PÉTITION pour la présomption d’innocence, halte au tribunal médiatique ! Cas de l’affaire Adèle Haenel / Ruggia, harcèlement sexuel allégué
Dans le système juridique qui est le nôtre, le principe de « présomption d'innocence » signifie que vous êtes d'abord considéré comme étant « présumé innocent », en attendant qu'un tribunal vous juge et donne son verdict.
On ne vous condamne pas simplement parce que quelqu'un vous accuse.
Les accusations sont examinées par une autorité compétente : des magistrats en évaluent la pertinence, notamment en les comparant avec votre propre version des faits.
Ce principe de « présomption d'innocence » protège des accusations inexactes, injustes ou exagérées.
La grande question que pose l'affaire Haenel / Ruggia, est la suivante :
Des journalistes peuvent-ils faire office d'« autorité compétente » ?
Autrement dit, accepteriez-vous d'être jugé par des journalistes ?
Si oui, alors je vous conseille vivement de lire cet article.
Si non, alors signez la pétition, et, surtout, partagez cet article sur vos réseaux sociaux favoris !
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Sommaire :
Démarrage de l'affaire Adèle Haenel
Les professionnels du monde judiciaire alertent sur les dangers du tribunal médiatique
Couverture de l'affaire par la presse
Plaidoyer pour une participation massive à la pétition
Signer cette pétition revient-il à défendre un délinquant sexuel ?
Faut-il abolir la présomption d'innocence ?
Signer cette pétition empêche-t-il de soutenir Adèle Haenel ?
Signer cette pétition revient-il à jeter un doute sur la sincérité d'Adèle Haenel ?
Démarrage de l'affaire Adèle Haenel
Le 3 novembre 2019, le journal Médiapart publie une enquête concernant l'actrice Adèle Haenel. Cette dernière accuse le réalisateur Christophe Ruggia de « harcèlement sexuel » et « attouchements ». (s1)(s2)(s3)(s4)
Les attouchements allégués ne concernent pas le sexe : seulement le torse et les cuisses. (s)
Les accusations d'Adèle Haenel sont immédiatement et massivement relayées par la presse française.
Les faits auraient eu lieu alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans, entre 2001 et 2004, lorsqu'elle se rendait chez le réalisateur chaque samedi pour parler avec lui cinéma et lui emprunter des films.
Le lendemain, le 4 novembre 2019, la Société des Réalisateurs de Films lance une procédure de radiation contre Christophe Ruggia (s).
Le même jour, Edwy Plenel, patron de Médiapart, diffuse un entretien filmé avec Adèle Haenel d'environ une heure. Au début de cet entretien, il se félicite de l'excellence de l'enquête menée par son propre journal, et présente cette enquête comme la preuve que Adèle Haenel dit « vrai » (entretien).
Pendant toute l'heure de discussion avec l'actrice, la culpabilité de Christophe Ruggia ne sera donc pas discutée.
Elle est considérée comme déjà établie.
Par ailleurs, Edwy Plenel présente la prise de parole de la comédienne comme un évènement historique. Il présente ce « moment Haenel » comme une relance de la campagne #MeToo : cette campagne, démarrée en 2017, est un mouvement de dénonciation des violences faites aux femmes.
Edwy Plenel donne donc à son travail de journaliste la paternité d'une formidable avancée sociétale.
On peut dire que l'homme ne manque pas de panache.
Mais son enquête est en réalité truffée de lacunes. (mon premier article)
Et il envoie aux oubliettes la présomption d'innocence.
Il a prononcé la sentence sans que Christophe Ruggia ait pu bénéficier d'un « procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées » (Déclaration universelle des droits de l'homme).
Edwy Plenel a usurpé le rôle des magistrats professionnels, annihilé tout débat contradictoire, et rendu sa propre justice.
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Adèle Haenel déclare dans un premier temps ne pas vouloir aller en justice.
Elle affirme que cette dernière est trop peu compétente en la matière.
Le 6 novembre 2019, Adèle Haenel n'ayant pas porté plainte, la justice se saisit elle-même de l'affaire.
Adèle n'a pas accusé Christophe d'« agressions sexuelles », mais la justice décide d'enquêter tout de même sur d'éventuelles « agressions sexuelles », et aussi sur un éventuel « harcèlement sexuel ».
Toujours le 6 novembre, le droit de réponse de Christophe Ruggia est publié par Médiapart. Il affirme ne jamais avoir eu à l'égard d'Adèle Haenel « les gestes physiques et le comportement de harcèlement sexuel » dont elle l'accuse. Il relate qu'elle venait chez lui chaque samedi (s).
Dans ce droit de réponse, Christophe Ruggia fait preuve d'une grande lucidité sur le sort que lui réserve le tribunal médiatique : « L'étroitesse de la relation que j’entretenais avec cette adolescente suffit à m’accabler. Mon exclusion sociale est en cours et je ne peux rien faire pour y échapper. » (s)
Le 15 novembre 2019, on apprend que l'un des financeurs qui devait co-produire l'un des films de Christophe Ruggia a décidé de ne plus travailler avec lui. (s)
Ainsi, après la procédure de radiation lancée par la SRF, le tribunal de l'opinion continue à produire ses effets.
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Les professionnels du judiciaire sont inquiets, et alertent des dangers du « tribunal médiatique »
Plusieurs professionnels du monde judiciaire se sont exprimés dans les médias, s'inquiétant que quelqu'un puisse être condamné par un « tribunal médiatique », court-circuitant ainsi la justice institutionnelle.
Par exemple, l'avocat pénaliste Thierry Fillion déclare :
« Dans l’affaire Haenel, pas de policiers assermentés, pas de juge garantissant l’impartialité du recueil des preuves, pas de contradictoire au moment de l’enquête, pas de défense avant l’affirmation publique et massive qu’il y a une victime et un auteur ! Qui peut, dans ce contexte, oser mettre en doute la parole d’Adèle Haenel ou évoquer l’éventuelle innocence ou même une moindre culpabilité de Christophe Ruggia ? Personne ! En cela, cette parole est totalitaire car elle n’offre aucune contradiction. La vérité est déjà dite, assénée. »
Pour Thierry Fillion, le « tribunal médiatique » met en danger la démocratie et il dénonce une « forme de lynchage par une mise au ban social, voire une mort professionnelle » (source).
Olivia Dufour, juriste, relève qu'il est difficile pour une plaignante d'entamer une procédure judiciaire, notamment parce qu'elle doit y décrire précisément les faits, et qu'il est très humain qu'elle souhaite y échapper. Le « tribunal médiatique » peut donc sembler une alternative attirante. La plaignante y « détient la parole ». (source).
Comme le signale le journal Marianne : « Dans un prétoire, il y a le contradictoire, parfois douloureux, mais nécessaire à l’émergence des faits. Le tribunal médiatique, lui, permet à la victime d’écrire son récit de manière unilatérale… » (source).
La plaignante est entendue immédiatement, entourée de témoignages d'affection, et devient une « héroïne contemporaine médiatique » (source).
Olivia Dufour explique également qu'elle n'a volontairement pas regarder l'entretien filmé entre Adèle Haenel et Edwy Plenel :
« Je suis comme tout le monde, ça me touche, donc je m’interdis d’être dans une situation où mes émotions vont m’empêcher de raisonner. C’est pour cela que je ne l’ai pas regardée. Comme tout le monde, je me serais indignée contre l’accusé. Or, pour le moment, il est encore présumé innocent. Entendre Adèle Haenel ou une plaignante émue, sans avoir l’accusé en face, ça me dérange…Tout l’édifice judiciaire repose sur le contradictoire. »
Olivia Dufour ajoute :
« J’ai une formation de juriste, et je sais que les dossiers sont toujours plus complexes qu’il n’y paraît : quand on écoute le témoignage poignant d’une plaignante, on pense connaître la vérité, mais une fois qu’on ouvre tout le dossier et que la défense s’exprime, on réalise que les choses sont toujours plus complexes… Ces dispositifs médiatiques évitent le contradictoire et font primer l’émotion. En résumé, les médias fonctionnent sur l’émotion, la justice, sur la raison. Or la raison est plus rassurante pour trancher et rendre la justice » (source).
Dans le 28 minutes d'Arte, l'avocat Éric Dupond-Moretti explique qu'une règle essentielle de notre système judiciaire est que la plaignante doit fournir les preuves de ce qu'elle avance (source).
On dit que la « charge de la preuve » incombe à la plaignante.
Si les preuves manquent, le doute profite à l'accusé.
« On sait que la preuve, c'est compliqué dans ces affaires, c'est souvent parole contre parole. Parfois, c'est la plaignante qui dit vrai bien sûr. Parfois c'est l'accusé aussi qui dit vrai. Si on inverse la charge de la preuve, c'est une catastrophe. » (source)
En effet, faire peser la « charge de la preuve » sur l'accusé serait une folie.
Il y a souvent impossibilité pour l'accusé d'apporter la preuve qu'il n'a pas commis le délit.
Éric Dupond-Moretti donne un exemple tout simple : si lui-même avait accusé un autre invité de l'émission 28 minutes d'Arte de lui avoir volé son portefeuille lorsqu'ils étaient dans la loge avant de venir sur le plateau télé, comment l'autre invité pourrait-t-il prouver qu'il n'a pas volé le portefeuille ?
L'inversion de la charge de la preuve conduit donc mécaniquement à augmenter considérablement la possibilité d'envoyer des innocents en prison.
Et, selon Éric Dupond-Moretti, « il vaut mieux 100 coupables en liberté, qu'un innocent en prison (...) »
Sachant que cela pourrait être vous l'« innocent en prison », cela donne à réfléchir.
Il faut bien comprendre que le tribunal médiatique, lui, ne s'embarrasse pas de preuves.
Le doute profite à l'accusateur, en l'occurrence ici l'accusatrice.
L'affaire Haenel / Ruggia le prouve de façon magistrale.
Il n'y a strictement aucune preuve de harcèlement sexuel de la part de Christophe Ruggia.
Aucun témoin n'a vu le moindre « geste à connotation sexuelle » de sa part (s).
Et il a pourtant été jugé coupable.
En effet, quelques témoins affirment aujourd'hui que sa relation avec Adèle, à l'époque du tournage du film avec elle en 2001, ne leur a pas plu. (s)
Comme le dit le réalisateur lui-même, c'est donc bien l'« étroitesse » de sa relation avec Adèle qui « suffit » à le condamner.
Mais où est la preuve qu'il y aurait eu dans cette proximité affective une intention sexuelle ?
Il n'y en a pas.
Bien entendu, comme personne ne sait ce qui s'est passé entre le réalisateur et l'actrice lorsqu'ils étaient seuls, rien ne permet à ce stade de prouver l'innocence du réalisateur.
Le doute subsiste.
Mais revenons au débat sur Arte.
Il est très intéressant de noter la chose suivante :
Lorsque Éric Dupond-Moretti affirme que le doute doit profiter à l'accusé, le journaliste Claude Askolovitch lui demande si ce principe est encore valable dans notre société : « Est-ce tenable sociétalement encore aujourd'hui ? La société explose sous les violences (...) » (source)
Le journaliste Claude Askolovitch esquisse donc la possibilité d'une société où, grosso modo, toute personne se déclarant victime obtiendrait condamnation immédiate de l'accusé.
Est-ce dans ce genre de société que vous voulez vivre ?
Si votre réponse à cette dernière question est « non », alors signez la pétition et diffusez cet article Agoravox auprès de vos amis !
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Couverture de l'affaire par la presse
Pendant le mois de novembre, la presse est dithyrambique : Adèle Haenel est une « nouvelle héroïne », courageuse, poignante, lucide, d'une profondeur politique rare, etc.
Par exemple, le magazine Elle déclare :
« Écouter et surtout observer cette jeune actrice accoucher d'un témoignage si intime et d'une parole politique si limpide fut comme recevoir un uppercut en plein coeur avec l'intuition d'assister à un moment historique. »
« L'actrice a impressionné par la maîtrise et l'intelligence de sa réflexion mûrie et très politisée. Culture du viol, violence systémique sont autant de concepts qu'elle a cités au cours de son entretien avec pour souci récurrent d'élever son histoire au niveau collectif (...) » Elle
Tout cela est impressionnant et va dans le bon sens.
Il faut bien entendu tout faire pour protéger les personnes en situation de faiblesse des abus sexuels.
Mais dans les médias, il n'a été question de rien d'autre.
Comme le note l'avocat Thierry Fillion, l'ensemble de la presse parle d'une même voix et n'offre aucune analyse contradictoire. Thierry Fillion déclare :
« La vérité est déjà dite, assénée. » (source)
On peut remarquer au passage que le type de formulation utilisé par les journalistes confirme les dires de Thierry Fillion.
En principe, un journaliste se conformant aux règles de la déontologie devrait dire :
« Adèle Haenel affirme avoir été victime d'abus. »
Or, voilà le type de formulation qu'on peut trouver écrit dans la presse :
« Adèle Haenel a révélé les abus dont elle a été victime. » (Le Monde)(Télérama)(HuffPost)
A travers ce type de formulation, la presse nous dit :
« Adèle Haenel est une victime d'abus. C'est une vérité. Une vérité révélée ! »
Ce qui revient à dire :
« Il n'y a aucun doute, Christophe Ruggia est un abuseur ».
Or, l'enquête de Médiapart n'a fait l'objet d'aucune analyse critique par les médias grand public.
Agoravox, média citoyen, est le seul à avoir publié au mois de novembre une longue analyse de cette enquête (mon article) et Causeur, journal fondé par Elisabeth Lévy, a publié un article écrit sur un ton plus « émotionnel » ( « Je vous mets au défi de me donner l’exemple d’un amour véritable purifié de cette satanée "emprise". » source)
En réalité, la presse n'a absolument pas étudié le fond de l'affaire.
Au mieux, les journalistes les plus méritants n'ont pas déformé les propos d'Adèle Haenel.
Mais, au mois de novembre 2019, aucun journaliste n'a fait le travail minimum de décryptage de l'enquête de Médiapart. Les lacunes de la presse sont tellement immenses qu'il faudrait trois articles pour les citer toutes.
Voilà quelques exemples :
Un seul titre de presse important relaie le fait qu'aucun membre de l'équipe du tournage du film Les Diables en 2001 n'a vu de « geste à connotation sexuelle » de la part de Christophe Ruggia (journal suisse : Le Temps).
Comment le journal Le Temps en est-il arrivé à cette conclusion ?
C'est simple, il suffit de lire l'enquête de Médiapart, et au bout de quelques minutes, tout devient clair.
Premier extrait :
« Comment distinguer, sur un tournage, la frontière subtile entre une attention particulière portée à une enfant qui est l’actrice principale du film, une relation d’emprise et un possible comportement inapproprié ? À l’époque, plusieurs membres de l’équipe peinent à mettre un mot sur ce qu’ils observent. D’autant qu’aucun d’entre eux n’a été témoin de « geste à connotation sexuelle » explicite du cinéaste à l’égard de la comédienne. » (s)(s)
Deuxième extrait :
« À l’inverse, beaucoup dépeignent un réalisateur à la fois « tout-puissant » et « infantile », « immature », « étouffant », « vampirisant », « accaparant », « invasif » avec les enfants, s’isolant dans une « bulle » avec eux. Neuf personnes décrivent une « emprise », ou bien un fort « ascendant » ou encore un rapport de « manipulation » du cinéaste avec les deux comédiens, qui le percevaient comme « le Père Noël ». » (s)
Certes, ces membres de l'équipe ont fait un portrait de leur « patron » (s) qui n'est guère flatteur !
Mais dans ce portrait, voyez-vous la description d'un « geste à connotation sexuelle » ?
Et c'est la même chose pour le reste de l'enquête : aucun « geste à connotation sexuelle » n'y est rapporté.
Si la presse avais étudié l'enquête un peu sérieusement, elle aurait donc pu aboutir très rapidement à la même conclusion que le journal Le Temps.
Et, dans une affaire de moeurs, informer les lecteurs que les témoins n'ont pas vu de « geste à connotation sexuelle » est bien entendu un élément très important.
La presse n'a donc pas correctement fait son travail.
Et pire, elle a donné de nombreuses informations fausses.
Un exemple.
France inter déclare :
Marine Turchi, l’auteur de cette enquête pour Médiapart a recueilli pendant sept mois la parole d’une trentaine de témoins : tous savaient. Ils étaient là, pendant le tournage et en amont, pendant les répétitions. Et ils sentaient, tous, que quelque chose n’allait pas. (s)
Tous ?
C'est totalement faux.
C'est factuellement faux.
Ecoutons par exemple Tina Baz, la monteuse du film Les Diables, dont le témoignage est présent également dans l'enquête de Médiapart. Elle décrit Christophe Ruggia comme « « respectueux », « d’une affection formidable », « avec un investissement absolu dans son travail » et une « relation paternelle sans ambiguïté » avec Adèle Haenel. »
Tina Baz a donc eu un ressenti exactement inverse à celui décrit par France inter.
Vous me direz : « Tina Baz est l'exception qui confirme la règle ».
Pas du tout.
Lisons ce passage de l'enquête de Médiapart pour le comprendre :
Parmi les vingt membres de l’équipe du film sollicités, certains disent « ne pas avoir de souvenirs » de ce tournage ancien ou bien n’ont pas souhaité répondre à nos questions. D’autres assurent n’avoir « rien remarqué ». (s)(s)
C'est clair, non ?
D’autres assurent n’avoir « rien remarqué ».
Dernier exemple :
Dans l'enquête de Médiapart, Adèle Haenel accuse Christophe Ruggia d'« attouchements ».
C'est le terme exact qu'elle utilise.
Elle n'emploie pas la formulation : « attouchements sexuels ».
C'est juste : « attouchements ».
Ce mot, « attouchement » est ambigu, car il désigne dans le langage courant :
- soit des caresses légères exprimant l'affection
- soit des « attouchements sexuels ». (s1)(s2)(s3)
Et, en regardant de plus près l'enquête de Médiapart, on découvre qu'Adèle Haenel n'accuse pas Ruggia d'avoir touché son sexe ou ses seins.
Elle l'accuse d'avoir eu des gestes sur son corps qui allaient « vers » son sexe ou « vers » sa « poitrine ». (s)
La différence est notable.
Un geste qui ne touche pas une zone érogène est-il un « attouchement sexuel » ?
Il faut aussi noter qu'Adèle Haenel n'accuse pas Ruggia d'« agression sexuelle », ce qui aurait été logique si elle avait subi des « attouchements sexuels ». (s)
De la même manière, Adèle Haenel ne l'accuse pas d'« abus sexuels », une expression généralement utilisée pour désigner une « agression sexuelle ». (s)
L'expression utilisée par Adèle dans l'enquête de Médiapart est uniquement « abus ». Rien de plus.
Donc, dans l'enquête de Médiapart du 3 novembre 2019, Adèle Haenel n'accuse pas Christophe Ruggia d'attouchements sur les zones sexuelles.
Notons cependant que, le 6 novembre, Adèle n'ayant pas déposé plainte contre Christophe Ruggia, la justice se saisit elle-même de l'affaire et annonce ouvrir une enquête, qui porte notamment sur une éventuelle « agression sexuelle ».
Cela ne veut pas dire que, soudain, Adèle aurait changé ses accusations.
Cela veut juste dire que ses accusations, à la fois d'« attouchements » et « harcèlement sexuel », sont suffisantes pour que la justice estime qu'elle peut examiner la question d'une « agression sexuelle ».
Même si, au final, ce chef d'accusation pourrait être abandonné.
Et donc, trois semaines plus tard, le 26 novembre 2019, Adèle Haenel est entendue par la police.
L'audition dure 12 heures, de quoi obtenir des déclarations infiniment plus précises que celles présentes dans l'enquête de Médiapart. (s)
C'est à cette occasion qu'Adèle Haenel porte plainte contre Ruggia.
Ce jour-là, LCI, par exemple, publie un article ayant pour titre :
« Accusations d'« attouchements » : l'actrice Adèle Haenel porte plainte contre le réalisateur Christophe Ruggia » (s)
Vous remarquerez les guillemets placés par la rédaction de LCI autour de « attouchements ».
LCI reprend la formulation exacte de l'accusation portée par Adèle Haenel contre Christophe Ruggia lors de l'enquête de Médiapart sortie le 3 novembre.
Notons par ailleurs qu'absolument rien n'a filtré de l'audition d'Adèle Haenel. (s)
Personne ne sait ce qu'elle a dit aux policiers.
Donc, fin novembre 2019, on en est toujours exactement au même point que début novembre. Les formulations exactes de la liste des accusations portées par Adèle Haenel restent : « attouchements », « harcèlement sexuel », « baisers forcés dans le cou ». (s)
Or, durant tout le mois de novembre, de nombreux médias ont diffusé les accusations d'Adèle de façon complètement fantaisiste.
Ils prétendent à tort qu'Adèle aurait accusé Christophe Ruggia :
- d'« attouchements sexuels » ( Europe1, Paris Match, Cosmopolitan, L'Express, etc)
- d'« abus sexuels » ( Le Monde, Le Point, Agence France Presse, BfmTV, Ouest France, etc)
- d'« agression sexuelle » ( France culture, 20 minutes, L'Express, etc).
On peut noter qu'il n'y a pas d'erreurs systématiques : un même journal peut relayer dans l'un de ses articles la formulation exacte de l'accusation portée par Adèle Haenel, puis donner une information fausse dans un autre article.
Par exemple, dans cet article, Ouest France titre une information correcte :
Accusations d'« attouchements ». Entendue par les enquêteurs, Adèle Haenel porte plainte contre Christophe Ruggia (s)
Alors qu'on peut lire dans un autre article du même journal, le même jour :
En accusant d’abus sexuels le réalisateur Christophe Ruggia, l’actrice Adèle Haenel (...) (s)
Il peut y avoir aussi au sein d'un même article des informations justes et des informations fausses.
Par exemple, dans cet article de Paris Match, on peut lire dans le corps de l'article les formulations exactes des accusations d'Adèle Haenel, « attouchements », « harcèlement sexuel » et « baisers forcés dans le cou », alors que titre de l'article est :
Accusé d'« attouchements sexuels » par Adèle Haenel, Christophe Ruggia nie (s)
C'est un peu comme si le journaliste avait posé l'équation :
« attouchements » + « harcèlement sexuel » = « attouchements sexuels »
Quoiqu'il en soit, cela crée une sorte de brouillard qui rend difficile la compréhension de l'affaire.
Est-ce grave ?
Oui, dans la mesure où les formulations diffusées par les médias peuvent conduire les lecteurs ou auditeurs à croire qu'Adèle Haenel accuse Christophe Ruggia d'attouchements sur les zones sexuelles.
Concrètement, cela revient à augmenter la charge accusatoire contre lui.
Imaginez que vous-même soyez victime d'erreurs de la presse.
Prenons un exemple un peu caricatural : vous avez été trop insistant lors d'une drague, la personne importunée vous accuse de harcèlement sexuel, mais la presse rapporte à tort que cette personne vous accuse de l'avoir violée. Comment prendriez-vous la chose ? Ne craindriez-vous pas que cette erreur construise une fausse image vous concernant ? Celle d'un violeur ?
Conclusion générale : le tribunal médiatique est un tribunal où il n'y a pas de débat contradictoire, pas de débat du tout, pas d'analyse sérieuse des faits, pas d'expertise, beaucoup de confusion et beaucoup de fausses informations. Il est donc évident que nous sommes dans un situation propice au lynchage.
Seul un tribunal composé de vrais magistrats pourra donner une légitimité à une quelconque condamnation de Christophe Ruggia.
Pour autant qu'il soit coupable.
Maintenant que vous avez lu ce chapitre, accepteriez-vous encore d'être jugé par des journalistes ?
Si vous estimez finalement que la présomption d'innocence est un principe tout à fait fondamental, alors n'hésitez pas à le faire savoir en signant la pétition. Et faites en part à vos amis et sur vos réseaux sociaux favoris...
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Réactions des internautes
Revenons au tout début de novembre, lorsque l'affaire démarre.
A ce moment là, Adèle n'a pas encore porté plainte (*).
Sur le web, les internautes commentent les évènements.
Beaucoup remercient Adèle Haenel, qu'ils considèrent comme un étendard de la cause des femmes.
« Le témoignage de cette jeune femme est d'une rare qualité comme d'une rare intensité, et qui témoigne d'un formidable élan vital et d'une volonté tout aussi formidable pour dépasser le "mur du silence" imposé par un système patriarcal infâme. » Pierre Caumon (s)
Quelques-uns, très rares, maudissent Christophe Ruggia :
« Ce Ruggia est un malade » Dissem (s)
Mais un très grand nombre d'internautes s'indignent du sort fait à Chrisophe Ruggia. Ils commentent négativement sa radiation par la Société des Réalisateurs de Films. Ils rappellent le principe de la présomption d'innocence. Ils critiquent le principe d'une justice rendue par la presse. Ils s'inquiètent de l'inversion de la charge de la preuve, etc.
« La société des réalisateurs de films tire plus vite que son ombre. » Torquemada
« Un peu rapide non ? Une quidam dénonce et accuse, sans preuve on condamne !??.... » Allobroge
« Désormais, le procès est sur les réseaux sociaux et la présomption d'innocence caduque... Triste époque. » liocroco30
« Bref plus besoin de justice en France il suffit de témoigner à Médiapart plutôt qu'à la police. » bud34 (internautes sur Midi Libre)
« Je ne connais ni l'une ni l'autre, mais il me semblait que seule la justice, après une enquête, et l'analyse de déclarations sûrement contradictoires pouvait prononcer des sanctions. Justice soi même ? Le grand recul ? » PhJ (sur France info)
« (...) nul ne peut faire justice soi-même. » (facebook, 4 nov)
« Il suffit d'une dénonciation et le réalisateur est radié du SRF sans aucun jugement. C'est terrible !!! » Sid92
« Nous sommes revenu au temps du far west on lynche d'abord après on voit si c'était justifié !! » gabonet
« Ardent défenseur de la cause des femmes et écoeuré par le comportement de certains hommes je m'étonne cependant de cette décision qui semble clairement privilégier la présomption de culpabilité à la présomption d'innocence. » Jason38
« Accusé, donc coupable. Sans jugement. » Philippe Dijon
« Ce n'est pas comme cela que fonctionne notre démocratie et un retour à la barbarie du jugement de la foule n'améliorera jamais les choses. » Kugfgue
« Cette dame a l'air sincère et son histoire probablement tristement vraie mais il n’empêche qu'il n'est pas décent de juger un homme sur une accusation. Il faut laisser la justice passer et agir en conséquence. » GDesmar
« Une enquête journalistique n'a rien d'une enquête judiciaire, elle ne prouve rien, elle donne un point de vue. » Repinf
« Il m'arrive très souvent de lire des articles dans les médias sur des sujets que je maitrise totalement et de constater que l'article est très imprécis ou de parti pris.
Et dans tous les cas ce n'est pas à un média de juger une personne ! » pDenaize
« Une enquête journalistique n'est pas une preuve, ce n'est que la vision du journaliste qui écrit l'article et qui choisit d'y inclure tel ou tel élément contrairement à une instruction qui se construit à charge et à décharge et qui va chercher le pourquoi du comment. » Repinf (internautes sur France info)
« Les sentences du tribunal Mediapart sont elles inscrites au casier judiciaire ? » fatalisteoptimiste
« Le fascisme reprend du poil de la bête. Ou est passé la présomption d'innocence. Et ces gens là vont ensuite donner des leçon de démocratie. C'est lamentable. » bduf
« Je ne sais pas s'il est coupable de ce dont elle l'accuse, mais qu'il soit aussitôt condamné sans l'ombre d'une preuve me paraît gravissime ; aujourd'hui n'importe quelle personne peut accuser n'importe qui d'attouchements, voire de viol, et c'est à l'accusé de prouver son innocence ! » Calimero59
« De nos jours, on est jugé par les réseaux sociaux s'est quand même grave ce Monsieur est peut-être innocent ou coupable, je ne sais pas mais où est la présomption d'innocence ? » titou32
« On se croirait revenu au beau temps de l'Inquisition où de simples allégations suffisaient à vous envoyer au bûcher. » fleurdelys46
« Une enquête de Médiapart, c'est du journalisme, pas vraiment du niveau justice française. » On_est_fray (orange)
Sur le site de Médiapart aussi, de nombreux membres s'interrogent :
« Seule la justice est garante des procédures qui peuvent invalider les démentis de l'accusé, le déclarer coupable, lui infliger une lourde peine qui ait le sens d'une réparation des crimes. (...) renoncer à la procédure judiciaire à cause de son supposé laxisme, de son supposé parti-pris pour les bourreaux contre les victimes, est très inquiétant. Et selon moi, fautif. » Marie France Tourrel
« Le chemin auquel nous amène ce lynchage virtuel est absolument terrifiant » Fearofthedark (Médiapart 1)
« Une telle mise en scène -/écrits peu objectifs / vidéo guidée /pour permettre à la victime de faire entendre sa voix n’a jamais été la garantie d’une démocratie véritable. Méfiance. » Radiha Lamrani
« A mon avis c'est plutôt un ou une psychanalyste qui conviendrait pour aider Adèle Haenel et Christophe Ruggia à démêler les entrelacements de leurs histoires personnelles si générateurs de souffrances pour l'une comme pour l'autre. Bruno Jean Palard (Médiapart 2)
Bref, il semble qu'une partie importante des internautes est attachée à la présomption d'innocence et a un regard différent de celui des médias. La pétition pourrait donc avoir un fort potentiel. Le plus important est évidemment, pour qu'elle réussisse, non seulement de la signer, mais de la partager sur les réseaux sociaux et avec vos connaissances.
Signer la pétition |
Plaidoyer pour une participation massive à la pétition
Si vous-même estimez d'une manière générale qu'il est inacceptable de condamner un homme avant qu'il soit jugé, alors vous signerez la pétition pour demander à la Société des Réalisateurs de Films d'annuler la procédure de radiation de Christophe Ruggia.
Notez bien que cette pétition ne prétend pas affirmer que Christophe Ruggia serait innocent (ou coupable). Ce n'est pas l'objet de la pétition.
Cette pétition a pour objectif principal de promouvoir le principe de la présomption d'innocence, d'une manière générale.
Et tout l'intérêt de la signer est qu'elle propose une modalité d'action très concrète.
Si vous pensez que ce qui arrive à Christophe Ruggia ne vous concerne pas, vous vous trompez.
Si les médias ne respectent plus le principe d'innocence, s'ils sacralisent la parole de la personne se présentant comme victime, l'habitude risque de se répandre dans toute la société.
Voilà des exemples de ce que cela peut donner :
Le conjoint accuse à tort son conjoint d'abus sexuel sur les enfants pendant une procédure de divorce. Il est instantanément cru et son conjoint ne reverra jamais ses enfants.
Un élève qui a des mauvaises notes pense que son professeur est méchant avec lui, lance une fausse accusation de harcèlement sexuel contre lui, et le professeur se retrouve à la rue dans la seconde qui suit. Détruit.
Une personne en psychothérapie retrouve de faux souvenirs et vous accuse de viol. Votre vie est brisée. Vous êtes foutu, vous perdez tout.
C'est une nouvelle barbarie qui s'installe.
Cette pétition représente donc un enjeu sociétal qui concerne tout le monde.
Et il faut la signer massivement :
- parce que le « tribunal médiatique », qui met en danger le principe de présomption d'innocence, ne peut être remis en cause que par un large rassemblement de citoyens.
- parce qu'il faut diffuser dans la société un contre-poison, un signal d'alerte, une pédagogie qui nous immunise contre des pratiques journalistiques iniques.
- parce que la Société des Réalisateurs de Films doit comprendre qu'il existe, de façon non marginale, des ressentis, des pensées, des façons de voir le monde qui sont bien présentes dans la société mais pour le moment peu visibles.
- parce que la SRF, ainsi informé, pourrait effectivement stopper la procédure de radiation de Christophe Ruggia, ce qui constituerait un puissant symbole : le symbole d'une société civile qui s'affranchit du pouvoir médiatique et ses pratiques malsaines.
- parce qu'il faut signifier encore et encore aux journalistes qu'ils sont en train de se mettre à dos une part importante de la population et qu'ils ne retrouveront jamais notre confiance s'ils continuent à pourrir l'espace médiatique.
Ce qui se passe est grave.
L'enquête de Médiapart n'est qu'une enquête journalistique, rien de plus. Elle est truffée de lacunes (mon article).
Le remplacement de la justice par un tribunal médiatique est une catastrophe.
La justice est parfois mal rendue, mais le tribunal médiatique est pire, mille fois pire. C'est le retour aux bûchers du moyen-âge et au lynchage.
Exemple concret de l'influence délétère du tribunal médiatique :
Sur Facebook, alors qu'un internaute s'insurge que l'on « enterre un type sans procès », une internaute lui répond :
« Vous, vous protégez un type qui agresse une gamine, alors qu'il est adulte ».
Il est clair que cette internaute est persuadée que Christophe Ruggia est coupable.
Sur quoi se base-t-elle pour rendre un avis aussi définitif ?
Réponse : le tribunal médiatique a présenté la culpabilité de Christophe Ruggia comme certaine, sans offrir la moindre réflexion à ce sujet.
Le tribunal de l'opinion est mal informé, sous-informé ou même trompé par le tribunal médiatique.
La question que vous devez vous poser est la suivante : si vous-même étiez accusé d'un quelconque délit, accepteriez d'être jugé et condamné dans la foulée par des journalistes ?
Ou bien préféreriez-vous l'être par un tribunal présidé par des magistrats professionnels, qui écoutent votre version des faits, et où vous pouvez être défendu par un spécialiste de la loi ?
Si vous préférez la seconde solution, alors :
Relayer cette pétition.
Partagez cet article Agoravox sur vos réseaux sociaux favoris, Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp, etc.
Mettez le paquet.
Lancez un grand « moment » « présomption d'innocence ».
Signer la pétition |
Signer cette pétition revient-il à défendre un délinquant sexuel ?
Evidemment non, puisque personne ne sait si Christophe Ruggia est un délinquant sexuel.
Tout le problème dans cette affaire est que Christophe Ruggia a déjà été reconnu coupable par le tribunal médiatique.
Le verdict est tombé.
Partant de là, il est logique que certaines personnes soient persuadées que Christophe Ruggia est coupable puisque c'est marqué dans les journaux. Pour eux, l'enquête de Médiapart suffit à condamner Christophe Ruggia.
Pourtant, cette enquête ne représente même pas le dixième de ce qu'est une vraie enquête judiciaire.
L'article suivant en présente certains éléments de démonstration : mon article.
L'argument des « 30 témoins qui confirment la version d'Adèle Haenel » est une légende, un mythe, une illusion : aucun témoin ne relate avoir vu le moindre harcèlement sexuel de la part de Christophe Ruggia.
L'éventuelle culpabilité de Christophe Ruggia reste donc à établir.
Signer la pétition |
Faut-il abolir la présomption d'innocence ?
D'autres internautes refusent carrément le principe de présomption d'innocence. Ils pensent que Christophe Ruggia est « statistiquement » coupable, vu le nombre élevé de femmes victimes de violence sexuelle et le nombre élevé d'accusations pertinentes de leur part.
Grosse modo, ces internautes estiment que la justice est trop imparfaite et que faire juger Christophe Ruggia par des magistrats professionnels serait prendre le risque qu'il ne soit pas condamné.
L'« avantage » du tribunal médiatique, c'est que l'on obtient une sanction immédiate, en détruisant la vie sociale et professionnelle de l'accusé.
Ces internautes ne prennent pas en compte le risque que le tribunal médiatique punisse un innocent.
Ils soutiennent l'idée d'une justice expéditive, où l'on ne prendrait aucune précaution pour éviter les erreurs judiciaires.
Ces internautes sont prêts à adopter le principe du tribunal de l'opinion, estimant qu'il y a tellement d'agresseurs à punir que la justice ne parviendra jamais à faire le travail. La méthode du « Vite, pendons les haut et court » permettrait de juguler un phénomène de masse.
On peut tout de même remarquer que cette méthode, censée protéger les faibles de la violence des forts, paraît elle-même très violente.
Cette pétition est donc peut-être l'occasion pour ces internautes de réfléchir et de changer d'avis.
Admettons que ce soit le cas.
Vous venez de changer d'avis et vous êtes désormais convaincu qu'il faut que l'accusé ait le droit à un « procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées » (s)
Il reste encore éventuellement quelques difficultés à surmonter pour signer la pétition.
Signer la pétition |
Signer cette pétition empêche-t-il de soutenir Adèle Haenel ?
Mais non.
Vous pouvez tout à fait défendre le principe de présomption d'innocence et continuer à soutenir Adèle Haenel.
En effet, celle-ci a déposé plainte contre Christophe Ruggia, reconnaissant ainsi la légitimité des procédures judiciaires.
Elle reconnaît donc à Christophe Ruggia son droit à un « procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées » (s)
Si elle-même reconnaît la légitimité de notre système juridique, pourquoi pas vous ?
Signer la pétition |
Signer cette pétition revient-il à jeter un doute sur la sincérité d'Adèle Haenel ?
Dans son communiqué intitulé : « La SRF apporte son soutien total à Adèle Haenel », la Société des Réalisateurs de Films s'adresse à Adèle Haenel et déclare : « Nous tenons à lui dire que nous la croyons ». (s)
Cela part d'un bon sentiment.
En effet, beaucoup de femmes sont victimes d'abus sexuels et ont besoin de soutien pour pouvoir prendre la parole. Une des raisons pour lesquelles elles hésitent à le faire est justement la crainte de ne pas être crues.
Que la SRF soutienne Adèle Haenel est donc une action tout à fait recommandable !
De plus, lorsqu'Adèle appelle à ce que cesse la loi du silence, et que toutes les victimes d'abus sexuels se manifestent, comment ne pas la soutenir ?
Mais là où les choses déraillent, c'est lorsque une part des internautes sur les réseaux sociaux semblent dire qu'il serait impossible de soutenir la présomption d'innocence de Christophe Ruggia sans jeter le doute sur la parole d'Adèle Hanel.
Essayons cependant de comprendre leur raisonnement.
Donner le droit à l'accusé de se défendre, n'est-ce pas reconnaître qu'il est peut-être innocent ? Et reconnaître que l'accusé est peut-être innocent, n'est-ce pas reconnaître que, peut-être, Adèle n'a pas dit « vrai » ?
Alors comment pourrait-on signer la pétition dans ces conditions : ne serait-ce pas mettre en doute la sincérité d'Adèle Haenel ?
Rassurez-vous.
Même si vous êtes totalement convaincu de la sincérité d'Adèle, signer la pétition ne pose aucun problème.
En effet, supposer que Christophe Ruggia puisse être innocent n'implique pas supposer qu'Adèle a pu mentir.
En effet, il est tout à fait possible qu'Adèle Haenel soit sincère et Christophe Ruggia aussi.
Ce fait est connu grâce à des affaires antérieures : il existe des cas où la plaignante est parfaitement sincère et l'accusé clamant son innocence aussi.
Un exemple fameux est celui de l'infirmière américaine Beth Rutherford, qui accuse son père de l'avoir violée alors qu'elle était âgée de 7 à 14 ans (s).
Les viols incestueux aurait conduit à ce qu'elle tombe enceinte et se fasse avorter.
Après que la « victime » a « révélé » son calvaire, son père est licencié, il perd son travail.
Et il risque la prison.
Mais un examen médical va montrer que son père ne pouvait pas procréer : son infertilité était absolue, puisqu'il avait subi une vasectomie.
L'examen montre également que Beth Rutherford est vierge.
L'impossibilité des faits prétendus par Beth est donc doublement prouvée.
En fait, les souvenirs de Beth était de faux souvenirs, induits par suggestion lors d'une psychothérapie commencée à l'âge de 19 ans.
Bref, la psyché humaine est un monstre de complexité et de surprises, ce qui explique pourquoi une accusation fausse peut être portée en toute sincérité.
Signer la pétition |
Conclusion
Cette pétition ne remet donc nullement en cause la sincérité d'Adèle Haenel.
Et elle ne préjuge pas de l'innocence ou de la culpabilité de Christophe Ruggia.
Il s'agit vraiment de défendre un principe : une société sans présomption d'innocence est une société barbare adepte du lynchage.
Se conformer à un verdict énoncé par le « tribunal médiatique » revient à se conformer à une pensée confuse, désordonnée, approximative, soumise aux aléas de l'émotion.
Le système judiciaire, quoiqu'imparfait, est le seul moyen de mettre en place un débat qui puisse s'appuyer sur la raison.
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