Pour comprendre Mayotte

POUR COMPRENDRE MAYOTTE
Quelle est l'origine des problèmes sociaux qui agitent l'île à cocotiers qui possède un des plus grands lagons du monde, en perdition, comme la terre arable qui va s’y perdre à cause de la déforestation, liée à la natalité effrayante d'une double origine mahoraise et anjouanaise.
Retour dans les années 90
On y découvre une île très exotique, couverte de cocotiers, et un vaste lagon poissonneux qui fait vivre de nombreux petits pêcheurs, habitant des paillotes couvertes de feuilles de bananiers protégeant bien du soleil et de la pluie tropicales, leurs nombreuses familles de dix enfants souvent.
A chaque naissance, mon ami Mohammed, musulman originaire lointain de Madagascar, comme de nombreux mahorais, plante un bananier, mais, pour ce faire, défriche en exposant la terre à nu au ruissellement dans le lagon qui, du coup, s'envase et l’endommage.
Contrairement aux pays touristiques, la mer nourricière, ici, n'est pas un lieu de baignade très couru, et les plages de sable noir volcanique se présentent fréquemment comme un dépotoir que seuls les enfants fréquentent sous l'œil indifférent de la parentèle.
Dans cette île très fruste, où la circulation monétaire était encore très limitée, apparurent petit à petit, des automobiles et la TV au centre du village, qui suscitèrent rapidement la convoitise de la population impatiente d'accéder aux nouveaux produits d'importation.
Et pour faire fonctionner les appareils électriques, il fut décidé d'électrifier les villages dont les habitants s'éclairaient aux lampes à pression qui éclairaient parfaitement les habitations à faible coût.
En conséquence et conformément aux normes d'emploi de l'électricité, on troqua les toits en chaume pour des couvertures en tôles métalliques, ce qui eut pour effet de supprimer l'isolement thermique de l'habitat traditionnel.
Le nouvel ordre économique entraîna un bouleversement dans les rapports sociaux. L'argent prit de nouvelles proportions dans l'existence de Mohammed. Pour en acquérir, il a dû abandonner de plus en plus son activité de pêcheur pour aller travailler comme docker au port où il devint salarié intermittent, abandonnant sa très nombreuse famille.
Compte tenu de la distance, il entreprit d'acheter une mobylette pour s'y rendre, faute de transports en commun, ce qui accrut son besoin d'argent.
Conséquence sociale, les enfants de l'île, proches de leurs parents dans les activités traditionnelles, s'en éloignèrent et commencèrent à être livrés à eux-mêmes.
Ce ne fut pas sans influence sur l’éducation.
On constata les effets nuisibles de ce phénomène, avec effet de loupe, dans l'île de la Réunion où se rendirent de plus en plus nombreux les Mahorais, attirés par la promesse d'une existence moderne, mais où la délinquance de leurs enfants se développa, comme partout où ces derniers échappent à la surveillance et à la pression sociale de proximité.
Et puis un événement survint qui entraîna le cataclysme menaçant de plonger l'île dans la guerre civile : la départementalisation !
Pourquoi ce changement de statut ? Soi-disant pour le noble objectif d’égalité. Non pas afin de créer des élus nécessaires au nouveau gouvernement français en mal de majorité à l'Assemblée nationale, ou pour s'acheter de nouveaux obligés locaux ?
Premier tremblement de terre : un changement dans les salaires qui mécontenta sérieusement le patronat local.
Seconde secousse, corrélative : l'attractivité de l'île qui décupla le débarquement des Anjouanais vivant à quelques encablures de Mayotte, malgré les interventions de la maigre brigade de gendarmerie affectée à la surveillance de la frontière maritime. Bizarrement, et comme à dessein, on renforça insuffisamment les effectifs très faibles du début, trompés par les navigateurs étrangers qui affluèrent à dix embarcations, pour en perdre une, et dont les passagers, éventuellement refoulés, réussirent deux ou trois jours après leur entreprise.
Le truc, c'était de transporter des Anjouanaises enceintes près d'accoucher qui encombraient la maternité de Mamoudzou et qui y enfantaient d'un petit français, faisant d'elles également des françaises à part entières, éligibles au généreux droit commun hexagonal tant recherché.
Le patronat local a dû se faire beaucoup de souci pour ses comptes car la réglementation salariale allait logiquement lui coûter plus cher.
La parade ? Mais c'est bien sûr : l'im-mi-gra-tion !!! Elle est partout, et partout à l'avantage
des mêmes, une « chance pour la France » dans l'océan Indien !
Ce fut alors le début du grand chambardement.
Mais on continua comme avant, et dans des proportions élargies, dans le petit patronat local qui exploitait traditionnellement les clandestins anjouanais (infiltrés au goutte-à-goutte antérieurement) sans syndicat pour les défendre contre son appétit de surprofits.
Quid du grand patronat, notamment un parfumeur international dont les champs de vétiver embaument agréablement l'atmosphère, là où on aperçoit, derrière de hauts murs, les révérences artificielles des arbres taillés pour rester proches du sol, propices à la cueillette de leurs fleurs parfumées ?
Et voilà les effets de l'intégration, à marche forcée, d'une société traditionnelle, jouet des forces capitalistes et impérialistes désireuses de s'implanter dans l'archipel des Comores, disputé internationalement.
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