Quand on n’a que l’humour, au plat pays, de « François-le- Petit » !
« Je suis à nouveau assez en colère contre tous ces gens », a déclaré Patrick Rambaud, lors de la sortie de son dernier Livre "François-le-Petit", dédié à Cabu, Wolinski, ses vieux copains de Charlie Hebdo assassinés. Voilà donc un nouvel opus des mémoires élyséennes. Il avait pourtant dit qu’on ne le reprendrait plus, mais la colère lui a fait reprendre sa plume, pour notre plus grand régal. Chroniqueur assassin du quinquenat de Nicolas Sarkozy, alias "Nicolas premier", ou "Nicolas-le-Mauvais', c'est cette fois-ci notre bon président Hollande, "François IV", dit "Le petit", qui en prend pour son grade.
"Je raconte ici l'histoire d'un petit nombre d'hommes qui, poussés par les événements, ne se hissaient pas à leur portée"
Extrait : “ Il disait oui à tout le monde. Jamais la moindre humeur en aucun temps ; enjoué, gai, paraissant avec le sel le plus fin, invulnérable aux surprises et aux contretemps, libre dans les moments les plus inquiétants et les plus contraints, il avait passé sa vie dans des bagatelles qui charmaient l’auditoire. Il avait brillé en Enarchie, et sortit huitième de la promotion Croquignol où il noua des relations tenaces ; dans ce monde clos, très à l’abri des bruits du dehors, sa souplesse ne lui coûtait rien.
Lui qui lisait fort peu, surtout pas des romans, il se complaisait aux divertissements politiques. Il avait consulté naguère le profitable Bréviaire des politiciens que le cardinal de Mazarin rédigea en latin et publia à Cologne en 1684. Le titre l’avait alléché puisqu’il se proposait de l’instruire sur le seul métier qu’il sentait à sa mesure, et qui n’était point réellement un métier sinon l’application de diverses recettes et roueries pour parvenir.
« Affecte un air modeste, candide, affable, lui soufflait le rusé cardinal. Feins une perpétuelle équanimité. Complimente, remercie, montre-toi disponible, même à l’égard de ceux qui n’ont rien fait pour le mériter. » M. de la Corrèze en fit son credo ; il se souvenait d’une autre recommandation :« Méfie-toi des hommes de petite taille : ils sont butés et arrogants. » Il y devinait le portrait de son prédécesseur, Nicolas Ier, et décida à son inverse de présenter une image normale.”
Ce qui est bien, avec Patrick Rambaud, c’est que quand il se fâche, il le fait avec beaucoup de classe, dans un style où les déclinaisons grammaticales travaillent de concert avec celles de l’humour ! Cela donne un cocktail étonnant, une ceinture explosive bricolée à l’ancienne, bourrée de subjonctifs, de bons mots, et de fulgurances qui vous pètent à la figure, sans risque létale, bien au contraire !
Si je ne retenais pas, je proposerais Patrick Rambaud à la légion d’honneur. "Grand chevalier de l’Hara-Kiri" ! Ou "Grande croix François Cavanna" ! A la limite « chevalier du canard enchaîné ». Bien sûr il refuserait. Il faudra donc attendre qu’il soit mort comme les autres pour qu’il l’accepte, de gré ou de force, de se faire embaumer ! Tout dépend d’où l’on se place, du bon ou du mauvais coté de la tombe.
La fontaine Rambaud, prend ses sources au mont Saint-Simon. Ce duc fut, à travers ses mémoires, un admirable chroniqueur de la vie de louis quatorze. Lire ce grand classique, c’est faire un voyage de quelques siècles dans un des exemples de ce que la littérature française produisit de mieux ! Et si comme le disait Georges Orwell, la langue est le révélateur de la qualité de pensée d’une époque, on a du souci à se faire en ce moment.
Remercions donc Patrick Rambaud d’entretenir ainsi la lutte contre la médiocrité aux pays des tweets . Mais chut, ne le dites à personne, on serait capable de l’ensevelir sous un beau discours. Ce bouquin a sa place dans la trousse d’urgence et de réanimation ! Au pays des vampires et des zombies, c’est un antidote encore meilleur que les gousses d’ail pour rester en vie. A prendre en priorité si Hollande vous mord au cou, vous trouvant assoupi devant la télé.
C’est comme ça que je me suis fait avoir, alors que les échos de la COP 21 s’éloignaient. Le « Big Brother socialiste » venait de célébrer la clôture du raout. J’avais été fasciné par son regard, caché derrière ses lunettes noires, grand écran, qui vous font comme deux téléviseurs à regarder pour le prix d’un seul. C’est une expérience très forte, un peu traumatisante, comme ces prises d’otages, où ces pauvres gus se tiennent tétanisés, incapables même de consulter leur portable. Je garde tout de même des séquelles, un peu comme un malade atteint du syndrome de « Gilles de La Tourette » encore convalescent.
C’est plus fort que moi, mais des phrases du discours s’imposent à n’importe quelle occasion. Un peu embêtant, quand l’esprit des lumières fait déjà des faux contacts et des courts circuits.
Tenez, pas plus tard qu’hier, alors qu’elle me rendait la monnaie, j’ai sorti à ma boulangère estomaquée, d'une façon saccadée et quelque peu sentencieuse, à la manière de notre président :
« Sommes-nous capables de maîtriser le temps ? Sommes-nous capables de maîtriser l’espace ? Sommes nous capables de maîtriser la nature ? Sommes nous capables de nous maîtriser nous mêmes ? (discours d’introduction de la Cop 21)
La boulangère m’a regardé avec des yeux ronds, et je voyais bien en regardant ses seins trembler sous son corsage, que je l’avais un peu hypnotisée. C’était un bon début, même si, évidemment, je suis loin de valoir notre maître en la matière. Je ne possède pas encore de coterie, ni d'actrices à ma suite, comme les indispensables Marion Cotillard et Mélanie Laurent, attachées à la suite présidentielle, dans la lutte contre le réchauffement climatique ! http://bit.ly/1TSadJj
« Oh, moi, m’a dit la brave femme, un peu effrayée, en me tendant mon pain, J’allais pas si loin. Je parlais juste du temps qu’il fera demain ! »
En ces tristes temps de commémoration et de jdihadisme, qui sont toutes deux des formes de terrorisme, et provoquent peur, sidération, et crétinisme, nous voici mis au garde à vous d’office ! Jamais depuis l’immédiat après guerre, et ces millions de morts, une époque ne fut si fertile en 11 novembre « revisited », travail de mémoire, hommages aux héros, hommages aux victimes, gardes à vous de la pensée sclérosée, obligée, unique, et inique.
J’espère que je n’ai oublié personne dans cette déclaration lénifiante.
Tout cela a commencé insidieusement avec le travail de repentance, cet objet un peu brut qu’on a coincé un jour dans l’étau, avec obligation faite aux conseillers et fins discoureurs, d’en sortir quelque chose d’élégant, capable de nous réconcilier avec notre histoire. Grandiose sans aucun doute, mais parfois tout de même fâcheuse ! Mais faute avouée n'est-elle pas à demi pardonnée " ? Dites-moi deux « notre père » et je passe l’éponge !
« Cette vérité, nous la devons à tous ceux qui, par leur histoire douloureuse, blessée, veulent ouvrir une nouvelle page […] La vérité rassemble, répare. Alors l’Histoire, même quand elle est tragique et douloureuse, doit être dite ! (extrait du voyage en Algérie)
Ca m’est sorti d’un coup comme ça, toute un longue tirade clamée dans la rue, alors que je sortais de chez moi, la tête encore toute tourneboulée. Mon voisin, qui taillait sa haie, a pris ça connement pour lui !
« Moi je fais pas d’histoire ! C'est vous qui me cherchez des noises ! »
Ce retour de service m’a fait évoluer ! Etre à la tête d’un pays, c’est pas facile tous les jours. On est parfois incompris ! Je devrais acheter des lunettes à grosses montures, style Hollande, gros porteur aérien, pour souligner mon regard de cobra et faire tomber les femmes ! M’enfin, je vous le demande, qu’est-ce que ce type a de plus que moi, si ce n’est les paupières qui tombent dans la tombe !
Bon, j'arrête là. Car voilà que les minutes de silence sortent des montres, durent des jours, voire des semaines, vous ordonnent de vous taire, de ne pas briser la messe, le grand mouvement national pétrifié.
Perso, je préfère voir Marianne sein nu débraillé, insolente, buvant un coup avec le Charlie de ma jeunesse. Ils se tirent vite fait de l’Élysée, comme sur le tableau de Delacroix, entament dans la rue des chansons paillardes et des chants révolutionnaires, se foutant de l’état d’urgence, bras dessus, bras dessous !
La liberté, elle ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.
Samedi, elle était sur le pont de Cheviré, qui enjambe la Loire. C’était une zadiste, une belle rousse aux cheveux longs, pieds nus, toute jeune, le regard fier. On l'aurait dit sortie d’un roman du vieil Hugo. Elle fusillait du regard l’hélicoptère de la gendarmerie là haut, qui n’arrêtait pas de faire des ronds au dessus de la Loire. 20000 manifestants au bas mot. Au milieu des rafales de vent, et de la tempête qui s’annonçait, Marianne brandissait un drapeau, montée sur un tracteur, pour s’opposer à l’aéroport.
Cabu assis dans un coin, se régalait, la croquait à toute vitesse. Et dire que certains le croient mort !
Faut pas croire cette intox ! Je l’ai reconnu à ses lunettes rondes. Les mêmes que John Lennon et du grand Duduche. Imagine ! Ca ne nous rajeunit pas tout ça ! Un bon bain de jeunesse et de révolte ça fait un bien fou ! Après, vous vous sentez tout neuf !
Notre président devrait essayer ! Je ne parle pas des binocles du grand Duduche, mais du bain de jouvence. Deux ou trois nuits passés à camper au milieu des zadistes, je suis sûr que ça lui relèverait les paupières.
C’est pas sain de rester trop longtemps sur les pierres tombales au garde à vous. Celle qu’on projette de couler sur les prairies et le bocage de de Notre-Dame-des-Landes, avec ces 2000 hectares, d’avance, rien que d’y penser, ça me fait froid dans le dos. Ah ! ils ont tous hâte de passer à l’acte, de faire taire les récalcitrants, de les pousser dans la fosse, de couper des rubans, de noyer tout cela sous les décorations et les discours : Les bêtes, les arbres, les maisons, les paysans, et même les bassins versants.
Tout en haut du grand pont de Cheviré, les manifestants ont eu beau s’agglutiner, demander des comptes, un engagement du président.
Il aurait suffi qu'il dise deux mots pour que les procédures d’expulsions ne soient pas entamées avant que tous les recours soient épuisés…
C’était sa promesse, juré promis craché ! …. « Je m’engage …. » avait-il dit. Il s’est dédit, il n’a pas desserré les dents, ni relevé le regard, l’œil dans la tombe, comme disait encore Victor Hugo à propos de Caïn.
Faut reconnaître que la posture possède bien des avantages. Ceux qui demandent des comptes sur le chômage et la crise sont invités à se taire. "Taisez-vous donc, ne voyez vous pas que nous sommes en prières !"
Ces gens là, c’est vrai, n’ont aucune pudeur ! Si on les laissait brailler, ils exigeraient qu’on s’attaque au nomadisme fiscal, pour ne prendre qu’un exemple. Ca foutrait mal, alors que nos énarques venaient d’inviter Johnny pour le grand raout commémoratif de la république en danger.
Johnny, l’exilé fiscal du lac de Genève, est donc venu donner de la voix. Une petite faute de goût, quand même ! Charlie Hebdo n’a jamais manqué une occase pour se foutre de la gueule de l’idole des jeunes des temps anciens.
« Un dimanche de Janvier », c’est vrai a été écrit sur commande par Jeanne Cherhal, qui a repassé le beau costume fait le pli et l’ourlet, rien que pour Johnny, avant de lui faire endosser à la descente de l’avion.
Heureusement qu’après, sur l’estrade, il ne s’est pas planté, en chantant cette bluette, comme il l’a fait déjà, lors d'un concert, confondant Saint-Etienne avec Clermont-Ferrand ! 'http://bit.ly/1IYOnDu " Imaginez un peu l'effet !"...
« A que Johnny il est content d’être là de retour à Bruxelles ! Je vais commencer par vous chanter : Noir c’est noir, il n’y plus d’espoir… »
« Je suis mitigé, nous avoue Magyd Cherfi, le chanteur de Zebda. À la fois, on éprouve un immense respect pour cette idole et ses cinquante ans de spectacle, mais en même temps, on observe que dans toute sa carrière, il s'est plutôt affiché à droite, et qu'il ne s'est jamais exprimé sur l'immigration, le chômage, l'exclusion, qu'il est allé en Suisse pour des raisons fiscales… J'aurais préféré un chanteur militant, comme Renaud, Lavilliers ou Higelin. »
« Des millions de regards/ Et de larmes à peine essuyées /Des millions de pas sur les boulevards/
Un Dimanche de Janvier /J'avais ta main petite/ Dans la mienne recroquevillée… »
C’est quoi, cette histoire de petite main ? La main aveugle du marché, chère à Adam Smith ? La main de dieu, ou celle qui nous fait les poches ?... A moins que ce soit celle qui cherche à nous bailloner ! Dans un billet publié dans la revue « Siné mensuel », le dessinateur Siné s’est indigné :
"Charb détestait Johnny Hallyday et c'est précisément à lui que nos “autorités“ on fait appel pour pousser la chansonnette en son honneur : quand il y a une connerie à faire, on peut compter sur nos responsables, ils ne la ratent jamais ! ».
« Les terroristes volent la vie des innocents, mais veulent aussi suspendre la nôtre, alors je le dis fermement : La France restera un pays de liberté, de mouvement, de culture, un pays actif, vaillant, dynamique, qui ne cède jamais à la peur ! »
Comment ne pas être d'accord avec notre président ? Mais qui donc cherche à imposer un état d’urgence permanent, et à faire sortir la loi d'urgence de son cadre d’application évident ? Il y a là des messages ambivalents et contradictoires, dans des postures de girouette, dont on ne sait plus quel vent les pousse à tourner et à piquer du bec !
Il ne faudrait pas que le remède soit plus dangereux que le mal ! En d’autres termes qu’on triomphe de la maladie, mais qu’on emmène le patient au funérarium.
Une commémoration ? Qui peut être contre, quand on a des principes et des valeurs, et l’envie de se retrouver ensemble pour communier, faire bloc, faire sens ! Mais justement pour cette raison, le coup de la récupération à répétition, insupporte et en rend chafouin plus d’un !
Le journal « le point » a sorti un excellent article sur le sujet : Et si on arrêtait les commémorations ? http://bit.ly/1Zh7EBU  ;. Les rassemblements du 10 Janvier, en dépit des têtes de gondoles alléchantes, et réunies à grand frais, n’ont pas donné les résultats escomptés. La veine électorale de la contrition et du malheur serait-elle épuisée ?
Les danses macabres du moyen âge entraînaient morts et vivants dans une ronde sans fin sur les murs peints des églises, parfois au son du fifre et du biniou. Mais au moins elles restaient à l’état de fresques, comme une grande bande dessinée offerte gratuitement à la foule !
C’est comme si jadis, on avait décrété un jour du souvenir pour les morts de Verdun, un autre pour ceux de la Somme, de la Marne, et puis d’Ypres…. J’arrête là pour 14-18, les jours d’une année ne suffiraient pas, et ma salive se tarirait avant que je ne solde le nom de toutes les horreurs !
Sur la place du village, entre la mairie et l’église, nous avions le monument aux morts du poilu, nous avons maintenant celui de « Charlie ». Il est là sur son socle, avec ses bouteilles d’encre tendues à bout de bras en guise de grenades, regardant la ligne claire du prophète le crayon tendu devant lui, un œil fermé sur sa cible, prêt à se caricaturer dans la répétition.
Ne l’ont-ils pas remarqué, mais la connerie change de visage ! Dans ce théatre de guignol, les voilà toujours à courir après Dieu, cette ombre qui ne veut rien dire, qui sert juste à certains de couverture, pour cacher leurs exactions ! Plutôt que de cliver les gens en querelles stupides, ne serait-il pas plus pertinent de tirer sur le voile, pour montrer ceux qui se cachent dessous, et ont fait une OPA sur la religion ?
C’est une belle époque pour les arts funéraires, ceux qui découpent les plaques de marbre, et qui écrivent des noms dessus. Pas facile sans doute de graver un nom dans la pierre ! C’est juste un avis de néophyte ! En tout cas je pensais que l’orthographe des noms n’était pas la plus grande difficulté. Qu’il suffisait d'un petit modèle écrit au crayon, une sorte de pense-bête, pour ne pas marquer Dupont à la place de Dupond, ou Pays bas à la place de Hollande !
Tant pis pour Wolinski, ou plutôt tant mieux pour lui ! Grâce soit rendu à l’ouvrier, et sa petite faute de frappe ! Il a pu créer cet éclat de rire et d’imprévu quand la plaque a été dévoilée devant les officiels officiant !
L’humour était sauf ! Georges a pu l’espace de quelques heures flirter avec Lucy in the sky, en rapport à cette foutue lettre Y, créant un Wolinsky insolite, « with diamonds »
Et je l’ai imaginé là haut, comme un personnage de l'une de ses planches, dessinateur toujours un peu égrillard et espiègle, courant sur fond de nuages blancs, derrière une vénus callipyge, se faisant la belle en riant, loin des médailles, des petits calculs et des egos ! Wolinski était un amoureux du beau sexe, tout comme le duc de saint-simon, qui en deux lignes, à propos de Mademoiselle De Séry, lui troussait un portrait tout aussi bien croqué : « C’était une jeune fille de condition sans aucun bien, jolie, piquante, d’un air vif, mutin, capricieux et plaisant. Cet air ne tenait que trop que ce qu’il promettait. »
Tout le portrait de "Paulette" : Une vieille BD des années 70, avec Wolinski au scénario, et Pichard au dessin, et qui m'enchantait, adolescent songeur et boutonneux. Du crayon à la plume, il n'y a qu'un pas. Paulette partirait en guerre maintenant contre Daesh !..Tous à vos crayons et à vos gommes !
L’impertinence de Charlie est devenue très chic. Les ambassades et les consulats ont pris un abonnement. Le journal fait maintenant un malheur, et bientôt les grands couturiers risquent d’envelopper leurs mannequins dans les vieux numéros, et les robes deviendront « collector » !
J’ai beau avoir été « Charlie » un temps, le temps de l’indignation légitime, révolté par l'obscurantisme, je reste ce petit garçon qui a grandi à l’ombre de ce journal épatant, qu’était « Pilote », le journal : "qui s’amuse à réfléchir", selon sa devise de l’époque.
C’est là dedans que j’ai découvert dés 1963, Cabu, et son grand duduche. Puis Wolinski, Reiser, Gotlib, Bretecher, Fred, Solé, Mandryka, et tant d’autres. Des géants, qui à cette époque, ne provoquaient souvent que mépris de la part des adultes. La bande dessinée n’était même pas considérée comme un art mineur, mais souvent comme une perte de temps, une facilité, voir un danger, pour des gamins laissés à eux mêmes !
Le journal Pilote est mort de sa belle mort. Mais ce « Charlie » n’est il pas maintenant en état de « mort clinique », maintenu en vie, si l’on peut dire ainsi, que grâce à une équipement extrêmement compliqué de circonstances, de malentendus et de récupérations en tous genres ?
Ne tirons pas sur les soignants, sur le personnel du journal. Ils ont des circonstances atténuantes, et se donnent un mal du diable pour garder le flambeau. C'est pas facile de dessiner quand les puissants vous flattent et vous embaument. Un peu comme à la cour du roi soleil. Ils sont restés dans leur rail de pensée, continuent à ne pas porter de cravate, et à maudire « dieu le grand coupable » l'assassin qui court toujours ! Ils ont dû en discuter pendant des heures, de cette couverture, comme des généraux d'armée, bien loin de la spontanéité qui existait au sein de la vieille équipe de l’époque Cavanna !
Maintenant il y a ceux qui sont pour, les autres qui sont contre ! Certains membres de la famille restent dans l’émotion, d’autres sans rien dire servent sûrement leurs intérêts. A partir de quel moment la mort et la vie sont elles en instance de divorce ?…
Le professeur Choron, cet Einstein de la provocation, manque furieusement pour remettre les pendules molles à l’heure, et pincer le cul de cette Marianne de salon, ne renversant pas les barrières de ces commémorations en chaines.
Choron et Cavanna peuvent dire merci à « la grande camarde » de Brassens, qui les a protégé à temps des gros cons en tous genres : Daesh, et la déchéance. Mais ils l’ont tout de même échappé belle, en se faisant tirer un peu avant les autres par la manche.
Imaginer Choron et Cavanna vivants, coincés entre deux gardes du corps, est une image irrésistible, une couverture encore plus terrible que la fameuse : Bal tragique à Colombey : Un mort ! »...Je crois qu'ils n'auraient pas survécu à cette infamie !
C’est parfois si « Bête et méchant ! » la vie....
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