Président normal, famille « pas » normale
L’image qu’un homme public s’emploie à renvoyer de lui-même est difficilement dissociable de celle que les siens livrent, parfois maladroitement. Ainsi le Président normal, qui tient à son engagement, n’hésiterait pas à limoger un ministre coupable d’un comportement inapproprié alors qu’il ne peut rien faire contre les membres de sa famille lorsque ceux-ci n’en font qu’à leur tête.

C’est le défi auquel le Président Hollande est confronté de la part de sa famille affective qui semble bien partie pour émailler son quinquennat de feuilletons dont l’issue pourrait être la ruine prématurée de la « Présidence normale ». Ainsi son fils aîné, Thomas Hollande, s’est cru bien inspiré en relançant le feuilleton du tweet de Valérie Trierweiler. Dans un entretien avec une journaliste de l’hebdomadaire Le Point, le jeune homme s’épanche et confie que la compagne de son père « a détruit l'image normale » que celui-ci avait « construite », oubliant au passage que sa propre sortie médiatique participe de la même façon à la destruction de l’« image normale » que son Président de père s’emploie à renvoyer de lui-même.
Pour rappel, l’actuelle première dame, Valérie Trierweiler, dans un tweet absolument dévastateur, avait ouvertement apporté son soutien à un inconnu du grand public, Olivier Falorni, qui disputait la circonscription de la Rochelle à Ségolène Royal, ancienne compagne du chef de l’Etat. Sur le coup, Madame Royal, en femme politique expérimentée, avait amorti le choc. Mais après sa défaite, elle est devenue inconsolable. Et, malheureusement, il n’y a véritablement personne pour la consoler, surtout pas le Chef de l’Etat qui, depuis, ne maîtrise manifestement plus les chamailleries interfamiliales. Ses propres enfants ont ouvertement fait savoir qu’ils ne souhaitent plus revoir son actuelle compagne, ce qui témoigne d’une ambiance assez délétère dans l’entourage affectif du Président de la République.
Car derrière le fameux tweet se cachait un dossier que le Président semble avoir « laissé en l’état » en espérant qu’il se règlerait naturellement. Deux femmes tiennent fermement à lui et la moindre des choses aurait été qu’il tranchât rapidement. La première est son ancienne compagne avec qui il a eu quatre enfants et, en femme politique, elle ne pouvait rêver de meilleures conditions pour donner un coup de fouet à sa carrière.
Votre « ex » devient Président de la République ! Honnêtement, vous pouvez espérer, si pas de tout obtenir, en tout cas de beaucoup obtenir de lui.
Ainsi, la Présidente de la Région Poitou-Charentes était dans les meilleures dispositions pour légitimement entretenir les plus beaux des rêves. Les législatives à la Rochelle devaient être une simple formalité. Sa place était acquise, au Perchoir. Sous la présidence de son ancien compagnon, elle se voyait en troisième personnalité de la République. Elle s’était même octroyé le soutien écrit du Président, qui pourtant s’était engagé à ne pas se mêler de la campagne des législatives. Olivier Falorni devait naturellement s’écraser et laisser le champ libre à Ségolène. Seulement voilà ! La vie est truffée de surprises dont les plus désagréables se produisent trop souvent au moment où on s’y attend le moins.
La deuxième femme qui tient fermement à la Personne du Président s’est donc manifestée avec fracas. Elle avait déjà fait comprendre au Chef de l’Etat qu’elle ne supportait pas les gestes de sympathie de sa part vis-à-vis de son ex compagne. Dans une vidéo, qui fera le tour du web, elle avait fermement exigé et obtenu que le Chef de l’Etat, alors candidat, l’embrassât sur la bouche. Il venait d’embrasser Ségolène Royal au cours d’un meeting, sur la joue évidemment. Le message de jalousie entre les deux « dames du Président » s’étalait de façon crue. Et quand bien même on ne serait pas amateur des magazines à sensation, il y avait de quoi s’inquiéter des conséquences d’une jalousie aussi visible sur la personne et l’action du Chef de l’Etat.
Objectivement, le tweet de Madame Trierweiler, même s’il ne pouvait pas passer inaperçu, aurait eu assez peu de conséquences politiques. Mais la défaite de Madame Royal, qu’elle attribue, en partie, à ce tweet, notamment lorsqu’elle parle de trahison, a causé des dégâts irréparables. Depuis, c’est une femme blessée que le Chef de l’Etat laisse dans la nature. Si son actuelle compagne peut se réjouir de l’avoir éloignée du Chef de l’Etat, elle n’a sûrement pas mesuré la capacité de nuisance d’un politique blessé et revanchard. Le plus frustrant est que le Chef de l’Etat ne peut presque rien faire pour son ancienne compagne.
Il a été question, à un moment, de la faire nommer à un poste prestigieux pour tenter de la « consoler ». Son fils Thomas a fait entendre qu’il ne désespère pas de sa nomination à un poste ministériel. On a aussi évoqué sa possible nomination à la tête de la future banque publique d’investissement. Mais tout le monde sait que François Hollande ne prendra jamais un risque politique aussi bête. Après les ennuis que son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, a subis pour avoir favorisé son fils Jean dans l’affaire de l’EPAD, on voit mal François Hollande se laisser aller au moindre acte suspect qui pourrait lui valoir l’accusation de népotisme.
Madame Royal devrait donc se résigner à rester sur la touche alors qu’elle était partie pour jouer les premiers rôles. Pendant ce temps, la femme qui s’emploie à l’éloigner de l’homme qui lui est aussi cher s’installe dans un confortable bureau au Palais de l’Elysée, conserve « ostensiblement » son statut de journaliste et revendique la liberté qui va avec. Tout ce qu’il faut pour mettre en furie la mère des enfants du Président.
En tout cas, toutes les conditions sont réunies pour que le « Président normal » n’en soit qu’au début de ses peines. Il a vraiment du souci à se faire. Et pas de la part d’un adversaire politique, mais bien de la part de sa propre famille affective.
Boniface MUSAVULI
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