On n’est pas arrivé … au fond, on creuse encore !
Laurent Ruquier n’est pas un intellectuel – pour paraphraser le bel euphémisme employé par Hollande pour caractériser la ministre de l’Education Nationale. Et si c’est gravissime pour la ministre de tous les « apprenants » (comme on dit rue de Grenelle) de France, ça l’est autant pour le patron du « talk-show d’infotainment » préféré des français (comme on dit in good english dans les sondages à deux balles).
Que le niveau soit bas, rien de nouveau, on le savait déjà… Mais le pire, c’est que ça continue à descendre, encore et encore, chaque semaine que le PAF fait, et qu’on ignore si ça va s’arrêter vu qu’on est déjà passé depuis longtemps sous la ligne de flottaison. Le bateau coule, n’est-ce pas Michel Onfray, mais il reste de la marge avant d’atteindre les abysses et de s’enliser définitivement dans la vase.
On le sait depuis belle lurette que cette émission n’est capable de dispenser qu’un mince (très mince, comme le delirium qui les a tous atteints hier soir) vernis culturel, et on n’en attendait pas plus. Oui, c’était le 1er avril, mais les poissons sur l’étal étaient avariés et puaient vraiment très très fort.
Auparavant (car, sans vouloir jouer les déclinistes, c’était un peu mieux avant…) il y eut quelques chroniqueurs qui, quelles que soient leurs opinions et quels que soient les sujets abordés, arrivaient souvent à élever un peu le débat et, même si l’on n’était pas toujours, loin s’en faut, d’accord avec eux, nous ont fait passer quelques bons moments de joutes verbales constructives et de discussions plaisantes.
Ainsi de Natacha Polony qui, lorsqu’elle avait gentiment balancé à David Foenkhinos qu’il était à la littérature ce que Bénabar était à la chanson engagée, à savoir un bon faiseur de tubes sans estomac, nous avait permis d’applaudir des deux mains. Entendons nous bien : ils sont mignons tous les deux et ne font de mal à personne, mais on a le droit d’exiger, sur le service public et avec notre argent, un peu plus de hauteur de vue et un peu mieux que l’acquiescement perpétuel de bénis-oui-oui devant la médiocrité.
Yann Moix (que j’admire en tant qu’écrivain) a, dans le même cas de figure, déroulé le tapis rouge à Grégoire Delacourt qui est pourtant cent fois pire que Foenkhinos (Vous avez lu jusqu’au bout « La liste de mes envies » ? Bravo, le livre m’est tombé des mains à la page 15…). On se refuse à penser qu’un grand fan de Péguy puisse apprécier une telle daube. Donc, il raconte ce qu’on lui demande de raconter, et là, c’est un scandaaaaale ! On comprend bien qu’il n’est pas payé pour donner honnêtement son avis, mais pour passer la soupe, que la soupe est à minima aux truffes, et qu’il doit adorer les truffes… (Natacha Polony aimait sûrement aussi les truffes – mais pas au point de se vendre, par leur odeur alléchée). Dont acte.
Aymeric Caron, par-delà son look qui faisait craquer la ménagère, ne brillait pas que par ses cheveux longs mais aussi par ses idées fortes sur des sujets sensibles qu’il défendait avec ardeur. On peut ne pas être un spéciste convaincu mais comprendre quand même les raisons de la défense de la cause animale. Avec lui, il y avait débat tout en ayant des hauts.
Alors que cette pauvre cruche de Burggraf, hormis des glapissements ridicules à l’encontre des invités – pour lesquels elle ne montre même pas la plus élémentaire politesse – est incapable d’une seule réponse argumentée et dénote une méconnaissance des dossiers qu’on n’oserait pas accepter en première année d’école de journalisme. Elle aboie, mais la caravane ne passe pas, et la pilule non plus… Horrifiée par ses attaques inacceptables de bêtise assumée, je me suis entendue, dans un délire incrédule, hurler toute seule devant ma télé pour défendre Florian Philippot, qui est resté digne, calme et poli, lui, face à la virago pétrie de haine gratuite. Mes amis apprécieront… La connerie des uns finit par entraîner des comportements irrationnels chez les autres ! Monsieur Philippot appartient à un parti qui existe dans le paysage politique, présente un candidat aux présidentielles, et a le droit de s’exprimer sans déclencher les cris d’orfraie d’une mégère hystérique. Ca s’appelle simplement la démocratie – mais elle est trop excitée pour le comprendre. Ils doivent la shooter aux amphé ou au Redbull pour qu’elle leur fasse le buzz, comme un bon toutou fait le beau.
Quant au pauvre Philippe Poutou, à qui elle a volé dans une crise de fou rire aussi ridicule qu’inextinguible (effectivement sa proposition de vouloir supprimer les licenciements était à mourir de rire, allez dire ça aux récents licenciés de chez Whirlpool) de précieuses minutes de parole qu’on ne lui rendra jamais – pas grave, de toute façon il n’a aucune chance alors, à quoi bon lui permettre de s’exprimer ? – il a fait montre d’un sang-froid et d’une gentillesse exemplaires qui l’honorent, lui et son « petit » parti de « petit » candidat. C’est Madame Burggraf qui est « petite », dans son intelligence comme dans ses comportements.
Alors que je protestais haut et fort sur les réseaux sociaux devant tant de bêtise crasse, une de mes amies m’a répondu que, de toute façon l’audience d’ONPC baissait beaucoup et qu’ils allaient faire long feu. Que nenni, lui ai-je répliqué, on ne bâillonne pas « La Voix de Son Maître » ! Et Delphine Ernotte va gentiment nous les trafiquer, les résultats d’audience… Ella a fait bien pire chez Orange sans que personne ne moufte.
Alors ??? On ne va pas boycotter, non, ça leur ferait trop d’honneur. Mais on va se moquer, avec constance et ironie. Car le ridicule tue plus sûrement que l’absence. Quand on n’a que la toile pour terrain de revanche… c’est énorme et ça compte. Et l’on va appeler à la rescousse tous les grands aînés. Au secours Dumayet et Desgraupes, au secours Jacques Chancel, au secours Michel Polac, au secours Bernard Pivot, réveillez-vous ! Ils ne sont pas devenus fous, ils sont devenus… minables, ce qui est mille fois pire.
Mais enfin, dans une société où l’on a balancé dans le fauteuil de Malraux une autre greluche (la nouvelle en date n’est pas mieux mais au moins elle la boucle) qui a osé avouer ne jamais ouvrir un livre, il ne faut guère s’attendre à mieux.
Quand j’entends le mot culture, je sors ma… Vanessa ?
De profundis…
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