Sarkophobie : ça se soigne docteur ?
Le mouvement de rejet et de haine qui se cristallise autour de Nicolas Sarkozy dépasse le simple cadre d’une contestation politique pourtant légitime et nécessaire en démocratie. La Sarkophobie pollue le débat politique français et permet in fine d’occulter les échecs du gouvernement.
Les attaques ad-hominem pleuvent sur Nicolas Sarkozy depuis son élection en 2007. Le "nabot" ou le "nain" est un véritable "nazi" ou au mieux un "collabo" que l’on moque pour son attrait de "nouveau riche" pour les Rollex et les stylos de luxe.
On n’hésite pas non plus à s’en prendre à sa femme, ses enfants, ses parents… Comme si tout devenait vraiment possible avec Nicolas Sarkozy et que les règles d’un débat politique civilisé n’avaient plus lieu d’être face à un adversaire si épouvantable.
En leurs temps, François Mitterrand et Jacques Chirac avaient aussi été la cible d’attaques violentes. Des attaques qui portaient toutefois sur leurs actions politiques et non leur vie privée.
Francisque, écoutes téléphoniques, pour Mitterrand. Emplois fictifs et financement du RPR pour Jacques Chirac. Les "affaires" pleuvaient déjà à grosses gouttes mais il ne serait venu à l’esprit de personne de s’en prendre à la taille (et fille cachée) de l’un ou à l’esprit de clan de l’autre (à force de vilipender Jean Sarkozy, on en oublie le rôle joué par Claude Chirac auprès de son père…).
Détestés ou adorés, les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy étaient respectés. L’actuel président est au mieux moqué, le plus souvent insulté. Il porte évidemment une partie de la responsabilité de cette situation : du yacht de Bolloré aux photos people aux côtés de Cécilia (puis de Carla), le Sarkoshow a contribué à désacraliser la fonction présidentielle.
Mais les médias et nous, simples citoyens et observateurs, sommes également co-responsables de cette dérive, brillamment analysée par le journaliste Benoît Rayski dans son excellent livre "L’homme que vous aimez haïr".
"La haine est une plaie de l’esprit, quelque chose de paranoïaque qui s’entoure de rationalité", écrit le journaliste dans un ouvrage décryptant le phénomène de la Sarkophobie et en dénonçant des procédés basés sur la haine plutôt que la raison et l’opposition politique.
"Partout où Sarkozy va, il porte une crécelle à la main. Comme les lépreux au Moyen Âge. (…) Mais avec une différence de taille : la crécelle de Sarkozy fait bling, bling... Et contrairement à celle des lépreux, elle rameute la foule, la populace et la plèbe. Et Sarkozy est houspillé, hué, injurié. Car il ne fait pas peur...", explique le journaliste.
Selon lui, le niveau de haine à l’égard du chef de l’Etat est sans comparaison depuis l’entre-deux guerres, lorsque la presse d’extrême droite traînait dans la boue Mendès-France, Blum et Mandel, délaissant la politique pour s’attaquer aux hommes.
On peut d’ailleurs aller plus loin que Benoît Rayski. La Sarkophobie est non seulement une "plaie de l’esprit", mais c’est aussi et surtout un écran de fumée dans lequel se drape la majorité pour éviter d’avoir à répondre sur le fond de ses orientations politiques et l’opposition pour masquer la faiblesse de ses propositions.
Il existerait tellement de raisons valables de s’opposer à la politique de Nicolas Sarkozy et du gouvernement, que le flot de bile continuellement déversé sur le chef de l’Etat n’a qu’une seule et unique conséquence : affaiblir par l’outrance de telles attaques personnelles toute opposition politique rationnelle.
Le petit manège politique tourne sans arrêt depuis près de dix ans autour de Nicolas Sarkozy et les attaques des médias mais aussi des responsables de gauche n’ont pour tout effet que de l’alimenter… et de bâtir un garde-fou autour du président en vue de 2012.
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