La puissance capitaliste américaine a évité d'intervenir ouvertement dans la restauration du capitalisme dans l'ex-URSS. Elle ne voulait pas fournir un prétexte à l'aile conservatrice de la bureaucratie qui voulait interrompre le processus. Depuis, quoi que disent les dirigeants, elle protège le régime de Poutine contre un risque d'embrasement par une mobilisation des exploités. Cela reste vrai au moment où le père Noël vient de passer dans nos foyers. D'ailleurs, les journalistes et les politiciens parlent beaucoup de négociations qui devraient aboutir, dans trois semaines, à la paix en Ukraine ! Le père Noël s'appelle Trump !
Lors du changement de millénaire, le capitalisme venait d'être restauré en Russie et dans les pays de l'ancienne URSS. Cela changeait évidemment grandement la situation internationale. Les dirigeants des USA, et avec eux les dirigeants des pays de l'OTAN, rêvaient depuis longtemps de rétablir le capitalisme. Finalement, ils n'ont pas eu à agir pour que cela advienne.
Les bureaucrates du régime stalinien tiraient leurs privilèges uniquement de leur fonction et, dans la période post-stalinienne, nombre d’entre eux ont commencé à vouloir asseoir leurs avantages bien fragiles sur la propriété privée. C'est une aile de la bureaucratie, avide de conforter ainsi ses privilèges, qui s'est chargée de restaurer le capitalisme avec successivement à sa tête Gorbatchev, Eltsine et Poutine. Cela s’est fait dans une situation où la bureaucratie, dans son ensemble, devait faire face à de multiples difficultés et était déchirée sur la conduite à tenir. L'aile la plus conservatrice était d’avis d’employer la manière forte pour régler les problèmes tant en Russie qu’en Afghanistan, en Pologne… Au cours du processus des divergences ont pu apparaître, au sein de l’aile restaurationniste, sur la méthode mais pas sur le but.
Les forces capitalistes et notamment les dirigeants américains voyaient évidemment d’un œil favorable le processus enclenché par Gorbatchev et ils se sont bien gardés d’intervenir d’une quelconque façon. Plus que cela, ils sont allés jusqu’à refuser l’adhésion à l'OTAN à des pays d’Europe de l’Est qui en faisaient la demande et répondaient pourtant aux critères d’adhésion de l’époque. Je reproduis ci-dessous, à ce sujet, un document classé secret mais qui est maintenant déclassifié. Il s’agit du compte-rendu d’une réunion préparatoire à la réunion du CAN (Conseil de l’Atlantique Nord) du printemps 1991. Cette réunion s’est tenue à Bonn, le 6 mars 1991. Le document, classé secret, montre que l’OTAN refuse l’adhésion de ces pays (Pologne, Hongrie, Tchéquie) pour ne pas « ostraciser les Russes ». Mais la réunion décide d’accompagner ce refus de propositions bienveillantes.
Cette observation ne change rien à la nature agressive et contre-révolutionnaire de l’OTAN mais elle remet en question tout le mythe créé par Poutine des années plus tard. Ce n’est pas sur le mode de la recherche à tous crins et le plus vite possible de l’extension de l’OTAN vers l’Est que s’est manifestée la politique des USA et de leurs alliés dans cette période qui a suivi la chute du mur de Berlin (novembre 1989). Bien au contraire, ils se sont évertués à rester consciencieusement inactifs. Remarquons aussi que les craintes d’une réaction de l’aile conservatrice de la bureaucratie stalinienne était pleinement justifiée puisque, quelques mois plus tard, lors du coup d’Etat d’août 1991, des putschistes déposèrent brièvement Gorbatchev et tentèrent de prendre le contrôle du pays.
En 2002, l'amitié, la collaboration et la coopération entre les dirigeants russes et américains, qui avaient été en opposition lors de la guerre froide, battait son plein. Ils venaient tous de remporter une grande victoire en restaurant le capitalisme. C'est à cette époque que Georges W. Bush faisait la fête avec Vladimir Poutine à Sochi, dans la luxueuse résidence du maître du Kremlin (notre photo).
Leur étroite collaboration s'est notamment manifestée en mai 2002 lors du sommet de Rome du Conseil OTAN-Russie, Poutine déclarait, lors de ce sommet (voir les pages 17 et18) :
"Pour la Russie, étant donné sa position géopolitique, le renforcement de la coopération avec l'OTAN, en tant que partenaires égaux, est l'un des aspects concrets de l'approche multiple, qui est la seule solution que nous puissions adopter, et que nous avons l'intention de mettre en œuvre résolument. (...) Ce n'est qu'en combinant harmonieusement nos actions dans tous ces domaines que nous créerons de vastes possibilités qui permettront de bâtir une seule grande région où régnera la sécurité - de Vancouver à Vladivostok. Je pense que tous ceux qui participent à la réunion aujourd'hui partagent cet avis."
L’objectif commun de lutter contre les mobilisations de la classe ouvrière était affiché au nom d'une prétendue lutte commune contre le terrorisme. Poutine était très clair sur cette question :
"Le 11 septembre de l'année dernière, le terrorisme a fait des milliers de victimes à New York. Et tout récemment, le 9 mai, jour de célébration de la Grande victoire sur le fascisme, les terroristes n'ont épargné ni les femmes, ni les vieillards, ni les enfants dans la ville russe de Kaspiisk. Ils ont violé la mémoire de ceux qui ont apporté au monde la liberté et l'espoir. Nous ne devons pas oublier qu'il y a plus d'un demi-siècle, l'humanité a payé de dizaines de millions de vies le manque de clairvoyance criminel et l'hésitation des hommes politiques à unir leurs forces contre l'ennemi commun. Nous sommes maintenant confrontés à une tâche d'une ampleur comparable, si l'on se réfère à l'histoire. Oui, la menace actuelle se présente sous une autre forme et son origine est différente, mais elle n'en est pas moins dangereuse pour le sort de l'humanité. C'est pourquoi toutes les institutions et formes de coopération internationales doivent maintenant prouver qu'elles sont pertinentes et capables de relever les nouveaux défis."
Poutine fut autant affecté par l'attentat de Kaspiisk que Staline le fut par l'assassinat de Kirov. Bref ! Ce fut pour lui une aubaine ! Il donna immédiatement l'ordre "d'écraser la vermine"... Il tenait là une opportunité qu'il exploita autant que Staline avait su exploiter l'assassinat de Kirov.
Un tournant se produit en effet à cette époque qualifiée par les dirigeants américains de "nouvel ordre mondial" ou encore de "global war". Poutine a pu massacrer autant qu'il le voulait notamment en Tchétchénie ou en Syrie avec l'accord des dirigeants américains qui de leur côté ont massacré en Afghanistan et en Irak. Mais cette politique sera à terme un échec pour les deux protagonistes qui étaient pour l'essentiel complices. C'est ce que nous allons voir maintenant.
Toute cette période qui va de 2001 à 2023 mériterait d'être étudiée plus en détail avec notamment le printemps arabe, la révolution syrienne et l'écrasement des rebellions en Géorgie (2008), le conflit en Ukraine (2014) avec l’invasion de la Crimée et la guerre au Donbass, les révoltes en Biélorussie (2020) et au Kazakhstan (au début de 2022), les conflits dévastateurs en Libye à partir de 2011, l’Afghanistan sous occupation américaine jusqu’en août 2021. Voyons notamment comment les relations entre Poutine et les dirigeants américains ont évolué au cours de cette période. Des nuances, voire même des divergences, sont apparues mais leur volonté commune de lutter contre les mobilisations ouvrières est restée constante.
Poutine, dès son accession au pouvoir a essayé de maintenir l'empire russe qu'est devenu l'URSS sous la dictature de Staline. Il voulait le retour au capitalisme mais il ne voulait pas la désintégration de l’Empire stalinien. En ce sens, il a constamment affiché son attachement au stalinisme tout en voulant le retour au capitalisme. Il ne faut y voir aucune contradiction. Nous l’avons dit : la bureaucratie, ou nomenklatura, aspirait à asseoir ses privilèges sur la propriété privée des moyens de production.
En effet, alors que l'URSS s'est constituée, sous Lénine, par application du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, elle est devenue un Empire dictatorial avec Staline. D'ailleurs les pays Baltes ont été intégrés à l'URSS dans la période de l'accord Hitler-Staline par la volonté conjointe des deux dictateurs et nullement par la volonté des populations. La restauration du capitalisme s'est accompagnée dans toute l'URSS par l’expression d'une volonté des peuples de retrouver les libertés bafouées par la longue période de dictature. En particulier, les peuples qui ont subi une situation de colonisation par la Grande Russie ont voulu reprendre leur indépendance. Les pays Baltes, ont été les premiers pays de l’ex-URSS à s'émanciper de la tutelle russe. Ils ont immédiatement adhéré à l'OTAN (2004) pour se placer sous la "protection" des puissances capitalistes anciennes. Dès lors, l'OTAN a commencé à apparaître comme un danger pour Poutine qui voyait cette même aspiration à l'indépendance se manifester en Tchétchénie, en Biélorussie, en Géorgie, en Ukraine, au Kazakhstan...
Cependant, répétons-le, cette volonté d’adhésion à l’OTAN venait des populations de l’ex-URSS qui se révoltaient contre la tutelle de dictateurs. Elle ne venait nullement de l’OTAN ou des USA.
Cela présente d’ailleurs une difficulté majeure pour ceux qui veulent construire, dans ces pays, des sections d’une internationale révolutionnaire. Nous approuvons et nous sommes solidaires de cette volonté populaire d’indépendance nationale mais nous contestons que la volonté d’adhérer à l’OTAN ou à l’UE soit une solution. Cela revient à se débarrasser de la tutelle d’un impérialisme pour se placer sous la tutelle d’un autre impérialisme et il serait vain d’essayer de choisir un impérialisme qui serait meilleur qu’un autre. Nous ouvrons, avec cette politique, la seule perspective qui soit réellement internationaliste, puisqu’elle est la même dans tous les pays. Nous combattons partout, avec la classe ouvrière mondiale, l’oppression d’où qu’elle vienne.
La lutte contre le terrorisme était, du point de vue de Poutine, le prétexte qui lui permettait de réprimer toutes les manifestations de l’aspiration à l'indépendance des peuples opprimés dans l'Empire Russe. Dans son discours prononcé le 10 février 2007 devant la Conférence de Munich sur la sécurité, Poutine évoque à nouveau cette volonté de mâter les révoltes au nom de la lutte contre le terrorisme et d’avoir, à ce sujet, un accord avec toutes les puissances capitalistes :
"on a vu apparaître des menaces foncièrement nouvelles qui étaient connues auparavant, mais qui acquièrent aujourd’hui un caractère global, par exemple, le terrorisme. Je suis certain qu’en ce moment crucial il faut repenser sérieusement l’architecture globale de la sécurité. Il faut rechercher un équilibre raisonnable des intérêts de tous les acteurs du dialogue international. D’autant plus que le « paysage international » change très rapidement et substantiellement en raison du développement dynamique de toute une série d’Etats et de régions (...) Il ne fait pas de doute que le potentiel économique des nouveaux centres de la croissance mondiale sera inévitablement converti en influence politique, et la multipolarité se renforcera."
Dans cette situation où les USA veulent se positionner en "gendarme du monde", Poutine craint que cette puissance impérialiste concurrente soit un pôle attractif pour les pays qui veulent se détacher de l'ancienne URSS. A partir de cette date, il commence donc à émettre des réserves et des critiques sur la politique des américains et de l'OTAN. Mais, il faut bien relativiser ces critiques qui ne remettent nullement en question les points d’accord essentiels qui lient Poutine et les dirigeants américains.
Poutine conteste les décisions d'invasion de l'Irak et de l'Afghanistan prises par les dirigeants américains sans qu'ils se soient souciés de consulter l'ONU c'est à dire en bafouant les règles que les dirigeants américains eux-mêmes avaient instituées auparavant. Il dit :
« Nous sommes témoins d’un mépris de plus en plus grand des principes fondamentaux du droit international. Bien plus, certaines normes et, en fait, presque tout le système du droit d’un seul Etat, avant tout, bien entendu, des Etats-Unis, a débordé de ses frontières nationales dans tous les domaines : dans l’économie, la politique et dans la sphère humanitaire, et est imposé à d’autres Etats. »
Et il réclame le retour aux règles de l’ONU :
« Lorsque l’ONU réunira réellement les forces de la communauté internationale qui pourront réagir efficacement aux événements dans certains pays, lorsque nous nous débarrasserons du mépris du droit international, la situation pourra changer. Sinon, elle restera dans l’impasse et les lourdes erreurs se multiplieront. Il faut œuvrer pour que le droit international soit universel aussi bien dans sa compréhension que dans l’application de ses normes »
Remarquons bien que Poutine demande seulement aux dirigeants américains de revenir à la politique réactionnaire qu’ils avaient avant le 11 septembre 2001 c’est-à-dire à la politique de l’ONU garant du maintien de l’ordre capitaliste sur le monde. Il est logique que les organisations de droite et d'extrême-droite, qui ont toujours été attachées à cette politique internationale de défense du capitalisme mondial c'est-à-dire de l'exploitation des peuples approuvent, à ce sujet, Poutine. Il est plus étonnant qu'elles soient suivies sur ces questions par des organisations qui se réclament du mouvement ouvrier et qui se rangent ainsi clairement du côté de la politique la plus réactionnaire.
Remarquons aussi que Poutine ne voit aucune contradiction dans le fait qu'il demande aux USA de respecter le "droit international" alors qu'il s'attribue le droit d'intervenir comme bon lui semble dans les pays de l'ex-URSS. Il considère que ces territoires font exception à la règle, qu'il s'agit de sa chasse gardée. Il prendra d'ailleurs en Géorgie et en Ukraine des décisions absolument contraires à ce droit international et qui seront donc condamnées par l'ONU. Bref ! Ils sont tous d'accord pour exiger que le "droit international de l'ONU" soit respecté par ... les autres.
A aucun moment, dans les critiques de Poutine de 2007, il n’est question du mythe qu’il développera amplement plus tard sur une volonté d’encercler la Russie par des forces de l’OTAN agressives qui conquièrent de plus en plus de territoires vers l’Est. Il ne critique ni les adhésions à l’OTAN de la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie en 1999 ni celles de la Bulgarie, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie en 2004. L’OTAN avait seulement répondu à de fortes demandes après de multiples réticences. D’ailleurs, les critères d’adhésion sont devenus de plus en plus draconiens et cela témoigne de la volonté de freiner les demandes d’adhésion à l’OTAN et non pas de les encourager. Toutefois, le retour au capitalisme étant acté, une réaction de l’aile dure et conservatrice de la bureaucratie stalinienne n’était plus à craindre. C’est dans ces conditions que l’adhésion de ces 10 pays a pu être acceptée.
Au cours de la période suivante (de 2007 à 2024), la situation a évolué par étapes. Les relations se sont nettement dégradées à la suite de l’intervention militaire et des actions agressives menées par la Russie en Ukraine en avril 2014 avec l'occupation et l'annexion de la Crimée. La coopération pratique, tant civile que militaire, des USA avec la Russie dans le cadre du COR a alors été suspendue.
Au cours de toutes les guerres de Tchétchénie, de Yougoslavie, d'Irak et de Syrie, le « terrorisme-islamique » a largement été utilisé par les puissances impérialistes (USA et Russie) pour venir à bout de toutes les rebellions et révolutions. Les puissances impérialistes ont largement contribué au développement de ces extrémismes-islamiques qui leur ont ensuite servi de prétexte pour massacrer les peuples qui se révoltaient. Les talibans ont été massivement aidés par les USA. "Pendant une décennie, les américains verseront 2,4 milliards d'Euros aux moudjahidins". Il en est de même pour Daech. Les wikileaks ont révélé un email d'Hilary Clinton du 17 mai 2014 où elle soutient que l’Arabie saoudite et le Qatar, alliés des Etats-Unis, financent ce groupe de l’Etat islamique. Voici ce qu'elle écrivait : « Nous devons utiliser notre diplomatie et profiter des atouts de nos services de renseignement pour mettre sous pression les gouvernements du Qatar et de l’Arabie saoudite, qui fournissent un soutien financier et logistique à Daech et à d’autres groupes radicaux dans la région ». Trump est d’ailleurs allé très loin dans ce sens puisqu’il a accusé Obama et Clinton d’avoir créé l’État islamique . Cela est probablement abusif.
Au cours de la guerre de Syrie, Al Assad a lui-même apporté sa contribution pour « djihadiser » le mouvement d’opposition notamment en libérant les djihadistes extrémistes qu’il avait emprisonnés avant le début de la révolution de 2011. Voir entre 12mn et 21mn30s sur cette vidéo, ce que dit la journaliste Sofia Amara. Elle explique que Bachar Al Assad a libéré 800 djihadistes qui ont tenu ensuite 70% du territoire Syrien et elle conclu, très justement, "Bachar Al Assad et les djihadistes c’est la même chose".
Dans la même période, l’armée américaine s’est embourbée dans des occupations en Irak et en Afghanistan. Lors de son élection en 2008, Obama a annoncé la période du « désengagement ». Il s'est d'ailleurs engagé en 2009 à supprimer le centre de torture-détention de Guantanamo mais, en 2023, la question était encore d'actualité. Le retrait définitif des troupes américaines en Irak avait été programmé dans un accord signé à Bagdad dès 2008 mais il était à nouveau annoncé en 2011 par Obama et encore annoncé en janvier 2021 par Joe Biden... Le départ d’Afghanistan (août 2021), lui aussi programmé, s’est finalement fait dans une précipitation qui a ridiculisé l’armée américaine.
Cette période du désengagement a notamment été marquée par le printemps arabe puis la guerre en Syrie. Au cours de cette guerre Poutine et les dirigeants américains ont contribué ensemble à écraser la révolution syrienne. Poutine a fait bombarder Alep et la banlieue de Damas. Ensuite, les américains ont bombardé Raqqa. Les massacres de la population civile ont fait au moins 500 000 morts alors que les dirigeants de l’Etat Islamique ont quitté Raqqa en toute tranquillité sans être aucunement inquiétés. Ouest France du 14 octobre 2017 annonce :"Des autocars se trouvent dans la ville de Raqqa afin de procéder à l’évacuation des djihadistes et de leurs familles qui se trouvent encore dans ce dernier bastion du groupe État islamique (EI) en Syrie, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ce samedi". Alors que la presse mondiale a présenté l'Etat Islamique comme le responsable de toute la barbarie subie par la population syrienne, les crédules devraient au moins s'étonner de la clémence dont les dirigeants de l'EI ont pu jouir. Nous savons qu'en fait ils ont pu se développer grâce à Al Assad lui même et avec les financements de deux alliés des USA : l'Arabie Saoudite et le Katar. Ils ont ensuite pu vendre leur pétrole sur le marché mondial. Il a bien fallu pour cela qu'ils bénéficient de la complicité de sociétés capitalistes. Ils ont ensuite quitté Raqqa le 12 octobre 2017 grâce à un autre accord pourri aussi secret que ceux concernant les financements. Cela a été révélé par la BBC comme on peut le lire dans un article intitulé : "Raqqa's dirty secret"
"La BBC a découvert les détails d'un accord secret qui a permis à des centaines de combattants de l'EI et à leurs familles de s'échapper de Raqqa, sous le regard de la coalition dirigée par les États-Unis, le Royaume-Uni et des forces dirigées par les Kurdes qui contrôlent la ville. Un convoi comprenait certains des membres les plus notoires de l'EI et, en dépit des assurances données, des dizaines de combattants étrangers. Certains d’entre eux se sont propagés à travers la Syrie, allant même jusqu’en Turquie."
L'article donne de multiples précisions comme celles-ci :
"Le convoi mesurait six à sept kilomètres. Il comprenait près de 50 camions, 13 bus et plus de 100 véhicules appartenant au groupe État islamique. Les combattants de l’EI, le visage couvert, étaient assis d’un air de défi sur certains véhicules. Des images filmées en secret et qui nous ont été transmises montrent des camions tirant des remorques remplies d'hommes armés. Malgré un accord prévoyant de ne prendre que des armes personnelles, les combattants de l’EI ont pris tout ce qu’ils pouvaient emporter. Dix camions étaient chargés d'armes et de munitions."
L'information a été reprise par d'autres articles. L'un d'eux confirme les faits dans ces termes :
"On le savait : la prise de Raqqa s’est conclue par un marché avec le groupe État islamique (EI) pour l’évacuation de ses derniers combattants retranchés au cœur de la ville. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui ont mené la bataille de Raqqa, ont conclu un accord avec EI, tandis que la coalition internationale a fermé les yeux. Mais les informations sur les termes de l’accord et surtout le nombre et l’identité des djihadistes concernés restaient inconnues. Une enquête stupéfiante de la BBC révèle l’ampleur d’un arrangement qui a permis de laisser partir des centaines de combattants étrangers avec leurs familles et leurs armes, y compris des chefs de la formation terroriste."
Il ne faut surtout pas prendre à la lettre le discours officiel sur l'EI. La vérité est bien que l'Etat Islamique bénéficiait de la complicité des forces capitalistes. Il a été construit, financé et protégé par ces forces pour discréditer et briser la révolution syrienne.
Au cours de cette guerre de Syrie, Poutine s’est affirmé comme venant concurrencer les USA dans ce rôle de gendarme du monde. Il a renforcé ensuite cette image en « ramenant l’ordre » au Kazakhstan.
Tout en reprochant aux USA d'étendre les bases militaires de l'OTAN, Poutine, surtout inquiet de l'exemple que pourrait donner l'adhésion des pays Baltes à l'OTAN, n'a cessé, dans cette période, de mettre en place des nouvelles bases militaires russes. Voici une liste de ces bases :
- Tartous : base navale militaire russe en Syrie.
- Hmeimi : base militaire aérienne russe en Syrie.
- Sébastopol : base navale militaire russe, déjà ancienne, située en Ukraine-Crimée qui est maintenant réduite à l'impuissance par l'armée ukrainienne.
- Guioumri : base russe en Arménie qui a ouvert deux « positions d’appui » dans le sud du pays, à la frontière avec l’Azerbaïdjan.
- Bambora et Gudauta : deux bases militaires aériennes russes placées sur le territoire géorgien. En fait, la Russie considère qu’il s’agit du territoire de l’Abkhazie qu’elle est la seule à reconnaître comme étant un territoire indépendant.
- Otchamtchira : base militaire navale russe également sur le territoire de la Géorgie-Abkhazie. Elle est donc au bord de la Mer Noire, en eaux peu profondes, et ne peut donc accueillir que des petits bâtiments.
- La Biélorussie (ou Bélarus), en principe, n’héberge pas de bases militaires russes mais nous savons tous que Poutine y a massé des troupes en grand nombre quand il a décidé d’envahir l’Ukraine.
Finalement cette politique mondiale menée conjointement par l'OTAN-USA et la Russie fut un échec pour les deux grandes puissances. L'échec des américains culmine en 2021 avec leur débâcle en Afghanistan et celui de Poutine avec son invasion ratée en Ukraine. Face à la résistance ukrainienne, ses troupes qui étaient arrivées à proximité de Kiev ont été contraintes de reculer jusqu'à la fin 2022 avant que le front se stabilise en 2023. La troisième année de guerre commence alors que Poutine avait prévu d’abattre le régime de Zelensky en quelques semaines pour y mettre à la place un gouvernement à ses bottes. Au même moment, les gouvernements des USA, de l’Angleterre et de la France, dans leur extrême bonté à l’égard des ukrainiens, avaient proposé d’accueillir, en tant que réfugiés politiques, le gouvernement de Zelensky. Aucun gouvernement n’avait prévu que le peuple ukrainien résisterait aussi vaillamment. Ils ont dû tous s’y adapter.
Poutine et Biden restent fondamentalement d'accord sur la nécessité de maintenir le capitalisme en écartant tout risque de puissantes mobilisations ouvrières. Les dirigeants américains n'ayant pas actuellement de solution de rechange, au cas où le régime de Poutine s'effondrerait, tiennent à ce qu'il se maintienne au pouvoir. Poutine règne en effet sur une poudrière qui risque à tout moment de se désintégrer. Les travailleurs des républiques de l'ancienne URSS ne veulent plus de cette domination "coloniale" de leur pays (Tchétchénie, Biélorussie, Géorgie, Kazakhstan et ... Ukraine).
D'ailleurs, le COR (Conseil OTAN-Russie), est resté en place et il s’est réuni à onze reprises depuis 2016. La dernière réunion du COR remonte au 12 janvier 2022 soit à un peu plus d'un mois de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.
Un document de l'OTAN de février 2022 indiquait clairement que les relations entre la Russie et les USA étaient encore très amicales au moment de l'invasion de l'Ukraine :
"Les Alliés continuent de croire qu’un partenariat entre l’OTAN et la Russie, fondé sur le respect du droit international, aurait une valeur stratégique. Ils aspirent toujours à une relation de coopération constructive avec ce pays, qui passe notamment par des mesures de confiance et de transparence réciproques et une meilleure compréhension mutuelle des postures des forces nucléaires non stratégiques de l’OTAN et de la Russie en Europe, et qui soit fondée sur des préoccupations et des intérêts de sécurité communs, dans une Europe où chaque pays est libre de décider de son avenir."
Leur langue de bois se décrypte facilement :"une relation de coopération constructive (...) fondée sur des préoccupations et des intérêts de sécurité communs". Il s'agit bien de maintenir la soumission des exploités et de prévenir toute tentative de rébellion dans toute l'Europe (de l'Atlantique à l'Oural). Ce sont bien là les "intérêts de sécurité communs" à Poutine et aux dirigeants américains.
Le gouvernement américain savait précisément quand et comment Poutine envahirait l'Ukraine. Un article du Washington Post en date du mercredi 17 août 2023 indiquait en effet que les autorités américaines connaissaient les moindres détails des plans du Kremlin dès octobre 2021 (4 mois avant l’invasion). Le fait qu’ils aient laissé faire a bien valeur d’autorisation donnée à Poutine. Cet article du Washington Post a fait sensation et il a été abondamment repris. (Voir tout ce qu’on trouve sur le web en tapant dans un moteur de recherche : "Poutine avait l’autorisation des américains pour envahir l’Ukraine"). Voici notamment ce que je trouve dans "Courrier International" :
"Au fil d’une enquête en quatorze chapitres, menée par une dizaine de journalistes à travers le monde et intitulée “Sur la route de la guerre”, The Washington Post révèle dans son édition du mercredi 17 août les coulisses des mois qui ont précédé la guerre en Ukraine. Le quotidien s’appuie sur le témoignage d’une trentaine de hauts responsables politiques, militaires et issus du milieu du renseignement, occidentaux et ukrainiens, dont certains s’expriment sous le couvert de l’anonymat. On y apprend que les services occidentaux, notamment américains et britanniques, étaient incroyablement bien informés, qu’ils avaient connaissance dans les moindres détails des plans du Kremlin et de l’intention de Moscou d’envahir l’Ukraine."
Biden a, de fait, donné son feu vert à Poutine. En fait, le Washington Post n'a rien révélé d'important car il ne pouvait pas en être autrement. Le dialogue est permanent entre la Russie et les USA. Poutine ne pouvait pas mettre en œuvre une décision de cette importance sans en avoir informé les USA. Car le dialogue n'a jamais cessé. Il a toujours été assumé au minimum par le biais d'une diplomatie qui n'est pas toujours affichée officiellement mais dont l'existence n'est plus un secret. Des rencontres ont plusieurs fois été évoquées dans la presse. Ainsi le patron de la CIA s'est rendu au Kremlin les 2 et 3 novembre 2021. A cette occasion : "entre Vladimir Poutine et William Burns (le patron de la CIA), un entretien téléphonique a eu lieu, dans le cadre de cette visite, a déclaré lundi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Un article du 2 novembre 2011 de Sud-Ouest précise : "Le directeur de la CIA William Burns a rencontré mardi à Moscou le très influent chef du Conseil de sécurité russe, ont annoncé les services de ce dernier et l’ambassade américaine en Russie".
Ces échanges se sont poursuivis. Un article de Newsweek du 6 juillet 2023 explique : "En janvier 2022, un mois avant l'invasion russe, la CIA aurait servi d'intermédiaire entre Washington et Moscou pour établir une série de "règles" partagées." Il est clair que Poutine et les dirigeants américains ne sont pas des ennemis. Ils sont tout au plus des adversaires dans un jeu où ils sont bien d'accord sur les règles que chacun doit respecter. L'article de Newsweek précise : "lors d'une visite déjà connue au Kremlin du directeur de l'agence, Guillaume Brûle, la Russie s'est engagée à ne pas étendre le conflit au-delà des frontières de l'Ukraine et à éviter l'utilisation d'armes atomiques ; en retour, l'administration du président Joe Biden s'assurerait que Kiev « ne prendrait aucune mesure qui pourrait menacer directement la Russie ou la survie de l'État russe ». Sur la base des accords entre Washington et Moscou, il appartiendrait aux Etats-Unis de veiller au respect de ces engagements."
Les dirigeants américains ont été contraints d’afficher publiquement une solidarité avec le peuple ukrainien quand celui-ci a bloqué l'avancée de l'armée russe. Cependant, toujours liés par leurs accords avec Poutine, ils n'ont fourni qu'une aide mesurée au compte-gouttes à la résistance ukrainienne. Ils ne voulaient pas, et ils ne veulent toujours pas, lui donner les moyens qui lui assurerait une victoire éclatante.
En observant le décompte relevé sur Wikipedia de ce qui a été fourni par les américains, nous constatons qu’ils ne donnent qu’une infime partie de ce dont dispose l’armée américaine. Par exemple, ils ont donné 39 HIMARS. Or, ils en disposent de 363 et ils en produisent 48 par an. Autre exemple : ils ont fourni 31 chars M1 Abrams or, ce char, de conception déjà ancienne, n’est plus utilisé par l’armée américaine depuis 1996 et ils en ont produit 3273. Encore un exemple : ils ont livré plusieurs centaines de drones or l’armée ukrainienne en a utilisé plus d'un million en 2024. Ils n’ont livré aucun avion, aucun hélicoptère... En fait, ils font durer la guerre car si les ukrainiens remportaient une victoire les répercutions en Russie et dans toute l'ex-URSS seraient à leurs yeux trop importantes, incertaines et probablement incontrôlables.
Il faut encore apporter des précisions sur un argument largement utilisé par les défenseurs de Poutine. Il aurait été fortement question de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN avant l'invasion Russe et c'était une justification essentielle de cette invasion : il fallait protéger la Fédération de Russie d'un "encerclement" par l'OTAN.
Il faut rappeler la vérité sur ce sujet : ce ne sont que des bavardages. Il n'a jamais été sérieusement question que l'Ukraine intègre l'OTAN car elle était en conflit depuis 2014 avec la Fédération de Russie qui avait envahi une partie du territoire ukrainien : la Crimée. C'est une règle inviolable dans les critères d'admission à l'OTAN. Un pays ne peut pas adhérer s'il est en conflit avec un autre pays. Elle est par ailleurs évidente puisque si un pays en conflit avec un autre pays entrait dans l'OTAN alors il faudrait immédiatement appliquer l'article 5.
Cette règle inviolable a été confirmée dans deux déclarations (voir Wikipédia).
- En mars 2016 Jean-Claude Juncker alors président de la Commission Européenne déclarait : " il faudrait au moins 20 à 25 ans pour que l’Ukraine rejoigne l’UE et l’OTAN".
- Le 16 mars 2022, Volodymyr Zelensky déclarait : « Il est évident que l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN. Nous le comprenons. Nous avons entendu pendant des années que les portes étaient ouvertes, mais nous avons aussi entendu que nous ne pourrions pas adhérer. C’est la vérité et il faut le reconnaître. Je suis content que notre peuple commence à le comprendre, à ne compter que sur ses forces et sur nos partenaires qui nous aident »
Tous les bavardages sur cette question s'expliquent très bien. Du côté des poutinistes, ils cadrent très bien avec le fantasme d'une OTAN agressive cherchant à encercler l'Ukraine. Du côté de Zelinsky, cette question rejoint la volonté des ukrainiens de se mettre à l'abri des agressions russes comme l'ont fait les États Baltes. Les politiciens veulent toujours répondre aux aspirations de leur électorat. Mais il était impossible que cela se réalise.
Après l'élection de Trump, cette question des relations entre Poutine et les dirigeants américains prend un nouvel aspect. Nous attendons de voir, avec un peu d'amusement, comment Trump va rétablir la paix en Ukraine au mois de janvier en moins de 24 heures. C'est évidemment impossible.
Tous les politiciens et les journalistes parlent des négociations pour la paix, mais les belligérants ne l'envisagent absolument pas. Pour l'instant, il n'est même pas question de trêve, de cessez-le-feu ou d'un "gel de la ligne de front". Ils sont cependant tous d'accord pour mettre fin à la guerre en 2025 mais la solution préconisée, de part et d'autre, est d'écraser l'adversaire pour qu'il soit contraint d'accepter l'intégralité des conditions que chacun veut impposer. Et, pendant ce temps les journalistes répètent que "l'hypothèse de négociations pour 2025 avance à vitesse "grand V" en ce moment à coup de déclarations..."
Mais, les faits confirment que la guerre bat son plein et, dans les déclarations des belligérants, il n'est nullement question d'accepter des compromis.
Le 7 novembre 2024, lors d’une conférence de presse en marge d’un sommet de la Communauté politique européenne à Budapest, Zélensky a déclaré : « On ne peut pas se contenter de dire “(un cessez-le-feu maintenant) et ensuite nous verrons”. Ce n’est pas viable. Et le pire, c’est que c’est irresponsable », Il avait rappelé auparavant que faire des « concessions à Poutine » était « inacceptable pour l’Ukraine et suicidaire pour toute l’Europe », reprenant en partie un discours prononcé un peu plus tôt.
Poutine est d'accord pour ouvrir des négociations "en terrain neutre" c'est-à-dire dans un pays où le dirigeant est favorable à sa politique (Slovaquie ou Hongrie) et quand il dit "Nous nous efforçons de mettre fin au conflit en Ukraine" cela signifie qu'il fait tout ce qu'il peut pour bouter les ukrainiens hors du territoire russe où ils se sont installés (région de Koursk) et pour prendre la totalité du Donbass. Les journalistes répètent à l'envi que l'armée russe avance, avance et avance. Elle a exactement avancé de 4500 km2 en un an soit l'équivalent d'un carré de 67 km de côté. Depuis quatre mois les poutinolâtres jurent que Pokrovsk va tomber dans trois jours et que les ukrainiens seront écrasés à Koursk dans une semaine. Ils répètent à satiété que l'armée russe domine nettement. Elle domine tellement qu'elle est obligée de se fournir en drones chez les ayatollahs d'Iran et en combattants chez les coréens. Ajoutons que Poutine n'a pas pu, faute de moyens, se porter au secours de son ami el-Assad et qu'en conséquence la Russie va perdre ses bases militaires sur la méditerranée. Plusieurs vidéos sur YouTube apportent des informations sur l'état de l'armée russe. Vous pouvez notamment visualiser : "Armée russe : colosse aux pieds d'argile", "La Russie : une Armée à la traine", "Armée russe : recruter à tout prix". Les russes ne peuvent plus mettre un navire de guerre en mer Noire. Leurs avions ne peuvent plus survoler l'Ukraine. Les ukrainiens peuvent maintenant frapper en territoire russe et ils pourront bientôt se passer des autorisations des américains puisqu'ils produisent eux-mêmes des missiles pour cela.
Le décalage entre les faits et les déclarations des journalistes est énorme. Voilà qu'ils se remettent à parler de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN alors qu'il n'y a rien de changer : l'Ukraine n'adhérera pas à l'OTAN si elle est en conflit avec un autre pays. C'est impossible ! Une adhésion n'est guère envisageable pour la prochaine décennie. Du point de vue de Poutine, c'est même "ad vitam æternam" que la question doit être abandonnée. Sergueï Lavrov a déclaré
"Nous ne sommes certainement pas satisfaits des propositions formulées visant à reporter de 20 ans l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, ainsi qu'à introduire un contingent de maintien de la paix composé de "forces britanniques et européennes" en Ukraine".
Voilà bien, au moment où journalistes et politiciens parlent tant de négociations de paix, où nous en sommes dans les relations entre Poutine et les dirigeants américains. Personne ne nie qu'ils discutent et s'entendent sur ce qu'ils appellent "les questions de sécurité" alors même que Poutine est poursuivi par la CPI (Cours Pénale Internationale) ce qui interdit, en principe, toute discussion avec lui. Avec ou sans discussion, ils s'entendent pour briser dans l’œuf tout risque de révolution. Par crainte d'une mobilisation incontrôlable des exploités dans les pays de l'ancienne URSS, la puissance capitaliste américaine continue à protéger le régime de Poutine. Une forme de complicité existe encore entre les dirigeants des deux puissances mais ils ne font plus la fête ensemble.