Palestine. 0, 1 ou 2 états… Un choix qui ne relève pas de l’Occident européen
Si une réponse favorable aux israéliens avait été possible, ce serait fait. A moins qu’elle soit connue et non dite.
Un état suppose d’en connaître les frontières. L’histoire juive les détermine différemment selon les sources et depuis l’acceptation du foyer juif en Palestine, les sionistes les ont repoussées au détriment des palestiniens. Chaque occupation au gré des affrontements est un acquis pour Israël.
On a vu avec ce bref rappel historique sur la douloureuse création de l’Israël récent, combien les parties ont marqué au fer rouge la mémoire indélébile des peuples. L’histoire des guerres a montré que les réconciliations sont longues et difficiles ou impossibles, l’anéantissement de l’ennemi est alors une nécessité pour une occupation définitive des territoires.
L’idée de la création de deux états fut enterrée avec Itzhak Rabin assassiné par des extrémistes terroristes sionistes dont Netanyahou était un sympathisant. L’occupation de nouveaux territoires palestiniens par les colons juifs se poursuivit, jusqu’en 2004 lorsque Sharon utilisera l’armée pour déloger les 8000 colons juifs des 21 colonies de Gaza et 4 en Cisjordanie, contre l’assurance américaine de ne pas revenir aux frontières de 1967.
Un événement qui aurait pu laisser penser à une possible solution à 2 états, l’idée compliquée d’échanger des territoires occupés par les colons de Cisjordanie contre ceux dans le Néguev restera sans suite.
Alors, statu quo ?
Pas vraiment. Le processus rampant de la colonisation de la Cisjordanie continuera bon train avec l’occupation de 42% de son territoire en 2010 par 21 colonies « officielles » et une centaine « hors la loi ». Israël poursuit son expanSIONISME dont le CRIF a voulu interdire la critique avec des députés français godillots.
Alors, quelle suite ?
Comme les turcs musulmans qui ont chassé les kurdes et les chrétiens arméniens de leurs terres ancestrales depuis le XIe s. jusqu’au génocide du XXe siècle, les sionistes ont entamé un processus semblable. A la différence des turcs suffisamment puissants pour réaliser leur dessein sans assistance ni opposition internationale alors, celui des juifs plus tard ne pouvait plus s’opérer sans l’aval des grandes puissances dans le contexte sensible des approvisionnements pétroliers.
Chasser le peuple palestinien de ses terres en ces temps ne pouvait plus s’envisager avec la cruauté exterminatrice des turcs. Le temps et des étapes devaient s’imposer pour le mûrissement du projet sioniste. Des autorisations successives leur seront accordées ; avec la naissance d’un foyer juif, puis l’immigration des juifs d’Europe limitée à 30% de la population palestinienne, puis la création de l’état juif avec ses frontières de1947, jusqu’aux accords d’Oslo qui préparaient la création de deux états. Depuis leur politique lancinante d’occupation de nouveaux territoires s’est poursuivie jusqu’à miter la Cisjordanie, comme les turcs avant eux à Chypre.
L’occupation de villages (colonies) par les turcs en territoire grecque finira après une guerre civile, à la partition de l’île avec la création de Chypre Nord, cette entité musulmane reconnue par la seule Turquie.
Aucune expérience de rapprochement des populations avec intégration d’une forte communauté islamique n’a jamais réussi. Les Balkans en témoignent encore (1).
Ces cartes pourraient illustrer ce qui se prépare en Cisjordanie depuis l’assassinat d’Itzhak Rabin ; à minima une nouvelle partition de la Cisjordanie comme à Chypre.
Carte de la Cisjordanie miter par les colonies juives
Un seul état aurait pu être préféré un temps par les israéliens, sauf que deux difficultés que les turcs avaient réglées, ne pouvaient plus l’être par les israéliens. La Turquie s’inspirera des pogroms russes et épurera son territoire d’un point de vue ethnique et religieux sans crainte pour son existence. Le génocide d’un million de chrétiens arméniens règlera définitivement le problème communautaire. Depuis le XVe s. les ottomans avaient commencé leurs conquêtes, plus personne ne remettra en cause leur suprématie, l’opprobre internationale sera répété pour la forme, sans affecter la Turquie.
Les sionistes du milieu du XXe s. les imiteront avec des attaques terroristes et les déplacements de 800000 palestiniens, ils n’oseront pas aller alors au bout de leurs revendications territoriales « nous n’avons pas de montagnes à l’intérieur des territoires accordés », ils se freineront devant le retournement de l’opinion internationale. Ils sauront attendre, répondre et provoquer au fil des décennies, des coups de force qui les conduiront à de nouvelles conquêtes en Palestine. Les drames s’ajouteront aux injustices évoquées par Costa-Gavras avec son film Hanna K qui criera une vérité du conflit ; un palestinien revendique au tribunal la propriété de sa maison familiale ancienne située dans un village repeuplé de juifs…
De nombreux obstacles s'opposent à l'option "un seul état".
En Israël l’homogénéité ethnique est impossible, les premiers juifs étaient sémites comme les palestiniens d’aujourd’hui alors que les nombreux juifs immigrés d’Europe centrale sont issus de tribus caucasiennes majoritairement (2). On connaît la xénophobie persistante de certains juifs israéliens avec l’histoire récente des Falashas, ces juifs éthiopiens admis difficilement à la nationalité israélienne et restés en marge de la société. Le scandale des injections de contraceptifs administrés à l’insu des femmes Falashas aura fait baisser de 50% les naissances, une pierre israélienne bien sombre, révélatrice des difficultés pour un état multi-ethnique israélien.
Une homogénéité qui relèverait d’un mélange des populations paraît donc inconcevable en Israël plus qu’ailleurs. Pourtant un rapprochement culturel vu de loin semblerait presque possible tant les musulmans ont adopté des pans de la culture juive, avec les interdits alimentaires, juridiques et autres fêtes religieuses semblables. Les musulmans ignorent leur descendance judéo-chrétienne qui les instruirait. La moitié des juifs israéliens ne sont déjà plus croyants, mêlés à une population musulmane très majoritairement observante dans un état qui tente de conserver sa théocratie juive, rend une harmonie religieuse impossible.
Leur démographie galopante donnerait aux musulmans la majorité d’abord à la Knesset, puis dans le pays. Près de 20% des israéliens sont arabes avec 10% de députés. Pour ce motif Israël ne pourra pas conserver son régime démocratique qui donnerait bientôt une majorité musulmane inéluctable à la Knesset. Pour retarder cette échéance, avec sa loi de 2018 le droit à l’autodétermination est réservé aux seuls juifs. « Israël est l’Etat-nation du peuple juif dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, historique et religieux à l’autodétermination ». Voilà qui éclairera les illusionnistes israéliens qui prétendent qu'arabes et juifs s'entendent en Israël.
La moitié des 6 millions de juifs (75% de la population) sont croyants et parmi eux 1 million sont des ultra-orthodoxes (assassins d'Itzhak Rabin) dont le taux de fécondité est le double des autres juifs. Des projections nous disent que ces israélites pourraient représenter la moitié des juifs d'Israël d'ici quelques décennies. Des extrémistes terroristes alimenteront toujours l'impossible rapprochement avec les musulmans. Refusant de s’intégrer dans la société israélienne moderne avec tous leurs interdits, ils représentent un handicap pour son évolution avec une complication supplémentaire pour l’homogénéité de la société israélienne ; l’antagonisme des populations ashkénazes et séfarades (3).
La loi de 2018, une digue bien fragile contre le tsunami démographique musulman dont les israéliens sont bien conscients. Certains ont été inspirés par le modèle turc avec ce que les grecs ont appelé « La Grande Catastrophe », le renvoi d'1,5 million de grecs de Turquie en Grèce contre 400000 turcs vers la Turquie en 1922. Indiens et Pakistanais musulmans ont échangé aussi leurs populations lors du départ des britanniques. Une solution qui s’imposera probablement dans les Balkans aussi. Avec la colonisation de la Cisjordanie, Israël pourrait échanger ses arabes musulmans israéliens (2 millions) contre des territoires colonisés et évacuer 500000 colons juifs en Cisjordanie.
Qui nous dira si les opérations à Gaza s’inscrivent dans ce processus d’échanges ? Le sioniste tendance messianique Netanyahou s’était opposé à Ariel Sharon quand il a décolonisé Gaza. Veut-il détruire Gaza au point de rendre impossible le retour des palestiniens à qui il proposera alors d’aller en Cisjordanie contre la libération des territoires occupés ?
Pour Israël toutes ces hypothèses devront trouver une solution rapidement si le soutien américain devait diminuer comme son intérêt pour le sous-sol des monarchies pétrolières.
Pour l'instant Israël compte sur la communauté internationale pour se protéger de son problème insurmontable.
Ses ennemis sont autant les palestiniens que les musulmans solidaires, même si les gouvernements du Machrek échaudés depuis leurs tentatives infructueuses restent calmes et ceux du Maghreb gesticulent de loin. Car trop de musulmans sont inféodés à la violence consubstantielle de l’islam, seul moyen d’expression d’une existence qui n’a pour but que l’au-delà. Il y a mille ans, le terrorisme islamique a été conceptualisé par Hassan as Sabbah ; « Il ne suffit pas de tuer nos ennemis, nous ne sommes pas des meurtriers mais des exécuteurs, nous devons agir en public, pour l’exemple. Nous tuons un homme, nous en terrorisons cent mille… ». Un précepte qui n’a pas vieilli.
Et l’Europe dans tout ça ?
Arrogante, elle persiste à ignorer ce contexte politico-religieux archaïque indigne d’intérêt pour un Occident moderne.
Si l’Europe et la France doivent tout faire pour aider leurs ressortissants, elles doivent distinguer ceux qui ont décidé l’alya, cette immigration qui les ont placé sous la responsabilité de leur nouveau pays - Israël. Hors de ces obligations, l’Occident européen ne doit pas s’immiscer dans cet embrouillamini ethnoreligieux que d’aucuns voudraient civilisationnel, en opposant judéo-chrétiens et musulmans.
Ce slogan servirait les musulmans comme Erdogan pour leur fonds de commerce islamique belliqueux « Ô l'Occident, je m'adresse à vous : voulez-vous relancer une nouvelle croisade du Croissant contre la Croix ? " (une nostalgie revancharde qui remonte à Lépante), et les israéliens qui trouveraient des alliés dans leur combat contre les musulmans.
Sauf que la civilisation judéo-chrétienne n’existe pas. Y faire référence aujourd’hui servirait les intérêts israéliens, quand aucun juif ne s’est jamais compromis avec cet aphorisme fallacieux, et ceux d'Erdogan en mal d’empire Ottoman perdu. Une guerre des civilisations « Croissant contre la Croix » affecterait un Moyen-Orient élargi et l’Europe avec des soldats du « croissant » chez l'ennemi, une 5e colonne.
Si avec ses drames à répétition l’Europe vit difficilement ses relations avec les musulmans, ce n’est pas pour autant que les ennemis de ses amis sont ses ennemis.
Elle doit considérer l’opinion d’1,5 milliard de musulmans face à une réaction disproportionnée d'Israël à Gaza et une impunité permanente d'Israël pour ses conquêtes illicites. Quel pays au monde peut comprendre les lourdes condamnations internationales de la Russie pour ses interventions en Ukraine, les réactions contre la Chine ou la Turquie pour leurs violations territoriales et l'absence de réactions devant les colonisations illégales et ininterrompues des territoires palestiniens par Israël.
Nous avons incroyablement résisté à ces activistes religieux qui ont égorgé nos curés et nos enseignants en respectant nos principes institutionnels, et en les distinguant de leurs coreligionnaires qui peuplent nos pays européens.
Israël a préféré la vengeance primitive de la loi du Talion qu’il ne faut pas cautionner.
L’Europe doit respecter ses principes en condamnant les terroristes agresseurs, et rappeler aux israéliens qu'ils ont été blâmés par l'ONU dont la France pour leurs violations des territoires.
Il y va de la crédibilité de nos institutions internationales et de nos principes.
(1) « … La partition de la Fédération de Bosnie et Herzégovine, sur une base ethnique et religieuse, est une nécessité urgente que son peuple fracturé et meurtri espère. Cette fédération multiculturelle née après les ravages de la guerre et constituée de ses belligérants, développe inexorablement ses particularismes divergents.... Le temps n’efface pas les cicatrices, les déchirements ethniques rémanents font craindre l’implosion d’une Fédération sans domination communautaire. Ce multiculturalisme dont les composantes se neutralisent, illustre l’échec des décisions supranationales appliquées à des communautés qui se juxtaposent sans jamais s’intégrer. Leurs cultures s’appuient sur des histoires et des religions différentes, en l’occurrence, aucune n’est capable de s’imposer. L’intégration en matière culturelle dépend de la volonté des individus ou de la force qui les contraint. Au KOSOVO voisin, les exactions communautaires perpétuent les tensions... »
(2) Etude du généticien Eran Elhaik (Ecole de Santé publique Johns Hopkins, Baltimore, États-Unis) publiée dans la revue britannique Génome Biology and Evolution. « Parmi les juifs d'Europe, le généticien a trouvé des signatures ancestrales qui pointaient clairement vers le Caucase et aussi, mais dans une moindre mesure, vers le Moyen-Orient… »
(3) Ashkénazes et séfarades, ces juifs longtemps ennemis finissent par se rapprocher, les mariages entre ces communautés arrivent à représenter aujourd'hui 30% des mariages entre juifs. Les séfarades ont toujours eu des ressentiments à l'égard de leurs coreligionnaires ashkénazes qui les discriminaient encore dans des écoles à Jérusalem. Ils n'ont jamais eu de premier ministre. Les ashkénazes sont plus de 5 millions aux États-Unis et 3.5 millions en Israël. Les séfarades du Maghreb ont préféré émigrer en France plutôt qu'avec leurs cousins.
Illustration : carte des civilisations par S. Huntington
Les musulmans, des judéo-chrétiens qui s’ignorent. - L'apostilleur (over-blog.com
Les TERRORISTES sont des SOUMIS - L'apostilleur (over-blog.com
Palestine. Terre de terrorismes israéliens et palestiniens. - L'apostilleur (over-blog.com)
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