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Accueil du site > Tribune Libre > Refonder notre école mais, avec quel objectif ?

Refonder notre école mais, avec quel objectif ?

Nicolas Sarkozy écrit aux enseignants. Comme d’habitude, le président est très prolixe. L’essentiel est encore noyé dans le détail et dans un flot de trop d’idées pour un message de ce niveau. Par ailleurs, l’objectif principal, que les parents d’élèves attendent toujours légitimement pour l’éducation scolaire de leurs enfants, n’apparaît pas clairement. Quel doit être l’objectif de notre système national d’éducation ? L’idée selon laquelle une tête bien pleine a plus d’avenir qu’une tête bien faite va-t-elle enfin être mise au placard ?

Toutes les études européennes et mondiales le prouvent, c’est d’un véritable tsunami qu’aurait besoin l’Education scolaire dite à la française. Celle-ci ayant préféré, depuis de nombreuses décennies, se donner bonne conscience avec des programmes toujours de plus en plus denses et souvent inadaptés. Bourrez, bourrez gentils enseignants et ne vous souciez pas de savoir si toutes les têtes, de tous vos élèves, sont faites pour recevoir un tel bourrage... de crâne ! Telle est encore aujourd’hui la devise de l’Education nationale. Elle a ainsi bonne conscience. Plus on bourre et plus on donne d’impression d’avoir fait son boulot et d’en donner pour son argent au contribuable, toujours autant sollicité.

Alors oui, la refondation de notre système éducatif est une priorité. Immense. Encore faut-il ne pas se tromper d’objectif.

Quel est le véritable objectif ? Comment l’atteindre ?

L’objectif, ne pourrait-il pas être que l’Education nationale ait pour but de faire en sorte que l’enfant puisse devenir un citoyen à part entière, libre naturellement, mais surtout informé et averti des tenants et des aboutissants du monde "mondialisé" dans lequel il vit et dans lequel il devra travailler, demain, jusqu’à 65 ou 70 ans ? En fait, faire du futur adulte un citoyen de plein exercice. Un tel citoyen est une personne qui, notamment, ayant été à l’école jusqu’à 16 ans, doit être à même de comprendre un programme électoral dès sa capacité d’électeur acquise, deux années après. Finalement, ne serait-ce pas dans ce cas que le terme de citoyen responsable prendrait toute sa qualité intrinsèque ?

Comment arriver à cet objectif ?

Refondre totalement les matières enseignées, en qualité et en quantité. Il faut mettre les cinq matières suivantes au centre de notre système éducatif : la lecture, l’écriture, le calcul, l’anglais et l’économie, dès l’école primaire. Les quatre premières sont évidentes pour tous les parents bien qu’elles posent encore, aujourd’hui, de nombreux problèmes d’insuffisance. Quant à l’économie, beaucoup vont hurler. Mais, comment faire de l’enfant un futur citoyen de plein exercice s’il ne comprend pas un mot de ce dont parlent quotidiennement tous les médias ? Comment peut-on bien appréhender telle ou telle information locale, régionale, nationale, européenne ou planétaire, quand on ne connaît pas, par manque d’instruction adaptée, la signification de beaucoup de termes économiques et sociaux ?

L’économie est au cœur de l’activité humaine, pourtant le système français ne l’enseigne pas ! Sauf à quelques milliers d’élèves en section SES, à partir de la première. N’est-ce pas surprenant que l’enseignement de la chimie, de la physique, des guerres passées gagnées et perdues, du grec, du latin... priment sur celui des sciences économiques et sociales ?

Comment peut-on prôner l’émergence, grâce à l’éducation, de femmes et d’hommes libres - telle que le prétend la lettre de Nicolas Sarkozy - s’ils n’ont pas les outils leur permettant de décider en toute conscience de leurs choix ?

Alors, il faut effectivement refonder totalement notre système éducatif. Encore faut-il ne pas se tromper d’objectif. Il suffit pour cela d’en connaître les enjeux futurs - et non ceux du passé - comme le font de nombreux pays, notamment les émergents tels que la Chine, l’Inde et le Brésil. Ils ne s’intéressent pas à Jules Ferry, eux. Seule compte la bataille économique prise dans son acception la plus noble. Pour la gagner, ils mettent l’accent sur les fondamentaux de son enseignement dès les toutes premières classes.

La France serait bien irresponsable de ne pas faire de même.

Mettre l’enseignement de l’économie au cœur d’un système éducatif refondé, tel doit être l’objectif que la lettre de Nicolas Sarkozy ne mentionne hélas pas !


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10 réactions à cet article    


  • thirqual 7 septembre 2007 12:26

    Ben mince alors, mon commentaire précédent (et mon vote négatif au vu du compteur) ont disparu. Je vais faire plus court.

    - vous avez besoin de mettre les pieds dans un collège ou un lycée pour vous rendre compte de la présence du nombre d’élèves en langues mortes.

    - sabrer la culture générale, c’est sûr, ça va aider à voter en connaissance de cause. Et puis on aura un bon petit renouveau obscurantisme en limitant le nombre de personnes capables d’expliquer pourquoi la Terre a plus de 6000 ans, pourquoi le ciel est bleu ou l’herbe verte ou pourquoi un concile a décidé que les Indiens d’Amerique avaient une âme.

    - l’instruction civique par contre, on pourrait en parler. C’est sûr, si on est une tête en économie, on aura moins tendance à critiquer les aspects politiques et institutionnels. La stabilité, c’est bon pour l’économie, coco.

    Allez, première dictée, l’introduction de la « Société Commerciale ».


    • Barbathoustra Barbathoustra 9 septembre 2007 14:52

      Vous faites erreur Léon. Je pense que quand monsieur FAY fait allusion aux sciences économiques, il veut parler en réalité d’enseigner les vertues du libre échange et rien d’autre.


    • Tristan Valmour 7 septembre 2007 15:14

      Alors voilà, je pars quelques mois à l’Etranger, et je lis ici toujours autant d’inepties !

      Au vu des textes produits sur le sujet, cela fait au moins 100 ans que l’école va mal, que chacun émet une opinion plus ou moins informée.

      L’école n’est pas obligatoire au contraire de la scolarité. Cela signifie qu’il existe de nombreuses alternatives aux établissements scolaires. On peut faire l’école chez soi, par correspondance, par le biais d’une association, etc. Il faut se renseigner auprès des inspections académiques.

      Ah oui : l’école en Allemagne, au R.U, aux USA et dans 99% des pays ne va pas mieux. Bon, c’est vrai, il faut se méfier des chiffres hein !

      L’école remplit 4 missions principales : apprendre à vivre en collectivité, former des citoyens, rendre autonome (dans la réflexion et l’action) et enseigner des disciplines.

      Les études européennes et mondiales (il faudrait les citer) ne prouvent rien quand on ne sait pas les lire ou quand on veut occulter les bons points qu’elles donnent à notre système scolaire. Et il y en a beaucoup. Il paraît même que notre système est le plus performant au monde pour 50% des élèves. C’est quand même pas mal non ? Et le Français qui est si mal préparé à la vie active trouve facilement du travail à l’Etranger. C’est quand même pas mal non ?

      Les programmes sont inadaptés ? Cela a toujours été le cas pour deux raisons. D’abord le rôle de l’école républicaine n’est pas de former des travailleurs et consommateurs dociles et immédiatement exploitables. Un économiste peut certes le regretter, pas un humaniste. Ne vous inquiétez pas, vous avez gagné, les choses changent dans votre sens ; la République et la démocratie ont déjà perdu. Ensuite, les manuels scolaires n’ont rien d’un wikipédia : il faut vérifier le contenu, l’adapter au public, etc. Tout cela prend beaucoup de temps. C’est un peu comme un médicament que l’on introduit sur le marché : recherches et tests.

      Le citoyen formé à l’école doit comprendre le programme électoral ? D’accord, mais à condition que l’homme politique tienne ses promesses (« je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas » disait l’autre). Seulement, on est élu sur sa com’ et une fois au pouvoir, on fait ce qu’on veut, que l’on soit de droite, de gauche ou du centre. La démocratie n’existe pas, ou alors il faudrait déjà contractualiser les promesses électorales. Eh oui, viré le politique qui ne tient pas ses promesses !

      Introduire l’économie dès l’école primaire alors que vous dénonciez la lourdeur des programmes ? Que faudrait-il enlever ? D’accord, c’est vrai, un élève n’a pas besoin d’étudier Ronsard, de savoir qui est Carolus Magnus ou encore de lire Platon. Je le dis tout net : ça ne sert à rien ! On a besoin d’économistes qui vont proposer des crédits immobiliers aux plus pauvres pour les asservir davantage ! Voilà l’avenir, cette « science exacte » toujours prompte à faire travailler plus pour gagner moins. On a besoin de consommateurs idiots qui tomberont dans les pièges de la pub et se marcheront dessus à l’ouverture des soldes, parce que consommer rend heureux, et que les plus chanceux sont les premiers ! Le medefétat n’a pas besoin d’opposants et pour ne pas avoir d’opposants, il faut supprimer Hugo. L’avenir est en effet à une société de travailleurs (sans code du travail) et consommateurs esclaves qui ont immolé leur humanité pendant que l’élite payera à ses enfants des cours particuliers afin qu’on leur explique les subtilités des Misérables. L’école n’est pas adaptée à la société ? Ce serait peut-être à la société de s’inspirer des valeurs de l’école ! On n’a pas fait baisser les croix pour hisser l’Euro.

      Je me gausse comme la courbe.

      PS : salut à tous mes amis smiley


      • ZEN ZEN 7 septembre 2007 21:05

        Bonjour, Tristan ! Le retour...

        Non, la rédaction ne s’est pas améliorée..


      • europa 24 septembre 2007 12:59

        Tout à fait d’accord. smiley


      • Barbathoustra Barbathoustra 7 septembre 2007 18:36

        Seule compte la bataille économique prise dans son acception la plus noble.

        — >

        Pour votre face de croque mort, même pas une bataille de polochon !


        • andromede 9 septembre 2007 17:36

          Tout à fait d’accord avec cet article. L’école n’est pas un jardin d’enfants ni une garderie, c’est mépriser les enseignants et gaspiller leurs compétences que de le penser ou de leur faire parfois jouer ce rôle. Le coeur de métier de l’école est d’enseigner les enfants. Je ne discuterai pas ici de l’intérêt d’une discipline plus que d’une autre ( je ne suis pas sûr de l’utilité à ce stade de l’économie que les Nobel eux mêmes ne définissent pas toujours très bien entre eux). Je distinguerai 3 niveaux en terme d’objectifs :
          - la fin du CM2 : les enfants doivent pouvoir comprendre ce qu’ils lisent, écrire ce qu’ils pensent, utiliser quelques outils bien utiles comme un minimum de calcul mental (ce qui va plus vite que la calculette elle aussi bien utile)et avoir un début de réflexion personnelle et critique. Si ces acquis ne sont pas présents ils ne le seront plus !
          - la fin de la scolarité obligatoire (3e) : avoir donné aux jeunes un esprit critique pour ne pas « gober » tous les messages dont nous sommes abreuvés. Nous ne sommes donc plus dans des connaissances accadémiques par disciplines mouvantes, mais dans l’apprentissage de l’utilisation des medias pour acquérir ces connaissances et les critiquer. Commentaires critique d’un article de presse, d’un reportage, d’un JT, crédibilité d’une info sur le Web...etc. C’est l’objectif final essentiel et majeur pour être citoyen (Condorcet), sans quoi le suffrage universel est une horrible imposture et un véritable danger qui ouvre des boulevards aux démagogues.
          - le lycée : préparer le jeune à l’enseignement supérieur c’est à dire apprendre à apprendre, à travailler seul et en groupe.

          Ensuite la questions des méthodes est celle du comment arriver à ces résultats. On passe de la dimension politique (les objectifs) à une question technique de pédagogie (la mise en oeuvre). On doit imaginer des méthodes adaptées aux publics, mais à résultats égaux, on choisira la plus économe en moyens, tellement ces enseignants devront être d’excellents pédagogues, donc excellemment formés et payés.


          • europa 24 septembre 2007 12:57

            « la lecture, l’écriture, le calcul, l’anglais et l’économie, dès l’école primaire ». Excusez-moi mais je trouve cela absurde. Vous insérez l’économie sans parler d’histoire ou de géographie. Or on ne peut absolument pas comprendre quelque théorie ou mouvement économique que ce soit sans connaître son contexte historique et géographique ! En outre, histoire et géographie humaine sont bien plus utiles à la formation d’un esprit critique que l’économie, du moins telle qu’elle est enseignée aujourd’hui.

            Personnellement je trouve que la première solution serait d’en finir avec l’objectif ridicule de 90% d’une classe d’âge au bac. Non, tout le monde n’est pas fait pour les études générales et longues. Par conséquent, à moins de placer tout un tas de filières professionnalisantes à l’échelon « bac », il est ridicule d’orienter tout le monde vers ce diplôme qui aujourd’hui ne sert plus à grand chose seul. Cela permettrait également de désengorger les amphis et réduire le nombre de jeunes qui échouent en 1e ou 2e année de fac.

            Deuxièmement, il faut absolument changer le personnel des IUFM et autres pédagogues à la noix qui enquiquinent plus qu’autre chose les professeurs. Un théoricien, soit, uniquement des théoriciens, ça ne forme pas et ça vous embrouille les programmes scolaires à coup d’« heures de vie de classe » et autres sottises (car soit elles sont inutiles, soit il y a vraiment conflit et ce n’est pas dans une heure imposée que les élèves vont en parler à un prof).


            • Pierre Zurstrassen 12 octobre 2007 21:31

              Je considère qu’il s’agit d’un excellent article. L’auteur a l’occasion d’une autre intervention pourrait préciser qu’il ne s’agit pas uniquement d’élever l’esprit de citoyenneté mais de donner aux jeunes les atouts dont ils auront besoin pour devenir des hommes. Capacité de réfléchir, de raisonner et donc dès l’âge le plus tendre apprendre aux jeunes à réfléchir, à débattre, à s’amuser à l’école en évitant au maximum l’enseignement magistral. C’est les méthodes pédagogiques qui sont à revoir. De toute façon merci.


              • skof 13 octobre 2007 13:48

                A Pierre.

                D’accord avec vous. Bon article. Il semble répond à votre interrogation. Comment être un citoyen de plein exercice ? Cela implique d’être un être à même de penser et de décider par soi-même. De pouvoir faire le tour d’une problématique et de savoir où aller chercher quoi, pour avoir des éléments de réponse.

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