, dans quelles conditions...avec quatre bouts de ficelles, sans permanent...avec un local sans chauffage... 6 chaises et deux tables...

                                      Par contre, la Région, gestionnaire de l’espace, dépense 2 000 000 d’euros pour refaire les clôtures, des allées prestigieuses pavées et des portails monumentaux comme à Versailles !

                                      Esbroufe et prestige !

                                      Ami qui nous dit :

                                      « je ne vous connait pas vous aussi moi je vous le dit, la france est raciste »

                                      Je ne suis pas d’accord avec vous. La France n’est pas raciste. Bon nombre de français sont certes racistes, comme le sont bon nombre d’autres ressortissants qui vivent sur son sol.

                                      Venez voir sur le terrain, les bénévoles qui font du bon travail avec les petits...Peu leur importe la couleur et l’origine, ils ne font pas grand chose d’autres que de montrer à des gosses coupés de la nature, ce qu’est une limace, un gland et la différence entre une châtaigne et un marron...mais ils le font.

                                      Allez, résistons et travaillons ensemble...il y a du boulot !

                                      Bien amicalement

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