Ras-le-bol des chroniqueurs malsains
En ce doux matin ensoleillé, le rituel est identique à chaque matin : j'allume mon ordinateur, je me sers un café, et je « feuillette les pages » des innombrables journaux en ligne, en écoutant la radio d'une oreille distraite. En arrivant sur le site du journal Le Monde, mon regard se porte instinctivement sur la colonne située à droite, au sein de laquelle défilent les articles qui attirent le plus l'attention des internautes (cf. « articles les plus partagés »). En tête de gondole, je tombe avec surprise sur l'article intitulé « Marine Le Pen soutient Eric Zemmour après sa chronique sur Christiane Taubira » (Le Monde.fr, 28/05/2012). Pourtant, ce n'est pas tant l'article (assez limité et relativement peu objectif) qui m'intéresse – et me donne envie de prendre la plume – que les innombrables et incroyables commentaires des abonnés du site d'informations susnommé. En effet, il me paraît de plus en plus évident que l'orage électoral de cette année 2012 et l'affrontement hollando-sarkozien a conduit un nombre exponentiel d'individus à proclamer haut et fort leurs opinions sur les réseaux sociaux et les sites d'information, en stigmatisant continuellement les « adversaires » qui osent avancer des idées antagonistes aux leurs. Or, il est communément admis que les notions de liberté de parole et de débat citoyen sont hautement salutaires pour toute démocratie qui se respecte, de la même manière que l'usages des NTIC permet de les favoriser considérablement (cf. Jenkins Henry, Convergence Culture : Where Old and New Media Collide. New York : New York University Press, 2006), mais il n'en demeure pas moins que, nous autres, banals citoyens que nous sommes, nous devons d'entretenir un débat participatif fondé sur des arguments raisonnés et raisonnables, et non sur de belles tirades subjectives et injustifiées accusant – à tort ou à raison - la droite et/ou la gauche d'être la cause de tous les maux de notre société, telle que la suivante : « Zemmour n'est pas raciste, il s'agit ici encore d'un procès de gauchistes qui prétendent penser le bien (pour les autres) qui s'attaquent à lui. Pourquoi réfléchir et débattre quand on peut tuer la discussion en exagérant, en le qualifiant presque de Suppôt de Satan ! La France n'est plus la France, depuis que la gauche a tué la liberté d'expression, la liberté de penser, la liberté de réfléchir, la liberté de comparer... ».
Par conséquent, au lieu d'adresser une réponse à cet internaute, qui pourrait paraître encore davantage injustifiée (et que ce dernier ne manquerait pas de percevoir comme une attaque directe de ma part à son encontre, et à son intellect), je me suis forcé à coucher les idées sur le « papier », et à décharger mon énervement croissant sur les touches de mon clavier, au lieu de la décharger sur mes concitoyens, tentant de formuler maladroitement quelques idées, qui seront nécessairement perçues par certains comme d'autant plus maladroites. Pour en revenir de manière spécifique à cet article concernant Eric Zemmour, de nombreux individus pointent du doigt le manque d'objectivité du journal Le Monde (une dénonciation constante depuis les dernières élections, même s'il faut relativiser, en effet, ce n'est pas comme si Le Figaro, Le Point, ou de nombreux autres médias étaient d'une objectivité à toute épreuve), alors que d'autres tendent à percevoir le principal intéressé comme un génie de la provoc'. Cela serait à mourir de rire si ça ne cachait pas quelques velléités haineuses, que nous fais subir le même Zemmour chronique après chronique (tant chez Ruquier que chez les autres) : après Dieudonné « l'humoriste incompris », Zemmour « le roi de la provoc' », que l'on tente de faire passer pour le Stéphane Guillon de l'année 2012.
Toutefois, en ce qui me concerne, la magie n'opère pas (n'est pas Guillon qui veut) : à mes yeux, Zemmour est loin d'être « cet homme cultivé, intelligent, qui aime provoquer » (un commentaire parmi les autres, disponible sur Le Monde.fr), ou ce héraut de la liberté d'expression qui « ose s'opposer aux sectaires et aux esprits étriqués formatés par le marxisme ambiant ! » (idem.), mais il serait davantage un homme dénué de talent qui aime bien s'amuser à balancer une ou deux répliques bien senties contre les personnes qui savent se montrer plus mesurées, modérées, intelligentes, raffinées et cultivées que lui-même, qu'il catégorise généralement et maladroitement comme « bobos », ou « représentants de la gauche caviar ». Je ne démens absolument pas l'existence de ces mêmes individus détestables (à l'image du fringant B-H. L.), je ne suis pas journaliste et ne prétends pas l'être, mais au nom de tous les saints, que l'on arrête d'applaudir cet incapable de Zemmour qui ne fait que son boulot, et qui le fait mal en plus. Certes, sa chronique sur C. Taubira ne méritait pas un tel battage médiatique et une telle ire, mais cet homme a bel et bien prouvé par le passé qu'il n'avait aucune idée fraîche à apporter au sein de l'espace médiatique, ou au contraire, qu'il a toujours eu quelques idées dangereuses – et quelques conneries haineuses - dans sa besace : il fut notamment condamné en 2011 pour « provocation à la haine raciale », il est également convoqué au tribunal de grande instance de Paris, mardi 29 mai 2012, pour « diffamation » à l’encontre de Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN). Fin 2008, E. Zemmour écrivait – à son propos - dans l’hebdomadaire Vendredi : « Ainsi, Patrick Lozès, président du CRAN, a déclaré : « Obama est notre président », ce qui prouve que la solidarité raciale est supérieure, à ses yeux énamourés, à la solidarité nationale (...) », une « brillante déduction » de la part de Zemmour qui offre un beau spécimen du talent et de l'intelligence que certains prêtent, et avec conviction en plus, au chroniqueur de RTL.
DUSSEAUX Damien
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