Nul n’est prophète en son pays - Le déclin de l’Occident est scellé
Oui, je suis intimement convaincu du déclin inexorable de l'Occident français et européen
30 janvier 2015. Ce 10ème article sur Agoravox sera mon dernier. Au nom des 9 précédents (un article par semaine de moyenne), tissés de mes mots depuis le 14 novembre 2014, je remercie profondément Agoravox et sa communauté de modérateurs, de m'avoir donné la possibilité d'exprimer, d'aiguiser, de finaliser ce qui me tient au cœur et à l'esprit, de ma vie d'homme, de français, d'occidental. Au terme de ce déca-exercice, c'est au constat de la puérilité de ce type de rencontre virtuelle-même éclairée d'intelligence, c'est au constat de la chimérique occasion d'en construire une pensée commune, et au terme d'un exercice d'écriture fécond mais que je ressens maintenant comme superfétatoire, je choisis de m'écarter [ je reste modérateur]
Le présent article, synthétique de ma pensée, reprend, sans les citer, des analyses et prises de positions déjà présentes dans les précédents. A chacun de s'y reporter à sa façon.
Merci à tous
Sans expertise quelconque, d'économiste, d'historien, de géopoliticien, je considère que le vote grec pour Syrisa, n'est pas un vote d'espoir mais de désespoir. Je considère que la montée du Front National, en France, n'est que le symptôme de la « longue maladie » qui frappe l'occident. Se fixer les valeurs illusoires d'avant pour les uns, conjurer le perdre pour les autres. Dans les 2 cas, l'appel au peuple, mais les contorsions des uns et des autres sont de même nature : tenter de s'accrocher à maintenir une manière de vivre et un niveau de vie, en décrochage complet du comment vit le plus grand nombre de terriens sur notre planète.
Le déclin de l'Occident est inexorable :
- Parce qu'il est agi par l'esprit de mort et non l'esprit de vie. En terme sociétal : les conventions sociales de l'entre soi – le politiquement correct – la xénophobie envers le non conforme, l'étranger non communautaire. En tant que « bipolaire » assumé, toute ma vie s'est cognée aux murs de la bêtise, du conventionnel étriqué, du militantisme borné.
- Parce qu'il est agi et parcouru par la bêtise généralisée, entrave majeure à une société pour tous (cf mon 3ème article du 29 nov 2014)
- Parce qu'il a peur de la mort : la peur de la régression de son pouvoir consommer-du matériel-du culturel-de la parole, en est l'expression manifeste
- Parce qu'on ne peut plus penser l'avenir, d'ores et déjà, en terme de croissance, en tout cas productive, avec le corrélat inéluctable de la montée du chômage (les économistes osent l'avancer maintenant)
- Parce que c'est aux mamelles d'un capitalisme, mortifère dans son ADN, que l'occident et son prolongement emblématique outre-atlantique, s'est édifié. Un capitalisme qui produit exploités, précaires, laissés pour compte, en grand nombre. Oui, l'occident, s'est donné les moyens de se développer, au dépens du monde et des peuples du monde entier. Et dans notre histoire récente, la période des « 30 glorieuses », même animée par l'esprit et les recommandations profondément humanistes du Conseil National de la Résistance, ne concernait que nous, privilégiés et protégés, quelque soit notre place dans la société.
Les plus conscients prônent la sobriété volontaire, d'autres pensent qu'un capitalisme vert est possible. Encore une fois des contorsions : le capitalisme est fondamentalement anti-humain. L'occident vit sous perfusion, mais l'infirmerie est sclérosée
Le modèle occidental avance souvent sa capacité civilisationnelle du vivre ensemble qu'il faut protéger, d'une démocratie à préserver. Mais c'est au prix de plus de lois, plus de contrôle policier et militaire (Vigipirate attentat– protection des lieux de cultes, des rédactions de médias), plus de contrôle social (un enfant de 8 ans, pour supposés propos de soutien aux terroristes, le 29 janvier, est remis à la police par l'équipe enseignante). Paranoïa, hystérisation (1 million de parisiens bloqués sur le RER A de Paris, toujours le 29 janvier, suite à un coup de tête donné à un chauffeur par un voyageur en colère – débrayage instantané de toute la corporation sur la ligne) sont dans nos têtes, au seuil de nos logis, dans la cage métal de nos voitures.
Tout cela démontre que notre « vivre ensemble » ne tient que par un vernis « civilisationnel » que notre mise à distance de la notion de besoin, du rapport à la mort, nous a donné le loisir de poser (un luxe bien inexistant pour bien de peuples de notre planète), et qui se paye au prix du maintien de notre emprise sur le monde. Mais déjà les choses ont changé, les pays du BRICS et émergents, tambourinent à notre porte. Et imaginons que nous nous retrouvions dans une situation de précarité généralisée. Jusqu'à quel point tiendrait-il ce vernis, s'il fallait subitement survivre à l'encontre des autres ? Oui, vu sous cet angle, l'Homme n'a pas fondamentalement changé depuis notre lointain ancêtre néandertalien, le confort en plus (mais pour combien de temps ?)
Et alors ?
L'humanité est une affaire d'esprit, d'âme et non de biens. Les inspirateurs des religions du livre ont tenté d'infléchir, de juguler la tendance corrompue, individualiste qui siège en l'Homme. Entre la nécessité et la licence, Adam et Eve ont choisi, au nom du libre arbitre et de la responsabilité. Aussi, seules les civilisations, seuls les espaces, où l'Homme mettra le poétique* avant le prosaïque, avant l'économique, seront disposés au construire tous ensemble, pour tous (et ceci tant qu'ils maintiendront ce viatique). Ce n'est absolument et fondamentalement pas à la portée du peuple d'Occident, qui, gavé de consommation, ne sait plus ce que c'est que vivre
Encore une fois, ce n'est pas pour demain la veille de son avénement, mais nourrissons nous encore une fois de l'appel d'Antonio Machado : 'l'important n'est pas le but, mais le chemin pour y tendre, en marchant ». L'humanité qui marche est une humanité qui vit !
Que la lumière soit !
Le 30 janvier, par l'écrieur
* Manifeste des 9 pour les produits de haute nécessité : http://cjoint.com/?EAEjvxjCdnS
61 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON