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Accueil du site > Tribune Libre > Que c’est bio la vie !

Que c’est bio la vie !

Si l’on considère que la FAO avait déjà déclaré, dans un moment de cynique lucidité, que la planète pouvait nourrir l’entièreté de sa population en culture biologique, puis que dans la ligne, l’ONU vient de suggérer que la production alimentaire mondiale pourrait doubler en dix ans grâce aux techniques naturelles de l’agroécologie dispensée de chimie et de pesticides, on ne peut qu’en conclure que nous avons été abusés depuis plus d’un demi-siècle, le temps nécessaire pour une intoxication inutile de nos paysages, de notre biodiversité et de nos corps.

Recourir au vocable bio, c’est faire acte de blanchiment vert. Ils ont pourri notre nourriture pour nous la restituer propre comme un privilège. C’est absolument facho et antidémocratique.

Il faut retrouver les vraies valeurs et en finir avec cette inversion orwellienne de la réalité imposée par des fabricants de mort qui s’annoncent comme des producteurs de Vivant ! En ce cas, ne conviendrait-il pas de militer pour la suppression de la mention bio (AB) parce que la Nature est bio par définition et que c’est la condition naturel d’un produit de la terre et du terroir et d’exiger, en revanche, l’apposition sur tous les produits « industriels » de l’agriculture chimique (AC) les mentions « trafiqué, suspect, susceptible de nuire à votre santé et à votre environnement ! »

Bien sûr que je suis favorable au recours du bio, mais je suis aussi conscient que c’est une réinvention perverse de l’économie verte. Mes grands-parents mangeaient bio comme monsieur Jourdain faisait de la prose. Il a donc fallu passer par la case « poison chimique » pour retrouver le naturel et le baptiser biologique. Existerait-il des végétaux non biologiques ? Un certain nombre d’agriculteurs ayant peu ou prou abandonné le chimique et opté pour l’organique sont du type nouveaux Cathares. Ils se font plaisir en tenant un discours moralisateur mais le bio n’est pour eux qu’une nouvelle cible. Aucune dévotion, aucune sincérité n’y préside. C’est le coup du saint derrière lequel préside seulement l’appât du gain.

J’ajoute que le bio est toujours équivoque puisque nos sols sont empoisonnés d’un cocktail de 100.000 molécules irréversiblement perdues et irrattrapables. Quand on connait un tant soit peu les interdépendances écosystémiques, on sait qu’il n’y a pas de cloisons étanches dans la Nature. J’ai un potager bio et mon voisin vient d’épandre un herbicide systémique : dois-je assassiner ce con et aller en prison à vie ? Où est la démocratie si pour ne pas manger de la merde il faut mener des enquêtes oiseuses, lire des étiquettes illisibles et payer un gros prix.

Et puis… Au-delà des effets d’annonces auxquels se doivent la FAO, l’ONU et autres entités à double jeu, pensez-vous que l’on va pouvoir nourrir 10 milliards de sapiens avec des produits du sol cultivés naturellement, selon les usages d’un temps pas si ancien (années 1960) où nous étions 2 ou 3 milliards ? Presque toutes les terres fertiles sont occises et il ne nous reste plus qu’à cultiver des horreurs transgéniques ou de la pathologie vivante hors-sol, hors-saison et hors-raison pour assurer la sécurité alimentaire à telle multitude de bouches, y compris celle du milliard de gens qui crèvent la dalle et ont d’autres soucis que de lever le petit doigt en l’air sur des marchés snobinards de connards privilégiés.

Avant de nous plaindre sur la bouffe mortelle, il ne fallait pas sombrer dans ce putain de capitalisme, dans un système où l’on n’hésite pas à spéculer sur les sols, les famines et les sécheresses. Et surtout : il ne fallait pas surpleupler la planète ! Quand on est cinquante dans un ascenseur prévu pour douze, on ne se plaint pas s’il se casse la gueule. Nous sommes donc plus ou moins condamnés à ingérer de la bouffe mortelle. Sauve qui peut !


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12 réactions à cet article    


  • byle 6 septembre 2011 10:13

    « quand on est cinquante dans un ascenseur.. »

    perso, aujourd’hui, je n’y monterai pas dans cet ascenseur si on me donnait le choix, mais je suis né dedans.. dois je blamer mes parents et mes grand parents (qui n’ont rien choisi non plus..laissé faire a la rigueur..) ? ou plutot les salopards de chez monsanto ? (pour ne citer que le plus connu) qui eux pour le coup choisissent et imposent meme pour la planete entiere...

    a part ca, entierement d’accord !

     


    • AntoineR 6 septembre 2011 13:13

      On peut quand même jouer sur la consommation en viande et en agrocarburant pour essayer de nourrir tout le monde.
      Le problème de la faim dans le monde n’est actuellement pas dû à la quantité de nourriture mais bien à l’accès à la nourriture et à la spéculation.
      On ne sait déjà pas nourrir 7 milliards alors pourquoi on arriverait à en nourrir 10 avec le même système.

      ..... révolution de la faim..... chaos.....


      • alberto alberto 6 septembre 2011 13:45

        M. Tarrier : J’ai trop rapidement plussé votre article et je le regrette !

        Car n’y a-t-il pas quand même une petite arnaque à démarrer une polémique sur l’agriculture BIO , à laquelle j’adhère, pour en fin de compte en arriver à conclure sur le problème de la surpopulation de la planète ?

        A moins de nous inviter à penser que l’agriculture chimique serait, à terme, par ses effet mortifères, une solution à la diminution de la population mondiale...

        Tout ça sent un peu le mélange des genres et surtout une invite vers vos blogs et vos bouquins !

        Bien à vous quand même...


        • tatielily tatielily 6 septembre 2011 18:30

          merci monsieur Alberto de dire ce que je pensais !
          ce personnage c’est même vu interdit sur certains forums tellement sa prosse est malfaisane surtout en ce qui concerne le bio !
          mais il est surtout clair que ce personnage milite pour qu’il n’y ait plus de surpopulation et il en fait une bataille malpropre !
          il est un fait que le bio a déjà tellement des détracteurs que franchement nous n’avons pas besoin d’un mec qui ce dit écologiste mais en condamnant l’agriculture biologique a ne plus comprendre ce qu’il cherche, sauf s’il est- payé par des élus d’extreme droit pour detruire la crédibilité des agriculteurs bio !
          pour moi dès que je vois son nom écrit sur un article il me donne envie de vomir !


        • tanguy 6 septembre 2011 17:27

          Incroyable, vous citez la FAO qui a démontré que nous pouvons tous vivre en mangeant bio tout en affirmant par après, de manière péremptoire et sans argument que ce n’est pas possible !!!

          Si c’est une pub pour vos bouquins prônant le malthusianisme , elle est certainement contre-productive !

          Heureusement pour une doctrine aussi XXXXXX (censuré)

          Voici ce que disait Malthus :

          « Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, si sa famille n’a pas les moyens de le nourrir, ou si la société n’a pas besoin de son travail, cet homme, dis-je, n’a pas le moindre droit de réclamer une portion quelconque de nourriture : il est réellement de trop sur cette terre. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couverts pour lui

          Et un article intéressant :

          http://la-dissidence.org/2011/08/11/le-malthusianisme-moderne-corollaire-naturel-du-capitalisme/


          • Le Yeti Le Yeti 6 septembre 2011 17:47

            L’erreur de Malthus est d’apporter un jugement moral sur un cas purement clinique. Quand la maison brûle, pendre le pyromane n’éteint pas l’incendie ...

            Pour reprendre l’exemple de l’ascenseur, je dirais que la question n’est pas de savoir qui y a sa place ou pas mais « Va-t-il -ne serait-ce que pouvoir !- arriver en haut ? » !
            S’il doit redescendre, alors nous n’avons que deux possibilités : attendre passivement d’être arrivés en bas (en écoutant en attendant le doux son du pipeau qui sert de musique à cet ascenseur ...) ou bien essayer de contrôler cette descente. Mais de toute façon, il ne faut pas compter refaire la loi de la gravité !

            Quand le mal est fait, à choisir entre la peste et le choléra il ne faut plus chercher de « bonne » solution mais appliquer la politique du moindre mal. Ou pas ...


          • Le Yeti Le Yeti 6 septembre 2011 17:36

            A grands renforts de chimie et de technologie, la culture intensive à multiplié par cinq le rendement des sols... La multiplier encore par deux -et ce sans chimie !- signifierait qu’en un siècle nous aurions décuplée l’efficacité agraire de nos aïeux.

            Enfin une bonne nouvelle !

            Si j’étais méfiant, et je dis bien « si » ( smiley ), je dirais que c’est trop beau pour être vrai.
            Quoi qu’il en soit, quel serait la véritable valeur nutritionnelle de ces aliments ? Cela nous imposerait-il des changements alimentaires tels que manger moins de viande ? (cf la cuisse de poulet du paysan chinois !)
            Serions nous « redevables » à Monsanto pour cela ?
            Et quel serait la dépendance de cette agriculture à la technologie, c’est à dire sa pérennité ?

            Je ne suis pas méfiant, j’ai juste des doutes ...
             smiley smiley

            « Avant de nous plaindre sur la bouffe mortelle, il ne fallait pas sombrer dans ce putain de capitalisme ».
            Et oui ! On récolte ce que l’on a semé !
             

            Merci à toi, Michel, d’avoir mis les pieds dans le plat. La levée de boucliers dont tu fais l’objet me fais dire que tu as touché un point sensible.


            • tanguy 6 septembre 2011 17:42

              Et pour voir ce qui effectivement cause de graves problèmes, voyez ce documentaire éclairant ;

              Obsolescence programmée

              Il y a d’autres solutions que la « décroissance démographique » (mais nous ne vous empêchons pas de « libérer une place » si vous le souhaitez !!!)

              Et encore un peu de lecture :

              - Ce n’est pas la démographie des pauvres mais la consommation des super-riches qui menace la planète

              - Un nouveau siècle d’eugénisme

              - Contrôler les naissances pour « sauver la planète » ?

              - De la réduction des têtes au changement des corps


              • byle 7 septembre 2011 09:07

                excellent le lien vers contreinfo !! merci.


              • Michel Tarrier Michel Tarrier 6 septembre 2011 20:13

                Je répète pour être bien clair et à l’attention de ceux qui jouent les vierges effarouchées (elles sont nombreuses dans la fourberie du développement dit durable...). Et n’allez pas imaginer que je puisse être favorable aux intrants chimiques (ou alors lisez mes livres) :
                « Bien sûr que je suis favorable au recours du bio, mais je suis aussi conscient que c’est une réinvention perverse de l’économie verte. Mes grands-parents mangeaient bio comme monsieur Jourdain faisait de la prose. Il a donc fallu passer par la case « poison chimique » pour retrouver le naturel et le baptiser biologique. Existerait-il des végétaux non biologiques ? Un certain nombre d’agriculteurs ayant peu ou prou abandonné le chimique et opté pour l’organique sont du type nouveaux Cathares. Ils se font plaisir en tenant un discours moralisateur mais le bio n’est pour eux qu’une nouvelle cible. Aucune dévotion, aucune sincérité n’y préside. C’est le coup du saint derrière lequel préside seulement l’appât du gain. »


                • sobriquet 8 septembre 2011 00:15

                  Bien sûr, il y a tout un tas de producteurs et surtout de commerçants qui profitent bien du « bio » pour extorquer davantage d’argent aux bobos consciencieux. Et c’est certainement critiquable, participant du détournement de préoccupations authentiques en vue d’entretenir le système capitaliste qui nous asphyxie. En cela, c’est peut-être, comme vous dites, facho et antidémocratique.

                  Pour autant, derrière tout ce greenwashing, demeurent des valeurs et des moyens précieux, qu’il est important de soutenir. Comme tout mouvement réformiste ou révolutionnaire, le mouvement bio se fait galvauder et détourner de son sens premier. Le label AB constitue déjà une trahison de l’esprit du bio. Mais cela me paraît inéluctable, quel que soit le mouvement réformiste ou révolutionnaire. Il nous faut l’accepter, discerner ces trahisons, et demeurer attentifs aux valeurs fondamentales. Si les problèmes fondamentaux ne sont pas résolus, d’autres mouvements naîtront, feront un peu avancer les choses, avant de se faire à leur tour galvauder.

                  C’est ainsi que je reste partisan du bio même si je suis écoeuré des détournements que je constate : pour l’instant, le mouvement « bio » continue de faire avancer les choses dans le bon sens.

                  Pour ce qui est de nourrir la planète en bio, quelques éléments pour vous permettre de juger :
                  - 70% des surfaces arables mondiales sont consacrées à la production de viande.
                  - Le rendement nutritionnel de la viande, en ce qui concerne les quantités d’eau, d’énergie ou de terre arable, est grosso modo 7 fois moindre que celui des aliments végétaux.
                  - Il est tout à fait possible d’avoir une alimentation végétarienne riche et équilibrée, à tout âge de la vie.
                  - En 50 ans, la consommation mondiale de viande a été multipliée par 4.

                  Quel rapport ? Les limitation des ressources alimentaires sont essentiellement liée à un mauvais choix de consommation. Diviser par 7 la consommation mondiale de viande permettrait de doubler les surfaces agricoles dédiées à la production d’aliment végétaux. Cela signifie que, même avec un rendement deux fois moindre en bio qu’en conventionnel (ce qui est une hypothèse très pessimiste), il deviendrait possible de nourrir quasiment deux fois la population actuelle.

                  Bien sûr, il s’agit de chiffres très généraux, qui nécessiteraient plusieurs pondérations, mais les conclusions demeurent : il est largement possible de nourrir le monde entier en bio.

                  Cordialement,


                  • Vladivostok 1919 Vladivostok 1919 20 septembre 2011 04:01

                    Bonjour,

                    Lisez l’article dans le lien ci-dessous. Cela va dans votre sens, en y ajoutant une, sinon LA solution a la question de la production de nourriture.

                    La PERMACULTURE, « une idée d’avant garde millénaire » comme la décrit un des fondateurs Bill Mollison, c’est l’agriculture au peuple, et la biodiversité comme outil pour créer l’abondance partout dans le monde, et intégrer nos besoins humains aux besoins écologiques de notre environnement.
                    ---------------------------------------------------------------
                    LA PERMACULTURE - UN INTÉRÊT ECONOMIQUE - Cliquez pour télécharger.

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