Où il est question de souvenirs de jeunesse, de ralentisseurs et de démographie
Où l'auteur, via une longue digression, relie posément les souvenirs de sa propre jeunesse à un sujet sociétal crucial : L'Humanité et son avenir démographique.

Jeune, j'imaginais que le monde était à moi. Que tout était possible et sera possible. Illusion ou réalité. C'est le propre de la jeunesse de ne pas savoir distinguer l'une de l'autre.
J'ai été façonné par l'école républicaine, laïque et universelle. Immigré de deuxième génération j'ai largement profité du système éducatif français. Lequel m'a prodigué 15 ans d'un enseignement de qualité allant de fin des années 60 au début des années 80. Cela forme environ un tiers de mon capital humain.
La France m'a offert, par ailleurs, ses paysages, ses villes, ses bibliothèques et lieux de culture de façon gratuite ou presque. Au fil des vacances en famille (rares mais dont je garde des souvenirs intenses et encore très précis), au gré de mes balades, à pied, puis au fur et à mesure que je grandissais et m'enhardissais en vélo, j'ai emmagasiné un stock d'images, d'impressions et de stimulations qui m'ont marqué à vie. Encore un autre tiers de ce capital.
Et pour finir mes parents avec tout leur vécu, leur soutien et leur investissement. Le dernier tiers. Merci Maman, merci Papa (ou l'inverse c'était selon) !
De cette enfance j'ai gardé le souvenir d'une très forte impression de liberté.
Pour commencer la liberté d'aller et venir. Les maisons type « Sam'suffit » ou « Do-mi-si-la-do-ré » était encore rares avec leur petit terrain jalousement bordé de grillages, de béton vert (les haies de Tuya) ou de barrières en béton en imitation de branche d'arbres. On les appelaient alors « les maisons neuves » par opposition avec « l'ancien ».
Les cours de fermes étaient ouvertes à tous les vents et seul Felix, cet archétype de bâtard des pâturages, la plupart du temps en liberté totale mais pour lors, en plus de ses attributions de chien de berger, montait la garde. Cela donnait lieu parfois à des courses poursuites mémorables. Qui n'a pas vu de tel chien longeant la route, la langue en bandoulière, rentrer chez lui consciencieusement en trottinant après une virée sur son territoire, ne peut prendre la mesure de ce temps-là en ces lieux champêtres.
Lors d'un travail saisonnier de recensement à la mairie de mon village j'ai pu ainsi en été pénétrer en complète impunité dans les cuisines (jamais fermées à clé !) de nombreuses fermes puis continuer la recherche de leur propriétaire jusque dans le potager attenant.
Les chemins agricoles étaient en accès libre et c'était à vous de gérer le croisement avec le paysan et ses rares véhicules agricoles. A noter que si le paysan propriétaire allait aux champs en tracteur, ses ouvriers y allaient en vélo ou à pied (égalitarisme quand tu nous tiens) !
Les cours des trois usines étaient grandes ouvertes (scierie, conserverie et carrière). Il n'y avait pas de portail. Le seul endroit un peu protégé, c'étaient les bureaux, un peu à part et bénéficiant en général d'un effort horticole (haies, parterre de fleurs...).
Souvent quand je me perdais (volontairement) lors de mes balades exploratoires je ne savais plus trop si j'étais encore sur une routelette encore publique ou si j'avais déjà franchi les limites du bien d'autrui. Et seul le fait fait de ne pas arriver dans un cul-de-sac tranchait la question. Dans le cas contraire nul ne venait vous invectiver l'écume à la bouche.
(Crédit Photo : Le Parisien)
Quant aux forêts...Je devais être sacrément innocent quand même car c'est seulement à mes 15 ans que je découvris qu'elles pouvaient être privées ! Je parle de forêts, pas du petit bois (derrière chez moi ♫ ♬ ). C'était notre terrain d'aventures en tous genres, terrain que l'on s'accaparait et que l'on rendait à regret aux chasseurs en automne.
Quand on faisait les fous dans les bottes de pailles dans les granges isolées bordant certains champs (ah ces saut de l'ange de 3 mètres et plus !) on se doutait bien qu'elles appartenaient à quelqu'un. Pourtant aucune n'était fermée. Elles étaient même plutôt ouvertes aux quatre vents !
Les petites bottes de paille, facile au demeurant à dérober, prenaient presque toutes la direction des granges de leurs propriétaires (une ou deux étaient barbotées par ci par là...pour la cage aux lapins).
Le vol de bois coupé était presque inconnu.
Les maraîchers ne mettaient pas de barbelés autour de leur champs. A quoi bon les voler, tout le monde avait son petit potager dont les légumes étaient évidemment bien meilleurs.
Même la Poubelle Municipale (ainsi appelait-on la carrière désaffectée où étaient déversées les ordures) était libre d'accès. Quel délice s'était de farfouiller dans les débris, vieilleries en tous genres afin de d'exhumer des vieux cadres de vélos, des vieilles roues de poussettes afin de réaliser des karts avec lesquels on s'explosait dans des descentes délicieusement incontrôlées. Nous avions même récupéré des vieux bidons de 200 litres qui avaient été rempli d'on ne savait trop quoi et qui puaient le chimique, pour un grand projet naval : la réalisation d'un sous-marin. Sans doute avions nous été contaminés par trop de Jules Verne. Passée la première euphorie le projet a été très sagement reconverti en la construction d'un simple radeau.
Les demeures bourgeoises du village, seules, avaient le privilège d'être bordées par de grandes grilles en fer forgées côté rue, de hauts murs côté route et rien côté champs (notre bourgeoisie locale n'ayant pas les moyens des aristocrates qu'ils cherchaient tant à imiter).
Depuis que je me suis expatrié en Allemagne je perds petit à petit mes liens avec ce terroir de mon enfance. La citation d'Edgar Quinet, condamné à l'exil sous le Second Empire me vient tout naturellement :
« Le véritable exil n'est pas d'être arraché de son pays, c'est d'y vivre et de n'y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer. »
Je n'y vis plus mais j'y reviens très régulièrement et alors je pleure.
Exit le petit village. Place à la cité dortoir de la grande ville d'à côté. Y aller était une véritable expédition en 1970. Maintenant on y fait le pendule boulot dodo par le train ou par la nouvelle autoroute.
Les zones pavillonnaires avec leur terrains de plus en plus exigus ont ravagé les cultures d'avant. Ces zones constituent de véritables obstacles aux promenades (autant qu'une emprise TGV ou d'autoroute).
Avis aux amateurs : il reste 300 m² au premier plan
Les grandes enseignes ont bétonné les abords du village. Quand une franchise type Michigan s'installe chez vous c'est le signe que le superflu est là et que tout ce qui lui a précédé en terme de « progrès » est en place. Ainsi la piscine : nom pompeux pour désigner une pataugeoire ouverte que l'été, puis ce que j'appelle la "cage à hamster" -sorte de complexe pour jeunes- dont la piste de skate construite au rabais avec son revêtement type liège synthétique se dégrade déjà.
La "cage à hamster" de mon village
Comme il y a un monument historique dans le périmètre des 500 mètres, il a été décidé d'investir dans de "l'historique". Ainsi le râtelier à vélo est en fer forgé !
Pourquoi lui et pas le reste des équipements ?
Le stade de foot (en bon état lui !) mais dont l'accès est complètement réglementé, la maison médicale qui a fonctionnarisé le rôle du médecin, Speedy ou Nordauto, l'EPAHD construit comme de juste en face du cimetière remplaçant la vénérable maison de retraite catholique sise dans un endroit charmant, la coopérative agricole concurrencée avec succès par une enseigne type Jardiland...
Et à chaque retour l'abomination continue.
La ravissante vieille mairie en parfait état, rasée car trop petite et mal située dans le nouveau projet urbain délirant. Et à la place....Des rond-points en veux-tu en voilà car ça fait plus « Ville ». Ah, ces rond-points...Ce sont de véritables incitations à prendre l'autoroute !
Le double rond-point (excusez du peu) et le panneau digital d'affichage d'informations
Des chemins communaux vendus aux agriculteurs pour cause de remembrement alors que simultanément l'UE met en place des aides à la reconstruction de talus arborés bordant les champs.
Au 18-19ième siècle s'était établi une compétition entre les villages afin de savoir lequel aura la plus belle église et/ou le clocher le plus haut. De nos jours c'est à qui aura les ralentisseur les plus hauts et les plus nombreux. Ces derniers sont bien indiqués par un panneau signalétique approprié associé à un panneau de vitesse maximale-en général 30 km/h. Mais gare au malheureux qui tentera le passage à 30 km/h. Il explosera ses suspensions et son bas de caisse ! C'est pas loin d'être de l'obstacle anti-char ces machins-là. A ne franchir qu'au pas.
Un village voisin, encore perdu dans la Pampa, mais néanmoins assez proche a voulu aussi jouer dans la cours des grands. Lui aussi a désormais ses magnifiques ralentisseurs et sa « cage à hamster » pour ses 827 habitants...
Exemple de ralentisseur anti-char et sa signalétique
La "cage à hamster" du village concurrent
Il existe pourtant des régions de France où ils n'existent pas. J'ai traversé la France, cet été, de la Bretagne au Jura en passant par la Nièvre, entre autre, et je fus ravi de voir qu'il est des régions qui résistent encore et toujours à cet envahisseur. Et qui pour autant ne ressemblent pas à des villes fantômes du Far West.
Les panneaux « chemins privés » fleurissent quand ce ne sont pas des menaces explicites du type « site vidéosurveillé ».
L'étang municipal est devenu camping municipal et à ce titre a été presque retiré de l'espace public. Il n'est plus possible de remonter ou de descendre le ruisseau qui l'alimente car une zone industrielle avec ses hangars sur terrain grillagé le borde et empêche la progression.
Quelle ne fut pas ma stupeur un jour de découvrir ça :
La place Handy-Pêche !
On imaginera aisément que si on en est a régler ce genre de broutille pour le confort de l'handicapé, le vital et l'essentiel est depuis longtemps en place le concernant.
Que nenni : presque simultanément le gouvernement abandonne presque les mesures pour handicapés dans les nouvelles normes de construction. Comprenne qui pourra...
Cerise sur le gâteau : la municipalité s'est dotée de parcmètres dernière génération. Que dis-je, elle devance même la modernité : je n'ai jamais rien vu de pareil nulle part ailleurs. C'est du hipster de folie.
L'Horodateur (avec un "H" majuscule s'il vous plaît)
Le principe en est le suivant : vous vous garez et la place que vous occupez, étant dotée de capteur, vous dote d'un crédit temps de 15mn. Le compte à rebours commence et s'affiche en direct et en vert sur la borne. Puis dés qu'il atteint zéro il repart dans un décompte mais positif cette fois-ci et il s'affiche en rouge. Simultanément la police municipale est avertie par SMS ! Cette dernière n'a plus qu'à se diriger tel le poisson pilote sur sa victime et la verbaliser à hauteur du temps dépassé. C'est pas beau le progrès ?!
C'étaient les réalistions de l'homo modernicus. Voyons ses nouvelles dérives comportementales.
J'ai vu (de mes yeux vus vous dis-je) une voiture s'arrêter tranquillement à l'entrée de notre chemin de terre d'accès, un type en sortir et, sans aucune espèce de scrupule, embarquer 5 ou 6 bûches d'un lot que j'avais débité, entassé et laissé sécher là en attendant de le rentrer. Nul doute que l'accès de 90% d'une classe d'âge au Bac a servi à bien maîtriser l'adage "res mobilis res vilis".
Nos voisins agriculteurs (il ne faut plus dire paysan) nous ont avoué que depuis que le round baller existe ils ne se font plus voler leur paille (l'objet pèse entre 200 et 300 kilos alors que la botte de paille « classique » ne fait que 12 kilos).
Le vol de bétail augmente à telle enseigne qu'à l'entrée des champs on commence à voir des pannonceaux « ce site est vidéosurveillé » ! (ah bon ! Des webcams dans les arbres maintenant ou alors surveillance par satellite !)
Allez traverser un champ de vaches après ça sans avoir peur de recevoir une volée de gros sel dans les fesses. J'exagère mais il m'a été reproché, par certains agriculteurs qui m'ayant vu de loin, sont venus très méfiants aux nouvelles puis apparemment soulagés mais ayant besoin quand même de justifier leur déplacement, il m'a été reproché donc, d'avoir « dérangé » leurs bêtes !
Quant aux incivilités « poubellistiques », il faudrait tout un chapitre rien que pour ce sujet ! Cela va de l'artisan qui ne veut pas payer/aller jusqu'à la déchetterie classe 1 (déchets dangereux) et qui benne le fibrociment qu'il vient de démonter dans le premier fossé venu, aux jeunes qui vont en boite de nuit à 5 dans une voiture et qui se délestent par les fenêtres grandes ouvertes de leurs déchets de Fast Food. Et quand vient la saison des pluies ceux-ci viennent boucher les buses d'écoulement des fossés au point de les faire déborder.
Un collègue m'a même assuré que le long des RN les fossés sont jonchés de bouteilles d'eau minérale préalablement vidées par les camionneurs puis remplies de l'urine des mêmes. Sans doute un effet de la course au rendement !
Dans un cockpit de planeur je veux bien, mais pas quand on peut s'arrêter n'importe où !
On va me taxer de passéiste.
J'entends déjà les clichés type « à la campagne on violait en famille ». Cliché immortalisé par la B.O du film Radiostars.
Je suis peut-être passéiste. Qui sait ? Mais je sais aussi voir le côté positif du progrès réalisé depuis les années 60-70. Mais ce que je ne vois pas c'est le projet d'avenir qui va avec. En France, tous les 10 ans une superficie égale à celle d'un département français disparaît sous une couche de béton. Le village que je vous ai décrit a vu sa population doubler en 50 ans alors que sa surface urbaine a plus que triplé.
C'est quoi le projet ? Transformer la France en un gigantesque parking/zone commerciale/zone industrielle en un ou deux siècles ? Construire des autoroutes reliant ces parkings/zones et, entre, mettre des zones pavillonnaires ?
Quand je vois les friches industrielles datant des années 50-60 qui sont délaissées car trop chères à réhabiliter et que simultanément un magnifique terrain agricole est transformé en plate-forme logistique ou en nouveau complexe UGC -comme ça, en pleine campagne- ça me rend malade. Car ce terrain agricole c'est deux mille ans de soins attentifs apportés par 80 ou 100 générations de paysans d'après Gaston Roupnel, merveilleux auteur de l' « Histoire de la campagne française ».
Deux mille ans de soins qui meurent sous une couche de béton, de gravier, de goudron.
Combien coûtera la remise en l'état initial de cette terre ? Et qui va le faire ? Avec quels moyens ? Et ça dans le monde de l'après-pétrole ? Laissez moi rire ou pleurer plutôt !
Avez-vous déjà promené vos guêtres dans une friche industrielle ? Du type celle que laisse la société H.... (groupe suisse qui a racheté les cimenteries françaises L....) après avoir exploité jusqu'à l'os un site ayant un sous-sol riche en calcaire ? Nul besoin de visiter Tchernobyl pour avoir des visions d'apocalypse ! J'ai la chance (sic) d'en avoir un exemplaire pas trop loin de chez moi.
Vue aérienne par Google (150 ans d'exploitation... qui vont en s'accélérant)
Ce type d'usine est un cas d'école.
Vue panoramique du site (à gauche l'usine puis les carrières au fur et à mesure qu'on va vers la droite)
Après l'exploitation des lieux il n'y a pas de déchets type Seveso, ni de déchets nucléaires. Seulement un trou énorme
...qui ne pourra pas être remis en état car il se remplit naturellement d'eau. C'est presque trop beau. Pour un peu on remercierait la société H.... de nous fournir des plans-d'eau et on en oublierait la « petite » dizaine d'hectares supportant la cimenterie proprement dite qui rouillera sur place. Comme l'usine existe déjà depuis plus d'un siècle, de charmants témoins historiques émaillent les parties déshertées qui ne sont pas encore appelées friches.
Des grilles qui auraient convenu à un zoo au 19ième siècle
Ruine romantique post-industrielle (tapis roulant)
On en oublierait presque les quelques km² de surface agricole qui ont disparu.
Et les centrales nucléaires, parlons-en (je sens que je vais encore me faire des amis ; j'avoue être sensible sur le sujet pour de multiples raisons). Le plus vieux projet de déconstruction, de décontamination et de remise en état des lieux d'une centrale nucléaire est celui de Brennelis qui se trouve dans le Finistère. Son démantèlement date de 1985 et est toujours en cours !
Non vous n'avez pas rêvé : ça fait 33 ans que ça dure et on ne voit toujours pas le bout du projet.
Et je ne vous parle pas du reste du parc !
450 centrales nucléaires sont en fonctionnement dans le monde. 110 sont à l'arrêt.
Et seules 6 ont été déconstruites (USA). En France en plus de Brennelis il y a 8 autres chantiers de déconstruction. Le coût de cette dernière est de grosso modo 10 % du prix de la construction selon le journal Le Monde qui sur ce point se fait le porte-parole d'Edf. Le journal l'Obs en doute fortement et revoit les chiffres fortement à la hausse, tandis que les allemands tablent par centrale sur 1,2 milliards d'euros et ceci en excluant les frais de stockage des déchets radioactifs.
C'est quoi le projet cette fois-ci ? Construire une centrale, consommer son électricité et laisser aux deux générations suivantes le soin de la déconstruire ? Pour une fois qu'un industriel (ici Edf) est obligé de nettoyer derrière lui, il se débrouille quand même par des manœuvres dilatoires pour retarder ses obligations le plus possible.
Je profite du sujet pour enfoncer le clou. Les grands penseurs qui nous ont embarqué dans cette aventure nucléaire en 1950, n'avaient pas une seule seconde envisagé le réchauffement climatique.
Ils ont parsemé le territoire de centrales en s'appuyant sur les ressources hydriques locales pour refroidir à la fois le cœur des réacteur mais aussi les piscines de combustible. Or vu l'évolution des étés caniculaires depuis 2003 il n'est pas imprudent d'envisager une Loire quasi à sec lors d'un été, en 2030 par exemple. Et que fera Edf ? Elle baissera sa production comme en 2018.
Et que fait Edf quand il n'y a plus d'eau du tout ? Hé bien c'est le scenario type Fukushima mais en pire car il n'y aura pas d'eau de mer à proximité en abondance. Car ce qui cause le plus de problème là-bas ce n'est pas tant la fuite des réacteurs que la panne totale des pompes de refroidissement des piscines de combustibles qui impose d'arroser à grand renfort d'eau de mer lesdites piscines.
Prenons l'exemple de la centrale de Bugey. Vous avez ici un site archéologique exceptionnel, assez bien mis en valeur. De là vous avez une vue idyllique sur la vallée...et sur sa magnifique architecture nucléaire.
Laquelle est à l'arrêt total pour cause de sécheresse. (Avant de devenir une superbe friche industrielle radioactive.Mais là j'anticipe peut-être un peu trop...).
Il est archiconnu que l'être humain -dés qu'il a quitté sa qualité de nomade et s'est sédentarisé- a eu une propension certaine à surexploiter son environnement au point de scier la branche sur laquelle il était assis.
L'Histoire nous l'a assez rappelé (pour ne citer que quelques exemples : l'Ile de Pâques et ses forêts rasées, Angkor Vat et ses champs surexploités, devenus trop dépendants d'une Mousson capricieuse, Chypre et ses mines de cuivre et donc ses forêts -rasées- dont on tirait le combustible, et que dire des célèbres forêts de cèdres du Liban).
Vous pourriez me citer le contr'exemple historique de Colbert qui mettant le holà en 1669 à la déforestation massive du territoire, a reconstitué la Forêt française. Certes. Mais rappelez-moi le pourquoi de cette volonté et surtout la forme de gouvernement de l'époque qui accompagnait cette décision.
Cette propension dévastatrice s'accélère au rythme de la progression de sa population (cf la loi malthusienne). Or comme cette dernière évolue exponentiellement, la dévastation qui y est associée aussi.
Et il n'y a personne pour rappeler cette simple évidence !?
Ah si. Mais on taxe les gens qui en parlent d'eugénisme ou de bioengineerisme. Ah le droit inaliénable de se reproduire. J'ai en tête les images du film Idiocracy (film culte dont je ne saurais trop vous recommander le visionnage).
Certains disent que pour arriver à endiguer cette natalité galopante il faut éduquer en premier les femmes. Car ce seraient elles qui, si elles étaient éduquées, prendraient en main leur fécondité. Vrai.
Mais pour éduquer, il faut amener ces femmes au niveau de consommation d'un pays occidental qui vit déjà de 3 à 5 fois au dessus de ses moyens.
A ce sujet il est symptomatique de voir la presse MSM, depuis quelques années, commencer à s'emparer du sujet du Jour du Dépassement. Par exemple ici.
Comment la Terre pourra-t-elle tenir cette surcharge de consommation et combien de temps ? Et si d'aventure on arrive à cet exploit de revenir à une population raisonnable, quelles ressources resterait-il ?
Toutes celles facilement exploitables l'ont déjà été. Il est loin le temps où une mine d'or vous livrait des mastodontes de plusieurs kilos. En France, en 2007 il a été trouvée une pépite de 57 grammes et la presse en délire de titrer :
La plus grosse pépite d'or trouvée en France depuis 120 ans
Et ceci à l'instar du cuivre, du plomb, du zinc, de l'uranium (n'en déplaise aux défenseurs à tout crin du nucléaire), du nickel, des diamants et de l'argent.
Personne ne veut s'avancer et parler de cette fameuse population raisonnable. Quant à la chiffrer...
Qui mérite d'en faire partie ? Vous, moi, eux, mes descendants, leurs descendants ?
Tant que l'Homme était soumis à la pression de la sélection dite « naturelle » c'était à ladite sélection de faire le sale travail. Mais depuis qu'il s'est affranchi de l'équilibre de prédation dynamique-les paléontologues s'accordent à dire que c'était il y a 4000 ou 5000 ans - c'est l'Homme lui-même qui « s'auto-sélectionne ». Depuis cette haute antiquité et avant notre époque dite « moderne » Il laissait aux Dieux le soin d'en décider. C'était plus sage. Et plus facile aussi...
Mais même la ressource divine -car le Divin n'est qu'une ressource comme les autres- a été épuisée et ne suffit plus à vivifier l'humanité.
Alors que nous reste-t-il ?
Il nous reste notre intelligence.
Ceux qui ont réfléchi à ce sujet et qui ont édifié le Stonehenge américain tablent sur une population maximale de 500 millions d'habitants terrestres. Ce chiffre correspond environ à la population mondiale de l'an 1650. Mais ils ne nous ont pas donné le mode d'emploi ni pour arriver à ce chiffre ni pour le maintenir car ils désirent garder l'anonymat. Gageons qu'ils y ont réfléchi et j'espère qu'ils ont une place pour moi autre que celle d'esclave (sic).
Ces gens-là sont traités de complotistes pour avoir osé aborder le sujet. Personne ne veut en parler car ce serait remettre en cause de fil en aiguille tellement de schémas idéologiques. Citons en vrac : le droit à la vie (et ses contraires l'eugénisme et l'euthanasie), puis les droits individuels en particulier celui de procréer, ensuite celui de la propriété – base du capitalisme. Et là : STOP.
Et c'est bien ce qui se passe. Donc pour aller au-delà il faudrait mettre à bas cette résistance et au besoin le système tout entier. Sacré programme ! Pour le mettre en place il faudrait un fou suicidaire qui condenserait en lui la quintessence de tous les plus grands tyrans de notre histoire. Car il n'est plus temps de choisir une voie douce type décroissance raisonnée, plus temps d'éduquer l'humanité à ce dessein. Et cet homme sera haï à jamais et connu comme le plus grand génocidaire de tous les temps.
Beaucoup plus probablement l'Homme -car il est génétiquement identique à ce qu'il était il y a 4000 ou 5000 ans- appliquera la même tactique qu'il a toujours appliqué avec une opiniâtreté constante à tout problème un peu ardu : laisser à la génération suivante le soin de le régler !
Autrement dit s'en remettre au hasard et dire que c'est le Destin.
Ou alors faire comme le gouvernement norvégien (associé à 15 autres pays et 3 fondations) et construire sa propre arche de Noé bio-génétique et attendre que la période des Grands Troubles prenne fin pour (re)construire le nouvel environnement de l'Homme.
J'ose espérer pour l'Homme qu'il existe d'autres visionnaires ayant les moyens de leurs visions pour nous sauver. Car pour l'instant ce thème qui devrait être le premier, le plus crucial, celui qui devrait rassembler toutes les énergies, tous les décideurs (je n'ose plus employer le terme de politiques), tous les créateurs, ce thème est toujours occulté partout et par presque tous.
Enfant, alors que m'habitait un sentiment de liberté, écolier puis étudiant, nul ne m'a jamais préparé à cela. Alors que déjà à l'époque cela aurait dû être un devoir absolu.
Mais tout ceci n'est que rhétorique et l'essentiel est que j'ai bâti (comme on dit par chez moi). Au sommet d'une colline en cas de Déluge...
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