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Accueil du site > Tribune Libre > REACH : mais que fait la presse française ?

REACH : mais que fait la presse française ?

Que savons-nous du projet de loi européen REACH, visant à mieux contrôler les substances chimiques utilisées dans les produits de notre quotidien ? Pourquoi nos voisins européens sont-ils mieux informés que nous ?

Il y a quelques mois les Français rejetaient massivement la proposition de constitution européenne, doutant de l’Europe et de ses capacités à leur garantir un avenir radieux. Alors on a cherché des coupables et dénoncé le manque de communication sur le sujet « Europe ». Car il est vrai qu’elle peut faire peur et semble éloignée des préoccupations quotidiennes de nos concitoyens, que ses institutions « pachidermiques » donnent l’impression de se mouvoir lentement et que leurs barrissements ne peuvent atteindre les oreilles des Français.

Mais il n’en est rien ! Car il est temps que les Français regardent la réalité en face, et entendent que les décisions qui sont appliquées au niveau national viennent désormais des instances européennes. Qu’on leur explique comment tout cela fonctionne, et qu’on leur présente les projets positifs mis en place par l’Europe ! En effet, lorsque l’Europe se mobilise, elle peut être forte, et redoutablement efficace pour le bien de ses administrés.

Le dernier projet en date me pose plus de problème, non pas sur son objectif mais en raison du silence qui l’entoure et de l’absence de relais informationnels.

Depuis plusieurs mois, le projet REACH (Registration Evaluation and Authorization of Chemicals), travail législatif de réglementation des produits chimiques, dont le but principal est d’obliger les entreprises à soumettre leurs produits à des tests et à des contrôles pour évaluer les risques sanitaires pour les consommateurs, est attaqué de toutes parts, par le lobbying forcené des entreprises concernées. De plus, il est essentiel de rappeler que l’évolution de ce projet est suivie de près aux Etats-Unis, que ce soit au niveau local et notamment en Californie, qui souhaite désormais un meilleur contrôle des produits chimiques potentiellement dangereux, qu’au niveau fédéral avec des propositions proches de l’esprit de REACH. C’est dire que le sujet est important !

Et pourtant, pendant que les institutions européennes travaillent pour préserver le consommateur des effets toxiques des produits de son environnement familier (produits de beauté, cosmétiques, produits d’entretien, peinture...) que savons-nous en France de ce projet ? A l’exception de quelques lignes ou citations sporadiques, je n’ai pas l’impression que l’on ait mesuré l’impact d’un allègement d’une telle mesure. On nous explique que les cancers augmentent, que les allergies apparaissent de plus en plus tôt, sans établir la corrélation avec notre environnement.

Alors que fait la presse française ? Attend-elle que le projet soit validé pour en parler et analyser les méandres des décisions européennes, en concluant que l’éléphant a une fois de plus, accouché d’une souris ? Ou bien va-t-elle assumer le rôle qui lui incombe, c’est-à-dire informer, voire sensibiliser les Français, leur ouvrir les yeux sur des sujets dont ils n’auraient pas toute la maîtrise ? REACH en fait partie, et au moment où ce projet est de plus en plus fragilisé et où les tests et contrôles s’annoncent moins stricts que prévus, j’ai l’impression de ne rien voir ni entendre dans nos médias.

Oui, les ONG et les Verts se mobilisent, mais la presse, quels éléments transmet-elle pour que nous tentions de nous faire une opinion objective et puissions assumer notre rôle de citoyen ?

Alors pour information, sachez que c’est en octobre 2003 que la Commission européenne proposa ce projet, nous sommes en 2005 ! Plus proches de nous, le 4 octobre prochain, la Commission de la santé se prononcera sur le projet de loi, qui sera soumis, en novembre, en première lecture au Parlement européen.

Jeu de mots facile, mais il me semble que to reach en anglais veut dire atteindre, et dans le cas qui nous préoccupe, atteindre qui, quoi ? Ainsi REACH mériterait d’avoir toutes les attentions de nos concitoyens car il en va de leur santé, tout simplement.

La Barbe bleue-chimie menace, et notre sœur Anne-presse ne voit toujours rien venir !!!

Quelques liens utiles des différentes parties :

REACH  : Santé et environnement par le Comité permanent des médecins européens

Les bébés pollués via le cordon ombilical

REACH : cartes postales pétition

VIGITOX

REACH : Londres espère obtenir un accord en novembre

La proposition REACH sensiblement amendée par deux commissions du Parlement

Cefic : Outcome of votes in European Parliament Committees is a step in the right direction for REACH

REACH (Registration Evaluation and Authorization of Chemicals)


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8 réactions à cet article    


  • Marine (---.---.182.52) 23 septembre 2005 20:10

    C’est navrant ! Et après on s’étonne que la presse française aille mal !!


    • NELYNE (---.---.103.221) 24 septembre 2005 08:00

      Permettez moi de vous repondre en disant : " heureusement que la presse française ne polémique pas sérieusement sur une extension européenne réservée aux SPECIALISTES de LA CHIMIE Laissez les competences travailler Il sera temps aux commissions EU et aux scientifiques de présenter les benefices/risques de REACH SVP ne « tomber » pas dans les jeux malsains et mediatiques de Greenpeace, Vigitox (leur site) le WWF,et aller plutôt voir et intéresser vous aux organismes COMPETENTS tels que L UIC, le CEFIC , La DG ENTREPRISE et ENVIRONNEMENT , l AFSSET, L IDDRI, L AFSSaPS, L EMEA ,...Voir leurs sites WEB Merci de votre attention Un docteur es sciences KS


      • Marine (---.---.182.52) 24 septembre 2005 10:45

        Nelyne, ce n’est pas à l’industrie de la chimie de faire les lois. De plus informer n’est pas à ma connaissance un synonyme de polémiquer !


        • raslacasquette (---.---.24.123) 24 septembre 2005 15:53

          alors comme ça il faudrait faire confiance à des organismes tels que l’AFSSAPS par exemple avec ses 65 personnes y siègeant et dont 415 (62,4%) déclarent des intérêts avec les labos ? Certains labos poussent même le vice à être présents pas moins de 35 fois par l’intermédiaire de personnes siégeant à l’agence !!!! Heureusement que des organismes INDEPENDANTS tels que Greenpeace réagissent afin de faire face aux mastodontes de l’industrie ! Ils sont indispensables dans une société où règne le politiquement correct.


          • raslacasquette (---.---.24.123) 25 septembre 2005 14:23

            Petit rectificatif à mon mail précédent ; il fallait lire 665 personnes siègeant à l’AFSSAPS et non 65 personnes. J’en profite pour préciser que cette source est tirée du livre de Thierry Souccar & Isabelle Robard « Santé, mensonges et propagande, arrêtons d’avaler n’importe quoi » publié au Seuil en 2004.


            • (---.---.126.1) 26 septembre 2005 17:27

              Tout citoyen (le cas présent citoyen de l’UE), ne peut qu’adhérer à un projet tel que REACH ... qu’il soit industriel, boucher, peintre, quelque soit son horizon.

              Quelque chose me gêne toutefois à la lecture de votre « article » : vous semblez ne pas réellement connaitre l’objectif de REACH.

              Pour se replacer dans le contexte européen, il est bon de faire un point sur les réglementations précédentes :

              avant 1981 : toute substances produite ou importée en UE devait être identifiée par un numéro (EINECS) depuis 1981 : toute substance produite ou importée doit être enregistrée (ELINCS). La constitution d’un dossier, basée sur le tonnage produit ou importé, réclame toute une floppée de tests (plus le tonnage est important, plus les exigences en terme de tests sont grandes). Chaque producteur ou importateur se doit de faire un dossier ... Un grand nombre d’animaux est donc utilisé pour tester ces produits. Les substances enregistrées sous ELINCS seront considérées comme enregistrées sous REACH puisque le niveau d’information sera le mm.

              Actuellement 30 000 substances produites ou importées à plus de 1 T/an circulent en UE. REACH aura donc pour vocation de mieux connaitre ces substances (ainsi que toutes les nouvelles substances produites ou importées après l’entrée en vigueur du réglement).

              Les buts de REACH ? Mieux connaitre les produits pour mieux protéger la santé Humaine, l’Environnement, rationnaliser les tests sur les vertébrés TOUT EN (détail que vous avez omis et qui est beaucoup plus qu’un détail) préservant la compétitivité des entreprises européennes, ainsi que leur capacité d’innovation.

              Connaissez vous le fonctionnement de REACH ? Avez vous lu les 1200 pages de la proposition de réglement ? Que savez-vous de la stratégie de la Commission Européenne pour la période intérimaire ?

              Si ce n’est pas le cas, je vous invite très fortement à y jeter un oeil pour vous rendre compte d’un certain nombre de choses ...

              Le 5 Juillet 2005, le rapport de l’initiative SPORT (Strategic Partnership Operating REACH Testing) a été rendu public. Je vous invite encore une fois à le lire. Cette initiative tripartite (Industrie, Commission Européenne, Etats Membres), a permis de simuler la praticabilité de REACH pour les phase d’enregistrement et d’évaluation. Voici ce qui en ressort :

              meme en développant de nouveaux outils (cas des RIPs (REACH Implementing Projects), autre travail de la Commission Europenne), REACH dans son état actuel ne fonctionnera pas sans des changements plus ou moins profonds.

              Ce que les industriels réclament ? Tout d’abord, ils sont favorables à une réglementation qui tiennent ces objectifs, sont favorables aux objectifs, mais souhaitent une réglementation qui puisse etre mise en oeuvre.

              Moi aussi, citoyen européen, je m’inquiete des questions ayant trait à la santé et à l’environnemment. Je m’inquiete aussi des questions ayant trait à l’emploi.

              80% des entreprises de la chimie en France sont des PME. Il est essentiel de garder à l’esprit que la préparation à ce projet nécessite des moyens humains et financiers considérables souvent difficiles à mettre en oeuvre. Les tests ne se font pas tout seuls, le dossier non plus (Comptez 15 jours presque à temps complet pour monter (hors tests) un dossier ELINCS)

              Qd vous savez que le cout d’un dossier d’enregistrement pour une substance produite ou importée est environ de 40-80 k€, que cela représente plus de 50% du CA sur ce produit, pensez vous vraiment que la PME enregistrera le produit ?

              A ce sujet, le MINEFI (ministere de l industrie, de l’économie et des finances) à lancé une étude d’impact sur ces substances en faible tonnage durant l’été. Je vous invite encore une fois à lire le rapport d’étude lorsqu’il sera rendu public.

              Pour information : l’industrie chimique francaise se situe au 5eme rang mondial, représente environ 240 000 salariés.

              Désolé de la longueur du message, je le continuerai plus tard.


              • Guetteur (---.---.182.52) 26 septembre 2005 20:10

                Soit je n’ai pas été clair, soit vous m’avez mal compris. Ma tribune libre n’a que pour objectif de s’interroger d’une part, sur le silence de la presse sur ce sujet, je vous encourage d’ailleurs à taper REACH dans Google Actualité pour l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, et d’autre part, d’attirer l’attention de mes concitoyens sur un sujet qui devrait les intéresser.

                Je ne suis pas opposé au projet REACH, bien au contraire. A vous lire je peux imaginer que votre activité pourrait en pâtir si le projet REACH était maintenu dans sa version originale. Je ne néglige les aspects commerciaux mais je me permettrai de vous faire remarquer que les 240 000 salariés du secteur, et je pense qu’ils sont beaucoup plus si l’on compte les multinationales, sont tout d’abord des consommateurs qui comme les 60 millions de Français, peuvent absorber au quotidien, des produits potentiellement dangereux à long terme. Je vous encourage à relire le lien « REACH : Santé et environnement par le Comité permanent des médecins européens ».

                J’attire également votre attention sur le fait que nos députés européens, et les députés en général, doivent se prononcer parfois sur des questions qu’ils ne maîtrisent pas totalement. En revanche ils ont en face d’eux de redoutables professionnels qui n’hésiteront pas à évoquer le problème de l’emploi tout en négligeant celui de la santé publique. D’ailleurs je rejoins Marine qui rappelait que ce n’était pas à l’industrie de la chimie de faire les lois !

                Enfin il est vrai que dans l’univers des substances chimiques utilisées dans les produits de notre quotidien, nous pouvons toujours trouver une étude qui prouvera le contraire : le lien entre colorants utilisés pour les cheveux et le développement de cancers, les formaldéhydes que l’on trouve dans les colles, sans parler des phtalates dans les plastiques.

                Aussi dans le doute, je pense qu’il serait opportun de s’abstenir.


                • raslacasquette (---.---.24.123) 27 septembre 2005 10:25

                  C’est ce que l’on appelle le principe de précaution. Sage principe surtout dans un monde où des « experts » liés à des groupes industriels discréditeront toujours les études révélant la nocivité de certaines substances utilisées dans les cosmétiques.

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