Référendum 2022 : Faut-il interdire l’Islam dans la Constitution européenne ?
Bonjour,
Permettez-nous par la présente de vous soumettre une tribune originale sur le sujet très délicat de l'Islam en Europe alors que la campagne présidentielle s'est radicalisée.
Il s'agit de proposer en 2022 l'organisation d'un Référendum avec la question suivante :
Faut-il interdire l'Islam dans la Constitution européenne ?
L'objectif est de clarifier définitivement le débat sur cette question sociétale hautement sensible, polluante et toxique à l'échelle du continent européen.
Bien à vous,
Cécile Le Roux (diplômée de littérature romane à Stanford - San Francisco)
et
Rachid Nekkaz (diplômé d'Histoire à la Sorbonne)
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Référendum 2022 : Faut-il interdire l'Islam dans la Constitution européenne
En juillet 2010, nous avons créé ensemble "un fond privé de défense de la liberté et de la laïcité" pour défendre la liberté religieuse en Europe et dans le monde. Doté d'un million d'euros, il était destiné à payer, dans le respect de la loi, toutes les amendes des femmes portant librement le Niqab en Europe ainsi que toutes les contraventions de celles qui refusent de porter le voile dans les pays musulmans comme l'Iran et le Soudan. 11 ans après, force est de constater que c'était une erreur. Pourquoi ? A l'époque, nous pensions naïvement que notre initiative serait de nature à susciter un débat public et intellectuel contradictoire et apaisé sur le choix et les motivations réelles de ces femmes qui choisissent d'assumer un style vestimentaire à des années lumières des modes occidentales alors même qu'elles sont les purs produits de la République. Quand on observe que 66% des femmes en Niqab sont des enfants légitimes de Jeanne d'Arc et non des clandestines importées par Khedidja, le simple anathème ou l'expulsion ne sauraient être les solutions les plus efficaces pour traiter cette problématique sociétale devenue non seulement complexe mais empoisonnée.
En son temps, le philosophe déiste Voltaire avait défendu par son entregent et par ses écrits l'honneur et la dignité d'un sujet du Royaume de France, le protestant Jean Calas, victime de l'intolérance religieuse meurtrière après la révocation de l'édit de Nantes en 1685. C'est cette même attitude voltairienne, fidèle à son Traité sur la tolérance, que nous avons fait nôtre en défendant la liberté de toutes les femmes aussi bien en Occident qu'en Orient. Bien qu'à titre personnel, nous soyons tous les deux farouchement opposés au port du Niqab dans la société européenne pour des raisons d'intégration sociale. Au demeurant, Cécile ne porte ni le hijab, ni le niqab, ni le burkini. Et Rachid n'est pas le prototype du terroriste islamiste en puissance.
L'Amérique, terre des exilés protestants
Aux États-Unis, il ne viendrait jamais à l'esprit du gouvernement fédéral ou des 50 États d'interdire à une femme de porter un bout de tissu sur le corps ou sur la tête quand bien même il représenterait ou ferait référence à une idéologie honnie, repoussée et combattue sur d'autres contrées hostiles. Sauf si ces personnes franchissent la ligne rouge que tous les citoyens américains sont tenus de ne pas franchir : la loi, le respect de la liberté d'autrui et de l'ordre public. Ces limites étant posées, de New York à San Francisco, vous observerez qu'aucune association de consommateurs ne trouverait choquant de se promener dans les rayons d'un supermarché, happée par une campagne de publicité sur le hijab comme c'est le cas par exemple chez Target en ce moment. Dans un autre registre, vous ne risquez pas de découvrir qu'un groupe d'étudiants à l'université de Stanford a pris l'initiative de demander l'exclusion de l'assistante du professeur de notre fils Iskander au motif qu'elle porte un Niqab noir. Entre l'Amérique et la France, c'est non seulement un autre continent, une autre histoire mais aussi une autre philosophie des religions qui les distingue à défaut de les séparer. Les États-Unis ont été fondés principalement à cause de l'intolérance qui a frappé les protestants européens au 17ème et au 18ème siècle et qui les a obligés à trouver refuge sur des terres plus accueillantes de l'autre côté de l'Atlantique. La liberté religieuse y est sacrée. Et nul ne peut y être inquiété pour ses convictions spirituelles aussi bien dans sa sphère privée que dans l'espace public.
L'Europe, terre des autodafés abrahamiques
A la multi-dimensionnalité américaine s'oppose l'uni-dimensionnalité française et européenne. C'est une perception sectaire et unidimensionnelle héritée des concordats entre la Papauté et les Rois catholiques qui a abouti à trois autodafés abrahamiques. Lors de ce dernier demi-millénaire, personne n'y a échappé. Ni les Chrétiens protestants, ni les Juifs, ni les Musulmans.
Isabelle la Catholique a ouvert le bal en 1492 en procédant à l'expulsion systématique des Juifs d'Espagne pour fêter la Reconquista du pays dont les destinées étaient entre les mains des Sarrasins durant 781 longs hivers. Malgré la renonciation à leur culte mahométan suivie de l'adoption de la foi chrétienne, les Arabo-Berbères de la péninsule ibérique, dénommés les Morisques, connaîtront le même sort tragique en 1609 sous le Roi Philippe III. Ce même climat d'intolérance a aussi touché la minorité protestante chrétienne. On se souvient que 30 000 fidèles de Calvin et de Luther ont été massacrés lors de la funeste Saint Barthélémy le 24 août 1572 à Paris et en Province. Malgré la relative tolérance de l'édit de Nantes en 1598 sous le Roi Henri IV, ils ont fini par être encore victimes d'une extrême intolérance 87 ans plus tard sous le règne de Louis XIV après la publication de l'édit de Fontainebleau en 1685.
Comme l'histoire se répète souvent sous le signe du mal, les Juifs connaîtront un insidieux ostracisme pendant la seconde guerre mondiale derrière le rideau asphyxiant de la Shoah qui a coûté la vie à 6 millions d'enfants innocents de Moïse. Le gouvernement de Vichy du Maréchal Pétain procéda à une politique de dé-naturalisation systématique de 15 000 Juifs en juillet 1940 en France, de 100 000 Juifs en octobre 1940 en Algérie et à l'octroi d'un billet gratuit aller sans retour à 76 000 Juifs - sujets français depuis 1000 ans -qui ont fini dans les chambres à gaz du Reich allemand entre 1940 et 1945. Comme les Morisques avant eux, changer de nom ou de religion ne leur a été d'aucun secours.
L'Islam conquérant
Aujourd'hui, à la faveur d'une série continue d'attentats attribués à des groupes terroristes islamistes depuis deux décennies, la lune de miel de la tolérance intellectuelle de l'Europe à l'égard de l'Islam semble toucher à sa fin. Malgré les efforts certains de l'Église après Vatican II en 1963 pour neutraliser et désamorcer le lourd contentieux des Croisades dans la conscience collective chrétienne, l'Islam n'est plus considéré comme une religion monothéiste aux valeurs universelles comme le Christianisme ou le Judaïsme. Les différentes lois votées depuis 2004 sur le voile, le niqab ou le burkini ainsi que les débats houleux sur la viande halal à l'école, un créneau horaire réservé aux femmes dans les piscines ou l'interdiction faite aux mères voilées d'accompagner les enfants lors des sorties scolaires témoignent d'une crise sociétale aiguë et profonde au cœur même du corpus philosophique et moral du continent des Lumières. Les Européens reçoivent ces doléances décomplexées des Musulmans comme une agression sociétale, une remise en question de leur socle civilisationnel et l'émergence programmé à l'horizon d'un Islam politique qu'ils craignent plus que tout.
L'Islam, perçu comme un virus
L'Europe compte environ 10 millions de Musulmans. Leur présence est qualifiée par un nombre de plus en plus important de gouvernements, d'hommes politiques, d'intellectuels, de journalistes et de leaders d'opinion comme un élément étranger toxique qu'il faut extraire de l'identité judéo-chrétienne européenne et combattre sur le terrain intellectuel, idéologique et politique. Outre les Musulmans, l'Islam est davantage perçu, considéré et traité comme un virus qu'il faut éradiquer de l'espace public à l'image du COVID 19. Les différences religieuses, alimentées et exacerbées par la permanence du conflit entre les États Arabo-musulmans et Israël, font voler en éclat le fragile vivre-ensemble entre les différentes communautés dans l'espace européen.
L'identité de ce dernier se trouve d'une part écartelée et rongée par le doute spinoziste et d'autre part habitée par la quête de plus en plus revendiquée et assumée d'un retour à ses traditions judéo-chrétiennes ou par le volontarisme laïc. La rupture est profonde et presque consommée entre les deux pôles spirituels biblique et coranique. Que risque-t-il de se passer ?
L'histoire nous apprend que les parenthèses de tolérance ne durent jamais très longtemps, que ce soient en Europe, en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique. Deux exemples récents suffisent à illustrer notre propos. En janvier 2015, après l'attentat abominable contre Charlie Hebdo - dont j'avais proposé à feu Charb d'acquérir 51% des actions en 2013 - qui a coûté la vie à 12 journalistes et policiers innocents, j'avais annoncé sur la chaîne Russia TV que cette tragédie signifiait " le début de la fin de la communauté musulmane en Europe". L'onde de choc suscitée par ce drame n'a pas permis de dégager un front commun soudé contre le terrorisme islamique, ce qui a entraîné des fissures et des blessures profondes jamais cicatrisées dans la société française. Autre événement symptomatique tout aussi important à relever. En 2017, la petite Monarchie africaine nichée entre le Mozambique et l'Afrique du Sud du Swaziland a interdit l'enseignement de l'Islam et du Judaïsme à l'école. S'agit-il de cette même lame de fond d'intolérance et de rupture abrahamique qui semble secouer les fondamentaux de la liberté religieuse en Europe ?
Vertus du Référendum
Pour anticiper un cycle historique tragique avec son lot de violences incontrôlables et d'expulsions brutales touchant aux 10 millions de Musulmans vivant sur le Vieux continent, il est nécessaire de trouver une solution politique. Le célèbre constitutionnaliste allemand Carl Schmitt ne nous a-t-il pas déjà prévenu : " le politique est le plus haut degré d'intensité d'une crise".
L'idée est d'organiser un référendum sur l'Islam en 2022 à l'échelle des 27 pays européens. Qui mieux que l'organisation d'un vote, outil démocratique par excellence, pour lancer un débat ouvert sans tabous et tenter ainsi de dénouer définitivement cette grave crise sociétale et politique aiguë, jamais connue depuis l'arrivée du nazisme en Allemagne et la suprématie des ligues d'extrême droite en France dans les années 1930 ? Rappelons-nous que c'est le référendum sur la constitution instituant la 5ème République le 28 septembre 1958 qui a permis de sortir de la grave crise politique engendrée par la guerre d'Algérie et par la tentative de coup d'État des militaires à Alger en avril de la même année. L'objectif de cette consultation sera à la fois de clarifier pacifiquement la place de l'Islam en Europe et de mettre fin au climat nauséabond qui pollue depuis 20 ans la vie politique européenne à l'approche de chaque élection législative et présidentielle. Il sera aussi de désamorcer cette tension persistante au cœur de l'âme européenne déboussolée.
Ceci étant posé, nous proposons de consulter démocratiquement en 2022 les 450 millions d'Européens à l'occasion de l'organisation d'un référendum qui posera clairement la question de la place de l'Islam dans l'espace public à l'échelle des 27 pays :
" OUI ou NON, voulez-vous interdire l'Islam dans la Constitution européenne ? "
Si une majorité de OUI l'emporte, dans ce cas précis, les Musulmans n'auront plus le droit d'exprimer ou de revendiquer leurs doléances à caractère religieux dans l'espace public. Leur islamité n'aura droit de cité que dans leur sphère privée exclusivement. Celles et ceux qui considéreront alors que l'exercice de leur religion n'est plus compatible dans un cadre constitutionnel hostile à leurs convictions religieuses pourront envisager un retour programmé dans un des 57 États musulmans sur les 195 enregistrés à l'ONU. Ils pourront y vivre leur Islam sans entraves.
Nous sommes d'autant plus à l'aise pour envisager ce cas de figure qu'en août 2013, Rachid a renoncé à sa nationalité française de naissance. Cohérent dans sa démarche, il a fait le choix de s'installer dans son pays d'origine l'Algérie afin de contribuer modestement à l'émergence d'une démocratie et d'un État de droit. Étant placé en résidence surveillée illégale, il ne s'interdit pas de donner son avis sur ce sujet délicat qui lui tient à cœur. Pour ma part (Cécile), je suis retournée vivre aux États-Unis à San Francisco.
Pour que cette hypothèse du retour dans les pays d'origine soit réussie, l'Europe doit œuvrer à faire en sorte que ces contrées soient plus démocratiques, plus respectueuses des libertés publiques et plus développées. Elle doit favoriser un contrat win-win en s'engageant à lutter contre la mainmise des multinationales sur les richesses naturelles africaines et contre la corruption des élites dirigeantes. A défaut, la politique de Remigration positive échouera et produira l'effet inverse comme c'est le cas aujourd'hui. Car la Méditerranée n'a jamais constitué une frontière naturelle infranchissable. Bien au contraire, elle est aussi poreuse que le ciel azur ou orageux qui est dénué de toute frontière. Si en revanche une majorité de NON se dégage des urnes, dans ce cas concret, plus personne ne pourra remettre en question la visibilité et la protection de la liberté religieuse des Musulmans dans tout l'espace public du continent de Voltaire et de Goethe.
En tout état de cause, le mérite de ce référendum démocratique sera de mettre fin définitivement à la dangereuse et lancinante hypocrisie et ambiguïté politique que les différents gouvernements et parlements européens entretiennent depuis trop longtemps à l'égard des Musulmans et de leurs propres populations. Cette même ambiguïté malsaine demeure à l'endroit de la problématique de l'entrée de la Turquie mahométane dans l'Union européenne de tradition judéo-chrétienne, reportée sine die malgré la reconnaissance officielle de la candidature turque en 1999.
Cécile Le Roux (diplômée de littérature romane à Stanford (San Francisco) :
auteure d'un ouvrage à paraître : " Un papillon en terres d'Islam " (Éditions MJC, septembre 2022).
Et
Rachid Nekkaz (diplômé d'histoire à la Sorbonne) :
Principal opposant algérien
443 jours en prison
En résidence surveillée depuis 2016
Auteur de : " Mon combat contre la dictature algérienne " (Ed. Max Milo, 9 mars 2022)
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et d'un livre-entretien avec les Chefs d'Etat du G7 - Clinton, Chirac, Blair, etc. "Millenarium, quel avenir pour l'humanité ?, (Ed. Robert Laffont, 2000).
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