Robert Redeker remet le couvert
Depuis quelques années, on assiste à un phénomène nouveau avec les Bleus. D’abord, les « intellectuels » s’en mêlent, ensuite le sociologisme se substitue à l’analyse sportive. Aujourd’hui, parler des déboires de l’équipe de France, c’est dénoncer « <les banlieues, l’immigration, l’incivilité » et le déclin de l’autorité. Une dérive inquiétante car peu nombreux sont les journalistes pour pointer l’imposture, dictée par une approche racialiste. Redeker, comme d’autres, fait partie de cette mouvance ethniciste qui instrumentalise le football pour remettre en cause le lien social, le métissage. Ce que d’aucuns appellent la nostalgie d’une France gauloise (blanche), livrée aux « barbares ». A « des sales gosses » qui rêvent de décivilisation.
On pensait que « le philosophe » s’était calmé. Que l’isolement, les anti-dépresseurs l’avaient fait réfléchir. Qu’il avait mis un peu d’eau dans son vin. Erreur ! Invité par Finkielkraut, son acolyte, le lettré s’est encore lâché sur France Culture. Cette fois, il s’en prend, non pas au Prophète mais à une religion païenne : le ballon. En ligne de mire, l’équipe de France. Les mécréants de Marianne, nouveau cru. Afin d’appâter l’auditeur, l’animateur avait pris soin de lustrer l’émission, citant, en entame, des passages « lumineux » de son bouquin. « Envahissant jusqu’à donner la nausée, tel est le sport dans la presse. A la télévision et à la radio, les nouvelles sportives ouvrent fréquemment les bulletins d’information. D’activité de délassement, le sport a fini par occuper toute la place, devenant central, capital. L’ancien dérivatif des sociétés s’est installé en leur cœur. Au contraire, la culture, la danse, la peinture, la philosophie, dans une moindre mesure, la musique dite classique, n’obtiennent quasiment plus d’échos médiatiques, contraints d’exister dans les catacombes. » ( Répliques, France Culture, le 07/07/2012)
Un nouveau Pignon
Approche littéraire intéressante mais plombée par les obsessions ethniques de l’auteur (les quotas, l’immigration, les phénotypes). Lesquelles ont transformé Radio France en tribune frontiste, samedi dernier. L’accent méridional de Redeker est la seule chose qui le rende sympathique. Cynique – il n’a pour compagne que la police -, instrumentalisant l’Euro, le « djihadiste » d’Europe-Action prend à rebrousse poils « une certaine idée » de la France : « L’idéologie Black-Blanc Beur s’est cassée la gueule. » De poursuivre, distillant les boules puantes, sur un ton nonchalant. On ne passe pas à l’antenne tous les jours : « L’affaire Nasri, c’est la crise de la diversité (…) La diversité, un mot de passe partout qu’il faut absolument employer. »
Le pamphlétaire, désavoué par Le Figaro depuis, multiplie les offensives. Il adore les dribbles, les cartons rouges. Encouragé sur le banc de touche par un Finkielkraut occidentaliste, rallié aux thèses de Bat Yé Or (l’Eurabia), « le meneur de jeu » racialise les sautes d’humeur des joueurs, symboles de l’anti-France. « (…) Dans cette équipe, il y avait et il y a toujours, du ressentiment et même de la haine contre la France. Contre ce que la France représente (…) Un ressentiment qui est très bien relayé par une presse de gauche, d’extrême gauche et par une « hyper classe ». A l’instar d’un Max Gallo, pourchassant les « ennemis de l’intérieur », le border line liste les manquements civiques. Les atteintes à « la common decency » qui déshonorent la patrie, au plus grand bonheur du maître de cérémonie : « C’est très mal d’aimer la France, de chanter la Marseillaise. On n’arrête pas de leur dire mais vous, jeunes des cités, vous êtes très maltraités. Nous la France, nous vous traitons très mal. » De quoi embarrasser son comité de soutien lorsqu’il avait les islamistes aux trousses en 2006. Devenu sans doute, président honoraire du Club de l’Horloge, il balance en essentialiste décomplexé : « Les mêmes intellectuels qui tressent beaucoup de louanges surtout au football Black-Blanc-Beur (…) sont ceux qui désignent du doigt, comme étant des beaufs, les coureurs parce qu’il n’y a pas de diversité ethnique dans le peloton cycliste professionnel. » Et d’enfoncer, en guise de chute, pour faire mal à la « racaille » – car il faut appeler un chat un chat - : « Le public, le long des routes du Tour de France, c’est des Européens de souche. »
On voit bien les limites de l’incarcération à domicile grassement payée. A force de vivre terré, Redeker a expulsé la Raison du terrain. Sans doute parce qu’il l’estime « occupée » par les multi culturalistes. Agents d’un « totalitarisme » nouveau. Aussi dangereux que le nazisme… Le kamikaze, malgré des mises en garde, n’a pas encore compris qu’entre la liberté d’expression et l’éthique de conviction, il y a la responsabilité de l’intellectuel face à l’histoire – il n’est pas donné à tout le monde d’assimiler Weber – . On ne soigne pas la phobie surtout lorsqu’elle est structurée ! Qu’on se le dise. Ses sorties racistes, que certains comparent à des accès de fièvre palustre, ne font pas de lui un pasionaria du Paris Saint-Germain, racheté par le Qatar, Al Jazira… et Mahomet.
Pourquoi un tel acharnement ? Les psychiatres se pencheront sûrement un jour sur le cas d’un solitaire qui affectionne le fouet.
Ecouter l’émission :
Source (France Culture) : Réplique, une émission d’Alain Finkielkraut, le 07/07/2012. Invité Robert Redeker, André Dussollier.
Réentendre aussi :
Source (France Culture) : Le secret des sources de Jean-Marc Four, le 30/06/2012. Equipe de France de Football : faut-il blâmer les journalistes ?
Lire :
Quand l’équipe de France est devenue une nation de Paul Moffen
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