Obama déclare Khalid Sheik Mohamed insubmersible
En positionnant à nouveau le soi-disant cerveau des attentats dans un cadre extrêmement fermé, en verrouillant les minutes de son procès afin que rien de compromettant n’en sorte, Barack Obama blanchit d’une certaine manière son prédécesseur, car il ne peut pas faire autrement. C’est ça, où reconnaître que G.W. Bush est le Caligula des temps modernes. Comment voulez-vous dire aux américains que les 2740 victimes du WTC volatilisées, dont les corps ont été réduits à l’état de grains de sable (1100 corps n’ont jamais été retrouvés !) ont été tuées par la folie d’un homme et d’une équipe et non par une bande de pilotes amateurs surgis d’écoles de pilotage dirigées par des membres de la CIA ? Comment voulez-vous dire à vos concitoyens que leur président pendant huit années est le plus grand criminel de tous les temps ? Non, Barack Obama ne PEUT pas l’avouer : ce serait faire effondrer du jour au lendemain tout un système. On va donc pendre au plus vite Khalid Sheik Mohamed, comme on a pendu Saddam Hussein avant qu’il ne parle trop. Ça tombe bien : le principal intéressé ne cesse de clamer que c’est lui, le seul responsable. Mort pour mort, autant en tirer un peu de gloriole...
Car une autre nouvelle avait fait la une des journaux il y a peu, sans qu’on n’y prête suffisamment attention : Khalid Sheik Mohamed auparavant, avant de tout avouer, avait été noyé 183 fois. Oui, vous avez bien lu : 183 séances de tortures, de simulation de noyade. C’est le recordman du monde toute catégories ! Et ça prouve deux choses : soit qu’il est de robuste constitution (il en a l’air en effet), soit qu’il n’avait strictement rien à dire et encore moins à ajouter. L’acharnement dont il a fait l’objet est tout simplement ahurissant, et pose de sérieuses questions. Une question simple tout d’abord : quand on impose une ou des tortures supplémentaires à quelqu’un qui selon ceux qui l’avaient interrogé avait déjà TOUT avoué, quel but recherche-t-on, sinon celui de lui faire dire ce qu’il n’a pas fait ? C’est une évidence, ici !!! Or, de quoi accuse-t-on Khalid Sheik Mohamed, sinon d’être le responsable en chef de l’organisation des attaques du 11 septembre ? En s’acharnant autant sur le cas, les envoyés directs de W. Bush révèlent qu’ils ont cherché avant tout à étayer leurs thèses, et non pas à rechercher la vérité ! A quoi cela pouvait-il rimer de torturer autant quelqu’un qui avait déjà tout dit, selon les mêmes sources officielles ? Sinon qu’à démontrer que le dossier Sheik Mohamed est complètement vide ? Qu’a-t-on essayé à 183 reprises de lui faire dire ? Ça ressemble plutôt à un cours accéléré, méthode fouettard, cette méthode : pendant 183 séances, on a le temps de lui inculquer des détails répétitifs sur la théorie officielle de l’effondrement des tours et autres manipulations. On l’a torturé pour qu’au sortir des séances il devienne un accusé plus ou moins crédible, capable de régurgiter une thèse et une seule. 183 séances en un seul mois, celui de mars 2005, si ce chiffre ne vous fait pas bondir, moi si.
L’acharnement sur Sheik Mohamed ne s’explique que par sa résistance à ne pas proposer la version souhaitée : au total, Guantanamo est un mémorable fiasco, et au final il ne reste aucun prisonnier "intéressant" capable d’assumer un rôle qui nécessairement les dépasse, vu que les accusés ne sont pas responsables des événements. Tout le monde s’accorde à dire que l’intellect de Sheik Mohamed était incapable d’organiser dans les détails un 11 septembre. Tout le monde s’est aperçu que l’infrastructure nécessaire, et ne serait-ce que l’évidente complicité du Norad et de la FEMA, deux organismes étatiques, était impossible à obtenir par une organisation de pilotes amateurs de Cessna tout juste capables de faire le tour d’un petit aérodrome. Pour cela, il fallait des complicités militaires que les prétendus comploteurs n’ont jamais eues. Tout le monde se doute que les effondrements ne peuvent avoir été causés seuls par des impacts d’avion à mi hauteur des tours : l’acharnement à vouloir noyer Mohamed, c’est un acharnement à tenter de nous faire avaler une pilule qui a de plus en plus de mal à passer. Et aujourd’hui, l’acharnement à en faire un cas d’exception est un aveu d’impuissance totale d’un état à reconnaître la vérité.
Il faut un coupable pour le 11 septembre : pour les Etats-Unis, il vaut mieux que ce soit Khalid Sheik Mohamed que George W.Bush. Pourtant, à bien regarder, rien ne tient debout dans les accusations dont on l’accuse. Sous la torture, il aurait avoué qu’il avait été la Tour de la Bibliothèque de Los Angeles. Or il ne pouvait être dans le coup. Le complot avait été découvert bien avant par la CIA. "Last week, some former officials asserted that the waterboarding of Khalid Shaikh Mohammed enabled the CIA to stop Al Qaeda from bombing Los Angeles’ Library Tower (now the US Bank Tower). But the plot was actually foiled months earlier, according to Bush’s own counter-terrorism chief. A more solid claim appears to be that Mohammed gave up the names of other suspects, who in turn gave up the names of others. Was that worth the cost ? We don’t know." Pour Daniel Pearl, idem : il a aussi avoué l’avoir tué, voilà une enquête qui se termine encore mieux que celle de Bernard Henry Levy.
L’écrivain, envoyé spécial d’Hubert Védrines en Afghanistan (et oui, on l’avait oublié !) avait été plus loin encore dans sa "romanquête" : "Dans ses nombreux entretiens, l’auteur a par exemple répété que les services secrets pakistanais pourraient avoir procuré les secrets de la bombe atomique à Al-Qaida ? Une « hypothèse » en passant... Mais n’est-elle trop sérieuse, trop peu « théorique » pour être avancée, innocemment, sur des plateaux de télévision comme si la commercialisation d’un livre était dorénavant devenue raison suffisante pour lancer n’importe quelle campagne d’affolement ? " nous dit le Monde. La grande peur de l’holocauste, moteur des médias à coup sûr ! A un torturé, en fait, on finit par faire dire tout ce qu’on souhaite : "Khalid Sheikh Mohammed, the self-confessed mastermind of 9/11, was waterboarded 183 times in one month, and “confessed” to murdering the journalist Daniel Pearl, which he did not. There could hardly be more compelling evidence that such techniques are neither swift, nor efficient, nor reliable". BHL devait le savoir, pour sûr. Même chose pour un collègue de Sheikh Mohammed, Abou Zoubaydah, qui avait aussi fini par raconter tout ce que nous serine Dick Cheney depuis l’élection d’Obama, à savoir que les Etats-Unis vont bientôt subir une deuxième attaque dévastatrice, cette fois nucléaire et radiologique, du type bombe sale : arrêté par les Pakistanais en 2002, Zoubaydah n’avait jamais évoqué avec eux cette menace. Emmené par la CIA, cela devenait différent : "In 2002, when Pakistani authorities captured Al Qaeda logistics chief Abu Zubaydah, CIA officials suspected he knew what Al Qaeda was planning next, as well as the whereabouts of Osama bin Laden. When Abu Zubaydah didn’t give up that information under conventional interrogation, the CIA sought permission to use physical force". Fallait bien trouver une excuse pour le maintenir à Guantanamo, comme on a maintenu 7 ans un algérien revenu libre de toutes charges en France : "Abu Zubaydah, after all, had been involved in the advance planning for the 9/11 attacks against New York and Washington. There was little chance for calm deliberation. "They [CIA officials] came in and said, ’We think this will work, this is the only way he will talk,’ " recalled a former official who was in the White House at the time. "The threat streams [of incoming intelligence warnings were] extremely active. There’s discussion of a radiological attack. ... They are saying this thing could happen any day — this is urgent, this is urgent." Les services secrets manipulés par Dick Cheney l’ont donc noyé 83 fois d’affilée. Il ne sera pas recordman de l’horreur, mais finira par répéter mot à mot le projet de Dick Cheney : il n’en savait strictement rien au départ. La torture est censée amener des éléments, apporter des informations cruciales, ici on s’en est servi dans l’autre sens : au "tu vas avouer, oui ? ce grand classique du cinéma d’’espionnage on a substitué un "tu vas dire ça, oui ?"...Zubaydah en savait nettement moins que ces interrogateurs : au bout de 83 séances de "formation", il connaissait tout. " It turned out that Abu Zubaydah didn’t know as much as the CIA thought he did — or at least not that he spilled. In hindsight, subjecting him to physical abuse was wrong. But was it justifiable at the time ? Not such an easy call." La question de la torture, celle inaugurée par les français pendant la guerre d’algérie, pratiquée par des officiers zélés tels Aussares, et copiée par les services américains (qui n’iront pas jusqu’à refaire les crevettes de Bigeard) est toujours la même : peut-on croire à des aveux obtenus de la sorte ? "Suspects subjected to extreme pain will say anything to end their agony. So how can we trust the ‘secrets’ they reveal ?". Aucunement.
Peut-on croire aux fables ingurgitées avec les dizaines de litres d’eau ? Pas davantage. C’est le seul moyen, pourtant, de sauver les Etats-Unis, où ce qu’il en reste, après huit années de dérive.
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