Peut-on adhérer au libéralisme ?
1) Des blocages psychologiques
Plutôt que de dérouler un tapis
d’arguments rationnels sous les pas des plus réticents au libéralisme,
je souhaite analyser, dans un premier temps, les motivations
psychologiques de nos adversaires et les aider à franchir le pas vers
la liberté.
Pour quelles raisons ? Parce que j’ai l’intime
conviction que la réflexion théorique, aussi brillante soit-elle,
continuera de se heurter sur un mur : la peur.
Cette peur est
entretenue par la pensée unique collectiviste et altermondialiste en
faisant pousser sur chaque parcelle de notre subconscient les mauvaises
herbes des droits sociaux acquis. Privés de ces droits, les individus
deviendraient des feuilles mortes à la merci des vents violents du «
grand capital ».
Ainsi, nous devrions, à genoux et tremblant de
peur, nous laisser transcender par un idéal collectif et solidaire dont
l’Etat serait le seul garant. Quel est le pouvoir de la raison face à
cette peur irrationnelle inscrite dans notre esprit et faisant partie
de notre « habitus » pour reprendre le terme, une fois n’est pas
coutume, de Pierre Bourdieu ?
Les citoyens sont éduqués pour obéir dans la négation d’eux-mêmes et de leurs intérêts propres.
Cette
manipulation des masses cherche à maintenir un contrat social
sécurisant par lequel les individus sacrifient leur droit de propriété
et leur liberté dans la mise en commun de quelques intérêts censés les
protéger contre les aléas de la vie et les « caprices » de l’économie
mondialisée.
Ainsi, le projet d’une société de liberté représente-t-elle un saut psychologique vers l’inconnu illustré par ce vieil adage
: « on sait ce que l’on perd, mais on ne sait pas ce que l’on gagne ».
Il
convient alors de pénétrer dans cette peur et de la désamorcer. Mon
argumentation sera essentiellement d’ordre psychologique et s’appuiera
sur les outils de l’analyse transactionnelle. Ces outils décryptent les
comportements observables des hommes et ont pour objectif de renvoyer
la responsabilité d’analyse et de résolution des problèmes à ceux à qui
elle appartient en premier lieu.
L’analyse transactionnelle, mise au
point dans les années 50 par le Dr Eric Berne est une théorie
complète de la personnalité d’essence, selon moi, libérale.
Un
individu est divisé en « trois états du Moi » : le Parent, l’Adulte et
l’Enfant. Le Parent représente la norme et l’autorité, l’Adulte est le
domaine du « pensé » et du « raisonné », l’Enfant est celui du « senti
», des besoins immédiats, de l’émotion spontanée, des sensations vives.
Si
l’on applique ce schéma au rapport entre les individus et l’Etat, nous
en tirons cette conclusion : l’Etat est un Parent Normatif (tu dois
obéir aux lois) mais aussi un Parent Nourricier (je suis là pour te
protéger). L’individu est alors dans un état Enfant (donne-moi un
revenu, je veux du travail...).
L’objectif des libéraux est alors
d’amener les individus vers un état Adulte qui pose trois questions
essentielles : En quoi la résolution d’un problème relève-t-elle de MA
responsabilité ? Ai-je les moyens de le résoudre et comment les
acquérir ? Ai-je envie de résoudre mon problème ?
Mais nous devons faire face à des contaminations psychologiques de deux ordres : le Préjugé et l’Illusion.
Le
Préjugé existe lorsque l’état Adulte est contaminé par l’état Parent et
tient pour vérifiée une information erronée : « le libéralisme favorise
les riches ». L’Illusion surgit quand l’individu tient pour information
Adulte une information en provenance de l’état Enfant : « les patrons
nous détestent et veulent notre peau ».
Les libéraux, pour convaincre, doivent alors identifier ces états du moi, percevoir les contaminations, décontaminer, aider les individus à mettre l’état Adulte au contrôle. Dans nos discussions et nos débats, cette grille d’analyse peut s’avérer nécessaire.
Les rapports Etat-Individus
s’inscrivent dans une relation symbiotique, c’est-à-dire dans une
relation de dépendance psychologique. L’individu est alors dévalorisé
et a peur de prendre des initiatives. A nous de mettre en lumière les
contre-symbioses possibles : « si l’Etat a besoin de ton argent, c’est
que tu lui es autant indispensable qu’il l’est pour toi. De ce fait, as-tu réellement besoin de lui ? ». L’individu valorisé et confiant
s’engagerait alors sur le chemin de l’autonomie dans un esprit de
coopération volontaire avec autrui.
Le libéral doit conduire
l’individu dans une position de vie schématisée ainsi par Franck Ernst
: « Je + / Tu + ». Cela veut dire que l’individu prend confiance en ses
capacités et tend à l’actualisation, à la réalisation de son potentiel.
Aujourd’hui
les individus sont hélas maintenus dans une position « Je - / Tu - » :
la solution de la résignation face à l’ordre étatique établi, la fuite
face à leurs obligations.
C’est pourquoi les individus sont contraints de mettre en œuvre des mécanismes d’auto-manipulation pour ne pas ouvrir les yeux.
L’un
de ces mécanismes est appelé, en analyse transactionnelle, le Racket.
Le Racket est la substitution d’un sentiment profond et authentique par
l’expression d’un autre sentiment plus acceptable « socialement parlant
». Par exemple, on dira que dans la boulimie, la faim déguise la colère
ou la tristesse. Ainsi, un individu dévalorisé qui se sous-estime dira
« il faut lutter contre ce libéralisme qui nous détruit ». Il en tirera
un bénéfice négatif en se débarrassant de la responsabilité de ses
propres choix pour s’accrocher à des repères idéologiques sécurisants.
Cet
individu fera, de surcroît, rentrer son contradicteur libéral dans un
triangle « Persécuteur-Sauveur-Victime » : chacun des interlocuteurs,
au cours du débat, prendra à tour de rôle les trois postures pour
aboutir à l’incompréhension mutuelle stérile.
Le libéral devra
sortir de ce triangle dramatique en resituant les enjeux de manière
raisonnée avec le souci de proposer des solutions du type «
gagnant-gagnant » : « OK le patron n’augmente pas ton salaire, c’est
vrai, moi je propose que l’Etat te rende tes impôts : libre à toi de choisir ensuite ta vie, tu ne t’en trouverais sans doute que plus heureux."
Si comme je le crois le
libéralisme est un projet humaniste, humaniste également doit être
notre façon de débattre et de convaincre. Pour faire avancer nos idées,
il ne suffit pas de raisonner, encore faut-il vaincre la peur
irrationnelle. On ne rendra pas rationnel un superstitieux sécurisé par
ses porte-bonheur autour du cou. Cela nous demandera de la patience et
de la tolérance, cela nécessitera de pénétrer dans les cœurs.
L’apprentissage
de l’autonomie qui mettra au service de la personne intégrale les trois
états du Moi doit être un axe de réforme des programmes de l’Education nationale : des études de cas en groupe d’élèves dans lesquels la
reconnaissance de leurs potentiels et de leurs responsabilités sera
mise en lumière par l’analyse transactionnelle. Car l’adhésion à une
société de liberté exige le respect de soi-même, la confiance en soi et
donc la capacité à penser par soi-même avec du recul.
2) Un idéal rassurant
- fondé sur une vision en l’individu
L’homme est une création unique et formidable, c’est un animal éducable, qui apprend à marcher, à parler, à écrire, à lire, à compter. C’est un être doué d’intelligence, capable de penser, de raisonner, de faire des choix et de s’adapter à son environnement. C’est par conséquent un être vivant autonome qui peut vivre et survivre par le fruit de son travail. L’ancêtre de l’homme a appris à chasser pour se nourrir, pour se vêtir, a appris à faire du feu et à construire des habitations.
Aujourd’hui, tout ce que nous voyons autour de nous, les routes, les chemins de fer, les bateaux, les avions, les buildings, les maisons, les ordinateurs, les fusées spatiales, les champs cultivés, les médicaments, toutes ces choses et bien d’autres sont des créations de l’homme.
L’homme armé de ces capacités personnelles, capacité à être libre, rationnel, capacité à faire des choix, à user de son libre-arbitre, capacité à savoir ce qui est bon pour lui, devient ainsi un Individu.
L’Individu est alors celui qui donne un sens intime à sa vie : la recherche de son propre bonheur, la construction lente et patiente de sa vie pour atteindre des objectifs précis répondant à ses aspirations profondes.
Certains individus seront heureux à la campagne, d’autres en ville, certains s’épanouiront dans le travail, d’autres dans le sport ou la vie associative, certains voudront fonder une famille, d’autres seront heureux entre amis ou seuls, certains désireront la richesse, d’autres trouveront leur bonheur dans un train de vie modeste, certains se sentiront à leur aise dans une grande maison, d’autres dans une habitation plus intime, certains aimeront les jeux vidéo, d’autres la pêche...
Bref, nous sommes tous différents, nous avons chacun notre conception du bonheur, de ce qui est bon pour nous.
C’est
la raison pour laquelle toute tentative de socialisation, de
collectivisation d’une société est contre-nature et se retourne
toujours contre l’homme.
Les exemples de l’URSS, de Cuba, de la
Roumanie ou de la Pologne communiste, montrent que le désir de créer
l’Homme Nouveau a engendré le totalitarisme, la dictature sanguinaire.
Les hommes ont effectivement été égaux, mais dans la misère et la
pénurie, l’adhésion au Parti étant le seul moyen d’ascension sociale au
détriment du travail et de l’effort personnels, au détriment de la
création de richesses, lesquelles étaient monopolisées par la
nomenclatura au pouvoir.
C’est la raison pour laquelle la meilleure société n’est pas celle qui promet le bonheur à tous, mais celle qui permet à chacun, en fonction de ses capacités, son mérite, son travail et ses efforts, d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixés, d’atteindre son propre bonheur.
L’homme doit bénéficier d’un droit sacré de naissance, la Liberté, pour parvenir à ses propres buts et agir selon ses intérêts.
Nos idées se fondent sur cette vision de l’Individu, mais aussi, plus fortement encore sur une croyance en l’Individu.
- une croyance en l’individu
Elle peut se résumer en un mot : l’Humanisme. C’est la conviction qu’un être humain peut sans cesse s’améliorer, se découvrir, épanouir ses talents, créer, évoluer positivement. C’est une vision de progrès qui trouve sa source en l’homme. Nous avons en nous des ressources, des trésors et la première des richesses, l’intelligence. Dotés de notre volonté, de notre sens de l’effort, de notre courage, nous pouvons à l’image d’un sportif donner le meilleur de nous-mêmes et dépasser nos limites.
Cette croyance en l’Individu rejette tout ce qui rabaisse l’homme : l’assistanat, la compassion institutionnelle, la dépendance, l’embrigadement, la mise sous tutelle de sa vie par l’Etat. Les collectivistes noient l’Individu dans une masse que l’on appelle la société. Ainsi, à la remise en question individuelle et au courage personnel on préfère accuser la société d’être injuste, l’économie d’être cruelle et on met en place un vaste système bureaucratique nourri par les impôts où les uns s’efforcent de vivre ou de survivre en attendant la redistribution de l’argent gagné par d’autres. Oui la solidarité est essentielle à la condition qu’elle réhabilite l’homme dans sa dignité en lui permettant de retrouver par lui-même son autonomie et sa capacité à agir. Ce que l’on appelle les « pauvres », les « exclus », les « précaires » sont pour nous bien davantage qu’un simple fond de commerce électoral pour les bien-pensants mondains socialistes ou communistes, nous les respectons trop pour les réduire à une clientèle électorale qui attend la bouche ouverte des allocations, des subventions, des revenus minimum et qui espère que l’Etat bienfaiteur leur trouve du travail à leur place.
Il n’y a pas de travail ? Alors imaginons la somme totale d’argent gagnée grâce au travail au noir dans ce pays et nous verrons que le travail ne manque pas, mais qu’il est bloqué par les trop lourdes fiscalités et réglementations étatiques : entre le propriétaire d’une maison et le maçon qui travaille au noir chez lui, il y a une entente libre, un contrat libre, l’un et l’autre y gagnent et si quelque chose ne convient pas l’un comme l’autre peuvent rompre leur contrat. Ainsi le propriétaire pourra trouver un maçon moins cher, tandis que le maçon sera libre de vendre ses compétences et sa force de travail au mieux offrant. Chaque jour des sommes d’argent considérables échappent au fisc par ce travail au noir et permettent à de nombreuses personnes d’arrondir leurs fins de mois et de vivre en conservant en totalité le fruit de leur travail.
J’affirme que l’Etat censé corriger les effets pervers de l’économie de marché est donc le premier responsable de ces effets pervers, il est un pompier incendiaire : il alourdit le coût du travail par des taxes et donc le raréfie, dans le même temps il dépense des fortunes pour des primes à l’embauche qui encouragent les contrats précaires et pour lutter contre cette précarisation qu’il a lui-même créée, il ouvre en grand les robinets des revenus d’assistance financés par des impôts qui alourdissent davantage encore le coût du travail et accentuent le chômage qu’il prétend combattre. C’est ce que l’on appelle un cercle vicieux déguisé en action collective vertueuse et solidaire. Quand on est un jeune entrepreneur d’une petite PME, le travail est tellement protégé, réglementé, taxé qu’il faudrait être fou pour embaucher.
Imaginons un travail détaxé fondé sur une contractualisation libre et flexible : ce sont les entreprises qui se disputeraient la main-d’œuvre ouvrière et non l’inverse.
Cette solution remet en cause la sécurité du travail et accentue la précarité ? Imaginons une équipe de football : à chaque joueur on garantit une place de titulaire à vie, mais aussi un salaire élevé quels que soient les résultats de l’équipe, qu’elle gagne ou perde. Où trouvera-t-on l’argent pour financer ce train de vie éminemment socialiste ? Quels moyens trouvera-t-on pour responsabiliser les joueurs, les motiver et les faire avancer ? Voulons-nous une société à l’image de cette équipe de football ?
Maintenant imaginons qu’un joueur talentueux de cette équipe en ait ras-le-bol de l’immobilisme de cette équipe : il renonce alors à son confort et préférera se battre pour gagner sa place dans une autre équipe où il sera payé en fonction du résultat. Il trouvera une motivation, un sens à sa vie, le plaisir de gagner et aussi celui de jouer. Voilà un modèle plus libéral et capitaliste.
Abolir la précarité c’est vouloir le risque zéro : la vie est précaire, lorsque l’on entre dans sa voiture on ne sait jamais ce qui peut nous arriver, on ne peut pas nous garantir une bonne santé et une longue vie, le risque est toujours là, on peut gagner au loto un jour et mourir le lendemain. Nous apprenons tous à apprivoiser le risque et la précarité de l’existence. C’est ce qui nous encourage à nous battre et à aller de l’avant. Une société du confort total et du risque zéro est une société morte. Le Paradis terrestre communiste est un Enfer pavé de bonnes intentions.
La flexibilité tirera les salaires vers le bas ? Dans l’exemple du contrat libre Propriétaire/Maçon, certains propriétaires choisiront une force de travail au moindre coût, d’autres privilégieront l’expertise, la compétence, la réputation, la sécurité du travail bien fait et les paieront chers. D’ailleurs, au sujet de l’achat d’une paire de chaussures, qui n’a pas raisonné ainsi : « je paye ces chaussures très cher mais elles sont de qualité et dureront longtemps » ? La qualité est un paramètre important dans le raisonnement des consommateurs.
Le Marché définit au mieux la valeur d’un travail : le travail d’un ouvrier qui serre des boulons n’a pas une valeur justifiant un salaire de 2 000 euros par mois, en revanche si cet ouvrier est expert en plomberie ou en réparation électronique, il pourra se faire au noir 2 000 euros en une semaine chez un particulier.
Notre croyance en l’individu ne se fonde pas pour autant sur l’économie, elle est d’abord l’idéal d’un total épanouissement personnel qui fleurit sur le terreau de la Liberté.
C’est d’abord une émancipation psychologique qui est l’affaire de chacun et qui s’effectue autour de trois principes :
* l’Estime de Soi
* la Confiance en Soi
* l’Affirmation de Soi
Elle suppose la capacité de trouver en nous-mêmes la solution à nos problèmes
de trouver notre propre voie
et de mener librement notre vie.
Cela
nécessite, pour nous, que soient données toutes les libertés aux
individus : consommation de cannabis, mariage homosexuel, abolition des
entraves et des contraintes à l’exercice de notre liberté.
Cela mènerait-il au désordre ? A l’anarchie ? Au chaos ?
-une société à l’image de cette conception de l’individu
Un principe clair doit être énoncé : la Liberté des uns s’arrête où commence celle des autres.
Je reconnais aux autres un devoir : celui de ne pas entraver ma liberté. Je reconnais aux autres un droit : celui de pouvoir jouir librement de leur liberté. C’est le principe de « non-agression » de Murray Rothbard.
Concrètement, je peux être favorable à la consommation libre du cannabis, mais c’est ma liberté et mon droit de l’interdire chez moi.
On verra clairement se dégager deux principes fondateurs et régulateurs d’une société libre : la Propriété et la Responsabilité.
Par
exemple, cela ne me dérange pas que mes voisins laissent leurs enfants
libres de mettre leurs pieds sur la table, mais, dans ma maison, dans ma
propriété, cela leur sera interdit.
Je comprends qu’un ami ne supporte pas le tabac chez lui, mais chez moi je suis libre de fumer.
Une société libre est fondée sur une privatisation de la vie délimitée par des Droits de Propriété clairement définis et des Responsabilités précises qui s’y rattachent.
Je peux jeter un papier à terre dans la rue : personne ne m’en fera le reproche parce que la rue appartient à tout le monde, elle est financée par la collectivité et je ne me sens pas responsable de sa propreté et de son entretien. Par contre, chez moi, il ne me viendrait pas à l’idée de jeter ce papier à terre. Parce que c’est chez moi, le lieu m’appartient, je le paye, je l’entretiens à ma guise et j’interdis à quiconque de venir y jeter ses ordures.
On le voit dans cet exemple : ce qui est collectif rend irresponsable, ce qui est propriété individuelle rend responsable.
Qui, au cours d’une paisible promenade dans les bois, n’a pas fait la triste découverte d’une rivière polluée par des détritus, des boîtes de conserve, des bouteilles vides. Est-ce cela la Liberté ? Non, car j’ai le droit de me balader dans les bois sans être importuné par des monticules d’ordures, j’ai le droit de pêcher sans que mon hameçon ait à côtoyer des boîtes de conserve. Ceux qui ont pollué n’ont pas respecté le lieu, la nature et la liberté des autres d’évoluer dans un environnement sain. Pourquoi certains se croient-ils libres de polluer et donc d’agresser les autres ? Parce que le bois semble n’appartenir à personne, quelqu’un viendra bien le nettoyer, d’autres paieront l’entretien. Là aussi, la protection de l’environnement nécessite que des droits de propriété soient clairement définis. Qu’ils achètent leur parcelle de forêt et la polluent s’ils le souhaitent, mais que cette pollution ne fasse pas tache d’huile sur les autres propriétés car ils en seront responsables : un morceau de rivière polluée contamine la rivière entière, y compris chez le voisin. Le voisin peut alors demander réparation devant les tribunaux.
Si la liberté individuelle des uns exige le respect de celle des autres, il ne peut pas y avoir de liberté sans droits de propriété clairement définis et sans responsabilité individuelle : ces deux principes régulent et pacifient par eux-mêmes et naturellement une société libre.
En revanche, aucun homme ne peut avoir un droit de propriété sur un autre homme : puisque l’homme est naturellement libre, son rapport avec les autres doit se fonder sur la coopération volontaire, l’entraide choisie, le contrat librement consenti. Il ne peut y avoir pour nous des propriétaires et des esclaves, les relations de travail sont libres, chacun peut en accepter les conditions ou les refuser, la contractualisation se fait entre deux hommes égaux en dignité qui se mettent d’accord sur les termes du contrat et ont toute liberté pour y mettre fin unilatéralement. De même, des hommes peuvent librement s’associer pour former une association ou un syndicat, ils peuvent choisir de défendre des intérêts communs, faire grève sans entraver la liberté des non-grévistes de travailler, sans abuser d’un monopole pour nuire à la liberté des usagers d’aller et de venir.
Si l’on admet le principe évident qu’aucun homme n’a un droit de propriété sur un autre homme, alors il faut en accepter toutes les implications : ce n’est pas parce que mon voisin est dans la misère qu’il a un droit de propriété sur un centime d’euro de l’argent que je gagne. Par contre, étant entièrement propriétaire de l’argent que j’ai gagné par mon travail, et si la solidarité est une valeur essentielle pour moi, alors je peux librement choisir de lui en donner une part, de l’aider financièrement ou en nature. Je peux aussi coopérer librement avec d’autres pour fonder une association de réinsertion ou humanitaire pour agir concrètement en faveur des défavorisés : c’est cela la vraie solidarité humaine, se soucier de l’autre ; ce n’est pas le racket fiscal institutionnalisé qui permet à de vrais cons de se donner bonne conscience en payant une cotisation ou un impôt. Et qui permet à des gens qui ne le méritent pas de recevoir une partie de l’argent gagné par d’autres.
Une question posée par le droit de propriété est celle de l’Entreprise. A qui appartient l’entreprise ? Au patron, aux ouvriers ? On entend souvent le chœur de gauche chanter : l’entreprise appartient aussi aux ouvriers, c’est grâce à eux que l’entreprise s’enrichit et le patron s’en met plein les fouilles.
Il faut raisonner et s’écarter des propos démagogique et faux. Cher lecteur, vous décidez d’acheter une veille maison de 500 000 euros. Vous en êtes le propriétaire et pour la rénover vous devez faire travailler des ouvriers. Lorsque vous recrutez ces ouvriers, vous établissez avec eux un contrat de travail, une rémunération juste qu’ils acceptent librement. Grâce à vous, trois, quatre ou cinq ouvriers auront un travail et un salaire. Grâce à ces ouvriers votre maison refait peau neuve et acquiert une grande beauté. Le travail fini, vous remerciez les ouvriers qui ont rempli leur contrat et vous leur versez la rémunération prévue. Votre maison a ainsi gagné une plus-value et vous pouvez vous permettre de la revendre le double de son prix d’achat, soit 1 000 000 d’euros. Vous décidez donc de la revendre et d’empocher 1 000 000 d’euros. En quoi êtes vous obligés de rappeler un à un vos ouvriers pour leur verser une part des bénéfices ? Allez-vous réellement le faire ? Non cette maison et la valeur marchande qui s’y rattache sont à vous, entièrement à vous. De plus, le fait pour les ouvriers d’avoir travaillé dans votre maison rend-il ces ouvriers copropriétaires de votre maison. Non, cette maison reste à vous : vous l’avez financée, vous avez payé vos ouvriers sur la base d’un contrat précis, l’argent que vous gagnerez avec votre maison est à vous, oui entièrement à vous et libre à vous d’en faire ce que bon vous semble. Il en est de même avec une entreprise : elle est la propriété de ses actionnaires ou de son patron, les ouvriers signent un contrat de travail pour effectuer un travail précis, le patron est responsable devant les tribunaux de son entreprise et il fait ce que bon lui semble de l’argent qu’il gagne. Comme le propriétaire d’une maison.
Mais, s’il est un bon gestionnaire des ressources humaines, il peut motiver ses employés par un intéressement aux bénéfices, c’est alors une stratégie librement choisie et non imposée qui répond à une exigence d’efficacité et non à un souci de justice sociale. Analysons alors les choses sereinement et franchement au lieu de chanter des imbécillités démagogiques.
Quelle est la liberté pour l’enfant qui vit dans une famille pauvre ? N’y a-t-il pas des inégalités de naissance qui bloquent la liberté ? D’abord, la liberté n’est pas un cadeau donné de la main de Dieu à la naissance, c’est un droit juridique et naturel. Ensuite la vie libre n’est pas offerte, elle se gagne : l’enfant pauvre devra travailler deux fois plus que les autres pour réussir, avec, s’il est méritant, un coup de pouce par le biais d’une bourse donnée par une fondation privée ou, à la limite, par l’Etat. Et sa réussite, il ne la devra qu’à lui-même et il sera fier de transmettre les valeurs de travail, de courage, de persévérance et d’effort à ses enfants. En revanche, si un enfant est né avec un grave handicap, c’est un devoir de créer un fond collectif pour l’aider.
Une société libre est-elle réellement individualiste ?
-égoïsme, altruisme, individualisme, solidarité
Comme la philosophe Ayn Rand, j’affirme qu’il faut être égoïste pour être solidaire, individualiste pour être altruiste.
Comment est-ce possible ?
Soyons simples et clairs : il faut être soi-même heureux pour être en harmonie avec les autres, il faut penser à soi afin de pouvoir penser aux autres.
Quand une vie est marquée par une succession de concessions, de sacrifices, de négations de soi, la vie avec les autres devient étouffante et on ne peut jamais réellement aider quelqu’un si l’on souffre soi-même d’un profond mal-être.
Des individus peuvent sacrifier leur vie à une cause humanitaire : ils en tirent qu’on le veuille ou non un plaisir égoïste : celui de se rendre utile, de donner un sens à leur vie, d’être indispensables. Certains individus passent leur temps à écouter les problèmes de leurs amis : ils en tirent un plaisir égoïste, celui de se rassurer sur leur propre condition, de se montrer indispensables donc supérieurs.
De plus, on a tous besoin de moments de solitude, d’un endroit intime pour se ressourcer, cela ne nous rend pas asocial, mais nous rend au contraire plus sociable parce que plus équilibré.
Le contact avec les autres, la relation avec les autres, la solidarité avec les autres devient un plaisir lorsque cela se fait sans pression, lorsqu’on le choisit librement, lorsque rien nous y oblige.
Les contraintes étatiques ou familiales n’ont jamais rendu un individu plus solidaire, ils en ont fait un individu conditionné qui agit tristement et sans cœur parce qu’il y est obligé : ainsi nombre d’individus passent à côté de leur vie sans se poser de questions et arrivent au crépuscule de leur existence avec des bagages remplis d’espoirs toujours refoulés.
On se décharge également de sa responsabilité sociale sur l’Etat : « non, je n’hébergerai pas ce mendiant avec les impôts que je paye ». Ainsi, la couverture sociale collective rend les individus plus inhumains.
Enfin, la conscience socialiste collectiviste et égalitaire nous interdit d’avoir des ambitions : prétentieux, arriviste, ambitieux sont les insultes à la mode. Ainsi, il nous serait interdit de déployer toutes nos ailes pour voler plus haut, de rechercher notre bonheur et de nous enrichir. Au nom de quoi ? Qui a un quelconque droit de propriété sur une seule minute de notre vie pour nous empêcher de réussir, de s’épanouir, de s’enrichir. Au nom de quoi quelques bonnes âmes bien-pensantes exploiteraient ceux qui souffrent pour culpabiliser ceux qui réussissent et leur extorquer de l’argent servant avant tout à financer leurs trains de vie ministériels ?
Une telle société libre, régulée par le marché, la propriété, la responsabilité, correspondrait à la nature de l’homme, en ferait ressortir le meilleur, et restaurerait la vraie solidarité, celle de la main humaine librement tendue, loin des bureaux et des guichets.
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