Quand l’Allemagne sort du nucléaire, la France toussote
Ces dernières semaines, la France a connu de très importants pics de pollution aux particules fines. Si la responsabilité des automobilistes et de l'utilisation massive du diesel est avérée, cette arrivée massive de particules fines est également une conséquence indirecte de la sortie de l'Allemagne du nucléaire.
Comment la sortie allemande du nucléaire peut-elle favoriser la pollution en Île-de-France ? Il faut savoir que Berlin a bien évidemment dû compenser cette sortie du nucléaire afin de répondre à la demande domestique en électricité. L'Allemagne a donc décidé de miser massivement sur le charbon. En 2013, avec une production totale de 162 milliards de kW/h (+0,8 %), les centrales à lignite ont fourni la majeure partie de l'électricité allemande, atteignant le record de 1990. Et, comme chacun le sait, cette source de production d'électricité est extrêmement polluante. Depuis que l'Allemagne a pris ce virage du charbon, le seuil de 50 microgrammes de particules fines par mètre cube d’air est fréquemment largement dépassé dans la plupart des villes outre-Rhin.
La combustion du lignite et du charbon produit énormément de particules fines dans l'atmosphère. Comme l'explique cette vidéo de BFMTV, la pollution ne connait pas de frontières. Ces particules fines voyagent énormément à cause du vent et le vent de nord-est que l'on peut sentir à Paris en a amené une bonne partie en Île-de-France.
Ces affirmations semblent vérifiées. Lors du pic de pollution, Airparif, l'agence de surveillance de la qualité de l'air dans la région Île-de-France, a estimé que « 68 % de particules fines étaient importées d'autres régions, voire d'autres pays ». Une façon diplomate de viser l'ami allemand.
De leur côté, les autorités d'outre-Rhin estime qu'on leur fait un faux procès et que les automobilistes parisiens sont à blâmer. « La pollution allemande a pu contribuer à ce smog parisien mais seulement de manière très marginale. D'après nos études, en cas de pollution, le trafic automobile local est responsable en premier lieu. » a ainsi expliqué Marion Wichmann-Fiebig, directrice de la section Air à l'Institut fédéral pour l'environnement (UBA).
"On peut avoir fromage et dessert" serait-on tenté de lui répondre. La responsabilité des automobilistes n'empêche pas celle des centrales à charbon. Alors que la pollution fait plus de 40 000 morts chaque année en France, certains responsables allemands estiment que les autorités françaises surréagissent et devraient modifier les niveaux des seuils d'alerte. Ainsi, en Allemagne, aucune alerte n’est déclenchée au-dessous de 80 microgrammes de particules fines par mètre cube d’air.
Va-t-on aller vers une harmonisation des seuils d'alerte à la pollution et, si oui, qui de la France ou de l'Allemagne s'adaptera à l'autre ?
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