République Française : clap de fin
Bourdin, mercredi dernier, interrogeait JL Mélenchon sur les accords patronat / syndicats. Celui-ci lui répondit dans un mouvement d’indignation : Si Hollande inscrit dans la constitution, comme il s’est vanté de le faire, qu’un accord entre un syndicat ouvrier et un syndicat patronal sera supérieur à la Loi, ce jour-là, sera la fin de la République et nous ne le tolèrerons pas. C’est le régime des corporations. S’il fait ça, c’est la guerre. Et je le dis clairement, je suis dans l’opposition. »
Nous y sommes.
Hier soir, trois syndicats sur six, la CGT et FO s’y étant refusés, ont signé avec le patronat un accord « historique » selon Hollande.
Certes « historique » commentait Mélenchon car il serait "la plus grande capitulation qu’ait jamais connu le mouvement ouvrier".
C’est fait.
Les termes de la trahison les voici. Notons l’emphase. Le Medef n’a pas le triomphe modeste.
"Ce soir, les partenaires sociaux ont placé la France en haut des standards européens en matière de marché du travail et de relations sociales. L'accord auquel ils sont parvenus est en effet tout sauf un accord a minima"
La réalité la voici. Elle nous est révélée par le Syndicat des Avocats de France. ( SAF)
Le Medef se fait fort de réaliser les rêves des patrons. Il s’agit ni plus ni moins de :
-museler les représentants du personnel en leur imposant la confidentialité sur les informations qu’ils reçoivent, et des délais préfix pour entendre leur expert et rendre leur avis ;
- subordonner le maintien du CDI à la réalisation d’un projet, transformant ainsi le CDI en CDD ;
- licencier sans avoir à justifier d’un motif économique le salarié qui aura refusé une modification de son poste ou de son lieu de travail dans le cadre d’une réorganisation, et de s’exonérer par là même de toute mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi et des règles encadrant le licenciement économique ;
- licencier sans contrôle les salariés refusant les modifications de leur rémunération ou de leur temps de travail issues des accords dits « de maintien dans l’emploi », en se libérant là aussi de toutes les règles propres au licenciement pour motif économique ;
- lorsque l’obligation de mettre en œuvre un plan de sauvegarde de l’emploi n’aura pu être contournée, s’affranchir par accord collectif de toutes les règles encadrant sa présentation, ou de se prémunir de tout contrôle judiciaire sur ce plan par le jeu d’une homologation de l’administration du travail pouvant être simplement implicite ;
- se prémunir de toute contestation quant à la validité ou la justification de leurs décisions, en tous domaines, en cas de violation des règles de procédure et de formalisme édictées par le code du travail pour encadrer le pouvoir de décision des employeurs (Exit la requalification de nombre de CDD pour absence de motif, exit la requalification des temps partiels pour absence de fixation de l’horaire, exit la nullité des licenciements économiques pour défaut de plan social, exit les garanties procédurales conventionnelles spécifiques, etc…) ;
- compenser a posteriori l’indigence de la motivation des lettres de licenciement ;
- plafonner le risque financier des litiges par une barémisation des indemnités en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse ;
- échapper encore et enfin à tout contrôle judiciaire et risque de sanction par des délais de prescription exceptionnellement brefs.
Choc.
Les bras en tombent. Et nos fauxcialistes qui participent au concert ! On les avait vus en groupe au congrès du Medef ! Parisot a réussi son coup d’Etat. Elle est plus présidente de la République que Pédalo !
Voilà pourquoi Hollande a vite salué "un succès du dialogue social". Il a demandé "au gouvernement de préparer, sans délais, un projet de loi afin de transcrire fidèlement les dispositions d'ordre législatif prévues" dans cet accord.
On apprécie « sans délai ». Le redressement de la France en dépend. Malheureusement, à propos de redressement, c’est comme si on voulait faire bander quelqu’un en lui mettant une souricière au bout de la queue !
De leur côté, la CGT et FO se sont clairement opposés au texte. "L'accord national interprofessionnel est inacceptable de notre point de vue", a déclaré Agnès Le Bot (CGT). "C'est un jour sombre pour les droits des salariés", a estimé Stéphane Lardy (FO), dénonçant un texte qui "renforce la précarité".
Parisot nous donnant à entendre un bla-bla métaphysico-arnaco-financiaro-putassier :
L'accord "marque l'avènement d'une culture du compromis après des décennies d'une philosophie de l'antagonisme social. Avec le CICE [crédit d'impôt compétitivité-emploi] et avec cet accord, la France peut espérer amorcer des progrès significatifs pour reconquérir sa compétitivité".
« Le Monde » embraye : Ce compromis conforte les partenaires sociaux, mais aussi le président François Hollande, qui a érigé le dialogue social en méthode de gouvernement. Jeudi, il exprimait sa "confiance" dans l'issue de la négociation.
Le mot « compromis » existe dans un autre sens en français. On y est en plein. Le PS est tellement compromis dans cette affaire qu’il en jette définitivement aux orties son appartenance au monde de la Gauche.
Il y a eu, bien sûr, une petite comédie. On a fait semblant d’avoir des difficultés. Voici tous les détails de cette journée des dupes, tels que nous les rapporte l’Humanité.
11 heures 30. Il aura fallu patienter jusqu'à la mi-journée pour que le patronat arrive avec un nouveau texte. La fameuse taxation des contrats courts attendue depuis le début de la négociation est enfin dedans. La cotisation d'assurance chômage sera portée à 7% pour les contrats d'une durée inférieure à un mois et à 5,5% pour les contrats d'une durée comprise entre 1 et 3 mois, contre 4 % actuellement. Mais les contrats pour l'exécution d'une tâche précise ne seront pas concernés ainsi que les contrats saisonniers. En contrepartie, le CDI conclu pour l'embauche d'un jeune de moins de 26 ans est exonéré de cotisations patronales d'assurance chômage pendant une durée de 3 mois, dès lors qu'il se poursuit au-delà de la période d'essai.
Attendez ! C’est trop ! Est-ce à dire qu’au bout de 3 mois les gens meurent et qu’il n’est pas nécessaire d’aller au-delà ?
Midi. Pendant que les syndicats décortiquent le texte, Patrick Bernasconi, négociateur pour le Medef, fait son apparition. Satisfait, il annonce que la taxation de certains CDD coûtera 110 millions d'euros mais que l'exonération fera économiser rien de moins que 150 millions au patronat. « Nous prenons en considération l'emploi des jeunes, en incitant les chefs d'entreprises à aller dans ce dispositif », s'est-il réjoui.
Etude sémantique : satisfait réjoui. Oui, 40 millions d’économies pour le patronat sur le dos des ouvriers, c’est bon à prendre, surtout quand c’est l’Etat qui paie ! Bingo !
14 heures. L'ajout de cet article va dans le sens de ce que souhaitait la CFDT, même s'il reste encore de nombreux points à préciser. Patrick Pierron, son négociateur, explique la portée de cet article : « 650 000 à 900 000 jeunes pourront bénéficier de cette mesure. Mais on a encore trois ou quatre points à trancher pour continuer à avancer. »
Au contraire pour Agnès le Bot, de la CGT, « de notre point de vue, ça ne fera pas reculer la précarité. Il n'y a pas de mesures spécifiques sur les entreprises de plus de 2000 salariés, qui sont les plus grandes utilisatrices de CDD. Elles profiteront en revanche de l'exonération sur le CDI" !
17 heures. Nouvelle suspension de séance. Le patronat est en train de modifier son texte. La plupart des syndicats refusent l'article qui fait prévaloir le fond sur la forme en cas de recours du salarié en justice. La CFDT souhaite aussi que les contrats d'usages, présents dans l'hôtellerie et le spectacle, soit inclus dans le dispositif de majoration des cotisations d'assurance chômage. Ces contrats ont représenté la moitié des contrats de moins d'un mois en 2010.
Pour Stéphane Lardy,de FO, cet article ajouté ce matin « est une occasion ratée. Il faut taxer tous les contrats précaires, sinon les entreprises vont aller vers les contrats non taxés ».
20 heures. Les discussions reprennent entre syndicats et patronats.
22 heures 15. Après une ultime interruption de séance, un projet d'accord est trouvé. La CFDT et la CFTC se disent prêtes à signer. La CFE-CGC réserve sa réponse qui devrait être positive. Lors des dernières modifications, le patronat a notamment cédé sur la revendication de la CFDT sur la taxation des CDD d'usage. Pour Patrick Pierron, de la CFDT, « ce projet d'accord est ambitieux pour lutter contre le chômage, favoriser l'emploi et lutter contre précarité ».
Interrogé sur les nombreuses flexibilités du texte, facilités pour licencier et en prime la création de dernière minute d'un CDI intérimaire(!), le syndicaliste botte en touche. L'avis de Joseph Thouvenel de la CFTC, est aussi positif. Pour Marie-Françoise Leflon, de la CFE-CGC, "on a abouti à un accord plus équilibré qu'au début de la négociation". De son côté, Patrick Bernasconi, pour le Medef, se réjouit. Il a obtenu un texte très largement en faveur du patronat. "Nous allons être une meilleure référence en terme de flexisécurité pour le travail et les entreprises", sourit-il.
Pour FO et la CGT, c'est un "non" ferme. Stéphane Lardy, de Froce ouvrière, enrage : "C'était les soldes pour les droits des salariés". Pour Agnès le Bot, de la CGT, « c'est un accord proprement inacceptable, à contrario de l'objectif initial de sécurisation de l'emploi. Les entreprises seront plus libres de licencier. On va informer et mobiliser les salariés ». Les centrales syndicales consulteront leurs instances la semaine prochaine pour confirmer leur avis sur la signature.
Faisons le bilan de cette tragédie :
Côté flexibilité, figurent notamment l'encadrement des accords permettant de baisser salaires et/ou temps de travail en cas de difficulté, des mesures pour faciliter et "déjudiciariser" les licenciements et la possibilité de restructurer sans plan social via une mobilité obligatoire. En contrepartie, de nouveaux droits sont octroyés aux salariés et aux chômeurs : généralisation d'une complémentaire santé, limitation des temps partiels ou encore droits rechargeables à l'assurance-chômage.
Ainsi, ce pire auquel nous ne voulions pas croire est bien notre chemin.
Tant de belles victoires obtenues par les luttes de 1936 et qui viennent ce soir d’être coulées par le fond . Qu’en pense le PC ? Tout ce que leur parti a apporté à la nation en 36, balayé par quelques signatures. Le tout béni par le goupillon du PS. Il paraît que pour certains PC l’alliance avec le PS s’annonce pour les Municipales. Ils veulent garder leurs postes. Même encore aujourd’hui ?
Jamais aucun parti politique n’est allé aussi loin que le PS dans ce déracinement des droits des travailleurs. Avec cette lâcheté qui le caractérise : se cachant derrière un accord que les travailleurs auraient voulu ! La CFDT trahit une nouvelle fois le mouvement ouvrier. Mais qui peut adhérer à ce machin-là !
Certains disent qu’on sera bientôt la Grèce et l’Espagne. Je propose aussi l’Inde avec ses intouchables et son système de caste.
Heureusement que chez nous, comme le disait ce cher Cahuzac qui emploie une femme de ménage philippine sans papier, il n’y a pas de lutte des classes.
Au sujet du titre : « La fin de la république française », certains diront qu’il y a déjà un moment qu’on est sous la dictature de l’Europe des banques. Il va falloir s’y faire ou mener la révolution. On n’a pas 36 000 choix.
Mais le soleil se couche et le soleil se lève.
Mélenchon disait à Bourdin :
" Je suis un éveilleur de conscience, un déclencheur d'évènement...mais.... c'est une guerre de paroles, c'est une guerre de lutte, c'est une guerre de lutte des classes, moi...je soutiens les syndicats. Celui qui dit qu'il n'y pas de lutte de classe, il met à égalité le Medef et la CGT. Hé bah....pas MOI, MOI je mets la CGT au dessus du Medef, je mets FO au dessus du Medef, je mets sud solidaire au dessus du medef....par ce que le Medef ce n'est qu'une petite catégorie de patrons, ceux du cac 40. La masse de petits patrons tire la langue jusqu'à par terre...Il y a 5 millions de chômeurs dans notre pays, 9 millions de personnes sous employés. ÇA SUFFIT !!! Et maintenant il s'agit de comprendre que c'est une guerre, et que nous devons la gagner et pour cela il faut s'en donner les moyens légaux, c'est la guerre légale, civique, législative.
C’est aux travailleurs de ce pays de s’informer, de réfléchir et de comprendre vers où on les guide.
J’étais vendredi dernier devant le Medef et sur un pays de 60 millions d’habitants nous étions environ 300 personnes.
Si tout le monde est content…
Et si tout le monde n’est pas content, il n’y a qu’une réponse : grève générale.
Sinon, crevez maintenant…
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