Petites entreprises à la française
Il fut un rêve hitlérien qui était de faire de la France un pays de tourisme et de « culture ». Ce rêve est réalisé. Notre industrie n'existe plus, nos PME sont malmenées, notre agriculture est démolie ; que dire de plus ? Notre culture ne semble être plus que notre patrimoine, vendu ou loué.
Le néolibéralisme aime le gigantisme, mine de rien et peu à peu, il est venu à bout d'une agriculture paysanne ; il y a une exploitation là où il y en avait mille, mais il n'y a pas un propriétaire seigneur aux neuf cent quatre vingt dix neuf ouvriers, il y a un industriel aux quatre ouvriers et au neuf cents robots !
L'industrie a été vendue aux étrangers, et quand ceux-ci se barrent, l' État n'intervient pas ; le gouvernement de gauche ne nationalise pas : adieu aciéries, chimie, textiles...
Un tiers d' Alstom sera vendu aux américains du nord pour rembourser les emprunts faits pour engraisser les actionnaires ; j'ai entendu notre ministre productif s'en offusquer. Ouf, au moins il s'offusque, notre fleuron national !! Le deuil sera vite consommé et la courbe du chômage fera une poussée de fièvre printanière.
Mais il y a les PME ; pourquoi celles-ci sont si mal aimées ?
Je vous donne en lien ce magazine de l'information de France Culture. On pourra en parler après.
Je ne suis pas spécialiste de la question mais je connais bien quelques patrons de PME ; je sais bien que les patrons se plaignent tout le temps, blablabla ; mais ceux-ci ne se plaignent pas de n'être pas assez riches, mais d'être entravés sans cesse dans leur boulot ; tracasseries administratives et, comme on le dit aussi dans ce témoignage à Roanne ( cf lien), des contrôles fiscaux pour un oui pour un non, des poux souvent cherchés vainement par l'inspection du Travail, alors qu'on sait à quel point ces services ont été décimés ! Toutes choses qu'on ne trouve guère chez les cac !
Dans le programme du Front de Gauche aux élections présidentielles, de belles avancées étaient proposées pour ces parias du labeur : imposition ajustée à celle des grandes entreprises, trésorerie avancée ( comme pour les ci-dessus nommées) pour éponger les trous de paiements des clients à trente, soixante voire quatre vingt dix jours grâce à une Banque Publique d'Investissement ( qui n'a pas grand chose à voir avec ce qu'en a fait Hollande) sans compter une protection confort pour favoriser les emprunts faits aux banques qui ne se font pas tirer l'oreille pour les refuser. Un peu d'air quoi ! en attendant, les chicanes administratives, les chicaneries des petits chefs, on n'en comprend pas bien le but. Toujours cette pyramide où tout vient d'en haut alors qu'on pourrait aisément imaginer une instance qui recevrait les observations ou les plaintes des ouvriers et qui se ferait forte d'y jeter un œil et éventuellement d'y remédier !
Les petits malins qui, à l'orée de leur retraite, décrètent du haut de leurs expériences, qu'il suffit de se lever tôt et d'entreprendre pour, non seulement réussir personnellement, mais pour participer à la richesse de notre pays, n'ont pas bien suivi la suite des événements, tout ce qui a été mis en place subrepticement pour casser l'esprit d'aventure et réduire la France à ce rêve nazi ! Ce n'est pourtant pas compliqué à comprendre : nous savons tous maintenant, malgré l'éducation nationale forgée pour nous formater et nous raconter des histoires, que ce néo-libéralisme fut de tout cœur et de tout portefeuille, favorable à ce rêve !
À côté de ça, on devine, à chaque coin de rues, les subventions et les aides apportées à des gens sans grande capacité d'innovation : des petits restos fleurissent, des petites boutiques qui, dès que l'on voit leur enseigne, on devine l'éphémère destin. Que d'argent public gaspillé dans ces « créations » qu'il n'est aucun besoin de sortir de l'ENA pour les savoir sans lendemains !!
Seulement, tant que le bas ne pourra communiquer avec le haut, il en sera ainsi, au gré des culpabilités ou des esbroufes de ceux à qui l'on a confié les cordons de la bourse.
Aussi, le mirage hypocrite du produire français, alors que l'on laisse filer nos savoirs-faire et nos capitaux, vient de se révéler dans une histoire que je laisse à Mélenchon le soin de vous narrer :
Où c’est Laguiole ? Au Pakistan, con !
Si on t’offre un couteau, ami lecteur, sors une pièce de monnaie à donner en échange. La superstition a organisé un rite amusant qui permet de distinguer le maroufle du connaisseur. A Laguiole, donc, il ne peut jamais être question de couteau hors contexte humain. J’y viens. Les gens du lieu viennent de se faire détrousser comme des indiens des plaines par des colons sans scrupules. Je ne crois pas qu’il y ait là-bas tant de gens qui sympathisent avec nous et avec les « partageux » d’une façon générale. Mais comment auraient-ils pu deviner qu’ils allaient être les victimes de la pire caricature de ce que nous dénonçons dans nos ouvrages savants sur le capitalisme de notre époque ! Voyez ça, si vous ne le savez déjà. Tout le monde connaît les couteaux Laguiole. Leur nom vient de ce village où ils étaient produits à l’origine. Certes, aujourd’hui, il n’y a plus qu’une poignée de couteliers dans le village et aux alentours. Et encore ! Quelques-uns seulement produisent sur place leurs couteaux du début à la fin, et selon les codes du savoir-faire historique. C’est comme ça. Aujourd’hui, l’essentiel des couteaux Laguiole sont produits… à des milliers de kilomètres de là et seulement assemblés sur place ou dans les environs. Jusque-là que du banal. On connaît la musique : « le monde change il faut changer », « les charges sociales écrasent le couteau », « les ouvriers pakistanais ne font pas tant d’histoires »… et ainsi de suite. Bref : on n’y peut rien, et ceux qui disent le contraire sont des rêveurs et même des fous dangereux.
De ce monde et de ses merveilles, un jour vient pourtant où vaille que vaille tout le monde finit par en manger une cuillère de trop. Ce jour est arrivé à Laguiole.
Le village a été condamné à payer 100 000 euros de dommages et intérêts à une entreprise privée qui produit des couteaux Laguiole… en Asie ! En effet, le propriétaire de cette entreprise a déposé la marque « Laguiole » en 1993. Depuis cette date, il commercialise des couteaux mais aussi d’autres objets sous cette marque. Un malin. Il a attaqué en justice le village de Laguiole pour « contrefaçon », l’accusant d’utiliser illégalement la marque qu’il a déposé. N’est-ce pas trop drôle, quand même, qu’un monde où de telles choses sont possibles ? Je crains le jour où quelqu’un viendra m’interdire de signer mes écrits de mon nom parce qu’il aura déposé celui-ci comme une marque. C’est ce qui se passe ici. Pour ce village, c’est la double peine. Premièrement, il est privé du droit d’utiliser son nom pour commercialiser le traditionnel couteau et vanter le savoir-faire de ses artisans. Deuxièmement, il est condamné à payer 100 000 euros, ce qui représente un somme très importante pour un village d’un gros millier d’habitants. Au point que le maire divers droite du village a sollicité l’aide des autres communes. Divers droite, le malheureux. Vous me direz que s’il était socialiste, ça n’y changerait rien. Ni communiste non plus, tout bien pesé, étant donné que toutes ces sortes de choses se décident ailleurs très loin dans le secret des arrangements internationaux qui fondent le droit sur la propriété intellectuelle, les brevets, les appellations contrôlées et tutti quanti.
Le juge applique la loi. La loi est injuste, le juge le devient à son tour comme son instrument. La justice ne se préoccupe pas d’être juste. Il lui faut seulement être légitime et légale au pied de la lettre. Comment le droit et la justice peuvent-ils protéger l’utilisation de la marque « Laguiole » par une entreprise qui produit ses objets hors d’Europe et en priver un village qui a donné son nom à ce couteau ? Il a bien fallu que d’aucuns s’en émeuvent après nous, si bien qu’une loi récente a permis d’étendre aux produits non alimentaires la protection « indication géographique protégée ». Mais pour Laguiole, c’est trop tard. Ultime espoir : que le le village parvienne à obtenir gain de cause auprès de l’OHMI, l’Office de l’Harmonisation dans le Marché Intérieur. C’est le nom de l’agence européenne chargé de gérer les systèmes d'enregistrement des marques et modèles dans l’Union européenne. Jusqu’ici, la Commission européenne n’a pas bougé une oreille. Il est vrai qu’elle n’en a pas pour ce qui est des plaintes de petits villages de mille habitants, et encore moins pour des casse-pieds avec leurs histoire de couteau. Il est vrai que ce qui rend l’affaire plus pénible, c’est que le Commissaire européen à la Concurrence est pourtant un « socialiste ». C’est l’espagnol Joaquin Almunia. Il est l’un des sept commissaires membres du Parti Socialiste Européen dans la Commission Barroso. Il n’a rien fait ni même rien dit. Il sert seulement à interdire les aides publiques aux secteurs stratégiques au nom de la « concurrence libre et non faussée ». Un androïde nourri au manchego produit en Chine et découpé en Irlande avant d’être emballé au Portugal et transporté en camion tchèque conduit par un Letton jusqu’au monoprix de Bruxelles. Ou sûrement quelque chose d’approchant si on y regardait de près.
Cette affaire témoigne bien de ce qu’est le capitalisme contemporain, financier et transnational. En effet, la logique à l’œuvre dans les firmes transnationales repose de plus en plus sur les marques et les brevets. C’est le rêve d’une entreprise sans murs, ouvriers ni machines : « juste un carnet de commandes, un chéquier et des brevets », comme disaient les douze administrateurs de l’entreprise Nike en refusant qu’on les désigne comme des fabricants de chaussures. La fonction de production, les usines, les machines sont progressivement filialisées, sous-traitées et si possible abandonnées. Les grands groupes recentrent leur stratégie de profit sur la possession de ce qui rapporte le plus en coûtant le moins : les marques. Du moment qu’ils possèdent une marque, les grands groupes se moquent de savoir où et comment l’objet est produit
Un exemple proche est bien connu. C’est celui du thé « Eléphant ». Depuis des décennies, l’usine Fralib de Gémenos produisait du thé sous cette marque ainsi que des tisanes. La marque Eléphant est née en Provence pour labelliser une production locale : les thés et tisanes étaient parfumés avec des herbes, parfums et fruits de Provence. Le groupe Unilever a racheté l’usine et la marque. Depuis plusieurs années, il veut fermer l’usine mais garder la marque, cela va de soi, car c’est elle qui fidélise la clientèle ! D’ailleurs, il produit déjà du thé marseillais en Pologne ! Et 85 % de la production revient en France où se trouvent les amateurs de ce thé…. Seule la résistance héroïque des salariés l’empêche d’arriver à son but. Mais le bras de fer est loin d’être gagné. Je place ici un lien pour vous permettre d’en savoir plus sur le sujet et prendre des idées d’action de soutien.
En tous cas, avec l’affaire Laguiole, nous avons un exemple supplémentaire qui nous permet d’expliquer concrètement à la fois le danger et son origine dans la mutation du capitalisme de notre époque. Je ne suis pas ici en train de défendre les « marques » commerciales, par principe. Loin de là. Mais dans ces deux cas, on voit comment la « marque » est d’abord un marqueur. Celui d’une production locale et d’un savoir-faire local. C’est cela que nous défendons contre la mondialisation libérale, la marchandisation de tout et l’uniformisation des goûts et des saveurs. Nous défendons aussi les productions et les savoir-faire locaux, et pas seulement les producteurs comme personnes abstraites considérées hors de tout contexte, de toute culture, à qui produire n’importe quoi, n’importe comment, suffirait à contenter le sort ! Notre façon de voir nous permet d’entrer dans la discussion sur le contenu des productions, leur utilité sociale, leur respect de la règle verte et ainsi de suite. La rupture avec le productivisme, c’est aussi décréter la fin de la sacralisation des productions compte tenu de ce qu’elles sont et de ce qu’elles impliquent ! Nous sommes partisans de la relocalisation de l’activité au moyen de la planification écologique de l’activité. Il est temps de montrer à travers ces exemples comment le renforcement des droits des producteurs, artisans ou salariés, face aux financiers qui vampirisent l’économie a un double contenu écologique et social. Laguiole a, malgré lui, rejoint les salariés de Fralib à l’avant-poste de cette bataille. »
On a tout compris : TAFTA, c'est cela, en pire, juste une mise en conformité : plus d'intelligence, plus de bon sens, plus de justice, juste, juste, la raison du plus malin !!
Le salariat est un esclavage, avec quelques aménagements faits naguère, que l'on dépèce consciencieusement ; l'entreprise est tolérée, aidée si elle est obsolète, sinon, dégommée à tout prix !! C'est cela la politique ?
Oui. Le but de l'ultralibéralisme est l'anéantissement de toute initiative venant du bas, l'interdit de la diversité qu'elle soit naturelle ou créative, la peur du manque inculquée, du déclassement pour certains, de la misère, de l'exclusion pour les autres, une contrainte pour se plier à toutes les injustices, les non sens. Quelques grandes multinationales, la grande distribution pour ce qui est du commerce, l'uniformité, plus facile à gérer, partout ; l'interdiction des coopératives, non pas assumée et revendiquée, mais entravées plus que déconseillées, la terreur des puissants devant l'organisation des petits, la terreur qu'une foule incontrôlable prenne ses responsabilités, la mise en rang.... le vieux rêve des esclavagistes nous a rattrapés ! Et bien, ne nous restent plus que le courage, la patience et l'héroïsme souvent de la part de ceux qui ne veulent se laisser mener. Les petits amendements ne sont que des sucettes amères et je rêve que chacun d'entre nous le sache, le constate et n'espère plus rien venant du haut mais s'encourage à inverser la vapeur !!
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