Quand une monarchie reçoit des dictatures
Après le déclassement de l’Union Méditerranéenne en Union Pour la Méditerranée, anagramme savoureux d’UMP, à la suite de l’intervention musclée mais peu bruyante- ce qui nous change - cependant efficace - ce qui nous change aussi - d’Angela Merkel, puis le rejet de cette dernière par le peu reconnaissant Kadhafi, le bédouin qui a planté sa tente chez nous, qui a traité Sarkozy de menteur, qui s’est fait applaudir à l’Unesco par un discours virulent contre la France, pays qui l’accueillait, et qui, enfin, a été reçu en sortant les plats d’argent bien astiqués et la garde républicaine bien " rutilante ", notre Guide à nous ouvre les portes de la respectabilité aux autocrates du bord de la Mare Nostrum pour espérer en récupérer des miettes qui brilleront au soleil des media complices et déclencheront les bravi dans les rangs devenus plus clairsemés de ses aficionados.
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Mais peut-être y aura-t-il quelques voix qui s’élèveront un peu fort comme celle du vert et rouge Cohn Bendit qui a passé, la gorge nouée par l’émotion, une volée de bois vert et cinglant au Kondukator français venu flatter l’Assemblée Européenne. Le vert et rouge, qui l’avait déjà fait savoir comme on peut voir ici sur le site du Monde, Daniel n’a pas apprécié la venue de notre Mamouchi de pacotille qui se présente en Président de l’Europe, usurpant un titre inexistant et se substituant, lui moi-même, à la France, car c’est bien le pays qui est concerné et de façon non élective pour présider de façon hexamestrielle et tournante, comme l’on dit dans le 9-3 et les caves assombries - et en tant que tel et président de la France - nouvel abus de langage il est soit président français soit président de la République française, nuance - à l’ouverture des Jeux Olympiques alors qu’à ce stade des déclarations d’intention l’Allemagne, le Royaume Uni, l’Italie, la Pologne, la Tchéquie et l’Estonie n’iront pas.
Cette propension qu’a Sarkocrate, le monomaniaque du je et de la gloriole, à se faire des amitiés douteuses, et à leur offrir une réhabilitation internationale, il la régénère au dépens de notre pays qui a, à ce que j’ai entendu dire, écrit à son fronton : Liberté, égalité, fraternité. Ce sont sans doute ces mots qu’appliquent avec ferveur les Boutéflika, Moubarak à qui l’on réserve la vice présidence de la réunion UMP, Ben Ali et autre el-Assad. Ne parlons pas du guide de la révolution libyenne qui lui ayant engrangé avant les autres les décorations par sa venue somptuaire dans un hexagone couvert de honte pour des temps immémoriaux, a, ingrat comme il s’est bien l’être, fusillé (un terme qu’il apprécie) cette UPM en se déclarant opposé car les méditerranéens n’étaient pas des chiens affamés et qu’ils pouvaient bien s’organiser entre eux. L’UPM part mal d’autant que la Libye par ailleurs depuis 2004 a intégré le processus de Barcelone.
Nous recevons en grandes pompes à Paris une cohorte de dictateurs qui vont loger au Ritz, au Crillon pour Bachir, enfin dans les grands hôtels bien luxueux et bien feutrés, avec larbins en livrée et bons petits plats. La date choisie n’est pas innocente. La veille du 14 juillet, l’anniversaire de la prise d’une Bastille renfermant 7 prisonniers de droit commun mais qui se doit de symboliser la République, une méthode de gouvernement qui n’est pas du goût des invités de la France, de ces invités réélus à vie, aux institutions modifiées pour le leur permettre, de ces autocrates fils de leur père, de ces autocrates arrivés au pouvoir non par les urnes mais par les fusils et le sang, un sang qu’ils ne dédaignent pas verser comme un certain comte Dracula qui historiquement a bien ensanglanté la Transylvanie avec bonheur et horreur.
L’invitation au dictateur de la Syrie à venir se pavaner devant nos militaires qui devront - le feront-ils - saluer la tribune et celui qui est le fils de celui qui a était à l’origine de l’attentat du Drakkar’ qui a fait 58 morts de soldats de la paix, 58 parachutistes, 58 français le 23 octobre 1983 à 6 h 20. A Beyrouth, Beyrouth où sont morts assassinés tant d’hommes politiques, tant de journalistes, et Rafic Hariri. Pour ce dernier une enquête internationale n’est pas close, mais tout semble indiquer que le gouvernement syrien ait été impliqué. Et à cette époque, il était dirigé par l’ophtamologue Bachar. La Syrie qui par ailleurs ne reconnaît pas Israël. Ainsi notre président qui au parlemùent européen demande au premier ministre Polonais de signer le traité de Lisbonne car il doit respecter sa parole, lui qui a déclaré à Beyrouth que les assassins des libanais tués dans des attentats devaient être jugés, lui qui a déclaré qu’il ne serrerait pas la main de ceux qui ne reconnaissaient pas Israël, va non seulement serrer la main d’un leader qui ne reconnaît pas Israël - comme on le voit sur cette photo en, vignette - et qui, de plus, est impliqué dans l’assassinat de nombreux hommes politiques et journalistes libanais, mais va le faire saluer par les militaires français, militaires que le Kondukator ne cessent d’humilier. Cette humiliation-là sera irréversible. Cependant le hasard fait que défilera devant cet autocrate sanguinaire un des 58 morts. Voici : « Lors du défilé du 14 juillet, auquel le président syrien Bachar al-Assad est officiellement invité par l’Elysée, un mort descendra les Champs-Elysées. La promotion de l’Ecole militaire interarmes (EMIA) de Coëtquidan porte en effet comme nom de baptême celui de Lieutenant de la Bâtie. Ce jeune officier parachutiste est mort dans l’attentat contre l’immeuble Drakkar à Beyrouth, le 23 octobre 1983. Antoine de La Bâtie avait 28 ans. »
Comme l’a dit le vert rouge Daniel, l’attribution des jeux Olympiques à la Chine devait permettre une amélioration locale des droits de l’homme mais que c’est un parfait fiasco, que cela n’a permis qu’à ce pays de se moquer de nous et de poursuivre dans sa politique capitalo-communiste, l’invitation de Bachar el-Assad n’a pas empêché celui-ci, comme nous le révèle Libération, ceci : « Une révolte de prisonniers politiques matée dans le sang il y a juste une semaine, des intellectuels francophiles embastillés et traités il y a quelques jours de « terroristes » et d’« agents de l’étranger », la volonté d’imposer un agent notoire de Damas comme ministre dans le gouvernement libanais… Le président Bachar al-Assad arrive ce samedi avec la belle et ferme assurance d’un dictateur sans complexe. Non sans raison. Paris lui a tout offert. Ou plutôt tout cédé. D’où un sentiment total d’impunité, clairement affiché, qui a conduit son régime à arrêter encore, juste avant son départ pour la France, deux nouveaux membres de la « déclaration de Damas », la plateforme de l’opposition démocratique. »
Ainsi dans les quelques jours qui précèdent sa venue, el-Assad se moque de la terre entière et plus particulièrement de nous. Il fait massacrer sans complexe, fier et le menton haut il sera salué dans la tribune présidentielle par les camarades de ceux qui sont morts pour la paix ; des morts qui, vivants, avaient été appelés par la communauté internationale pour tenter qu’il y en ait moins, justement de morts. Et cela grâce à qui ? Grâce à notre leader qui ne recule devant aucune infamie pour laisser son nom dans l’Histoire. Voilà ce qu’écrit Le Point du jeudi 3 juillet dans ses " off " de Sarkozy : « Je veux faire, je veux rester dans l’Histoire avec un grand H. Moi, je resterai dans l’Histoire comme l’homme qui a fait les réformes. J’en ai lancé 63 ! On n’a pas le choix. Et tant pis si je ne fais qu’un mandat. A la fin de mon premier mandat, j’aurai 57 ans. Eh bien, je ferai autre chose. » Quant à rester dans l’Histoire, avec petit ou grand h, il y restera, mais certainement pas avec un titre de gloire. Il sera habillé du sombre costume du plus cynique et intolérable Président de notre pauvre Vé République.
On en rirait si on n’en pleurait pas. Le château justifie aussi la présence indigne du dictateur syrien à la cérémonie du 14 juillet par sa présence à Paris le 13 ! Des arguments stupides et lénifiants, des arguments orduriers et stupides on en a eu notre dose, mais celui-ci dépasse de beaucoup bon nombre d’entre eux. La belle affaire. Il est présent le 13 il serra donc présent le 14. Lorsqu’un pouvoir en arrive à ce genre d’argument nous pouvons nous dire qu’il est dans la fosse à purin plus haut que le cou. Faut-il rappeler que cette fête est nationale ? Faut-il rappeler qu’elle est symbolique ?
Mais comme cette énormité ne passe pas, pour justifier les saluts de l’armée à la tribune où sera présent le syrien ce qui faisait désordre pour les militaires français du Liban pleurant leurs camarades, Sarko l’américain désigne un nouveau coupable. Jusqu’alors, l’histoire désignait, cette même histoire avec ou non un grand h, la Syrie responsable ou pour le moins co-responsable de l’attentat du Drakkar, on apprend que le 13 juillet les services secrets français, les historiens, enfin tout le monde a convaincu notre luminescence que seul l’Iran était impliqué, prenant par là le risque de diaboliser encore plus ce pays, utilisant sa technique habituelle d’un clou en chasse un autre, une nouvelle histoire pour faire accepter l’ancienne, jusqu’à une autre nouvelle histoire dans quelques temps pour modifier celle-ci. Ainsi la présence de la Syrie depuis 1976 sur le sol libanais, l’assassinat en 1981 de l’ambassadeur français par, suppose-t-on, les services secrets syriens, enfin ce que le monde croyait n’est-il que fadaise. Sarkozy le diplomate, Sarkozy le faiseur de paix, Sarkozy l’historien, après avoir imposé Môquet au Lycée, va imposer la refonte de l’histoire afin d’offrir à l’autocrate syrien Achar, fils de l’autocrate Affez, non seulement une réintroduction à la Kadhafi dans le concert des nations, mais en plus une réhabilitation de son pays et le blanchiment de son casier judiciaire international. Sarko le méditerranéen lave l’honneur de la Syrie et l’innocente de son passé assassin pour le présent et le futur. Voilà la nouvelle Bible de la France.
Mais dans cette précipitation du clou qui chasse l’autre, l’Elysée nous offre cette phrase admirable : « Le Drakkar, ce n’était pas la Syrie. La Syrie, c’était l’attentat contre l’ambassadeur de France au Liban Louis Delamare en 1981. Le Drakkar, c’était l’Iran et le Hezbollah » Comme quoi on reçoit un pays qui n’a fait que de fomenter l’assassinat de notre ambassadeur par le père du fils reçu par la France et serrant la main du Guide entre deux gardes républicains.
Et quant à cette UPM, qui va s’additionner aux Unions Africaine, du Maghreb, du Machrek, à la ligue arabe, à l’Opep...et au processus de Barcelone bien sûr, de 43 membres dont la majorité n’est autre que l’Europe avec ses 27 affiliés dont on voit bien que la Suède est au bord de la Méditerranée et qu’une puissance telle que Monaco a son importance. Et l’on se demande pourquoi ce sont les 27 pays européens qui sont représentés (pour faire masse ?) et non la seule Europe puisque c’est bien elle dans son entité qui verse les fonds et non chaque pays indépendamment. En revanche outre le Guide du désert, va manquer, Mohamed VI, le descendant direct de Mahomet en tant qu’Alaouite et phare religieux du monde arabe de par ses ascendants du shérifat marocain, qui ne sera pas là, lui dont le pays n’a pas acheté nos Rafale malgré notre Grand Négociateur et Rachida Dati. Avec un peu d’effort on pourra ajouter quelques états membres et je propose qu’on appelle ce Machin, comme disait De Gaulle, l’ONU. Il se battent déjà pour savoir où sera le siège. Barcelone, la mutine, est sur les rangs...
Juste une phrase pour terminer, une phrase pour se demander si la France reste le pays dont le drapeau flotte au dessus de ces mots : liberté, égalité, fraternité. Des anciens casques bleus du Liban ont voulu manifester : l’Elysée le leur a interdit.
Vignette source Reuters
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