Quand l’Histoire fait débat
L'enseignement de l'Histoire est au coeur des controverses. Intellectuels, pédagogues, enseignants se disputent pour une discipline qui n'a cessé d'être maltraitée par le pouvoir depuis plus de trente ans. Deux camps semblent s'affronter. Pour les uns, comme Pascal Bruckner, il faudrait verser dans le "roman national" ; pour d'autres insister sur les moments peu glorieux de l'Histoire de France.
Il va de soi que l'Histoire de France ne peut être réduite à cette vision manichéenne et sans grand intérêt. Il est un point assez peu évoqué par ceux qui s'expriment sur le sujet : le nombre d'heures dévolues à l'enseignement de cette discipline. Couplée avec la Géographie, et au collège avec l'ECJS (Education civique juridique et sociale), ce temps ne dépasse pas les 3 heures, pour des programmes infaisables évidemment en si peu de temps. Au lycée, au mieux 4 heures pour les L et ES et 2 heures pour les S. Avec des programmes tout aussi délirants. Il est donc impossible d'enseigner l'Histoire dans des conditions optimales.
Les enseignants ne peuvent, au mieux, que déverser quelques faits édulcorés, difficilement replacés dans leur contexte. Réflexion et esprit critique ne sont plus au programme. Et dans les classes à examen, c'est la course permanente pour terminer le programme. Enseigner l'Histoire est devenu une absurdité sans nom, dont l'unique objet semble être de donner le moins de culture aux élèves, et surtout ne pas les conduire à la réflexion critique. Tout au plus sommes-nous priés de leur offrir une vision caricaturale de l'Histoire, avec les gentils et les méchants, histoire que les élèves ne soient pas perdus eu égard à leurs jeux vidéo. Les mauvais traitements dont l'Histoire est victime me font penser à la façon dont elle est traitée dans les dictatures. Une sorte d'Histoire officielle, avantageuse et patriotique.
Les faiseurs de programme n'ont aucun respect pour la discipline, pour les profs et pour les élèves. Savent-ils seulement ce qu'est l'Histoire ? En théorie, c'est une science humaine qui demande rigueur et objectivité. Donc prise de recul et de temps, histoire d'avoir accès aux archives pour approcher le plus près de la réalité. Que nenni ! Aujourd'hui les programmes vont jusqu'en 2014. Cette malhonnêteté intellectuelle n'a pour seul but que d'imposer aux élèves, et donc aux futures générations, une vision orientée et unique des faits historiques. Il n'est pas prévu de leur donner accès à différentes sources pouvant susciter le questionnement, voire le doute. Et pourtant, de nombreux élèves ont envie de connaître et de comprendre l'Histoire. Mais hélas ! nous ne pouvons répondre à cette demande comme nous le voudriond et le devrions. Les profs sont prisonniers du temps et des programmes de plus en plus verrouilleurs.
Et ne croyez pas que cela soit beaucoup mieux en supérieur !! La pensée unique et le saupoudrage sont toujours à l'ordre du jour.
Voilà donc , de mon point de vue, en quoi consiste l'enseignement de l'Histoire. Une discipline qui est fondamentale pour la formation de l'esprit et pour la construction d'un être humain, reléguée au second plan, alors qu'elle devrait être au premier, bien avant les maths. Mais les maths sont moins dangereuses pour les détenteurs du pouvoir. C'est pourquoi depuis près de cinquante ans l'enseignement est soumis à la dictature des maths et de la physique, curseurs absolus de l'excellence. On ne demande que rarement l'avis du prof d'Histoire pour les passages. Situation inenvisageable pour le prof de Maths. Où est la logique ? Dans l'intérêt du pouvoir sûrement.
Quant à la philo, seulement en terminale, que les élèves n'aient pas trop le temps de réfléchir à la condition humaine.
Les Français sont de plus en plus incultes, surtout en Histoire, et c'est très bien ainsi...
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