Quid du MoDem après son université d’été ?
Le paysage politique au-devant du Mouvement Démocrate a changé après l’Université d’été de la Rochelle du PS. A Royan, rien de nouveau : Sarkozy partout, division nulle part (sauf pour le RSA, sauf pour Karoutchi, sauf pour le Sénat...) et tout le monde s’aime, Fillon est merveilleux et le chef est le chef qu’il faut. Le Nouveau Centre pique une crise d’indépendance car Morin s’interroge début septembre à propos d’Edvige, et se met remettre justement à sa place (non qu’elle ait raison sur le fond) par MAM car elle lui dit qu’il aurait pu lui téléphoner. Les mauvais esprits pourraient lui répondre à MAM, qu’on ne voit pas pourquoi ils se téléphoneraient étant donné qu’ils étaient ensemble aux mêmes conseils des ministres qui ont parlé d’Edvige. Sans doute est-ce la technique sarkozyaque comme le guide qui est à Pékin en plein drame de la Géorgie et qui ne trouve pas le temps de parler à Poutine, mais bien celui de lui mettre son fils dans les bras.

L’avenir d’un mouvement politique ne se résume pas à son seul destin isolé de tout, du contexte national, du contexte international et de la vie des autres partis politiques. Sans faire de mauvais procès le PS a un problème. Actuellement quatre candidats (parmi les 13 ou 15 déclarés) vont se présenter à Reims pour la tête de ce parti par ordre alphabétique : Aubry, Delanoë, Moscovici et Royal. On a vu des associations qui sentent le soufre comme Fabius Aubry. Ce qu’il ressort, semble-t-il, c’est une espèce de division tant sur le choix du leader, que sur celui des alliances futures (Peillon se disant prêt à étudier un rapprochement avec le MoDem), et que sur le fond idéologique de ce parti : plus à gauche ou plus à droite, ou plus socialiste (?). Cette division qui brouille le futur du PS, sans que l’on sache aujourd’hui si un nouveau leader en fera une force (la richesse d’opinions diverses) ou ne pourra pas s’en sortir et fera sombrer ce parti comme le New Labour de l’autre côté de la Manche, ouvre un espace au Mouvement Démocrate. Du côté de l’UMP, l’unité de façade, à mon avis ne tiendra pas lorsque la colère nationale sera trop grande.On oublie un peu trop souvent que l’UMP ce n’est pas le RPR (même s’il se comporte comme tel, et même si c’est en fait le RPR qui la dirige) c’est que cette formation hétéroclite a été fondée après le choc de 2002 et la victoire stalinienne de Chirac. C’était, rappelez-vous, l’Union pour la Majorité Présidentielle. Tous derrière et un devant. L’auberge espagnole. Mais qu’y a-t-il de commun entre Méhaignerie, ancien responsable du CDS et Devedjian ancien d’Occident ? Je peux me tromper, mais cette maison, faite de paille et de fer, va un jour se fissurer. Son nombre d’adhérents est tombé selon leurs propres chiffres de 330 000 à 220 000 (et cela démontre que, le CD de Carla se vendant à seulement 78 000 exemplaires, tous les militants ne l’ont pas acheté...). Pour terminer avec ce tour d’horizon, un mot du Nouveau Centre. Alors que Morin promettait à ses troupes de vider l’UDF à son profit, alors qu’il a des moyens en élus (23 ou 24 députés), des moyens financiers volés grâce à un accord avec le Fetia Api qui lui rapporte 900 000 euros alors que ses résultats électoraux aux législatives ne lui permettaient pas de toucher un flèche, il revendique 8 000 adhérents (avec cousins et cousines, chauffeurs et secrétaires, oncles et tantes, épouses, époux, gendres et belles-sœurs) a réuni péniblement 700 personnes. Morin voulant faire le beau s’interroge sur le fichier Edvige. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Car on ne s’interroge pas, on condamne. Ensuite, il a peut-être oublié qu’il est ministre et qui plus est celui de la défense, et il ne va pas nous faire croire qu’il ignorait ce qui se passait pour ce fichier et enfin sa volonté de faire le Il est libre Max, se fait remettre à sa place par trois phrases et un sourire en coin. Allez, hop à la niche le Morin et la queue entre les pattes. On peut raisonnablement penser que le Nouveau Centre est voué aux oubliettes de l’Histoire et à l’action résiduelle proche du niveau zéro du mouvement brownien.
Le problème du Mouvement Démocrate seront les médias. En effet, hier soir aux deux télévisions principales : France 2 et TF1, on a traité cette université d’été de trois phrases alors que Royan avait droit à, notamment sur France 2, une belle propagande : deux reportages, et Bertrand comme invité principal. Et dans la presse, à part Le Monde, qui pour une fois a présenté les choses plus équitablement, les autres ne parlent en majorité que d’un soi-disant appel au rassemblement avec le PS faisant écho à l’appel de Peillon. Vous aurez plus bas la vidéo du discours de Bayrou, vous pourrez juger par vous-mêmes. Le discours de Bayrou n’a pas varié : réunir toutes les bonnes volontés pour remettre la France dans une autre direction. De résumer le discours du MoDem à cette alliance avec le PS a de nombreux avantages : court-circuiter le débat des idées, simplifier les choses et de ce fait monter contre Bayrou d’un côté certains socialistes, et évidemment de l’autre les électeurs UMP avec le discours facile : vous voyez Bayrou n’est pas au centre il est à gauche. Et cela est bien sûr un raccourci faux.
Que s’est-il donc dit à cette université d’été ? Tout d’abord il faut revenir sur un point important qui est le nombre de participants : 1 700, ce qui est incontestablement un succès. Cela prouve que contrairement aux dires et espoirs de beaucoup, le MoDem vit toujours et après trois élections difficiles les fuites annoncées ne sont pas si importantes et surtout si graves que cela. Et même au contraire, comme Devedjian le souhaitait, cela a peut-être permis de nettoyer les écuries d’Augias de ceux qui avaient pour conviction celle du vent dominant. Il y a eu des ateliers qui ont semblé être de grande qualité avec certains ouverts aux adhérents afin qu’ils expriment leurs opinions, leur desiderata, et une section réservée à internet et une fédération web. Il y a eu aussi une surprise comme l’invitation d’auteurs de romans policiers pour écouter leur éclairage sur la société et la politique dont Fred Vargas, comme également l’intervention de journalistes : Mauduit, Kahn et Schneidermann.
Pour Bayrou les piliers de ce Mouvement sont de divers ordres : la résistance et les repères. Dans une société qui part à la dérive, il faut à la fois résister à cette dérive tout en servant de repères. Il faut aussi s’opposer et proposer les deux faces d’un parti qui se trouve clairement dans l’opposition à un système que met en place Nicolas Sarkozy dont le nom est l’arbitraire et là où l’arbitraire progresse, la liberté régresse. Il a cité quatre exemples : Edvige, le financement du RSA qui épargne les plus riches, l’affaire Tapie et le crime de lèse-pelouse du jardin corse de Jacquouille. Le Mouvement Démocrate se met en position d’être un opposant frontal à la société injuste et arbitraire qui se met en place. Mais s’opposer est un peu court, comme aurait dit Cyrano, il faut deux compléments : proposer et se rassembler. En ce qui concerne les idées il faut attendre un peu, le temps de collationner toutes les interventions pour en faire un état juste. On peut dire, cependant, que les grands sujets ont été abordés comme la justice, la solidarité, l’Europe, l’économie, les libertés, la démocratie, l’écologie, l’Afrique, les injustices nationales et mondiales... Des propositions ont été faites. Par ailleurs Bayrou est en cours d’écriture d’un livre dont le titre devrait être Quo vadis. Car il se pose la question de savoir où l’on va. Quant à rassembler, les journalistes ont fait le raccourci dont j’ai parlé plus haut. Le discours est le même depuis les présidentielles : l’état de la France nécessite de faire taire les querelles inutiles et que se rassemblent les bonnes volontés qui croient en la démocratie et non en un pays transformé en une royauté avec une cour (Le Monde) : "J’aurais imaginé bien des choses sur la République, mais pas de voir à la sortie d’un conseil des ministres, les ministres de la République, s’étant vu remettre un disque d’une sympathique chanteuse de variétés, être obligés d’en faire la publicité au bas du perron de l’Elysée", a ironisé le président du MoDem, dimanche. Estimant que les ministres avaient été "obligés de faire la publicité" du disque de Carla Bruni – "une œuvre sans doute importante, mais qu’il n’est toujours pas question de mettre au programme des écoles !" – François Bayrou a dénoncé l’"extraordinaire ambiance de cour" qui règne à l’Elysée. "Et tout ça n’est pas un hasard". C’est "parce qu’il faut se mettre dans les petits papiers de ceux qui ont le pouvoir suprême", a-t-il ajouté. –(Avec AFP.)
"Le rassemblement suppose d’accepter la différence" et "s’il le faut la concurrence", a expliqué le président du MoDem et ancien candidat à la présidentielle. "Le jour où l’alternance sera à l’ordre du jour, la question sera celle de l’efficacité", a-t-il ajouté, soulignant que "toute victoire électorale suppose des rassemblements". "Nous aurons bien besoin les uns des autres le jour où il s’agira de construire ensemble (...) Je sais bien qu’il n’est pas facile de passer des frontières, mais c’est en passant des frontières qu’on bâtit des pays pionniers", a poursuivi M. Bayrou devant les quelque 2 000 militants qui avaient fait le déplacement.
"Je sais que ça représente un effort", a-t-il poursuivi, regrettant que "jusqu’à maintenant, la règle en France c’est de ne parler qu’avec les gens qui sont d’accord avec vous"."Quand je vois des concitoyens qui ont eu jusqu’à maintenant un parcours, un engagement, une filiation qui n’était pas la mienne, je ne vois pas en eux des ennemis, des adversaires ou des étrangers, je vois des concitoyens", a-t-il encore fait valoir, en référence aux présences de l’ancien ministre socialiste Hubert Védrine et de la romancière Fred Vargas.
UN "PROJET DE CONFRONTATION" POUR 2012
Celui qui veut faire du MoDem une "force de résistance" s’en est pris à l’"arbitraire" de certaines décisions gouvernementales récentes, notamment celles concernant Bernard Tapie, la création du fichier Edvige ou encore le limogeage du chef de la sécurité en Corse, Dominique Rossi, pour "crime de lèse-pelouse de copain de sa majesté".
En vue du scrutin de 2012, M. Bayrou a présenté certains axes du "projet de confrontation" qu’il défendra. Ce projet entend favoriser la "création" au niveau des entreprises, des chercheurs et des artistes, propose "une réforme fiscale de grande ampleur qui favorise l’initiative et le risque" et instaure le "prélèvement à la source" de l’impôt sur le revenu, a-t-il expliqué, reprenant les principaux thèmes de sa campagne en 2007 : "séparation des pouvoirs", "loi électorale juste" ou encore indépendance des médias et de la justice.
Le dernier point important c’est que la structuration du MoDem est en voie d’achèvement. Cela ni n’a été simple, ni n’est fini, et cela ne veut en aucun cas dire que tout est parfait, mais le 27 septembre auront lieu partout en France l’élection des responsables départementaux avec des conseils départementaux et des équipes dirigeantes. C’est seulement à partir de ces élections que le Mouvement pourra commencer à s’organiser et à mieux travailler structurellement. Les municipales n’ont pas réussi, et même avec l’aide du château, a enterré le Modem qui a une cohérence bien plus forte que ne l’ont ni le PS ni l’UMP et qui a un leader que l’on écoute bien au-delà de son parti et qui se trouve toujours parmi les personnalités préférées des Français et de celles à qui ils souhaitent voir jouer un rôle à l’avenir. Ce qui a aussi transparu c’est la richesse et la diversité des adhérents et l’apport incontestable du mouvement écologique CAP21 de Corinne Lepage qui permet d’ancrer le MoDem dans la nécessité du développement durable.
Blog de l’université d’été
36 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON