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Accueil du site > Tribune Libre > Quelle maladie mentale frappe le journalisme ?

Quelle maladie mentale frappe le journalisme ?

 « Etre fou, c’est parfois taper des listes de noms et les remettre à un officier. »[1] C’est ainsi que Philip K. Dick définit une forme de folie mécanique, l’obéissance aux ordres de manière dépassionnée et inhumaine. On pourrait transposer aisément la chose au journalisme de masse. Etre fou, c’est dire et relayer sans broncher qu’un massacre connu n’a finalement pas beaucoup d’importance. Mais ce faisant, on devient complice de meurtre et collaborateur.

Sortir du somnambulisme ?

Dick nous interroge sur les androïdes qui rêvent de moutons électriques, et sur la frontière entre la folie froide et sanguinaire, et l’humain étouffé là dessous. Etre froid et dépassionné semble être pour lui une forme de folie particulièrement dangereuse, au contraire de la colère et de la passion qui s’expriment lors d’une flagrante injustice.

On peut demander aujourd’hui si les journalistes rêvent de soldats israéliens armés jusqu’aux dents, qui font tout péter dans de magnifiques gerbes de feu ? Rêvent-ils plus souvent de belles montres en or que de sauver des enfants brûlés au phosphore ? 

Mais l’androïde n’est pas une fatalité. Là où l’androïde devient humain, c’est quand il ose, contre la pression sociale, mettre son grain de sable dans le rouage. « C’est quand une secrétaire déciderait d’omettre un nom sur la liste, ou de mal libeller les enveloppes ».

Les rédactions sont peuplées d’êtres sensibles, pigistes, en CDD, en contrats précaires. Difficile pour l’humain de faire surface dans ces conditions d’oppression, et pourtant il y a toujours une brèche, un interstice dans lequel on doit se faufiler… On doit ? Pourquoi cet impératif ? Parce que perdre son humanité est la pire des choses qui puisse arriver à un être humain. Rester humain c’est rester sain d’esprit.

Le journalisme définit une forme de réalité et de vérité : celle de l’actionnaire et celle des plus gros annonceurs.

On comprend aisément que les va-t-en-guerre aient place nette dans les articles de presse quand l’actionnaire est un marchand d’armes.

On comprend aussi que les grandes chaînes nationales aient menti sur le mouvement du 29 janvier, en le faisant passer pour une manifestation contre la crise. Absurde : les gens manifestaient contre la politique de Sarkozy, contre les banquiers, et de manière générale contre la « profitation » pour reprendre à notre compte le terme guadeloupéen. Une souffrance qui s’exprime de manière si massive devrait éveiller une lueur d’humanité chez quelques androïdes.

Et pourtant. L’humanité n’a pas fait surface dans ces salles de rédaction : on a préféré dire que les gens voulaient plus de pouvoir d’achat (ce qui est peut-être vrai mais réducteur). Le seul pouvoir qui nous reste, serait celui d’acheter et de fermer nos gueules.

Faire surgir l’être humain

Nous sommes autant responsables que les salles de rédaction, nous les lecteurs et téléspectateurs. Nous sommes tous un peu responsables d’être « comme le bébé dans l’éprouvette » comme le définit Huxley. Se dépêcher de plonger dans des univers cotonneux où l’on n’accède surtout pas aux atrocités : télé, jeux, sports, sommeil. Des somnambules qui marchent au milieu des bombes, des appels à l’aide et des pleurs.

C’est faire preuve d’humanité que de demander tout de suite et maintenant des comptes aux organes de propagande.

Si certains clament que le journalisme est mort, c’est peut être parce qu’Internet et l’information citoyenne offrent l’opportunité de faire surgir l’humain là où on ne l’attendait pas. Là où l’humain surgit, surgissent d’autres vérités, pas belles à voir et dangereuses parce que toute vérité affirmée trop clairement remet en cause le statu quo.

On a beau comprendre ce que nous dit Chomsky à propos de la fabrique du consentement (le fameux « Il n’y a aucune alternative » dépassionné qu’on nous assène à longueur d’antenne), il faut désormais affirmer plus fort sur Internet les alternatives qui couvaient jusque là tranquillement dans leur œuf.

Etre clair et ne pas tomber dans le piège du relativisme, qui voudrait qu’il y ait toujours 50 % de pour et 50 % de contre pour chaque question de société, quand tout indique que nous sommes des somnambules au milieu des bombes.

Mais cela ne suffit pas : nous devons maintenant exiger clairement et fortement que l’humain jaillisse dans les médias de masse. En laissant passer la vérité, en sabotant patiemment le contrôle de la machine, en apportant son petit grain de sable dans le rouage.

Pour terminer cette forme d’hommage à Dick, plus vivant que nous, il définit celui qu’il faut convertir à l’humanité, et s’il reste désespérément mécanique, celui qu’il faut combattre : « un être qui a toutes les apparences de l’être humain mais auquel manquent certains des aspects psychiques qui distinguent l’humanité des machines ».

Il est urgent que tous les journalistes redeviennent humains, par tous les moyens à leur disposition.


[1] Regards sur Philip K. Dick – Le Kalédickoscope. Editions Encrage.


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22 réactions à cet article    


  • John Lloyds John Lloyds 3 février 2009 12:15

    Les journalistes officiels, étant devenus une cohorte de collabos, par appropriation du pouvoir médiatique de l’état, ne peuvent plus redevenir humains, car, redevenus tels, ils ne seraient plus journalistes. Je ne partage pas votre point de vue, car K. Dick, tout en posant la bonne question, donne aussi la réponse. Le somnambulisme, et la mécanisation du système qui en est issue, sont une chance extraordinaire pour l’individu, lui permettant de se parfaire, en opposant une force centrifuge à la force centripète qui l’écrase. A l’illusion du bonheur collectif, qui n’est qu’une vitrine de l’enfer présentée aux naïfs, la seule réponse est l’individualité pure. Que serait l’individu dans un paradis sans opposition à ses talents ? Un simple pudding gluant.


    • bobbygre bobbygre 3 février 2009 19:21

      A l’illusion du bonheur collectif, qui n’est qu’une vitrine de l’enfer présentée aux naïfs, la seule réponse est l’individualité pure.

      Ouch... Sûr de ça ? A une illusion, on oppose une autre vision extrême, une autre illusion. Individualité pure ? Trés peu pour moi. Il me semble que notre société est déjà bien trop individualiste.

      Que serait l’individu dans un paradis sans opposition à ses talents ?

      Pure question de réthorique... Quoique... Que deviendrait un individu dont tous les besoins immédiats peuvent être satisfaits immédiatement ? Dans notre société actuelle, de telles individus existent : tous ces riches qui n’ont rien fait pour l’être et qui n’ont rien besoin de faire pour le devenir encore plus. Déjà, ce ne sont pas tous des puddings gluants.

      D’autre part, une société qui ne serait pas dédiée à la consommation, i.e. sans publicité, sans toute la signification sociale que peut revetir dans notre société actuelle l’acte de consommer, sans ce deferlement continu d’incitations plus ou moins subtiles, plus ou moins subliminales à consommer, dans une telle société, QUI pourrait dire ce que deviendrait le moteur de l’humanité ?
      Certainement pas nous autres qui n’avons toujours vécu que dans cette société consommatrice et prédatrice.

      Par contre, si on s’en refere aux peuples passées ou aux peuples qui, avant la mondialisation, avait d’autres modes de vie, on obtient quelques réponses qui laissent penser que a théorie du "pudding gluant" n’est peut-être pas la seule évolution possible d’une humanité débarassée du vice de la consommation.


    • John Lloyds John Lloyds 3 février 2009 21:29

      "tous ces riches qui n’ont rien fait pour l’être et qui n’ont rien besoin de faire pour le devenir encore plus. Déjà, ce ne sont pas tous des puddings gluants. "

      Ha oui ? Mais l’américain est l’homme moyen le plus aisé de la planète, Toute cette génération hamburger, grasse, amorphe, inculte, de veaux qui s’étaient crus le centre du monde pendant des décennies, dont déjà Einstein à l’époque disait qu’elle était en décadence, n’est-elle pas la référence en matière de pudding ?


    • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 3 février 2009 22:03

      john ,

      tout d’abord c’est Mr.K , le "monsieur" c’est seulement qu’il y a deja un K sur le fil , cela pourrai preter a confusion.
      J’ai longtemp adopté votre point de vu sur le sujet mais comme le fait remarquer Bobbygre : "Par contre, si on s’en refere aux peuples passées ou aux peuples qui, avant la mondialisation, avait d’autres modes de vie..."
      En effet , l’etude de mode de vie differents m’a fait comprendre que notre societé n’est pas La "seule" possible.
      J’ai aussi compris que l’oisité mais aussi les comportements violents sont des effets de notre "systeme" , de notre culture et non la cause.
      Les americains ne sont pas gros et gras parceque leurs vie est confortable mais parceque la societé qui les a vu grandir a meccaniser leurs esprits afin qu’ils ne puissent se passé d’une alimentation dangereuse pour leur santé.
      Je vous conseil le film "la belle verte" , il montre legerement l’idee que je me fait d’homme hors de toutes contraintes.


    • John Lloyds John Lloyds 3 février 2009 23:35

      "En effet , l’etude de mode de vie differents m’a fait comprendre que notre societé n’est pas La "seule" possible"

      Ha mais bien heureusement, car c’est certainement la pire. A choisir, j’aurais préféré vivre dans n’importe quelle époque (vous remarquerez que dans chacune d’elle nécessitait de developper ses talents pour survivre) - quoi que celle-ci possède, tout bien réfléchi, un immense avantage, nous allons assister en direct à sa chute.

      "J’ai aussi compris que l’oisité mais aussi les comportements violents sont des effets de notre "systeme" , de notre culture et non la cause"

      L’homme est violent par nature, rappelez-vous ces paroles d’Héraclite : "La Guerre (Arès) est la mère de toutes chose".


    • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 3 février 2009 12:45

      "Que serait l’individu dans un paradis sans opposition à ses talents ? Un simple pudding gluant."

      Cette phrase venant de vous m’etonne , je ne lit peut etre pas toujours vos contribution dans le bon sens ??
      Cette phrase sonne comme un slogan pro-systeme ,, " satisfaire les besoins primaires de tous et ils deviendront de gros , gras , feignants !!"
      Je croit au contraire que dans un monde ou les talents peuvent se develloper sans barrieres l’humain serait plus epanoui , plus ouvert , debarrassé des frustrations du manque , et non un "simple pudding gluant"



      • Flibustier 3 février 2009 12:58

        Je viens de tomber sur un article d’Acrimed qui reprend l’idée de mécanisation du journalisme, avec le terme "robot créatif", mais aussi "automatisme", "mimétisme".

        @ John, je pense que si l’individu tente de s’extraire du processus de mécanisation il est immédiatement catalogué hors machine et stigmatisé en tant que tel, mais par là il se sauve lui-même et ceux qui parviennent à attraper sa main. Mais je ne saurais pas dire si le somnambulisme sauve... J’aurais plutôt dit si on reprend Dick, qu’il participe à l’entropie. La question est complexe.

        K Dick dit encore ceci : "l’inhumanité est une inadéquation ; ce n’est pas quelque chose, mais l’absence de quelque chose. Cliniquement parlant, c’est la personnalité schizoïde"


        • John Lloyds John Lloyds 3 février 2009 14:43

          @KC’est à peu près ce que c’est passé aux états-unis les dernières décennies ... Génération hamburger.@L’auteurPas nécessairement, il y a eu des modèles philosophiques très élaborés sur le sujet. L’anarque de Jünger, le traqueur de Castaneda, l’Unique de Stirner qui précisemment évitent cette stigmatisation. L’intérêt de la mécanisation est de mettre l’individu au pied du mur, ce qui ne serait pas le cas sans elle.


        • John Lloyds John Lloyds 3 février 2009 14:46

          désolé, pb de copié :

          K c’était en réponse à : " satisfaire les besoins primaires de tous et ils deviendront de gros , gras , feignants !!"

          L’auteur à : "si l’individu tente de s’extraire du processus de mécanisation il est immédiatement catalogué hors machine et stigmatisé en tant que tel"


        • ddacoudre ddacoudre 3 février 2009 13:44

          bonjour flibustier

          Cette question à toujours été d’actualité, le débat est moins le jouralisme ést-il mort que ést-il en colusion d’intérêt.

          dans la masse énorme d’informations qui circulent par toute la presse,et toute la radio, il y a pratquement que de bons journalistes, même dans ceux qui remplissent les colonnes de blog de toutes sortes. être d’accord avec ce qu’il raconte est autre chose, choisir dans les milliard d’informations celles qui serons l’objet d’une diffusion dans la presse nationnale est une autrechose. pour analyser cela il faut aussi tenir compte du cadre de pensé dans lequel nous évoluons et les pouvoirs en place.

          ensuite la télé nb’est pas un organe d’information, le journal télévisé, puisque c’est de cette information dont l’on parle est la plus mauvaise q’uil puisse être, c’est du flash émotionnel souvent supporté par des montages de documentaire "frauduleux de la vérité des fait qu’ils se veut rapporter, pour aller j’usqu’a la tromperi pour coller des images de faits passés collés à une réalité du moment semblable pour lui donner un accent de vérité.

          malheureusement c’est celle qui est présente dans 90% des foyers et qui par un effet loupe laisse penser que chacun est atteind par l’événement individuel survenu.

          elle est conforme à peut prés a tous ce quise fait dans les autres pays occidentaux, elle ne donne pas d’information, elle fait de la théatralisation. et comme nous sommes semsible à cela, parce que nous aimons le spectacle, parce que écouter demande moins d’effort que lire, parce qu’elle rapporte beaucoup d’argent en pub
          à l’heure du JT, parce que c’est un enjeu de pouvoir de controle des masses, parce que elle s’adersse à tous les niveaux intellectuel de la population, nous avons là des potiches qui déclament dans leurs structures inféodées aux intérêt privé ouù public dont il dépendent une information éroné de la réalité du monde, et nous aimons tristement cela car c’est bien mis en scène. elle devrait être essentielle parce qu’elle touche tout le monde et la plus part du temps c’est du fait divers de la météo, du sport qui pourrait être sorti du JT dans des rubriques a cet effet avant ou aprés pour l’aisser les informations aux événements de la vie publique sociale et politique nationnale et internationnale.

          sauf qu’il est clair que les détenteurs de cette machine à fagociter les esprit ne l’entendent pas de la m^me manière, puisque la lutte pour l’information à toujours été une lutte de la manipulation de l’information.

          qu’un événement singulier est un retentissement nationnal, n’est pas le problème le problème est que les responsable des chaîne veulent que les français se reconnaissent dans cette inforation, qu’elle parle de leur vie faute de parler d’eux, pourvu qu’avant est aprés ils puissent vendre leurs publicité, et les journeaux nationnaux se
          colle a cette struture que l’on retrouve dans tous les pays, car elle permet un léssivage intellectuel, et conforte la pensée unique.

          le problème est plus politique qu’humain.

          cordialement.


          • Flibustier 3 février 2009 14:00

            D’accord avec le fait que le média de masse choisit souvent le registre émotionnel. Mais c’est bien sûr une coquille vide enrobée de mensonges.

            Vous dîtes que le problème n’est pas humain, il est politique... Au contraire je crois que c’est l’humanité qui accompagne la vérité. A la machine on oppose notre humanité et tout s’écroule, un rouage pète, les shadocks arrêtent de pomper et de nous pomper l’air.


          • Üriniglirimirnäglü Üriniglirimirnäglü 3 février 2009 14:16

            Un philosophe disait que le malentendu, le je ne sais quoi et le presque rien, c’était la vie (je schématise peut-être un peu).

            Tout ce qui est ordonné, calculé, pesé, mesuré, froid, rigide est... la mort.

            Le grain de sable est donc absolument nécessaire à la vie.

            Le sabotage qu’il représente est à lui seul porteur de germes de vie.

            Hu-ma-ni-té ! pour paraphraser l’autre...


            • zelectron zelectron 3 février 2009 14:26

              Philip K. Dick représentait un courant de la SF un peu à part, je serais étonné que plus d’un pour mille des journalistes ne l’ai lu. Je crains comme vous que le métier de journaliste ne devienne fou !


              • Flibustier 3 février 2009 14:31

                Philip K. Dick a toujours rêvé qu’on le traite en écrivain, et non en écrivain de S.F... Mais je crois qu’il est de toute façon entré dans la littérature générale par la grande porte avec Le Maître du Haut Château, et bien d’autres... Chez lui le décor SF n’est qu’un prétexte.


              • worf worf 3 février 2009 14:28

                encore hier, dans une émission, on nous montre un reportage sur la future construction d’une nouvelle centrale nucléaire et le commentaire nous annonce que :"cette installation fait l’unanimité dans la population !" ont ils été questionner TOUS les habitants de la région pour connaître leur avis, bien sur que non ; un élu local, un maire, un commerçant et cela suffit. A la fin du reportage, ils interviewent 2 représentants verts qui militent contre cette implantation, elle est belle l’unanimité !
                Et c’est bien trop souvent comme ça : les français veulent ceci, les américains ont fait cela au lieu d’être plus clair et plus précis : les français présents veulent ceci, le gouvernement actuel américain fait cela par ex !
                On généralise, on englobe, on simplifie chaque chose, sujet, individu !


                • abdelkader17 3 février 2009 17:57

                  "le journalisme, c’est rendre intéressantes des choses importantes, pas l’inverse."
                  Serge Halimi


                  • joelim joelim 3 février 2009 18:33

                     Vous dîtes que le problème n’est pas humain, il est politique... Au contraire je crois que c’est l’humanité qui accompagne la vérité. A la machine on oppose notre humanité et tout s’écroule, un rouage pète, les shadocks arrêtent de pomper et de nous pomper l’air.

                    Pour moi c’est un problème à la fois humain et politique. Plus exactement, c’est un problème humain qu’on devrait essayer de régler par la voie politique. C’est-à-dire : trouver des solutions législatives, les rédiger, les valider, les faire comprendre aux élus, leur demander de s’en occuper au lieu de ne rien faire à ce sujet comme maintenant.

                    Quelle autre solution ? La révolution des journalistes ? Un par un ils se font réprimander ou lourder dès qu’ils montrent des vélléités d’indépendance. Comment leur en vouloir ? Cette solution me paraît utopique, les industriels et marchands d’armes qui gouvernent les principaux médias n’ont qu’à couper les têtes qui dépassent au fur à mesure et puis c’est tout.

                    Mais la solution politique me paraît également difficile à mettre en oeuvre. En effet, quel que soit leur discours et leurs intentions formulées, il semble clair que beaucoup de politiques, élus ou cooptés, à partir d’un certain niveau de "pouvoir", agissent plus dans l’intérêt des puissances financières et industrielles, que dans l’intérêt des gens sur qui pourtant ils fondent en principe leur légitimité. Le principe démocratique quoi, qu’ils ne semblent pas avoir bien compris (exemples ; l’Europe et les OGMs, les Français et la presse, les interventions économiques de sarko, etc., etc.).

                    Je vois une troisième solution, la solution douce, inéluctable, et profonde, résultant des nouveaux moyens de communication : la solution sociétale. Plus les médias seront morcelés (ex : les nouvelles chaînes télé tel iTélé, par définition le ouèbe, etc.), plus il y aura d’espace de liberté pour aborder les choses plus objectivement. Et ainsi, attirer les téléspectateurs qui, même s’ils sont parfois un peu lobotomisés, sont toujours des êtres humains, donc potentiellement intelligents et capables de recouvrer leur libre-arbitre en choisissant leurs sources d’information par des critères qualitatifs plus qu’émotionnels. Pour changer.

                    Tant la télé (la cohorte de chaînes) que le web présentent ce morcellement à mon avis favorable à la démocratisation des médias, qui est l’objectif de fond lié au problème abordé par cet excellent article. Par contre la presse écrite semble mal barrée, il y a bien des voix indépendantes mais elles sont souvent très bcbg (marianne par ex.) / chic parisien / les banlieues ch’sais tout sans y avoir mis les pieds.

                    Par ailleurs il est bon de rappeler qu’il est particulièrement scandaleux et inique de se servir du contribuable pour faire surnager des organes de presse écrite tels que ceux que l’on a. L’UMP, oubliant son libéralisme idéologique, fait du collectivisme dès qu’il s’agit de sauver la "presse de la pensée unique". Comme par hasard... Nous sommes de pauvres oies que l’on gâve de leur propre chair. smiley 

                    Que la presse de la pensée unique crève. Le jour de son enterrement sera une bonne journée.


                    • bobbygre bobbygre 3 février 2009 18:53

                      Merci pour votre article. Vous écrivez :

                      nous devons maintenant exiger clairement et fortement que l’humain jaillisse dans les médias de masse. En laissant passer la vérité, en sabotant patiemment le contrôle de la machine, en apportant son petit grain de sable dans le rouage.

                      Mille fois raisons. La lutte commence par soi-même, elle commence par des actes insignifiants ou minimes qui en améneront d’autres, qui en susciteront d’autres chez vos collègues, voisins, amis, etc...

                      En tout cas, cher auteur, vous n’êtes pas seul dans cette logique.


                      • Flibustier 3 février 2009 20:37

                        Pour dissiper tout malentendu je parle de lutte par l’empathie et l’humanité, la capacité de ressentir ce que mes actions peuvent faire subir aux autres, dans leur simplicité mécanique.


                      • Flibustier 3 février 2009 20:34

                        Encore quelques éléments dickiens sur le sujet.

                        Dans Siva, le monde est sous le joug de l’Empire, qui est "une force maligne et esclavagiste modelée par un esprit dérangé (privé de sa contrepartie saine)". Encore une référence à la folie collective, et à cette absence de quelque chose.

                        C’est certainement dû à son horreur du régime de Nixon, mais il me semble que K Dick nous montre là toute son actualité.

                        K Dick croit fermement au rédempteur, qui est généralement une figure incarnée par un être banal, vous ou moi, opposé à des univers angoissants... Encore une citation de La Vérité avant-dernière pour l’univers angoissant :

                        " Vos vies sont incomplètes [...] Vous avez faits de nous des barons dans leurs baronnies, leurs châteaux, et vous êtes les Nibelungen, les nains au fond des mines ; vous travaillez pour nous."

                        Mais l’empathie (trait humain par excellence pour K Dick) représente l’espoir :

                        "L’autre terme de l’alternative... Comment y accédait-on ?
                        Par l’empathie. En se raccrochant les uns aux autres, non pas de l’extérieur, mais de l’intérieur."


                        • nervyoko nervyoko 4 février 2009 01:10

                          "Que serait l’individu dans un paradis sans opposition à ses talents ? Un simple pudding gluant."

                          Pour moi ce serait un "outrage intellectuel" et une ennuie mortelle. C’est un peu ce que l’on est en train de vivre en ce moment. Certe , je ne regarde que peu la télévision, mais pour le peu que je regarde, les informations traitées par les journalistes actuels manquent cruellement d’originalité, la plus part du temps ce sont des informations avec une vision partielle et ce, identiques sur toutes les chaînes classiques !

                          Ce qui me touche le plus dans les informations des classiques 20H, c’est la pauvreté et les choix arbitraires des sujets abordés. En effet , par opposition aux informations collectées dans la "toile" (1), ce "temple" de l’information que sont les 20h de TF1, france 2 ..." (2) parlent d’une seule et même voix , monotone et pauvre. C’est le pari des chaînes que de proposer les mêmes sujets ?
                          A ce titre, parfois, j’ai l’impression que le "pauvre journaliste" présentateur au sourire "ultra-bright" subit la rédaction...ministérielle ou de la direction ? Quoi que... la banalisation des expressions et le ton partial sont, dirait-on une "nouvelle culture" journalistique(j’ai horreur de ce terme, journalistique, je trouve que ça fait con).

                          Ce que je regrette, c’est que justement, les informations soient traitées d’une seule et même façon, globale. Il manque la "personnalisation"sans être impartial et la "pertinence" ou l’"impertinence" de l’individu, cette personne "unique". Avec au tant de journalistes et donc d’individualités, la diversité et les choix pourraient être plus vastes et donc plus complètes au niveau de l’information. Les contradictions et les sujets abordés feraient alors cas de discussions et donc d’esprit plus critique. Tout le contraire, en somme de la pensée unique, n’est ce pas ? smiley

                          salutations, bon article smiley


                          (1) information active
                          (2) information passive


                          • Senatus populusque (Courouve) Courouve 7 février 2009 10:11

                            Le journalisme est devenu la police de la parole.

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